
Bouffémont | Un père tyrannique prend 20 ans pour actes de torture
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 21/03/2025
- 22:50
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Il y avait « le supplice de la clef » qu’il plaçait entre les doigts de ses enfants puis la faisait tourner. La privation de repas, les coups, les insultes… et pire encore.
Ces fois où le père de famille les badigeonnait de ses propres excréments, leur interdisant ensuite d’aller se laver.
« C’est un dossier hors norme en termes de cruauté, avec une déshumanisation extrême »
Comme l’a souligné Me Christian Galon, qui était examiné durant huit jours par la cour d’assises du Val-d’Oise.
L’horreur vécue durant quatre ans, de 2016 à 2020, par trois de ses quatre enfants, le petit dernier ayant été épargné, dans l’appartement de la résidence des Hauts-Champs, à Bouffémont, victimes d’un père tyrannique.
Un homme qui a renié jusqu’à leur « humanité », selon le juge d’instruction.
Mardi 4 mars, Saïd A., 44 ans, qui n’a reconnu que quelques fessées et a osé se présenter en père modèle, a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises pour crime de torture et actes de barbarie, ce dernier ayant également été reconnu coupable de violences.
La cour a également prononcé un retrait de l’autorité parentale. Comparaissant libre, son ex-épouse, Myriam E., a été condamnée à 4 ans de prison avec un sursis probatoire pour non-dénonciation de crime.
Elle devra se soigner, et suivre un stage de responsabilité parentale.
Trois enquêtes antérieures ouvertes
À trois reprises, cette dernière avait eu l’occasion de dénoncer ces faits après avoir déposé plainte contre son mari pour des violences, mais elle ne dira rien de ce que ses enfants subissaient.
La justice était également passé à côté de cette situation alors que trois enquêtes avaient été ouvertes en 2012, 2016 et 2017, la dernière à la suite d’un signalement, les enfants étant en grande difficulté scolaire.
Mais au cours de leurs auditions, les parents et les enfants avaient dissimulé aux éducateurs et aux gendarmes spécialisés ces faits.
Les médecins avaient pourtant relevé sur l’aînée des lésions douteuses et, pour le plus jeune, des blessures qui peuvent être expliquées par des coups avec une ceinture ou un fil.
« Ça a commencé quand il a arrêté de frapper ma mère »
Il a fallu attendre 2020 et le placement de la sœur et ses deux frères, respectivement âgés de 14, 13 et 9 ans, pour que l’affaire éclate.
C’est S., l’aînée, qui avait enfin fini par dénoncer les agissements de son père. Ses deux frères avaient suivi avant que leur mère ne confirme leurs dires.
Vendredi 28 février, les enfants sont tour à tour revenus sur le calvaire qu’ils ont subi.
Aucun n’aura su expliquer pourquoi leur père s’en est ainsi pris à eux.
Tour à tour, les deux aînés, S. et M., confieront toutefois que :
« Ca a commencé quand il a arrêté de frapper ma mère après l’intervention de la police. Pour lui faire du mal, il s’est mis à nous frapper ».
Atteindre sa femme en se prenant à leurs enfants, par des violences physiques donc, mais également psychologiques.
La plus âgée confie ainsi que leur père les obligeait régulièrement, « sans raison », à insulter leur mère et à lui cracher dessus.
« On faisait semblant. On imitait le bruit et on lui faisait un bisou », raconte S. avec une tendresse non feinte pour sa maman assise à côté.
« Il a pris la brosse des toilettes et l’a mise dans ma bouche »
C’est d’une voix tout aussi calme, sans jamais laisser paraître une quelconque haine, ni même de rancœur envers son père, qu’elle revient sur ce que ce dernier leur a infligé lorsqu’ils n’étaient pas enfermés dans leur chambre.
À la barre, elle revient sur le supplice de la clef, mimant comment son père mettait celle-ci entre ses doigts.
« Il les pinçait et il tournait la clé. C’est une douleur atroce », décrit S. « On avait les doigts gonflés, je saignais beaucoup », précise-t-elle.
Un saignement qu’elle arrêtait avec de l’eau et du papier essuie-tout, faute de pansement.
Avec un même aplomb, elle raconte un épisode survenu à la suite de la découverte, par son père, d’un paquet de gâteaux dans son cartable.
Ce sont ses grands-parents, qu’elle avait l’interdiction de voir, qui lui avaient donné.
« Je lui ai dit que je les avais eus à la cantine, mais il ne m’a pas cru. Il m’a attrapée par les cheveux et m’a traînée jusqu’aux toilettes ».
Son père l’a fait s’accroupir et lui a mis la tête dans la cuvette.
« Il a pris la brosse et l’a mise dans ma bouche. Après, il a mis deux gâteaux dans la cuvette et me les a fait manger »,
Relate-t-elle, précisant que ce châtiment n’est arrivé qu’une fois et que ses frères n’en ont jamais été victimes.
Tous toutefois ont subi des violences qui pouvaient survenir « quand il se rendait compte qu’on était allé dans le salon durant son absence, on n’avait pas le droit. Ou bien quand on cassait un jouet. Il nous disait qu’on était des animaux ».
« Parfois, il nous mettait des excréments et il partait prendre son goûter »
Le président revient sur ces nombreuses fois où Saïd A. a barbouillé ses enfants de ses excréments, après avoir fait ses besoins dans le couloir.
« Il avait une raison particulière pour faire ça ? », interroge Marc Trévidic.
« Non, parfois il le faisait alors qu’il était en colère, parfois quand il était calme », répond M. précisant qu’ils pouvaient rester comme ça une bonne heure avant de pouvoir se laver.
« Parfois, il nous mettait des excréments et il partait prendre son goûter. »
Des gâteaux et des bonbons que le père s’achetait pour lui.
« On n’avait pas le droit d’y toucher », précise S. Son frère assure avoir été souvent privé de repas en guise de punition « quand il voyait qu’on avait été dans le salon ».
À son tour, il revient sur les coups de poing, mais aussi de ceinture, une fois, parce qu’il était « allé voir un copain après l’école ».
Cinq ans après avoir été placé, l’adolescent qui n’a jamais pu avoir d’explications de la part de son père, s’interroge toujours aujourd’hui :
« Pourquoi il nous a fait ça ? Est-ce qu’il nous aime ? »
Malgré le calvaire qu’ils ont enduré, lui comme sa sœur se souviennent de moments heureux avec leur père, notamment quand leur mère a passé trois semaines à l’hôpital après la naissance du quatrième enfant.
« Quand elle n’était pas là, c’était un papa d’amour. Il prenait soin de nous, il nous aidait avec nos devoirs comme un super papa », insiste S.
« On allait faire du vélo ou jouer au foot », se remémore son frère, reconnaissant avoir toujours de l’affection pour son père, mais également ressentir de la compensation quant à son placement en détention.
« Je n’oublie pas ce qu’il m’a fait, mais ça me fait de la peine de le voir comme ça », avoue-t-il.
Quelques instants plus tôt, sa sœur avait confié que « c’est un peu bizarre de le voir comme ça », dans le box des accusés.
« Je vois qu’il est calme. Ça me fait un petit truc, mais sans plus. J’ai envie de dire qu’il l’a mérité. C’est lui qui a provoqué ça et aujourd’hui, il est en prison. »
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