Abbeville | L’affaire de Valloires au cœur du scandale national de l’Aide Sociale à l’Enfance

Après notre article de septembre 2018 et l’enquête de “Zone interdite”, ce sont tous les dispositifs d’aide sociale à l’enfance qui sont passés au crible

se fait à son tour l’écho de l’affaire de Valloires et de la détresse d’un père de famille d’Abbeville face aux (©Journal d’Abbeville)

L’affaire avait eu un très gros retentissement lorsque dans les colonnes de notre édition du Journal d’Abbevillle du 26 septembre 2018 : un père de famille d’Abbeville livrait alors en exclusivité son combat pour sortir ses cinq enfants (aujourd’hui âgés de 11, 9, 6, 5 et 3 ans) placés en foyer d’accueil à l’abbaye de Valloires où deux d’entre eux auraient été sexuellement agressés…

Après une séparation difficile d’avec sa compagne, Mickaël Percheval voit ses enfants placés par les services sociaux du département. Une situation qui devait aider chacun des membres de cette famille en détresse à se (re) construire et à s’épanouir.

Mais en avril 2018, le père de famille apprend par un courrier du tribunal d’Amiens que deux de ses cinq enfants ont été victimes d’agressions sexuelles. Des actes qui auraient été commis par un autre pensionnaire mineur de l’établissement.

Finalement l’enquête révélera que 22 enfants sont concernés, et que le jeune auteur âgé de 12 ans au moment des faits a été signalé, en vain, de nombreuses fois par les encadrants de Valloires.

« Zone Interdite » et Mickael Percheval font réagir le gouvernement

Sans parvenir à se faire entendre afin de faire sortir ses enfants du centre de Valloires durant plusieurs mois, Mickael Percheval s’en était alors remis à la presse pour tenter de monter un collectif avec les autres parents de victimes. À l’exception d’une seule mère de famille, ce fut le silence radio complet. Les enfants de Mickaël ont néanmoins tous été placés dans des familles d’accueil à parti de mai 2019. Plus d’un an après le début de l’enquête.

Une affaire sur laquelle s’est aussi penché Jean-Charles Doria, journaliste de l’émission d’investigation de M6 « Zone interdite ». Un numéro diffusé dimanche soir dernier et intitulée : « Mineurs en danger : enquête sur les scandaleuses défaillances de l’aide sociale à l’enfance ». Le reportage a atteint un de ses records d’audience avec 2.77 millions de téléspectateurs.

En plus de nombreuses autres situations révoltantes aux quatre coins de France, « Zone interdite » est revenu sur le cas de Mickaël pour illustrer des rapports déshumanisés et revanchards de l’administration sociale avec ses usagers.

Un véritable pavé dans la mare d’1h30 qui a bousculé jusqu’au sein du gouvernement. En effet, dès ce lundi matin Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé de la Protection de l’enfance, a reconnu dans un communiqué des « dysfonctionnements majeurs » dans la prise en charge des enfants placés et a exprimé sa « détermination à agir » contre ces défaillances. Dans la foulée, un état des lieux complet des foyers d’accueil de France est ordonné.

Valloires dans l’enquête

Dans le reportage, le foyer de Valloires a été dépeint comme tout à fait digne d’accueillir des enfants – contrairement à d’autres sites – en revanche c’est l’omerta et l’arrogance de certains responsables, le manque de moyens humains et financiers, et l’abandon des cas les plus difficiles à l’instar du jeune agresseur présumé qui ont été pointés du doigt.

Après mon témoignage on a diminué mes droits de visite

Mais ce que le reportage montre, c’est aussi le combat d’un père de famille. Ce dernier l’affirme : « depuis que j’ai rendu publique l’affaire de Valloires, mes droits de visite auprès de mes enfants ont été réduits » confie Mickaël, « et quoi que je fasse, quoi que je dise j’ai forcément tort ».

« Même quand je leur achète des vêtements ou que je les emmène chez le coiffeur on me le reproche… Soit disant que ce n’est pas à moi de faire ça, que les familles d’accueil sont là pour ça ! », « même si on m’a divisé mes allocations familiales quasiment par deux, je touche de quoi au moins participer à ça. Il faut que je fasse quoi avec ? Que je le boive ? Que je me drogue… ? ».

Les larmes aux yeux, le père s’indigne : « Il faut prouver qu’on est capable d’avoir ses enfants, c’est sûr. Et je fais tout ce que je peux pour ça, mais on ne peut pas me demander me foutre de mes enfants qui sont déjà dans la souffrance ».

On est tous capables de se mobiliser pour nos enfants

Mickaël espère profiter du nouveau retentissement médiatique autour de sa situation pour rallier des parents des vingt-deux autres victimes à ses côtés.

« Moi ce que je voudrais c’est que les autres parents se manifestent. Ensemble on sera plus forts. Et puis surtout, nos enfants ont besoin de nous. On a eu besoin d’aide pour les élever d’accord, mais se bouger pour les défendre on est tous capables de le faire ».
Johann Rauch – Yann Defacque

Mickaël Percheval propose à tous les parents ou proches des victimes de l’affaire de Valloires de le contacter : mickaelpercheval79@gmail.com (Rappelons que tout harcèlement, dénonciation calomnieuse ou diffamation sont punis par la loi).

Source : actu.fr

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