Bastia | 4 personnes mises en examen pour “viols sur mineurs de quinze ans”
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- 10/02/2021
- 09:00
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Bastia : suspicions de viols sur mineur après des chantages sur Snapchat, quatre personnes écrouées
Un adolescent de 17 ans est soupçonné d’avoir incité une collégienne de 13 ans à lui envoyer des photos d’elle dénudée avant de la contraindre à des faveurs sexuelles en menaçant de les diffuser.
Des plaintes ont été déposées par les familles, et cinq personnes ont été mises en examen.
Dans un communiqué de presse publié de samedi 6 février, le parquet de Bastia a confirmé l’incarcération de quatre personnes, dont trois mineures, suite à leur mise en examen par un juge d’instruction bastiais dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour “viols sur mineurs de quinze ans”.
Une cinquième personne, mineure elle aussi, a été placée sous contrôle judiciaire.
“J’ai peur de ce qu’il aurait pu faire à ma fille. Elle est encore petite, elle ne se rend pas compte qu’elle ne peut pas discuter avec les gens comme ça, elle est trop facilement impressionnable.”
Depuis plusieurs jours, l’angoisse d’Amia (le prénom a été modifié) ne diminue pas.
Sa fille, âgée de 11 ans et scolarisée dans un collège de Bastia, est en contact depuis plus de deux semaines avec un adolescent de six ans son aîné, lycéen. Celui-ci aurait tenté de profiter d’elle.
Une situation à laquelle une autre jeune fille de l’établissement, âgée de 13 ans, aurait également été confrontée avec des conséquences plus graves.
Le jeune homme aurait profité de l’application Snapchat pour entrer en contact avec les deux jeunes filles.
D’abord la collégienne de 13 ans, en mars 2020. Il aurait, selon les dires d’Amia, la mère de l’autre enfant, profité de l’ennui et de la solitude de l’adolescente pendant le confinement pour se rapprocher d’elle, et, au fil des messages, la convaincre de lui envoyer des photos d’elle en petite tenue.
Des photos que le lycéen aurait enregistrées sans son accord, avant de les montrer à plusieurs de ses amis. La jeune fille se serait ensuite retrouvée piégée par un chantage : si elle n’acceptait pas de lui faire des fellations, à lui, et à plusieurs de ses amis, dont un majeur, il diffuserait les photographies dans l’enceinte du collège. Scolarisé dans un lycée bastiais, il aurait des connaissances au sein du collège de la jeune fille.
La collégienne aurait accepté sous la menace, sans oser avertir ses parents ou l’établissement scolaire.
La seconde jeune fille, âgée de 11 ans, aurait elle aussi reçu une invitation sur Snapchat de la part du même jeune homme en janvier 2021. Le lycéen lui aurait également demandé des photos dénudées.
Cette fois, la jeune fille aurait refusé. Le lycéen aurait alors tenté de l’intimider en compagnie de plusieurs de ses amis.
Ils l’auraient notamment suivie dans un parc en se livrant à des comportements obscènes. Il aurait également insisté pour que la jeune fille l’accompagne chez lui. Là encore, la pré-adolescente n’aurait pas averti ses parents.
C’est finalement une amie de la collégienne la plus âgée qui aurait alerté la direction de l’établissement scolaire. Si les faits se sont déroulés à l’extérieur de l’établissement, le directeur du collège a convoqué les familles des deux jeunes filles le 22 janvier.
La famille de la plus jeune collégienne assure avoir découvert à l’occasion de cet entretien la situation.
Contacté, le directeur du collège n’a à cette heure pas souhaité s’exprimer.
Depuis ce rendez-vous, les deux familles se sont rendues au commissariat de Bastia pour déposer plainte à l’encontre du jeune homme.
Les jeunes filles ont été entendues séparément de leurs parents pendant plusieurs heures, et ont dû se rendre en hôpital pour réaliser des tests.
Toutes deux sont profondément choquées par les événements. Un psychiatre a été dépêché par les services de police pour les prendre en charge.
Un dépôt de plainte confirmé par le procureur de la République de Bastia, Arnaud Viornery. Une enquête a été ouverte par le parquet de Bastia, et confiée à la direction départementale de la sécurité publique, et cinq personnes ont été placées en garde à vue mercredi 3 février.
Pour rappel, les articles 332 et 222-23 du Code pénal stipulent que :
“Tout acte de fellation constitue un viol, dès lors qu’il est imposé par violence, contrainte, menace ou surprise, à celui qui le subit ou à celui qui le pratique”.
Les interrogatoires devraient permettre de déterminer l’ampleur des événements, et pourrait entrainer de nouveaux rebondissements dans cette enquête.
En l’attente, les parents se disent inquiets pour la sécurité des jeunes filles. Pour éviter toute nouvelle tentative de contact avec le jeune homme suspecté, Amia a confisqué le téléphone portable de sa fille et tout autre moyen de communication. Elle entend désormais l’accompagner tous les matins au collège en voiture, et venir la chercher dès que ses cours sont terminés.
Pour le repas du midi, la collégienne, auparavant autorisée à rentrer chez elle, a désormais l’obligation de rester manger à la cantine. Une contrainte pour la fille comme pour la mère, forcée de jongler avec ses horaires de boulot.
“Mais je ne peux pas faire autrement. Je ne veux pas qu’elle quitte le collège sans moi.”
D’autant plus que les jeunes hommes suspectés dans cette affaire auraient les adresses des deux familles, obtenues grâce à la géolocalisation de l’application Snapchat.
“Il a aussi le calendrier de cours de ma fille, soupire Amia. Il sait à quelle heure il finit, il sait quand elle commence.”
“Je me dis que si elle était allée chez lui, il l’aurait sans doute violée.”
Cette affaire repose aussi la question de la sécurité des mineurs sur les réseaux sociaux.
Qu’est-ce-que Snapchat ?
Disponibles sur les appareils IOS et Android, l’application est facilement reconnaissable avec son logo d’un petit fantôme blanc sur fond jaune fluorescent. Lancée en première version en 2011, elle s’est depuis largement popularisée, avec en moyenne 190 millions d’usagers journaliers. Notamment chez les plus jeunes : 85% des utilisateurs ont entre 13 et 34 ans (données Snapchat 2019).
Le principe : les usagers “s’ajoutent” sur le réseau social, soit en partageant directement leur pseudonyme ou en scannant le QR code de leur ami, ou en utilisant la fonction “ajout rapide” (l’application propose des personnes que l’utilisateur pourrait connaître, en prenant en compte, par exemple, les lieux où celui-ci a été géolocalisé).
Une fois connectés, les usagers communiquent par le biais de photographie, vidéos – des “snaps” – ou messages.
Ces snaps sont censés être éphémères : à l’origine, les vidéos et photos ne pouvaient être vues par le destinataire que pour un temps limité (en dessous de 10 secondes). Une mise à jour de l’application a permis aux émetteurs d’envoyer leurs snaps en durée illimitée.
Mais dans tous les cas, une fois visionnée, l’image ou vidéo expire et n’est plus accessible. Ceci, à moins que le destinataire ne la sauvegarde par une capture d’écran. Le réseau social alerte alors l’émetteur, qui ne peut cependant rien faire pour empêcher la capture.
Les “snapchateurs” aguerris connaissent également des solutions pour “tromper” le réseau social et enregistrer un snap sans que l’autre utilisateur ne soit prévenu. Dans ces conditions, impossible pour l’émetteur de savoir si son message a été sauvegardé.
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