Besançon | Un père accusé de viols et actes de barbarie sur sa fille a été acquitté

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Pédocriminel En liberté

Ainsi s’achève un procès où l’ombre d’Outreau a plané sur les trois jours de débats
photo d'un homme de loi la main sur un épais dossier dans une salle d'audience
En raison d’une absence de preuves et de dénonciations « non crédibles », la Cour d’assises de Besançon n’a pas retenu la culpabilité de ce prof de 68 ans, que sa fille cadette accusait de nombreux viols et sévices pendant son enfance et son adolescence.

Acquitté.

Le père de famille accusé par sa fille d’agressions sexuelles, de viols et d’actes de torture et barbarie a été acquitté, ce vendredi soir, par la Cour d’assises de Besançon.

Un verdict énoncé à l’issue de deux heures de délibéré, que le président Luc Chapoutot a tenu à « expliquer » à la victime:

« En droit, l’intime conviction des jurés ne repose pas sur la crédibilité de la parole, mais sur des preuves. Votre souffrance est une réalité incontestable, et votre sincérité ne peut être remise en doute. Vous avez subi une forme de maltraitance psychologique imputable à votre père. Vous avez été victime de viol de la part de votre frère. Mais nous n’avons pas les preuves des agressions sexuelles et actes de barbarie de la part de votre père ».

L’ombre d’Outreau

Le président a ensuite énuméré les « doutes sur la véracité des événements » nés de « l’absence de constatations médicales objectivant des pénétrations et des traces de sévices, l’absence de constance dans la dénonciation des faits, des déclarations non crédibles comme celle des sacrifices d’enfants, votre frère qui n’a pas confirmé la présence de votre père lors des abus contre vous, votre choix de ne pas nous fournir des photos qui auraient constitué des preuves »… Autant d’éléments qui, « ajoutés les uns aux autres, ont mis la Cour en difficulté. La décision de non-culpabilité s’imposait ».

Ainsi s’achève un procès où l’ombre d’Outreau a plané sur les trois jours de débats.

Survenue dans le Pas-de-Calais au tournant des années 2000, l’affaire de pédophilie présumée avait conduit à la condamnation de nombreux adultes, sur la base d’accusations portées par des enfants, s’avérant fausses.

Et ce vendredi après-midi, l’avocate de la partie civile Emmanuelle Huot dans sa plaidoirie, et l’avocate générale Alexia Marquis dans son réquisitoire, l’ont toutes deux souligné : dans le dossier de cette jeune femme de 34 ans dénonçant des attouchements, des viols répétés dont de nombreux d’une perversité ignoble, perpétrés par son père dans son enfance et son adolescence, les preuves et les témoins manquent.

Tout repose sur sa seule parole.

« Rien ne contredit sa parole »

Les deux femmes ont malgré tout tenté de réunir des éléments tangibles.

Comme l’agression sexuelle que la victime a subie de la part de son frère aîné, et celle qu’elle dénonce également de la part de son oncle médecin, qui s’est suicidé après des abus perpétrés sur son petit-fils.

Si ces faits sont avérés, alors pourquoi ne pas la croire quand elle met en cause son père ?

Me Huot a assuré:

« Effectivement, il n’y a pas de preuves, mais rien, absolument rien ne contredit ce qu’elle avance »

L’avocate générale a embrayé en désignant l’accusé:

« J’ai la conviction que cet homme est coupable »

« Les rapports d’experts démontrent qu’elle coche tous les items des victimes de violences sexuelles »

en requérant 15 ans de réclusion, sans période de sûreté et avec aménagement de peine, mais en ne retenant pas les actes de torture et barbarie.

« Sans affect, sans émotion »

Deux analyses que l’avocat de l’accusé n’a pas du tout partagées.

Sans ménagement, et plaidant d’emblée l’acquittement, Jean-Michel Vernier a torpillé un dossier ne reposant, selon lui, sur rien:

« Jusqu’à preuve du contraire, on doit m’apporter les preuves de la culpabilité de mon client. Or, à propos de faits dénoncés par sa fille tout au long des 22 pages de ses trois dépositions, personne n’a rien vu ni rien entendu ! Ni dans la famille alors qu’ils étaient censés se dérouler dans toutes les pièces du domicile. Ni pour cette histoire de maison en Côte d’Or, où elle prétend avoir été amenée une quinzaine de fois ! La raison va-t-elle revenir dans cette salle ? »

Le conseil a enfin mis en cause le suivi thérapeutique de la jeune femme :

« Est-ce que lui dire : je te crois, c’est vraiment lui rendre service ? »

Quant à son client, « on l’a accusé parce que c’était un mauvais père, un mauvais mari  ».

Avant que la Cour ne se retire pour délibérer, l’homme de 68 ans a de nouveau argué de son innocence.

La matinée de cette troisième et ultime journée avait été consacrée à l’examen de sa personnalité.

Avec notamment l’audition d’une experte en psychologie, dépeignant un homme au QI très supérieur, « au profil psychologique complexe, capable d’utiliser son intelligence à des fins de manipulation, et de paraître autrement qu’il n’est ».

Un homme « sans affect et dénué de toute émotion ».

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