Bourg-St-Maurice | Un père accusé de viols et agressions sexuelles par sa fille

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Pédocriminel En liberté

Les accusations de viol ont été classées sans suite, faute de preuve…
photo d'une fillette de dos avec son nounours
À la barre il est impassible, inexpressif sauf quand il répond à la juge. Pas un regard pour sa fille qui l’accuse d’agression sexuelle. Pas un mot à son attention. Elle, elle l’appelle monsieur. Sourit et grignote nerveusement son collier de perles.

Il aurait pu comparaître aux Assises, mais sans preuve formelle, les accusations de viol ont été classées sans suite.

Sur une période de deux ans au début des années 2010, il aurait touché sa fille, les seins, le sexe, surtout la nuit, surtout quand il avait bu.

Pour s’en protéger, elle mettait des meubles devant sa porte :

« Mes frères m’ont aidée au début car ils étaient gros, ils repartaient par la fenêtre. Puis on a eu des nouveaux meubles, plus légers, je pouvais le faire toute seule. »

Ses frères n’ont jamais changé de version : oui, ils ont vu leur père la caresser de manière indécente, oui, ils croient leur sœur quand elle l’accuse de viol et d’attouchements. Ils le disent en 2014, le confirment en 2015. Se rétractent en 2020 :

« Elle nous a manipulés. »

L’un des deux confirme aussi les propos d’une copine de la jeune fille, elle aussi victime d’une agression sexuelle pour laquelle le père est également poursuivi.

Sommé de s’expliquer, le prévenu nie en bloc :

« Non, je ne sais pas pourquoi elle dit ça. »

« Ses frères le confirment ! »

« Ils mentent. »

« Ça m’interroge », lâche, pensive, la juge Michelle Raffin.

« Moi aussi, rétorque-t-il, ça m’interroge depuis 9 ans. »

Pour les experts psychiatres :

« La victime a du mal à se positionner dans le temps et amalgame les récits des autres aux siens, mais elle n’a pas tendance à l’affabulation. »

L’avocat de la partie civile est formel :

« Des professionnels de l’écoute l’ont souligné, elle a toujours tenu et maintenu les mêmes propos. Elle a dit toute la vérité, rien que la vérité. Pourquoi mentirait-elle ? »

La procureure, Sophie Mauboussin, rappela que le premier acte de ce dossier, elle n’en est pas à l’origine :

« Il faut se souvenir. C’est son école qui a fait le signalement. »

Après avoir rappelé que les frères avaient été entendus plusieurs fois sans jamais changer de version « et, ce, alors qu’ils étaient en âge de mesurer la gravité de leurs déclarations », elle remet en cause la crédibilité de leurs rétractations en 2020.

Elle demande une peine de 3 ans de prison dont deux avec sursis et un aménagement de la peine.

« Les faits sont graves, les témoignages des frères solides, circonstanciés et maintenus dans le temps. »

Maître Padzunas parle d’un homme ordinaire qui vit une vie ordinaire :

« Les déclarations de sa fille ont été un tsunami et il les conteste depuis le premier jour ! »

Elle évoque un parcours familial chaotique :

« Où il n’a jamais démérité, a toujours été présent pour ses enfants et a assumé son rôle de père ».

Et s’appuie sur les propos de la sœur aînée de la victime qui assure :

« Il s’est battu pour avoir notre garde, c’est un homme bienveillant, mon héros, mon modèle et mon confident. C’est impossible qu’il ait commis les faits dont on l’accuse. »

Sous l’effet des propos, le papa reste impassible. Toujours.

L’avocate poursuit :

« Dans ce dossier, il n’y a pas de certitude, le non-lieu pour viol n’est pas arrivé par hasard car il n’y avait aucun élément de démonstration. En a-t-on cette fois-ci ? Je dis non et s’il y a doute, mon client ne peut être condamné. »

Le jugement sera rendu le 2 septembre.

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