Lizac | Quinze ans pour Michel Martinez

Accusé entre 1988 et 2012 des viols et agressions sexuelles de cinq fillettes âgées de 3 à 12 ans, le Lizacais Michel Martinez, un ex-employé de banque de 62 ans, a été condamné à quinze ans de réclusion criminelle, hier soir, devant la cour d’assises de Tarn-et-Garonne.

 

Après l’émotion, parfois insoutenable, jeudi, où les victimes de Michel Martinez ont demandé des comptes à ce père, grand-père ou oncle (notre édition du 3 février), l’heure des comptes sonnait pour l’accusé dont le profil pédophile aura marqué les débats de ce procès d’assises.

Père incestueux, pédophile récidivant et hétéro à la sexualité débridée

Père incestueux qui viola sa fille de 10 à 15 ans, entre 1988 et 1993, pédophile récidivant sur les petites-filles et nièces de son épouse, la plus jeune n’ayant pas 3 ans, de 2004 à 2012, hétérosexuel à la vie sexuelle débridée dont les deux compagnes diront qu’il avait besoin de deux à trois relations sexuelles par jour…

Le profil pédophile de Michel Martinez, qualifié par l’avocate générale Véronique Benlafquih «d’obsédé sexuel pervers», a de quoi surprendre les meilleurs experts psy.

Ancien employé de banque et commercial, l’homme, au physique de monsieur tout-le-monde, était, jusqu’ici, passé sous les radars de la justice : son casier judiciaire étant vierge jusqu’à hier.

«Vingt-quatre années de comportement pédophile (1988-2012)», insistait V. Benlafquih, qui aurait bien pu demeurer impuni si la dernière de ses victimes connues, une petite-fille de son épouse, n’avait levé le pot aux roses il y a plus de quatre ans au cours de vacances estivales à Lizac.

En levant le voile sur les agissements de ce «tactile grand-père», la fillette de 12 ans ne savait pas que quatre autres sœurs et cousines avaient subi la même chose, et parfois pire encore.

Avant cela, en 2011, pourtant, une plainte, déposée au commissariat de Montélimar accusant Michel Martinez d’avoir fait subir «des fellations à une nièce de 3 ans sous le regard de sa sœur de 5 ans», s’était perdue sur un bureau…

Ce n’est que trois ans plus tard lorsque le Lizacais, attrapé avant de s’envoler pour Madagascar, était mis en examen et placé en détention provisoire que la plainte, probablement la plus lourde dans cette affaire au vu de l’âge de la victime, était, in extremis, retrouvée et versée à l’instruction.

«Trois ans, tonnait l’avocate générale, on ne peut faire pire.»

À la même période, une autre plainte, celle de la fille du prévenu, n’était, elle, jamais parvenue à la justice.

«Avant la prescription des faits, j’avais écrit une lettre au procureur», déclarait la fille de Michel Martinez, aujourd’hui âgée de 38 ans.

Un courrier qu’elle avait remis à lire à son grand-père paternel alors âgé de 89 ans.

Un homme en plein drame personnel – son épouse étant atteinte de la maladie d’Alzheimer – qui demandait à sa petite-fille de ne pas transmettre cette plainte.

«Mon fils m’avait dit qu’il n’avait rien fait… Où est la vérité?»,

lâchait le vieil homme de 93 ans qui vit, aujourd’hui, dans sa grande maison de Lizac avec l’épouse de son fils.

Cette Malgache de 60 ans avec laquelle Michel Martinez s’est marié en secondes noces, en 1998, est le deuxième personnage central de cette affaire.

Mise en examen pour complicité et finalement exonérée de poursuite, le témoignage de Zaïna Martinez n’aura pas manqué de troubler le tribunal, et ses propos d’être maintes fois relevés par les avocats des parties civiles.

«Une grand-mère qui n’est pas choquée que son mari achète minijupe, string et bas résille à sa petite-fille de 8 ans pour la déguiser en poupée», plaidait Me Valérie Durand, qui rappelait, comme ses confrères, Mes Frédéric Vignals et Jessica Chefaroudi, aussi l’épisode d’une enveloppe de 5 000 € en liquide que la grand-mère voulait remettre à sa belle-fille afin que sa petite-fille ne dépose pas plainte après l’épisode estival de 2012.

«Il a fait une faute, je lui ai dit tu dois payer», lâchait la sexagénaire face à la cour.

Un «dossier délicat», plaidaient, tour à tour, les avocats de la défense, Mes Jean-Louis Pujol et Pierre Le Bonjour, qui n’auront, sans doute, pu enlever de l’esprit des jurés la difficulté de l’accusé à dire à accepter qu’il était un pédophile.

Source :  La Dépêche

Source(s):