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Après la mère de Marc Lépine et Cindy Loyer, qui sont venues partager leur réalité tour à tour de mère et de grande brûlée, le groupe de discussion Cœur de femmes accueillera une femme ayant grandi dans un milieu incestueux.
Accompagnée de deux sexologues du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) de Lanaudière, elle livrera un témoignage poignant le 4 avril à L’Assomption.
Annick Lemelin et Valérie Binette, toutes deux sexologues en poste depuis cinq ans au CAVAC de Lanaudière, travailleront le côté prévention et sensibilisation lors de cette soirée qui aura pour thématique «Abus sexuels: corps brisé, cœur brisé.».
Le processus judiciaire peut être plus nuisible pour certaines victimes et plus réparateur pour d’autres, alors nous n’imposons jamais une dénonciation. Nous accompagnons et explorons les conséquences de celle-ci avec la victime pour qu’elle prenne sa propre décision
Annick Lemelin, sexologue au CAVAC
« Nous informerons entre autres les gens présents des démarches à entreprendre lorsqu’on est nous-mêmes victimes d’une agression et la manière d’accueillir le dévoilement d’une victime », résume Mme Lemelin.
Dans le cas du dévoilement d’une agression à caractère sexuel par un enfant, la réception de cette confidence est déterminante et joue un grand rôle dans le rétablissement de la jeune victime, s’entendent les deux professionnelles.
« Il faut favoriser l’écoute, avoir une approche sécurisante et accueillante, ne pas poser trop questionner et ne pas remettre en doute ce qui nous est confié.
L’enfant peut aussi être félicité pour sa confidence et doit aussi savoir que nous allons l’accompagner. »
Les sexologues remarquent que les adultes qui ont vécu des abus à caractère sexuel durant l’enfance ont été très marqués par la réaction de leurs parents, par exemple, lorsque ces derniers ont banalisé leur confidence ou ont remis en doute leur témoignage.
« D’où l’importance de sensibiliser les parents sur le sujet », complète Mme Binette.
Faire attention de ne pas induire d’émotion ou de réponses chez l’enfant qui se confie à nous est aussi un aspect à ne pas négliger.
« Il se peut qu’il n’ait pas senti de peur ou de honte, alors il ne faut pas lui proposer de façon de vivre ses émotions, comme nous nous les voyons avec nos yeux d’adulte.
L’enfant n’a peut-être pas les mêmes perceptions. »
Ressources professionnelles et prise en charge
Les parents ont par ailleurs tendance à se mettre beaucoup de pression sur les épaules lorsqu’il est question de venir en aide à une jeune victime, que ce soit leur enfant ou un proche, observent les deux sexologues, qui mentionnent qu’une fois que l’écoute et le côté sécurisant du parent s’est fait sentir, c’est au tour des professionnels d’entrer en jeu.
Les policiers doivent ainsi être contactés et à leur tour, ils contacteront la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) pour s’assurer que l’enfant évolue dans un milieu sécuritaire, et par exemple, que le présumé agresseur n’est plus en contact avec lui.
Quant au CAVAC, il s’agit d’une ressource volontaire disponible autant pour les victimes, les proches que les témoins d’un acte criminel, qui assure un accompagnement dans toutes les démarches de nature médicale, communautaire et judiciaire.
« Plus la personne est prise en charge rapidement, plus il y a un impact positif dans sa vie.
Le processus judiciaire peut être plus nuisible pour certaines victimes et plus réparateur pour d’autres, alors nous n’imposons jamais une dénonciation.
Nous accompagnons et explorons les conséquences de celle-ci avec la victime pour qu’elle prenne sa propre décision »,
détaille Annick Lemelin.
Au CAVAC Lanaudière, pour les années 2015-2016, les crimes à caractère sexuel représentaient le second crime en importance après les voies de fait.
Sur les 1193 victimes ayant bénéficié de ressources au sein de l’organisation pour ces mêmes années, 288 d’entre elles l’ont fait à la suite d’un crime de nature sexuelle, soit 24% de la clientèle du CAVAC de Lanaudière.
« On ne peut pas dresser le portrait type d’un agresseur sexuel, ça ne serait pas réaliste, croient les deux femmes, mais on peut dire que les crimes à caractère sexuel sont commis principalement par des proches ou des connaissances de ceux-ci lorsqu’il est question de victimes d’âge mineur. »
Le groupe de discussion Cœur de femmes se réunit une fois par mois.
La prochaine rencontre gratuite, sous la thématique «Abus sexuel: corps brisé, cœur brisé» aura lieu le mardi 4 avril à 19h à la salle de réception Le Cerf Blanc, située au 1115, boul. L’Ange-Gardien Nord, à L’Assomption.
Pour information sur les services du CAVAC: www.cavac.qc.ca/regions/lanaudiere/accueil.html
Source : Hebdo Rive Nord
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