Témoignage | Raphaël, victime de viol, les prédateurs “trouvent toujours une faille”
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 15/06/2019
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Chez Christophe Hondelatte, Raphaël Emeth, victime de viol lorsqu’il était jeune, raconte son histoire.
La vie de Raphaël Emeth a basculé lorsqu’il a croisé la route de Jean, un infirmier qui faisait partie de l’encadrement d’une de ses colonies de vacances.
Raphaël et Jean vont garder contact.
L’horreur va commencer ainsi.
Raphaël Emeth a raconté son histoire dans un livre, “Ce sera notre secret“, et il l’évoque au micro d’Europe 1 et chez Christophe Hondelatte.
Raphaël, 11 ans, rencontre Jean, étudiant en médecine, lors d’une colonie de vacances.
Jean, qui faisait office d’infirmier durant la colonie, est là en tant que saisonnier.
Raphaël préfère la compagnie des gens plus âgés que ceux de son âge, alors il noue vite une amitié avec Jean.
Un an plus tard, de retour dans la colonie, Jean n’est plus là.
Raphaël demande au directeur de la colonie l’adresse de Jean pour reprendre contact avec lui.
Un jour, Jean vient lui rendre visite, avec ses parents.
L’étudiant est propre sur lui, insoupçonnable aux yeux des parents de Raphaël.
“Ce sera notre secret”
Les retrouvailles se passent normalement au début, mais un jeudi après-midi, alors que les parents de Raphaël travaillent et sont absents, tout bascule.
Jean allonge Raphaël, le déshabille, le touche, et lui demande une fellation.
“Surtout n’en parle pas à tes parents, ce sera notre secret”.
Le début de l’horreur.
“Il repère le fait que j’étais seul, que je préférais des gens plus âgés que moi, que j’étais enfant unique.
Il s’est engouffré dans cette faille.
Ils trouvent toujours une faille”, constate Raphaël.
Les viols vont durer pendant deux ans, toutes les deux semaines.
Parfois chez Raphaël, parfois chez Jean.
Toujours des fellations, jamais de pénétration.
Cela s’arrête à 14 ans, quand Raphaël entre au lycée.
D’un seul coup, le contact se coupe entre les deux jeunes gens.
Mais pour Raphaël, l’horreur ne s’arrête pas.
Il va se mettre à boire, matin et soir et sombre dans la dépression.
“On se sent complice des viols”
Le temps ne va pas venir soigner cette blessure profonde.
À 26 ans, Raphaël a une femme, un enfant de onze mois, mais il boit toujours, a des troubles obsessionnels compulsifs (toc) et surtout, il a une peur panique des enfants, même du sien.
Peur de le prendre dans ses bras, de le toucher, qu’on l’accuse d’abuser de lui.
“Quand on est abusé mais qu’on n’a rien dit, on se sent complice des viols.
Je me dis qu’il m’a souillé, et donc que moi aussi, je pourrais en souiller d’autres”, analyse aujourd’hui Raphaël Emeth.
Finalement, un jour, Raphaël craque.
Il appelle sa femme, lui raconte tout.
La soumission fait place à la révolte.
Le début d’une reconstruction.
Lorsqu’il souhaite porter plainte, alors qu’il a 55 ans, Raphaël se heurte à la prescription des faits.
Il raconte tout de même son histoire à la brigade de protection des familles.
C’est ainsi qu’il apprendra que Jean a fait d’autres victimes et qu’il est actuellement poursuivi pour des faits similaires.
“Un vrai prédateur sexuel”, lui raconte la policière au téléphone.
Bien que les faits soient prescrits, le juge verse la plainte de Raphaël Emeth au dossier.
“Je témoignerais au procès si j’y suis appelé”, confie-t-il.
Si Raphaël revoit Jean, il le regardera avec mépris, c’est une certitude.
Avec de la haine aussi ?
“Je ne sais pas”.
Source : Europe 1
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