Amiens | L’Amiénois amateur de livres ou de collégiennes?

Fait assez rare en audience de comparution immédiate, le tribunal d’Amiens a décidé ce lundi d’un supplément d’information après avoir longuement étudié le dossier d’Eric H., 50 ans, accusé d’agressions sexuelles, qu’il nie, par des collégiennes, qui l’accusent.

Le 17 janvier, à 7 h 45, une élève de Troisième de la Sainte-Famille sent la main d’un homme sur sa cuisse.

Elle pourrait croire à une simple bousculade si elle ne le voyait pas, dans les secondes qui suivent, tendre la paume de sa main pour toucher les fesses d’une de ses condisciples, âgée également d’une quinzaine d’années.

Elle décrit l’individu :

« un peu sale, limite SDF, avec une démarche bancale, il porte un seul gant noir et une parka, également noire ».

Le jour même, un individu répondant au signalement, jusqu’à la légère claudication, est interpellé dans le même quartier, aux alentours de la gare.

Il est connu des services de police.

D’ailleurs, il se rend à une convocation du service d’insertion.

La collégienne le reconnaît sur planche photographique « formellement et sans hésitation », indique le procès-verbal.

Trois jours plus tard, pourtant, c’est vers Eric H. que les soupçons se portent, parce que la jeune fille l’a retrouvé aux abords de son établissement scolaire, « avec un regard étrange ».

Interpellation, placement sous mandat de dépôt et convocation en urgence : c’est ainsi qu’il se retrouve dans le box des prévenus, hier lundi.

Eric, c’est un « homme-sans », si l’on en croit l’enquête de personnalité : sans parents, sans contact avec ses frères et sœurs, sans femme, sans enfant, sans emploi.

« C’est surtout un homme seul », complète son avocate Messaouda Yahiaoui.

Il aime la marche, se pique de religion hindoue et adore lire, apprend-on encore.

La lecture, justement…

–  « Comment expliquez-vous que vous vous retrouvez tôt le matin près de la gare alors que vous habitez au nord de la ville ? » l’interroge la présidente Briet.

–  « Parce que je vais aux boîtes à lire du parc Edmond-Rostand et de la chaussée Jules-Ferry.

Comme les gens déposent leurs livres usagés le soir, je suis le premier à les récupérer le matin », répond-il.

–  « Et vous ne pouvez pas aller dans votre quartier ? »

–  « Non, à Amiens Nord, la boîte a été brûlée ».

Le psychiatre – « au terme de dix minutes d’entretien ! » peste Me Yahiaoui – a relevé « l’étrangeté et le flou de son attitude », a décelé une « sexualité ambiguë » et l’a trouvé « bizarre ».

« S’il fallait poursuivre tous les bizarres de la terre, je ne sais pas à quelle heure on sortirait de l’audience ! s’exclame l’avocate.

Lui, c’est un vieux garçon qui se promène.

Oui, quand elle l’a reconnu, il l’a peut-être fixée.

Il était simplement surpris que quelqu’un le regarde… »

Les juges ont donc décidé de renvoyer Éric devant un juge d’instruction et de le maintenir en détention dans l’attente.

Cette rencontre devait avoir lieu, comme l’exige la loi, hier soir, sous peine d’une remise en liberté d’office.

Source: Courrier Picard

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