Brive | Un homme « pieux » pris au piège de sa mauvaise foi

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Sa défense, empreinte de complotisme et de religiosité, n’a pas servi sa cause
Illustration | Tribunal de Brive - © Frédéric LHERPINIERE
Un jeune homme, poursuivi pour des atteintes sexuelles sur un garçon de 8 ans, a été condamné par le tribunal de Brive, ce vendredi 7 octobre. 

« Tu ne mentiras point ». Dans la cage de verre, Alexis Augusto connaissait ce commandement sur le bout des doigts.

« Je suis pieux, il n’y a que la religion qui compte pour moi », a expliqué cet homme de 20 ans, jugé ce vendredi 7 octobre pour des atteintes sexuelles sur un mineur de 8 ans.

Un enfant traumatisé

Les faits dont il devait répondre se sont déroulés à Brive, au domicile d’amis de la famille de la victime, le 12 août dernier. Il avait ce jour-là touché le sexe, par-dessus le pantalon, du petit garçon à deux reprises. Après que sa maman était venue le chercher, l’enfant avait tout dénoncé dans la voiture.

« Depuis, il ne dort plus tout seul, il ne me lâche plus, il ne parle plus aux personnes qu’il ne connaît pas »

, a confié sa mère à l’audience.

Sans avoir assisté la scène, les cinq personnes présentes dans cette maison à Brive, avaient confirmé la présence du mis en cause, un jeune homme investi dans la vie de la paroisse, mais dont le parcours est jalonné par plusieurs séjours en psychiatrie.

« Ces gens mentent, c’est un plan organisé contre moi. Ils veulent me faire retourner en psychiatrie. Je n’étais pas à Brive ce jour-là. J’ai travaillé avec plus de 250 familles dans plusieurs paroisses, sans aucun problème avec les enfants »

, s’est-il défendu.

« Pourquoi un complot contre vous ? », lui a alors demandé le président du tribunal.

« Je ne sais pas, je ne suis pas Dieu ».

« Le mensonge, c’est les autres »

La justice des hommes reposant sur des faits, le tribunal a eu du mal à suivre le raisonnement de celui qui voulait entrer chez les Dominicains.

« Le neuvième commandement dit, “tu ne porteras pas de faux témoignages contre ton prochain” »

, a tenté le président.

« Le mensonge, les faux témoignages, c’est eux » a rétorqué le prévenu, décrit comme border line. « L’enfer, c’est les autres », aurait dit Jean-Paul Sartre.

L’instruction du dossier, mettant au jour la consultation de sites pédopornographiques lorsqu’il résidait dans un foyer pour mineurs en 2020, ne le fera pas bouger de sa ligne de défense.

« Il nous explique qu’un enfant de 8 ans, la victime donc, est capable de perversité au point de monter un complot contre lui. Son mécanisme de défense est plus qu’archaïque, il est irréaliste », a soulevé Émilie Lasbats, substitut du procureur, qui a requis un an de prison ferme contre le pieux prévenu.

Des mécanismes de défense archaïques

« On ne peut pas répondre à l’archaïsme par du manichéisme. Le prévenu a eu un parcours de vie compliqué », a insisté Me Jacques Vignal, rappelant l’état mental de son client.

Le tribunal a finalement suivi les réquisitions du parquet.

Alexis Augusto a été condamné à un an de prison ferme avec un maintien en détention, assorti d’un suivi socio-judiciaire pendant trois ans. Il lui est interdit d’approcher les parcs pour enfants, les établissements scolaires et d’avoir une activité en lien avec des enfants. Son nom a été inscrit au fichier des délinquants sexuels.

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