Limoges | Un patient haut-viennois de 15 ans victime de son masseur-kinésithérapeute

Un kiné de 66 ans a été condamné par le tribunal correctionnel de Limoges pour avoir agressé sexuellement en 2010, son patient âgé de 15 ans alors.

Illustration © Rémi DUGNE

Pour la première fois de sa vie à 15 ans et demi, Martin (*) va consulter un masseur-kinésithérapeute.

Il a une scoliose et son médecin lui prescrit trente séances de kiné, à raison d’une à deux fois par semaine. Nous sommes en 2010. Les séances dureront du 20 avril au 8 juillet. Ce n’est que trois ans plus tard, à sa majorité, que Martin révélera ce qui se passait lors de ces séances, et qu’il portera plainte contre le praticien.

Dès le premier rendez-vous, le kiné demande au jeune garçon de se déshabiller intégralement pour examiner sa scoliose. « Dès le départ, il a posé un cadre pervers pour satisfaire ses pulsions sexuelles », a commenté le vice-procureur Bruno Robinet. Petit à petit, les massages se font plus centrés sur les parties génitales du patient, jusqu’à la masturbation. Martin dira aux policiers puis au juge d’instruction avoir subi anulingus et fellations.

Hier, le tribunal correctionnel de Limoges a jugé le kiné pour agressions sexuelles par personne abusant de l’autorité qui lui confère sa fonction. Poli à outrance, usant de circonvolutions et du conditionnel pour nuancer ses réponses, le prévenu finit par avouer difficilement une partie des faits. Oui, il l’a masturbé mais pour le reste, « je n’en ai pas eu conscience ».

Bipolaire

Le kiné de 66 ans, aujourd’hui en retraite, assure n’avoir « jamais voulu faire de mal » à son jeune patient. « Du fait de son érection, il me semblait qu’il prenait du plaisir », a-t-il avancé, expliquant vouloir récompenser son patient qui « travaillait très bien ». Ce à quoi la présidente Magali Gualde a rétorqué : « Un jeune homme de 16 ans qui a une érection, c’est simplement mécanique, Monsieur ».
« Mais je n’étais pas très bien dans ma tête à ce moment-là, reprend-il. J’ai des traitements psychiatriques depuis 2010… » Il a depuis été diagnostiqué bipolaire et a fini par admettre sa bisexualité.

Présent à l’audience, Martin n’a pas voulu faire de commentaires sur les déclarations de son agresseur. L’ordre des masseurs kinésithérapeute (au plan national et départemental) s’est constitué partie civile et a réclamé un euro de dommages et intérêts pour le tort fait à la profession.Pour la défense du praticien, Me Juliette Magne-Gandois a tenté de faire requalifier les faits en atteintes sexuelles, estimant qu’« il y avait consentement dans l’esprit du prévenu » et que la surprise, la contrainte, la violence ou la menace qui accompagnent l’agression sexuelle n’étaient pas caractérisées.

Malgré l’altération du discernement au moment des faits reconnu par les experts psychiatres, l’ancien kiné a été condamné à deux ans de prison avec sursis mise à l’épreuve avec obligation de soins et à l’interdiction définitive d’exercer sa profession.

Il devra en outre payer 4.000 € à Martin de dommages et intérêts. 

Source : lepopulaire.fr

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