Bourges| Hamza Boussalmi avoue les violences qui ont conduites à la mort de sa belle-fille

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La fillette maltraitée « ne se plaignait même plus »…
photo d'une fillette de dos avec son nounours
Hamza Boussalmi a été jugé pour tortures ou actes de barbarie ayant entraîné la mort, tandis que Noémie Pomanrépond pour sa part de complicité de ces faits

le beau-père avoue des violences le soir du drame

Au troisième jour d’audience, mercredi 20 janvier devant la cour d’assises du Cher, Hamza Boussalmi a reconnu avoir donné à la fillette « des claques et des fessées », l’avoir « involontairement brûlée avec un sèche-cheveux », l’avoir « secouée fort par les épaules le soir du drame, sous le coup de la colère ».

Noémie Poman, la maman de Hyana, a déploré de

« N’avoir pas su jouer son rôle de mère ».

En interrogeant  les deux principaux accusés au fond du dossier, la cour d’assises du Cher les a mis en grande difficulté alors qu’étaient évoqués, en détail, les derniers mois du calvaire de la petite Hyana.

Jusqu’au mercredi 27 janvier, Hamza Boussalmi, 27 ans, est jugé pour tortures ou actes de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

Il est soupçonné d’être l’auteur des mauvais traitements ayant conduit à la mort en janvier 2018, à l’âge de six ans dans un hôpital de Tours, de Hyana Poman, la fille de sa compagne d’alors. Cette dernière, Noémie Poman, 25 ans, répond pour sa part de complicité de ces faits.

La fin de la deuxième journée d’audience, mardi 19 janvier, avait été marquée par le témoignage, bouleversant, de la grand-mère maternelle de la fillette. Du fin fond de son désespoir, cette mamie dévastée, la mère de Noémie Poman, avait relaté l’échec de ses efforts et de ses nombreuses démarches pour soustraire Hyana au couple formé par Noémie et Hamza Boussalmi, qu’elle percevait nettement comme maltraitant.

« Mon mari et moi avons tout tenté, a déploré cette femme dévastée, accablée d’amertume. On a essayé d’avertir tellement de gens. Mais personne ne nous a écoutés. Personne n’a compris… »

Des propos venus du cœur qui constituaient aussi, en creux, une profonde mise en cause du système socio-judiciaire.

Mercredi matin, patiemment interrogé par le président de la cour d’assises, Sami Ben Hadj Yahia, Hamza Boussalmi a cédé du terrain à l’accusation.

Il a confessé :

« J’ai avoué que j’ai porté des coups à Hyana. Je lui ai mis des claques, des fessées aussi. Mais rien d’autre. »

D’autres questions précises lui étaient posées, sorties de ses auditions successives lors de l’instruction.

Il a aussi concédé :

« Les brûlures aussi. Mais c’était involontaire. Parfois, Hyana, je la maquillais, je la coiffais, parce qu’elle aimait ça. Mais moi, j’avais jamais utilisé un sèche-cheveux de ma vie. Je l’ai brûlée, à la nuque. C’était un accident. »

Quelques instants plus tard, Hamza Boussalmi a reconnu « avoir secoué Hyana ».

Il raconte :

« C’était le soir du drame (le 29 décembre 2017, NDLR). Hyana m’avait énervé en jouant avec une tablette, ce que je lui avais interdit. Je l’ai prise aux épaules et je l’ai secouée, fort. Sous le coup de la colère. Et puis je lui ai mis une claque qui l’a fait tomber par terre… »

Noémie Poman, elle, s’est effondrée à la barre. Elle a commencé par relater qu’en mars 2017, à l’occasion d’une énième sortie de prison de Hamza Boussalmi, leur couple et Hyana se sont installés chez les parents de Hamza Boussalmi.

Elle explique avec candeur :

« On était bien, on avait un espace à nous à leur maison ».

Mais le couple avait peur. Hamza était obsédé par les policiers de Bourges, persuadé d’être recherché dans une affaire de vol avec violence.

Il a expliqué :

« Je voulais pas retourner en détention ».

Revenu à son domicile à elle, un appartement du quartier de La Chancellerie, à Bourges, le couple a alors perdu pied, Hamza Boussalmi invoquant à ce stade du drame « un effet d’engrenage ».

Il a déclaré avec lassitude :

« Noémie, elle me parlait de ses enfants comme d’un fardeau. Elle aussi les battait, leur mettait des gifles, parfois des coups avec un balai. C’est comme un engrenage qui m’a poussé, moi aussi, à la violence… »

Le président a demandé :

« Et donc dans cet engrenage, il ne s’est trouvé personne pour raisonner l’autre ? »

Hamza Boussalmi répond :

« Au bout d’un moment, à force, c’était même plus un engrenage. Cette violence, les coups (à Hyana, NDLR), c’était devenu une habitude… »

A la barre, Noémie Poman, sanglotante, hébétée, a reconnu que très vite, la fillette maltraitée « ne se plaignait même plus » auprès d’elle. Hyana n’y aurait gagné que d’autres coups, à l’infini.

Elle a balbutié :

« Je voyais sur son corps des traces. Des bleus, des morsures surtout… Hamza la soignait parfois, il lui passait des glaçons sur le corps, puis lui faisait des câlins… »

D’une voix tremblante, Hamza Boussalmi confirme :

« Oui, c’est vrai ».

Noémie Poman poursuit :

« Moi je pensais que le froid, ça la soulageait de la douleur ».

Sur la défensive, la mère de Hyana a rassemblé son courage. Elle a reconnu :

« J’aurais pu partir avec elle, c’est vrai. Je l’aurais fait et Hyana, elle serait toujours là. Mais je l’ai pas fait et aujourd’hui, ça me hante. Je dois vivre avec ça, j’y pense chaque jour et ça fait mal. J’ai pas joué mon rôle de mère, j’ai pas protégé mes enfants. J’ai protégé mon compagnon. A l’époque, j’avais de l’amour pour lui, mais j’avais aussi très peur de sa réaction si je le dénonçais. Alors j’ai pas eu le courage… »

La cour d’assises du Cher devrait entendre, ce mercredi en fin d’après-midi, le professeur Pauline Saint-Martin, médecin légiste expert et directrice de l’institut médico-légal de Tours.

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