Bourges | Le septuagénaire est jugé pour un viol incestueux sur sa petite fille

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Je me sens honteux et minable, je regrette d’avoir fait du mal
Premier jour de procès. Accusé d’un viol incestueux sur sa petite fille mineure, ce grand-père âgé de 70 ans a livré aux magistrats des explications contradictoires.

Face aux cinq juges professionnels qui composent la cour criminelle du Cher, une jeune femme de vingt ans, queue-de-cheval, la voix claire, répond, à la barre, aux questions de la présidente, Audrey Debeugny son avocate Me Sandrine Barré, à ses côtés.
Dans le box des accusés, un homme aujourd’hui âgé de 70 ans, chaussé d’un casque audio pour bien entendre et surtout bien comprendre la teneur des débats, soutient des gestes lents mais une parole sûre, derrière la vitre en Plexiglas de la salle d’audience.

L’accusé continue  de nier

La jeune victime sait, depuis l’ouverture de ce procès, le matin même, qu’elle devra endurer de revoir son aïeul, à quelques mètres d’elle. Elle sait qu’elle devra s’avancer jusqu’au micro, parler, raconter le déroulé des faits, ancrer les détails dans le récit du viol incestueux dont elle accuse son grand-père maternel, en détention provisoire depuis août 2019.

Présumé innocent, il encourt vingt ans de réclusion criminelle.

Le septuagénaire continue de nier toute pénétration avec son sexe, après avoir baissé son pantalon et fait allonger sa petite fille, alors âgée de treize ans, au premier étage de la maison qu’il habitait avec sa femme. Il en est séparé depuis.
Quand il demande à sa petite fille si elle sait « comment on fait des bébés », la grand-mère dort sur le canapé du rez-de-chaussée.

« Je ne sais pas pourquoi je lui ai demandé cela, explique l’accusé, longuement interrogé hier en fin d’après-midi.

Je me sens honteux et minable, je regrette d’avoir fait du mal et que ma famille soit éclatée à ce point-là.

Je ne l’ai jamais forcé. Je l’ai prise dans mes bras et on s’est allongé par terre. »

À ce stade-là, les explications de l’accusé sont confuses et contradictoires. Il reconnaît certains actes, comme avoir passé ses mains sous les vêtements de sa petite fille, « fait un mouvement de va-et-vient ».

Il persiste à nier toute pénétration tout en reconnaissant ne l’avoir pénétré qu’un petit peu… C’est pour cette raison, ajoute-t-il, qu’« elle n’a pas pu avoir mal ».
Le traumatisme qu’elle a subi ne lui permet plus de dater avec exactitude, sur un calendrier, le douloureux moment qu’elle doit verbaliser, une fois de plus, devant la cour criminelle.
En plus de celles de la présidente, la jeune femme doit répondre aux questions précises de l’avocat général et de l’avocat de la défense.

Elle s’y plie jusqu’à la limite de ce que sa mémoire lui permet.
Elle évoque un jour de semaine, entre juillet 2013 et juillet 2014. L’expert qui l’a examinée, a souligné sa souffrance psychologique, plusieurs années après.

À tel point qu’elle n’a plus aucun souvenir du contenu des heures qui ont suivi les faits présumés, mais revoit les mains de son grand-père sur le haut de son corps, elle entend encore ses mots à son égard, se souvient l’avoir repoussé et sentir sa main à lui sur sa bouche à elle.

« Revivre »

Les parents, divorcés, de la jeune fille occupent la place dévolue aux parties civiles. Ils la soutiennent sans faille et font front, tour à tour, à la barre de la cour criminelle, en livrant leurs témoignages respectifs. La jeune fille tente de contenir ses émotions, même si celles-ci la débordent, forcément. Elle ne souhaite qu’une chose, tente-t-elle de sortir de ses sanglots, que son grand-père reconnaisse les faits pour qu’elle puisse « revivre ». La présidente rectifie : « vivre » dit-elle, au regard du jeune âge de la victime. Le verdict sera connu aujourd’hui.

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