Ludivine Malle, championne de roller artistique : “Mon coach avait fait de moi son esclave sexuelle…”
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 31/01/2019
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A 21 ans, Ludivine Malle, championne de roller artistique, vient de faire condamner son ancien entraîneur, Arnaud Mercier. Mettant fin aux agissements d’un prédateur sexuel multirécidiviste.
La condamnation est tombée en fin d’année. Incarcéré depuis 2015, Arnaud Mercier a été condamné, le 15 décembre 2018, à treize ans de prison pour agressions sexuelles sur mineure de moins de 15 ans en abusant de son autorité conférée par ses fonctions d’entraîneur sportif.
Dans le dossier d’accusation, une dizaine de témoignages racontent le même mode opératoire : des “massages pour soulager [les] crampes”, qui deviennent attouchements et même viols.
Ludivine Malle a 8 ans lorsqu’elle rencontre Arnaud Mercier.
Elle vit en Bretagne, où elle pratique le roller artistique avec sa grande sœur Élodie.
Recruteur pour l’équipe nationale, il détecte les compétences extraordinaires de Ludivine et propose à ses parents de la faire venir en région parisienne.
Alors marié et père de famille, il propose d’héberger la fillette, qui s’installera chez lui les week-ends d’entraînement.
Après la qualification de Ludivine pour les championnats d’Europe, elle part suivre un stage intensif de préparation près de Bordeaux, sous la houlette de son mentor.
Un soir, après un entraînement éprouvant, Arnaud Mercier s’introduit dans son lit en lui proposant un massage.
“Il était mon référent, comme un père pour moi, je ne me suis pas méfiée.”
L’homme la fait s’asseoir à califourchon sur lui et lui malaxe les fesses avec insistance.
Il reproduira ce geste les soirs suivants.
A l’issue du stage, Ludivine est deuxième, un record historique.
L’entraîneur convainc alors ses parents de lui confier leur fille à l’année.
Tous les soirs, il s’éternise dans la chambre de la préadolescente, et les massages deviennent attouchements :
“J’étais coincée dans mon lit mezzanine et il me tripotait”, nous raconte Ludivine.
Le jour de ses 14 ans, il vient lui souhaiter son anniversaire :
“Il m’a dit :
“J’ai un cadeau pour toi, je te promets que ça ne fera pas mal”,
et il m’a violée pour la première fois.”
C’est le début d’une descente aux enfers.
Ludivine raconte qu’il profitait de la pause déjeuner pour se retrouver seul avec elle.
“Il me faisait boire et m’obligeait à regarder des films pornos, puis, il me violait.”
En 2012, le destin offre à Ludivine l’occasion de sortir de son mutisme.
Une autre patineuse de 14 ans a porté plainte pour agression sexuelle.
Entendues par la psychologue du Pôle Espoir d’Athlétisme d’Ile-de-France, trois autres jeunes filles confirment que leur entraîneur les a rejointes dans leur lit pour ces étranges massages déviant sur leurs parties intimes.
Les parents de Ludivine, comme beaucoup de parents du club, soutiennent pourtant l’entraîneur.
“Il est parvenu à les convaincre qu’il était victime d’une cabale organisée par des parents dont les enfants avaient peut-être moins de talent que les autres, nous explique Me Isabelle Steyer, l’avocate de Ludivine.
La communauté d’adultes qui gravitait autour de lui n’avait qu’une obsession : la réussite sportive !
Comme cet entraîneur représentait un passage obligé vers les podiums, ces parents sont restés dans le déni.”
Ludivine va être entendue par la police, mais son bourreau l’a préparée :
“Il me faisait répéter par cœur ce que je devais dire, se souvient-elle.
Pour que je puisse passer un éventuel examen médical qui révélerait que je n’étais plus vierge, il m’a organisé des rendez-vous avec des garçons de mon âge pour que j’aie des rapports sexuels avec eux…
Je lui ai obéi.
Il était tout pour moi, mon père, mon confident, mon ami.
Sans lui, je pensais n’être rien.”
L’entraîneur écope alors d’une simple sanction administrative lui interdisant d’exercer son métier auprès des mineurs.
Quelques mois plus tard, Arnaud Mercier et sa famille partent s’installer en Belgique où il devient l’entraîneur de la sélection belge de roller artistique.
Une nouvelle fois, il parvient à convaincre les parents de Ludivine de lui confier leur fille.
Pour concourir sous ce nouveau drapeau, la jeune fille doit obtenir la nationalité belge, et donc être majeure ou émancipée.
Un statut qu’Arnaud Mercier tentera d’exploiter lors de son procès, essayant de prouver que ses rapports avec Ludivine, qu’il reconnaît aujourd’hui, étaient consentis.
“Le pire, se souvient la jeune patineuse, c’est quand sa femme l’a quittée, je me suis retrouvée toute seule avec lui…
J’étais déscolarisée, car il m’avait imposé de poursuivre mes études par correspondance.
Je suis devenue son esclave sexuelle et son esclave domestique.
Il m’emmenait dans des boîtes échangistes, je faisais le ménage, la cuisine, j’allais chercher ses enfants quand il en avait la garde, il m’affamait pour que je ne prenne pas de poids…
Je n’étais plus que l’ombre de moi-même.”
C’est lors d’un séjour au ski en famille que ses parents tiquent.
Ludivine est distante, morose…
Sa maman contacte l’épouse de l’entraîneur pour savoir ce qu’il se passe et découvre, avec effroi, que leur fille vit seule avec cet adulte depuis plusieurs mois.
En mars 2015, les parents de Ludivine débarquent par surprise en Belgique, et la trouvent seule au domicile d’Arnaud Mercier.
Le lit de l’entraîneur est défait, mais la chambre réservée à leur fille semble inoccupée.
Le doute n’est plus permis.
“Le monde s’est effondré pour eux et, moi, je me suis écroulée…
Mes parents m’ont ordonné de monter dans la voiture et nous sommes rentrés en France.
Je me souviens n’avoir pas prononcé un mot pendant toute la route.
C’est une fois arrivée chez mon frère, lorsqu’il m’a demandé s’il s’était passé quelque chose avec Arnaud Mercier que, d’un hochement de tête, ma parole s’est libérée.”
Alors que son agresseur est recherché par la police, Ludivine tente de reprendre sa vie en main, en Bretagne, chez ses parents.
Mais un jour, alors qu’elle pénètre dans son établissement scolaire, une main se pose sur son épaule, et elle se retrouve face à Arnaud Mercier.
Prise de panique, elle se réfugie au secrétariat.
Prévenue, la police arrêtera l’agresseur peu après.
“Depuis qu’il est en prison, j’essaie de vivre le plus normalement possible.
J’ai encore des sueurs froides lorsque je croise un homme qui porte le même parfum que lui…
Mais ce que je redoute par-dessus tout, c’est qu’il sorte !”
Source : Closer Mag
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