Bort-les-Orgues | Le druide de Corrèze sera jugé pour viols

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Des esclaves sexuelles sous emprise
Roger Surin, sorcier installé à Bort-les-Orgues, aurait imposé à des adeptes ses méthodes axées sur des actes sexuels, souvent humiliants. Le septuagénaire, dont le renvoi devant la cour criminelle a été confirmé, conteste les faits.

Diplômé de druidisme, organisateur de stage de chamanisme et d’éveil personnel, hypnothérapeute, auteur de livres sur le couple et la sexualité, Roger Surin a tous les atours du gourou.

Le 26 septembre, la cour d’appel de Limoges a confirmé la mise en accusation devant la cour criminelle de Corrèze de cet homme de 76 ans à la personnalité décrite comme perverse par un expert.

Cet ancien chimiste belge ayant bifurqué vers l’ésotérisme devra y répondre d’accusations de viols sur mineure de 15 ans, agressions sexuelles aggravées et corruption de mineur.

Deux de ses anciennes adeptes comparaîtront à ses côtés pour des infractions de même nature.

En avril 2021, une femme de 44 ans se présente à la gendarmerie.

Elle explique avoir rencontré Roger Surin cinq ans plus tôt lors d’un stage de développement personnel.

Très rapidement, elle entame une relation avec lui, au point de se rapprocher de son domicile de Bort-les-Orgues (Corrèze) en compagnie de ses enfants.

Elle raconte que les stages étaient marqués par des pratiques sexuelles collectives et dégradantes.

Ainsi certaines adeptes étaient-elles contraintes de déambuler nues, harnachées d’un collier de chien et promenées en laisse.

Selon sa déposition, Roger Surin imposait ces pratiques afin de « briser leur ego ».

Elle assure qu’il était impossible de lui refuser une relation sexuelle et qu’il en faisait un préalable voire une condition à l’évolution spirituelle.

Ancienne muse du druide, qualifiée de « femme initiatrice polaire » ou de « cheffe des femmes », elle relate aussi que ce dernier a imposé en 2018 des relations sexuelles à sa fille aînée, seulement âgée de 14 ans.

Des affidés sous emprise

Entendue au cours de l’instruction, une ancienne stagiaire a raconté comment elle s’était retrouvée, dès son premier jour, l’esclave sexuelle de Roger Surin et sa compagne, soumise à la séance de promenade en laisse les yeux bandés, fouettée et contrainte de masturber le maître.

Des épreuves auxquelles elle avait consenti de peur de se faire exclure du groupe.

« C’était une dévotion, une idolâtrie totale », a confié la plaignante en désignant le comportement des adeptes vis-à-vis de Roger Surin, qu’elle accuse de l’avoir manipulée et mise sous emprise.

Son cousin, qui traversait alors une période de grande vulnérabilité, a également dénoncé des viols et agressions sexuelles.

La fille de l’ancienne compagne de Roger Surin a confirmé avoir subi trois viols de la part de son beau-père entre ses 14 et 15 ans.

L’adolescente, qui assistait aux séances d’orgies, a décrit un univers dans lequel ce père de famille tenait ses affidés sous emprise et exigeait du sexe en permanence.

Placé en garde à vue en octobre 2021, Roger Surin a assuré que les participants à ses stages avaient la possibilité de refuser s’ils le souhaitaient les pratiques sexuelles.

Et qu’il n’avait jamais exigé l’idolâtrie dont ses adeptes lui témoignaient.

Dans un premier temps, il n’a pas nié les actes sexuels imposés à l’adolescente tout en accusant sa compagne de l’avoir incité à « initier » sa fille.

Réentendu par le juge, le ressortissant belge est revenu sur ses déclarations, se disant victime d’un complot.

En détention provisoire depuis son interpellation, Roger Surin sera jugé pour les viols dénoncés par l’adolescente, mais aussi sur trois autres victimes — deux femmes et un homme.

L’expert psychologue a noté chez lui « une tendance à la démesure narcissique, des capacités à pouvoir fasciner des personnes influençables ou fragilisées, mais aussi une victimation et une tendance massive au rejet de la faute sur autrui ».

« Il avait pu utiliser la sexualité dans un cadre sectaire comme moyen de contrôle sur autrui, un outil de manipulation mentale pour réduire ses élèves à un état d’objet », retient encore l’expertise psychologique.

Son cas a fait l’objet de plusieurs signalements à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) entre 2016 et 2021.

« Mon client conteste totalement les faits qui lui sont reprochés, ainsi que toute dimension sectaire », indique Me Jean-François Canis, son avocat.

Initialement renvoyée pour la complicité des viols perpétrés sur sa fille, son ex a finalement bénéficié d’un non-lieu sur ce point, la cour d’appel ayant estimé que, si elle n’avait pas suffisamment protégé son enfant, aucun élément ne matérialisait la complicité.

Elle sera en revanche jugée pour non-dénonciation de crime, corruption de mineure et viols aggravés sur deux témoins, son rôle de « femme initiatrice » ayant été retenu.

« Ma cliente réserve ses explications à la cour. En attendant, elle se reconstruit après être sortie de ces années d’enfer sectaire », expose Me Karine Bourdié, son conseil.

Une seconde femme comparaîtra pour la complicité du viol de l’adolescente — elle est soupçonnée de l’avoir encouragée à avoir des relations avec Roger Surin —, et agressions sexuelles en réunion.

La date du procès n’est pas encore fixée.

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