Adélaïde Bon parle du stress post-traumatique des victimes de viol

Adélaïde Bon, auteure de “La petite fille sur la banquise” (aux éditions Grasset), était ce mercredi l’invitée de Patrick Roger dans le Grand Matin Sud Radio.

Adélaïde Bon. © Sud Radio

Invitée ce mercredi du Grand Matin Sud Radio, l’auteure Adélaïde Bon est venue nous présenter son livre, intitulé “La petite fille sur la banquise” (aux éditions Grasset), dans lequel elle raconte l’expérience traumatisante qu’elle a vécue enfant, lorsqu’un homme la violée alors qu’elle n’avait que 9 ans.

Rédigé comme un roman, cet ouvrage choc agit comme une thérapie, retraçant son histoire terrifiante et racontant comment, au fur et à mesure, elle a fini par mettre des mots sur ce qu’elle a vécu.

“C’est un récit dans le sens où j’ai mis beaucoup de temps à l’écrire, à le construire et à choisir les mots.

Quand on a été victime de violences sexuelles dans l’enfance, il y a quelque chose de l’ordre du langage qui disparaît, parce que les mots ne sont plus à la bonne place”, nous a-t-elle d’abord expliqué, tout en retenue.

“Quelqu’un nous dit qu’il est notre ami et il nous détruit puis tout se met à se transformer dans la vie.

On commence à vivre dans la confusion, dans quelque chose de très sombre où plus rien n’est à sa place et dont on ne peut parler à personne parce que ce sont des émotions, des ressentis et des sensations qui sont très flous”, a-t-elle ajouté.

“Les enfants qui sont victimes de violences sexuelles présentent ce que l’on appelle un état de stress post-traumatique.

C’est bien documenté aujourd’hui, notamment parce qu’il y a eu les attentats, mais à l’époque (du viol), à la fin des années 80, personne n’était vraiment au courant de ces choses-là.

Les médecins n’étaient pas formés, on ne prévenait pas les parents et, a fortiori, on ne prévenait pas les petites filles de ce qui allait leur tomber dessus.

J’ai donc mis des années à comprendre, à mettre les mots, à parler et à faire le lien entre ce que je ressentais dans ma vie, ces angoisses qui m’habitaient quotidiennement, et cet événement de mon enfance dont j’avais, en plus, perdu une partie de la mémoire.

J’ai eu ce qui s’appelle une amnésie traumatique, ce qui est très fréquent chez les enfants victimes d’abus sexuels”, a-t-elle poursuivi.

“On est dissocié et une partie de la mémoire se retrouve piégée dans l’amygdale cérébral.

On n’a plus accès à cette mémoire, laquelle s’exprime par des angoisses, des émotions, des pensées.

C’est cette traversée que je raconte dans le livre et si je l’ai écrit, c’est précisément pour pouvoir mettre des mots et retrouver ma langue maternelle, pour être capable d’habiter à nouveau mon langage, ma pensée”, a-t-elle encore insisté.

Et l’intéressée de raconter son lent processus de reconstruction et surtout la difficulté de parler avec ses proches.

“Quand on a ce genre d’angoisses particulières, on se sent contaminé, on se sent sale et on a peur de contaminer les autres, surtout nos proches.

Ceux que l’on aime le plus, c’est ceux à qui l’on va parler le moins parce qu’on a tellement peur d’abîmer la personne qu’ils voient en nous.

On a besoin de s’accrocher à ce qu’ils voient encore de nous, ce qui reste pur dans leurs yeux.

Si jamais on le leur dit, on se dit que tout ça va disparaître”, a-t-elle ainsi expliqué.

Source : Sud Radio

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