Blois | Le voisin serviable, mais pédocriminel, condamné à 16 mois ferme

Un Vendômois a été condamné à 16 mois de prison ferme pour avoir agressé sexuellement un garçon de 10 ans durant l’été 2014.

Tribunal correctionnel de Blois 

Vêtu d’un caban sombre, les yeux clairs et un début de calvitie malgré ses 32 ans, Fabien a les mains posées sur la barre face à la présidente Marie-Christine de Fierville, mardi.

Le jeune homme qui se trouve sous contrôle judiciaire est accusé de s’en être pris à un garçon de 10 ans à qui il aurait imposé des attouchements intimes et des baisers sur le sexe.

Il se trouve en récidive pour avoir déjà été condamné en 2012.

C’est la mère de l’enfant qui a déposé plainte en décembre 2014.

Les faits se seraient produits par deux fois au cours de l’été 2014 au domicile de Fabien, à Vendôme.

Lors de ses auditions, le jeune Kévin (prénom modifié) a affirmé que l’adulte l’a forcé à regarder un film pornographique gay. Il a demandé à l’enquêteur de lui apporter deux poupées pour remettre en scène ce qu’il a subi.

« Malgré quelques petites divergences de dates, l’enfant a confirmé ses premières déclarations de manière précises devant le juge d’instruction », indique la présidente du tribunal.

Les noms de deux autres enfants potentiellement victimes des agissements de Fabien ont été cités, mais les parents de l’un n’ont pas répondu aux convocations de la justice tandis que le second a assuré qu’il ne s’était rien passé.

Face aux juges, Fabien nie les accusations portées contre lui. En tant que réparateur occasionnel de consoles de jeux et de téléphone, il fréquentait les domiciles de ses voisins et de leurs amis. Mais jamais, assure-t-il, Kévin n’est venu dormir chez lui.

Le prévenu se déclare victime d’un complot fomenté contre lui en raison de ses deux précédentes condamnations pour agressions sexuelles sur mineurs datant de 2011 et 2012.

« Il s’agit d’une vengeance parce que j’ai dénoncé des comportements de certains adolescents sur Facebook. »

Fabien pense aussi que les parents de Kévin l’ont accusé pour ne pas lui rembourser une somme de 500 € correspondant aux réparations effectuées chez eux.

La présidente ne cache pas son étonnement.

« Vos condamnations concernaient également des agressions contre des jeunes garçons, êtes-vous attiré sexuellement par les enfants ? »

Le jeune prévenu assure que non. « Je suis hétéro à 100 %. Les faits qui m’ont valu d’être condamné étaient en grande partie faux. Il faut vraiment que je quitte cette région pour trouver la tranquillité. »

Le psychologue et le psychiatre qui ont examiné Fabien sont inquiets.

Le second pense qu’il tente peut-être de masquer sa pédophilie et n’exclut pas une récidive.

Le prévenu a été brièvement suivi par une psychologue après sa première condamnation sans en tirer le moindre bénéfice. « Elle a vu que j’étais quelqu’un d’ordinaire. »

« Ces explications tortueuses me laissent sans voix, avoue Me Schéhérazade Bougrara, l’avocate de la victime, le prévenu a vraiment un profil inquiétant. Il se décrit comme un bon voisin, mais il a profité du fait que ces jeunes garçons appartenaient à un milieu défavorisé. »

Le jeune Kévin a aujourd’hui intégré une école de la deuxième chance, mais il est toujours sujet à des angoisses et des troubles du sommeil.

“ Un écran de fumée ”

Pour la substitut Lola Ajavon, le prévenu déploie un « écran de fumée » pour échapper à ses responsabilités. « Cette absence de reconnaissance des faits aggrave la souffrance de l’enfant », déplore le ministère public qui requiert à titre principal un total de 26 mois d’emprisonnement.

En défense, Me Sandrine Audeval reproche au parquet de dénaturer le dossier et plaide la relaxe. « Il faut être prudent face à la parole d’un enfant. Il y a des divergences dans les accusations. Les expertises et les deux précédentes condamnations ne doivent pas motiver sa culpabilité. »

Le tribunal a reconnu Fabien coupable des faits reprochés et l’a condamné à 16 mois de prison ferme tandis que son nom figurera au Fichier des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais).

Il a accordé 1.500 € en réparation à l’enfant et 400 € à chacun de ses parents.

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