Tarbes | Le père agressait ses filles sexuellement
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 05/06/2018
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L’affaire avait été tout d’abord instruite en version criminelle. Puis le dossier a été «correctionnalisé». C’est donc devant le tribunal correctionnel, qu’Alain B. s’est présenté face au collège de trois magistrats pour agressions sexuelles par ascendant.
C’est assis derrière la barre qu’il va répondre aux questions : un AVC l’a frappé en janvier dernier. L’homme de 66 ans a l’air las et éteint, mais très vite, le tribunal va avoir une petite idée de sa combativité, pour ne pas dire de sa vindicte.
L’affaire est dévoilée en 2013 : Karine, sa fille aînée, vient déposer plainte au commissariat pour agressions sexuelles. Dans la foulée, sa sœur cadette, Véronique, dépose plainte elle aussi pour les mêmes motifs. Tout aurait commencé en 1995 : pendant un an, le père s’est livré sur sa fille aînée à de très vilains jeux de mains.
La fillette avait alors 13 ans. Idem pour la plus jeune, mais un peu plus tard. Pourquoi avoir dénoncé les faits si tard ? Parce qu’ils auraient recommencé en 2013, lors d’un séjour sur une plage espagnole.
La lecture et les questions de la présidente Gadoullet commencent par agacer le prévenu qui tourne la tête en tous sens :
«Ne me posez pas de questions ! Vous savez pas ce que c’est que faire un AVC !» «Pourquoi vos filles vous ont-elles dénoncé ?» demande la magistrate.
La réponse fuse à la vitesse d’une balle : «Mais pour toucher du pognon pardi ! Elle veut finir de construire sa baraque ! J’ai rien fait, moi ! Elles ont pété les plombs.»
Avec un haussement de sourcils, la présidente constate : «Je vois que vous savez vous abriter derrière votre AVC quand ça vous arrange et que vous répondez quand ça vous arrange aussi. D’autre part, il y a des détails intimes que vos filles n’ont pas pu inventer».
Là encore, réponse lucide et hargneuse : «Ça papote entre mère et filles». L’ambiance devient électrique dans le prétoire : d’un côté, la sœur et le beau-frère du prévenu ; de l’autre, la mère (qui a divorcé entre-temps) et ses filles.
Les noms d’oiseaux commencent à fuser. Il y a aussi la détention de vidéos pédopornographiques retrouvées sur l’ordinateur d’Alain : «Y a pas que moi qui l’utilisait !» sous-entendant que son jeune fils y avait accès. Alain devient de plus en plus agressif et méprisant.
«Il a bousillé leur enfance et il continue de les salir aujourd’hui ! s’indigne Me Julien Marco, pour les filles. C’est un désastre familial et son mépris est absolu. Elles ne demandent qu’une chose : être reconnues dans leur vérité.»
Le procureur Jardin va lui aussi souligner l’attitude du prévenu : «Il est très combatif et utilise sa maladie quand les questions le gênent.» La défense va être brillamment et très longuement soutenue par Marie-Hélène Pibouleau qui va conclure, après avoir épluché tout le dossier : «Il est impossible d’avoir la certitude de sa culpabilité. C’est impossible.
Et de la part des filles, est-il possible de pousser le mensonge aussi loin ? Oui, c’est possible.» Malgré un argumentaire très solide, l’avocate ne sera pas suivie : 3 ans de prison avec sursis, 5 ans de suivi sociojudiciaire, interdiction de rencontrer les victimes et inscription au Fijais.
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