Suisse | L’accusé avait commis des attouchements sur une fillette placée chez lui et sur sa fille. Les 3 ans et demi ferme sont confirmés en appel.

Le père, la mère, deux enfants: la famille modèle s’est révélée être un enfer pour la fillette de 3 ans et demi placée en 2003 par le Service de protection de la jeunesse dans ce foyer d’accueil.

Pendant plusieurs années, jusqu’en 2011 à tout le moins, le papa de substitution, un quinquagénaire vaudois cadre d’entreprise, s’est livré à des attouchements sexuels quasi quotidiens sur la petite au moment du coucher. Ainsi que sur sa propre fille. L’homme a reconnu les faits. Il est incarcéré depuis février 2016. Il a été jugé l’été dernier en correctionnelle à Lausanne.

Le Ministère public avait requis 4 ans et demi de prison, son avocate des jours-amendes avec sursis. Il avait finalement écopé de 3 ans et demi ferme, peine confirmée mardi en appel.

Complet gris sombre, petites lunettes, barbe naissante, allure distinguée, l’homme comparaissait à sa demande devant la Cour d’appel pénale. Non pour contester formellement sa culpabilité, mais pour tenter d’obtenir une légère réduction de peine, voire un sursis partiel. Et, surtout, pour que l’appréciation psychiatrique de son cas soit actualisée. Afin, selon lui, que puisse être améliorée l’efficacité de son traitement, qu’il déplore être conduit de manière très irrégulière jusqu’à présent.

«Je suis conscient que ce dont je souffre ne se guérit pas comme un rhume»

Ce sont les abus commis sur l’enfant placée dans cette famille qui, par leur durée, ont le plus marqué les esprits. «Cette affaire est affreuse, lâche le prévenu d’une voix rapide. Je voulais tout lui donner pour qu’elle soit bien et, en réalité, je l’ai méthodiquement abusée. Elle devra vivre avec cela, et ma propre fille aussi.»

Il admet une attirance que les autres n’ont pas, et que cela relève de la pédophilie. «Je suis conscient que ce dont je souffre ne se guérit pas comme un rhume, mais je souhaite être soigné correctement en prison, que justice soit faite pour les victimes mais aussi pour moi.» C’est là, aux yeux de son avocat, Me Philippe Girod, que le bât blesse.

L’homme de loi considère que le premier jugement manque de précision quant aux modalités de la prise en charge thérapeutique. Il estime que la justice devrait préciser que l’approche doit porter notamment sur la personnalité et l’orientation sexuelle de son client. Et de rappeler qu’il s’agit de préparer l’avenir, car lorsque cette personne actuellement considérée comme un pédophile sortira de prison, il s’agira, pour la sécurité de la société, de remettre en liberté quelqu’un ayant bénéficié de tous les outils disponibles pour pallier le risque de récidive.

Préparer l’avenir

«J’ai demandé en vain une nouvelle expertise psychiatrique car celle au dossier a été réalisée avant l’incarcération et ne reflète pas l’évolution de cet homme, chez lequel on ne relevait à l’époque pas de souffrance morale perceptible», explique en substance l’avocat. «Tout est à refaire! Cela devrait éviter de conserver un jugement affirmant que la prise de conscience est relative, avec tout ce que cela peut amener au moment de l’examen de la libération conditionnelle.»

La procureure Maria Giannattasio considère que l’avocat se trompe d’instance: «La compétence en matière de modalité de traitement psy appartient à l’Office d’exécution des peines et non au Tribunal pénal, c’est là qu’il faut adresser les griefs. Et, ensuite, ce sera au juge d’application des peines d’ordonner au besoin une nouvelle expertise.»

La Cour d’appel partage cette appréciation: «Il faut distinguer les rôles. Ce n’est pas à l’autorité de jugement de préparer la libération du condamné.» Et de lancer à l’intéressé: «Il vous appartient de vous investir si vous voulez bénéficier de la libération conditionnelle. Les experts n’ont pas à modifier leur appréciation pour faire comme si le travail avait été fait.»

Source : 24heures.ch

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