« Le Combat des Enfants Fantômes », un docu choc sur ces enfants qui n’existent pas selon la loi
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- 23/01/2020
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Dans le monde 230 millions d’enfants n’ont pas d’existence légale. Non reconnus par la société et le pays où ils vivent, ils ne peuvent revendiquer aucun droit
Leur existence non-officielle les condamne à la déscolarisation, les mène au travail infantile, au mariage forcé, à la prostitution, ou à devenir des enfants-soldats. Au Bénin, l’un des pays les plus touchés par le non enregistrement des naissances, la commune de Dogbo (113 000 habitants) a noué un partenariat avec la ville belge de Roeselare pour venir à bout de ce phénomène. Un partenariat dont le succès sera consacré par un documentaire destiné à inspirer les autres pays concernés par ce phénomène dramatique.
Ce projet pour l’enregistrement des naissances mené conjointement par les villes de Dogbo et Roeselare a été salué par un jury de spécialistes de l’Union Européenne et des Nations Unies (sur une initiative PlatformAwards) qui l’a élu en 2018 « meilleur partenariat de coopération décentralisée ». Avec 40% de naissances non-enregistrés, le Bénin est l’un des pays au monde le plus touché par cette problématique d’envergure majeure. C’est le 26 novembre 2010 que la coopération entre Roeselare et Dogbo a été officialisée. Les étapes ont débuté par un diagnostic rendu possible par des missions respectives de Dogbo à Roeselare, et de Roesealare à Dogbo.
Les difficultés rencontrées sur place ont été nombreuses. Si le recrutement d’agents de l’état civil n’a été qu’une question matérielle, il a ensuite fallu mettre en place des procédés et des formations jusque dans les petits villages, dont les chefs sont souvent soumis aux fortes traditions, certains ayant même pris la mauvaise habitude de demander aux parents une participation financière qui n’avait pas lieu d’être, et qui a été un frein à l’enregistrement des naissances. Il a aussi fallu faire face à la perte des registres de naissances par l’administration communale ou, quand ils étaient présents, à leur mauvaise tenue et au renseignement partiel des données.
Autre difficulté, culturelle cette fois, dans certaines ethnies on ne donne un prénom à l’enfant qu’à l’issue d’une cérémonie qui demande une préparation certaine, et un délai qui ne permet pas un enregistrement en temps et en heure. Là encore, il a fallu une sensibilisation soutenue pour adapter cette tradition aux besoins de l’état civil.
Sensibiliser les populations a été le principal défi, défi qui a été rendu possible par de nombreuses initiatives à l’image d’un « cinéma numérique ambulant » qui illustrait les situations dramatiques subies par les enfants fantômes. La sensibilisation est aussi passée par des canaux publics comme la diffusion radio, par les églises et autres lieux de culte traditionnel. Des campagnes de distribution gratuite d’actes de naissance aux parents ont été menées ainsi que la réalisation d’un livret de capitalisation sur l’état civil.
Toutes les mesures prises ont permis au bout de seulement 5 ans d’aboutir à des résultats concrets : un enregistrement systématique et complet de 100% des naissances, une amélioration du taux de retrait des actes par les parents qui est monté à 70%, une meilleure collaboration entre la population et les agents de l’État, une solide réorganisation du service de l’état civil dont le personnel fut renforcé et qui s’est vu être informatisé pour l’enregistrement numérique des naissances et un archivage numérique des souches. Le tout permettant enfin d’établir des données statistiques fiables.
Susceptible de servir d’exemple et de s’étendre dans toutes les communes du Bénin puis dans le monde entier, l’expérience couronnée de succès à Dogbo va faire prochainement l’objet d’un documentaire de 52 minutes intitulé « Le Combat des Enfants Fantômes » et réalisé par Backpack Productions. Il s’agit d’une société de production familière de ces problématiques qui depuis 10 ans met en lumière des documentaires engagés sur les droits humains, tel que « Umoja le village interdit aux hommes » traitant de l’égalité hommes-femmes à travers le combat de la matriarche d’un village de femmes répudiées par leurs maris après avoir été victimes de viols par des soldats britanniques (plus d’informations à ce sujet sur le site du film). Ou encore « Depuis Que Je Suis Né » qui évoque l’histoire de Tamer, un enfant palestinien vivant dans un camp de réfugiés et qui rêve de voir la mer Méditerranée, située à seulement 40 km du camp et pourtant inaccessible. Avec son père Nader, il fait tout pour accomplir cette échappée au-delà du mur, là où l’occupation ne devient qu’un souvenir.
Les réalisateurs du documentaire espèrent également qu’il permettra une sensibilisation à grande échelle des droits que chaque être humain peut revendiquer : « les droits humains, le droit à l’identité, la solidarité internationale, le développement local, la coopération décentralisée et les Objectifs de Développement Durable de l’Unicef ». L’Unicef qui se voit d’ailleurs reverser 5% des fonds collectés lors de la campagne de financement.
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