Evreux | Denis Mannechez le père de famille incestueux, convoqué pour l’assassinat de sa fille
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 03/12/2018
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De l’inceste au meurtre, Denis Mannechez au bout du chemin
Il a tué sa fille, avec qui il vivait et avait eu un enfant ; il a aussi tué celui qui avait fourni un emploi à Virginie : l’Isarien Denis Mannechez retourne devant les jurés ce lundi 3 décembre.
À propos de Denis Mannechez, les experts parlent de « surestimation de soi » et « perversité »
Pour la troisième fois de son existence, Denis Mannechez, 56 ans, fera face à une cour d’assises, à partir de ce lundi matin. Après Beauvais, en 2011, puis Amiens, en 2012, il est cette fois convoqué au palais de justice d’Evreux, capitale de l’Eure.
Ce n’est certes pas la moindre des singularités de ce dossier. Les deux premières fois, Mannechez, cadre supérieur dans l’industrie automobile, originaire de Béthune (Pas-de-Calais) avait répondu de viols sur mineures, en l’occurrence ses deux filles. Cette fois, il est accusé de l’assassinat de sa fille aînée, Virginie, née en 1981, ainsi que de l’employeur de celle-ci, un garagiste de Gisors (30 km au sud-ouest de Beauvais), le 7 octobre 2014.
Qu’il est loin, l’homme qui paradait au bras de sa fille et amante, sur les marches du tribunal d’Amiens, en 2012 ! Il venait d’obtenir une peine « de Bisounours », selon les mots d’un avocat local : cinq ans dont deux ferme, qui le mettaient à l’abri d’un retour en détention (il avait purgé vingt mois de préventive).
Pourtant, la cour n’avait rien éludé du sordide huis-clos du domaine de Cuise-la-Motte, près de Compiègne, où le pater familias, avec la complicité d’une femme sous emprise, avait organisé le droit de cuissage de ses deux filles. La mère participait aux initiations. Elle organisait même des tours de rôle en fonction des menstrues de ses filles. À propos du père, les experts évoqueront
« surestimation de soi », « perversité », « emprise sur autrui ». « Il agissait comme le gourou d’une secte »,
résumera Me Florence Danne-Thiéfine, avocate de l’épouse.
Ce procès d’Amiens, Me Murielle Bellier, conseil des autres enfants, le décrira comme « un cirque ». Le grand Dupont-Moretti est censé représenter les parties civiles : il plaide en fait pour le père. En défense, Me Hubert Delarue évoque un « inceste heureux ». On le lui reprochera, mais il n’a fait que citer un psychiatre. On en oublierait presque que si la cadette des violées a alerté les gendarmes (après trois avortements), c’est qu’elle s’inquiétait que son père regardât « d’un drôle d’air » la dernière petite fille de la maison.
Ile ne supporte pas son départ
En 2012, Denis et Virginie, tous deux passionnés de chasse et de mécanique, filent le parfait amour, à Plainville, sur le plateau, entre Somme, Oise et Seine-Maritime. C’est là qu’ils élèvent leur fils, né en 2001. C’est de là aussi que Virginie partira en 2014 avec son enfant sous le bras, pour d’abord être hébergée dans un foyer pour femmes battues de Beauvais, puis se trouver un emploi et un logement à Gisors.
Denis ne supporte pas cette trahison. Après des semaines de recherches, puis de harcèlement, il débarque le 7 octobre 2014 dans le garage où sa fille est non seulement salariée mais aussi hébergée. Armé d’un petit calibre, il la tue ainsi que son employeur, et enfin retourne l’arme contre lui mais se loupe. Mannechez le tout-puissant ne pouvait tout maîtriser : il n’échappera pas à la justice des hommes…
L’accusé s’exprimera grâce à un abécédaire
Quand il a retourné l’arme contre lui, le 7 octobre 2014, le pronostic vital de Denis Mannechez était entamé. Il survivra, non sans grave séquelles.
« Il a perdu l’usage de deux jambes, d’un bras et surtout de la parole ; il est régulièrement pris de spasmes »,
atteste son avocat Me Marc François, du barreau d’Evreux, commis d’office pour son expérience de la cour d’assises (on l’a déjà entendu plaider à Beauvais).
Pour autant, les experts ont considéré qu’il était en état de comparaître, malgré une grande faiblesse. Néanmoins, le Parquet général d’Evreux a décidé que les quinze audiences (du 3 au 21 décembre) n’auraient lieu que de 13 h 30 à 18 heures, pour garantir la sérénité des débats.
« Mon client s’exprimera grâce à un abécédaire, sur une tablette. Ses réponses seront publiées sur un écran géant, ce qui oblige à poser des questions fermées »,
prévoit l’avocat.
Sur le fond, Me François, qui sait que l’on
« ne fera pas l’économie du contexte, cette ombre bien lourde et bien épaisse »,
désire ardemment que cette audience ne soit pas
« le procès des deux premiers procès. Nous le devons, ne serait-ce qu’à la mémoire de la deuxième victime, le garagiste, totalement étranger à cette sombre histoire ».
Source : courrier-picard
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