Albi | Un père condamné à 10 ans pour des viols sur son fils adoptif

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“De père, vous devenez amant, parce qu’il vous le demande ? C’est difficile de se le représenter…”
Après de longues heures de réflexion, la cour d’assises du Tarn a condamné cet ancien éducateur à 10 ans de réclusion criminelle. Son fils adoptif, rencontré dans un foyer, l’accusait de viols.

Daniel* dit à la cour:

“J’ai adopté Pierre* dans le but d’être un papa”

À défaut, il est plutôt devenu un copain de boissons pour le jeune garçon qu’il adopte.

Et même un tortionnaire, a raconté Pierre à la barre du tribunal.

À 34 ans, le jeune homme a décidé de porter plainte contre son père adoptif.

Il accuse ce dernier de multiples viols, commis pendant une très longue période, entre ses 13 et 25 ans.

Daniel, lui, a toujours nié, parlant de “relations entre adultes consentants” lorsque Pierre était majeur.

Le père adoptif jure:

“Je ne l’ai jamais agressé, séquestré, forcé ou quoi que ce soit. C’est lui qui m’a demandé, il voulait avoir une relation homosexuelle, savoir ce que c’était”

Le président de la cour manque de s’étouffer:

“De père, vous devenez amant, parce qu’il vous le demande ? C’est difficile de se le représenter…”

L’autre ne sait pas vraiment quoi répondre:*

“À cette époque, je buvais beaucoup. Ce n’est pas une excuse, mais j’ai tout mélangé, le rôle de père, de copain… J’ai perdu les pédales”.

“J’étais amoureux de lui”

Daniel était éducateur dans un foyer pour jeunes.

Pierre en était pensionnaire.

L’adulte prend le gamin sous son aile, le protège des autres qui en font un souffre-douleur.

Très vite, l’enfant et son éducateur deviennent très proches.

Daniel entame une procédure d’adoption et devient tiers de confiance pour l’adolescent, qu’il peut ramener chez lui le week-end.

C’est à cette période que les viols ont commencé.

Pour se poursuivre jusqu’à l’âge adulte.

Daniel déclare devant la cour:

“J’étais amoureux de lui, mais notre relation n’a duré qu’une année, entre ses 19 et 20 ans, c’est tout. Pour le reste, Pierre ment”

Me David Cucullières défend le plaignant.

Il raconte ce “conte de fées” pour un enfant abandonné très jeune, qui trouve en Daniel un père.

Il parle ensuite des années de calvaire, des viols, jusqu’à la rencontre de Sophie*, qui arrive à l’extirper de ce “père” toxique.

Ils ont ensemble un enfant, c’est d’ailleurs l’une des raisons qui l’ont poussé à déposer plainte tant d’années après les faits contre ce père adoptif, qui n’en a jamais vraiment été un.

“Ce n’est pas le tribunal de la morale”

L’avocat général explique aux jurés:

“75 % des enquêtes pour viol sont classées sans suite. Car c’est souvent parole contre parole, et les plaintes sont déposées en général des années après les faits. C’est donc difficile d’avoir des preuves. Et dans ces cas-là, c’est le sacro-saint principe de la présomption d’innocence qui doit primer”

Mais dans cette affaire, est-on dans une affaire classique de parole contre parole ?

Non, dit-il, et il énumère les éléments qui pour lui accablent l’accusé.

Il demande 12 années de réclusion criminelle.

Me Raynaud de Lage pour la défense, insiste:

“Ce n’est pas le tribunal de la morale. Oui, mon client a été un mauvais père, un éducateur lamentable. Mais ce n’est pas la question. Avez-vous des raisons objectives de dire aujourd’hui qu’il est coupable, 24 ans après les faits ? La réponse est non”

Après une longue réflexion et au milieu de la soirée, le jury est revenu rendre son verdict.

Daniel est coupable de viols sur son fils adoptif.

Il a été condamné à 10 années de réclusion criminelle.

* Le prénom a été modifié

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