Lille | Trente mois de prison pour avoir abusé d’un adolescent de 13 ans après l’avoir drogué

L’adolescent considérait l’homme, bon client du bar maternel, dans la métropole lilloise, comme un « parrain ». Il avait accepté en toute confiance son invitation pour un week-end dans un parc aquatique en Belgique. Ignorant que l’adulte avait prévu préservatifs et somnifères dans ses bagages.

Illustration. PHOTO FLORENT MOREAU – VDNPQR

S. a désormais 20 ans. Recroquevillé sur le banc de la partie civile, il tressaute quand Bruno D., à la barre, balbutie des excuses. Me Karine Hoste qui représente le jeune homme, explique au tribunal que le traumatisme a été si violent que, sept ans après, le pardon est encore impossible.

Le 12 février 2011, Bruno D. emmène S., 13 ans, en week-end à Sunparks en Belgique.

L’homme, alors 43 ans, a su gagner l’amitié de l’adolescent qu’il croise tous les jours dans le café maternel, dans la métropole lilloise.

Le premier soir, il donne à S. un somnifère qu’il fait passer pour des vitamines, l’homme est ambulancier.

Dans une semi-conscience, l’adolescent subit des attouchements qu’il racontera par bribes à sa mère dès son retour.

Il évoque aussi des douleurs qui pourraient laisser penser à un viol.

Mais rien ne pourra être prouvé, la justice est saisie seulement en 2013.

Lundi devant la cinquième chambre correctionnelle, chacun déplore que la mère ait attendu deux ans avant de porter plainte pour son fils.

D’autant que dans l’intervalle, tout le monde a fait comme si de rien n’était et Bruno D. a continué à fréquenter le café.

Le malaise du jeune homme confronté régulièrement à son agresseur s’exprimera par une violence dont s’alarme la sœur :

«  Il m’expliquait que dès qu’il aurait 18 ans, il mettrait une cagoule et il irait le tuer  »…

Sept ans plus tard au tribunal, bras croisés sur une veste grise impeccable, Bruno D. silhouette fluette et barbe soigneusement taillée, dit qu’il a honte, qu’il se soigne et qu’il est un autre homme.

La présidente Audrey Bailleul se concentre plutôt sur son goût pour les adolescents qui lui avait valu une première condamnation en 2000.

Le prévenu avait agressé sexuellement un garçon alors qu’il encadrait un camp scout.

Bruno D. voulait alors être prêtre.

Il avait été renvoyé du grand séminaire.

À l’audience, la juge s’inquiète d’une absence de remise en question.

Le procureur Thibaut Arnou s’alarme d’un «  discours de façade  ».

Le magistrat s’empare de l’hypothèse de l’expert psychologue qui, après avoir examiné Bruno D., avait envisagé «  une stratégie perverse, un manipulateur qui anticipe et prépare  ».

Il requiert quatre ans de prison et un mandat de dépôt.

Pour Me Servane Squedin-Parola, l’incarcération ne se justifie pas

«  Bruno D. a livré immédiatement aux policiers une version plus accablante que celle de la victime.

Il a surtout besoin de poursuivre le suivi psychologique qu’il a commencé.  »

Le tribunal n’a pas délivré de mandat de dépôt mais Bruno D. ira quand même en prison, la partie ferme (deux ans et demi) étant trop lourde pour être aménagée.

Il est condamné à quatre ans de prison dont dix-huit mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans.

Source : La Voix du Nord

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