La Réunion | Mathéo, 4 ans, dépecé et jeté aux chiens : Jean-Charles Artaban condamné à perpétuité
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 30/04/2016
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Face à ses juges depuis jeudi, Jean-Charles Artaban ne s’exprime qu’en créole. Difficilement et souvent par monosyllabes. Tout au long de son procès devant la cour d’assises de la Réunion, il a affirmé qu’il ne se souvenait de rien. Mais comment est-ce possible vu l’horreur de son acte.
Dans la nuit du 18 au 19 juin 2013 dans un quartier défavorisé de Saint-Benoît ce marginal déjà connu de la justice pour des faits de violences et d’agressions sexuelles, convainc son ex-compagne, la mère de Mathéo, de le suivre avec l’enfant dans la maison délabrée qu’il occupe près des habitations de sa famille.
Selon les déclarations de la mère, ils auraient consommé du zamal (cannabis, en créole réunionnais) et M. Artaban l’aurait forcée à boire du rhum. Une dispute aurait éclaté dans la nuit lorsque la jeune femme aurait avoué à son ex-compagnon que Mathéo n’était pas de lui.
L’homme aurait ensuite arraché l’enfant des bras de sa mère, qui a pris la fuite, et se serait acharné sur lui. Le médecin légiste recensera 38 plaies sur le corps de Mathéo. Tous les organes internes ont été arrachés, le corps a ensuite été découpé, brûlé et jeté dans la case des chiens.
«Il savait faire le fou, mais il ne l’était absolument pas» a témoigné le gendarme qui a dirigé l’enquête.
Le pire est peut-être que tout le voisinage a entendu la dispute et les cris mais ce n’est qu’à 5 h 20 du matin, lorsque la mère a tapé à la porte d’un voisin, que les secours ont été prévenus.
Hier, Jean-Charles Artaban a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sûreté de 22 ans. Il ne pourra demander aucun aménagement de peine pendant la période de sûreté. La réclusion à perpétuité n’avait plus été prononcée à La Réunion depuis 2003.
Source: http://www.ladepeche.fr/
L’affaire
Meurtre du petit Mathéo : le procès de l’horreur
C’est un dossier aussi terrifiant qu’incompréhensible auquel un jury populaire sera confronté jeudi et vendredi. Jean-Charles Artaban, 40 ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre accompagné d’actes de tortures et de barbarie du fils de sa compagne âgé de 4 ans, en juin 2013, à Saint-Benoît.
Ce 18 juin 2013, le paisible quartier de Beaulieu à Saint-Benoît se réveille en basculant dans l’horreur. Depuis 6h du matin, les gendarmes tentent d’intervenir au 105 chemin Jean-Robert dans une petite case en tôle en fond de ravine, où s’est retranché un certain Jean-Charles Artaban, 37 ans, repris de justice connu pour être violent et imprévisible.
Sa compagne affolée leur explique que l’homme a commis des violences sur son fils de 4 ans, Mathéo, et qu’elle a pris la fuite en craignant pour sa vie. Quand ils parviennent enfin à maîtriser le forcené et se portent à la recherche de l’enfant, c’est une scène de carnage qu’ils découvrent dans la case et la cour attenante.
Le corps de l’enfant est retrouvé décapité dans la cage des chiens, éviscéré et partiellement carbonisé. Après des heures de constatations de police scientifique et du médecin légiste, le petit corps dépecé est évacué dans un sac par des agents des pompes funèbres qui ne peuvent retenir leurs larmes. Image insensée qui marquera à vie tous les acteurs intervenus sur la scène de crime.
La paternité, le mobile ?
Décrit par le voisinage comme « effrayant » et « agressif », Jean-Charles Artaban livre en garde à vue une première série d’explications incompréhensibles. D’après lui, le corps retrouvé dans la cour est celui « d’un mouton » ou d’un « petit canard ». Il fait allusion à « un loup garou », du sel et du safran répandus sur le sol suggérant une scène de sorcellerie.
Plus tard, il change de version en expliquant que, tandis qu’il consommait alcool et zamal, l’enfant est mort en tombant des bras de sa mère qui dansait. Celle-ci ayant pris la fuite, il aurait paniqué et décidé de faire disparaître le petit corps en le mettant en pièce et tentant de brûler les morceaux.
Mais là encore, ses déclarations se heurtent à celle de la mère et de son frère habitant la maison voisine, ainsi qu’aux constatations médico-légales. Jasmine Tsiaohaty parle d’une dispute à propos du fait que Mathéo n’était pas le fils biologique d’Artaban, ce qu’a confirmé l’ADN. Le mobile du crime ? Le frère du suspect a lui entendu une dispute, puis vu le suspect jeter à plusieurs reprises l’enfant au sol alors qu’il saignait d’une entaille au cou.
Les experts, dans une analyse glaçante des multiples sévices infligés au garçonnet, n’excluent pas que certaines blessures graves aient pu être causées ante-mortem, à l’aide d’une lame de couteau. La principale blessure mortelle identifiée avec certitude semble cependant être un coup porté sur la tête par un objet contondant.
Tout au long de l’instruction, Jean-Charles Artaban maintient sa dernière version, à savoir la mort accidentelle de l’enfant qu’il aurait ensuite tenté de dissimuler, perturbé par son état d’alcoolisation avancée. Une thèse mise à mal par les analyses, l’expert ne mettant pas en évidence une présence d’alcool dans le sang au moment des faits, vers 3h du matin.
Artaban, qui risque la peine maximale de réclusion criminelle à perpétuité pour meurtre d’un mineur accompagné d’actes de tortures et de barbarie, tiendra-t-il un autre discours à ses juges à l’occasion du procès qui s’ouvrira jeudi ? Dira-t-il enfin la vérité sur le déroulement de cette nuit d’horreur ? « Il regrette amèrement et n’est pas dans le déni », assurent ses avocats (lire par ailleurs). Mais si l’accusé a été reconnu responsable de ses actes, il est fort à parier que la défense plaidera une abolition temporaire de son discernement. Comment expliquer autrement, sauf à entrevoir la face la plus sombre de l’être humain, un tel déchaînement de violence sur un si jeune enfant ?
Sébastien Gignoux | http://www.clicanoo.re/
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