Nevers | Un beau-père pédophile et toujours chauffeur de bus scolaire écope d’un sursis
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 20/06/2021
- 17:29
C’est la première nuit où sa mère travaille. La jeune fille, 15 ans, n’est pas rassurée. Au lieu de se coucher dans son lit, elle s’installe dans celui de sa maman. Son beau-père de 39 ans la rejoint sous les draps.
Il lui caresse les seins et le sexe. Elle est gênée. Elle lui demande d’arrêter. Il continue. Elle a honte. Sans savoir pourquoi. Quand elle se réveille le matin, il a encore les mains sous ses vêtements. Cela va se reproduire à chaque occasion. Pendant des mois.
Les ravages d’une relation mère-fille non aboutie
La victime n’ose pas le révéler à sa mère. Elle a peur qu’elle ne la croit pas. Le plus triste dans cette affaire, c’est qu’elle a raison. Quand elle se confie à des cousins, sa mère ne prend pas son parti. Elle accompagne son conjoint au tribunal. Et non sa fille.
Elle attend à l’extérieur. Elle ne veut pas entendre ce qui se dit là-dedans. Le psychologue qui a examiné la jeune victime, souligne les ravages de ce lien non abouti entre une enfant à la légère déficience mentale et une mère qui ne lui prête pas attention.
La victime fait une crise d’angoisse durant les débats
Le beau-père a tenté de combler ce vide, mais sans les barrières morales habituelles entre un adulte et un enfant, analyse un autre psychologue. C’est lui qui apprend à la jeune fille à s’épiler, à mettre un tampon… Jamais il ne la renvoie vers sa mère.
La promiscuité devient de plus en plus poisseuse. En plus des attouchements, il lui montre son sexe, il tente de l’embrasser. Un jour, il se couche sur elle.
« J’ai failli faire une grosse bêtise »,
dépose-t-il à la barre.
À ces mots, la jeune fille, assise quelques mètres derrière lui, se met à respirer bruyamment. Elle se lève. Elle panique. Elle est en train de faire une crise d’angoisse. Elle est accompagnée hors du prétoire. Elle revient quelques minutes plus tard. Statufiée.
Elle était fragile. Elle avait besoin de soutien. Et on a creusé sa vulnérabilité.
Le beau-père reconnaît les faits. Il précise qu’il buvait énormément, qu’il ne se souvient pas de grand-chose.
« Ce n’est pas une excuse »,
rétorque la présidente, Florence Pillet.
« Et elle [la victime], je vous assure qu’elle n’est pas près d’oublier. »
La victime n’avait pas de copine en IME. Elle était inhibée, immature, isolée. À la maison, seul son beau-père s’intéressait à elle. D’une façon sale.
« Je ne voulais pas la violer »,
lâche-t-il durant sa garde à vue.
« Je voulais qu’elle s’offre à moi. »
« Elle était fragile. Elle avait besoin de soutien. Et on a creusé sa vulnérabilité »,
déplore Karim Mohamed, substitut du procureur.
« Ce qu’elle a vécu est injuste. »
Il note que la dangerosité du prévenu peut être, selon l’expert, contenue par une injonction de soins. Il requiert 3 ans de suivi socio-judiciaire.
Il lui faut une thérapie. Il n’est pas besoin qu’il mette un pied en maison d’arrêt.
« Elle a tout perdu »,
plaide Me Carole Boirin, pour la jeune victime.
« Et elle est toujours aussi seule. Dans l’impossibilité de faire le deuil d’une relation mère-fille qui a été brisée. »
L’avocate doute sérieusement que le prévenu ait dit la vérité à son épouse.
« Sinon, elle serait là. Pour l’entendre. »
« Il lui faut une thérapie »,
dit du prévenu son avocat, Me Vincent Billecoq.
« Il n’est pas besoin qu’il mette un pied en maison d’arrêt. »
Le beau-père écope de 4 ans de prison dont 3 ans avec un sursis probatoire comprenant une obligation de soins.
Il ne devrait, effectivement, pas connaître la prison, l’aménagement étant de droit pour une partie ferme de cette durée. Mais il est inscrit sur le fichier des délinquants sexuels et ne pourra plus exercer d’activité au contact des mineurs. Or, il est chauffeur de bus scolaire.
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