À Paris, les viols entre adolescents se multiplient
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- 14/08/2015
- 00:00
À Paris, les viols entre adolescents se multiplient
Très peu de chiffres existent sur le sujet et pourtant ces actes dramatiques sont bien réels.
Les viols entre mineurs, plus particulièrement entre adolescents, sont désormais inscrits dans notre paysage sociétal. À Paris, sur les 87 cas de viols recensés sur des victimes mineures en 2014, 30% d’entre eux ont été perpétrés par des jeunes de moins de 18 ans. Pour plusieurs spécialistes, ils sont le résultat d’une banalisation complète de la pornographie.
Des viols souvent issus du chantage
A Paris, un tiers des viols recensés sur mineurs sont commis par un jeune âgé de moins de 18 ans. C’est le triste constat qu’émet la Brigade de Protection des Mineurs (BPM), tout en précisant que ce n’est que la partie visible de l’iceberg.
Il existerait selon lui une forme de pression et de chantage sexuel latent et très répandu.
« Le vrai problème aujourd’hui c’est qu’on a affaire à une banalisation du sexe chez les jeunes », analyse le Chef de la BPM, Vianney Dyèvre.
« L’accès à la pornographie est tellement facile que les jeunes prennent exemple de ces films dans leurs relations amoureuses au collège ou au lycée. » Les viols entre mineurs, concernant principalement les 12-18 ans, sont généralement issus de chantages.
Victimes et bourreaux évoluent généralement dans la même sphère amicale ou scolaire. La menace d’une mauvaise « réputation » est souvent un argument de poids pour faire accomplir au souffre-douleur la tâche qui lui est demandée. Pour un téléphone ou pour éviter les rumeurs dégradantes, certains jeunes sont capables de céder. Pire encore, les victimes de ces viols ont tendance à minimiser les actes de leur(s) agresseur(s).
« Il nous est arrivé d’entendre une jeune fille, après avoir été forcée de faire des fellations à plusieurs de ses camarades de classe, déclarer que ce n’était pas si grave puisqu’elle ne les avait pas embrassés », déplore Vianney Dyèvre.
Embrasser serait tromper, mais effectuer d’autres actes sexuels n’inclurait pas cette notion.
Selon le Chef de la BPM, c’est le rapport à la sexualité et à sa personne en tant que telle qui est complètement faussé par l’accès libre à la pornographie. Un avis sur lequel Hélène Antier, sexologue, s’accorde complètement.
Des ados qui s’éduquent seuls à la sexualité
« Aujourd’hui le contrôle parental n’existe plus et les jeunes ont généralement des téléphones portables très tôt avec un accès à Internet, observe la sexologue. Les adolescents voient beaucoup plus de choses qu’avant. » Vidéos X, sex cam, réseaux sociaux, ils font désormais cavaliers seuls en ce qui concerne leur éducation sexuelle, se basant sur le modèle d’une femme soumise et d’un homme autoritaire et soucieux de sa performance pendant l’acte.
Selon Hélène Antier, c’est précisément ce rapport de force qui influence les jeunes aujourd’hui. « Il n’y a pas de consentement dans le porno. La femme dit oui tout de suite. L’erreur de ces jeunes c’est qu’ils pensent que ces films sont le reflet de la réalité », analyse-t-elle. Ces films conditionnent aussi les jeunes filles. Soucieuses de leur image, elles sont très nombreuses à s’épiler intégralement pour coller à la « normalité » du porno.
Le dépôt de plainte loin d’être automatique
Entre cette banalisation, la peur de dénoncer des camarades et parfois même la confusion sur ce qui est vraiment grave, beaucoup ne déposent pas plainte. « Les jeunes ne vont pas avoir le réflexe de venir voir la police», explique le patron de la brigade des Mineurs.
Selon l’Insee, le taux de plaintes pour viol en France aujourd’hui est inférieur à 10%. Maître Delphine Driguez, avocate pénaliste basée dans le 8ème arrondissement, explique qu’elle doit souvent insister auprès de ses clients pour engager une procédure. Elle défend aussi des agresseurs.
Qui semblent ne réaliser la gravité de leurs actes que lorsque la justice les rattrape. “J’ai défendu un jeune garçon de 15 ans, qui avait participé à une tournante. Il avait été très fortement encouragé par ses copains à participer au viol collectif d’une jeune fille de 12 ans. Il a pris six mois.”
Source : http://madame.lefigaro.fr
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