Quimper | 15 ans de réclusion criminelle au frère incestueux
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 27/02/2016
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Deux amis d’enfance, aujourd’hui âgés de 46 et 47 ans, comparaissaient depuis mardi 23 février devant la cour d’assises du Finistère à Quimper.
« La société a échoué dans son devoir de protection de ce qu’elle a de plus précieux : ses enfants. J’ai retenu mes larmes. »
Ce sont les mots de l’avocate générale, Brigitte Chevret, vendredi 26 février au matin, lors de son réquisitoire à l’encontre de deux amis d’enfance.
Un quadragénaire est accusé d’avoir violé sa petite sœur, entre ses 5 et 14 ans dans la maison familiale de Plomelin et la résidence secondaire de Penmarc’h.
Dont une fois en réunion avec son copain, désormais âgé de 47 ans.
Il se serait aussi montré violent et aurait violé sa compagne pendant une douzaine d’années de vie commune. Et une nouvelle fois, à deux avec son ami, entre 2003 et 2007.
L’affaire éclate en septembre 2013. Elle porte plainte après « le coup de trop ».
C’est ainsi que cette femme de 34 ans a qualifié, mercredi entre deux sanglots, ce livre musical d’une de leurs deux filles, que son compagnon lui avait envoyé au visage.
Elle a « ouvert le couvercle sur ce qu’elle vivait à huis clos » depuis une douzaine d’années, retrace dans sa plaidoirie Me Isabelle Thieuleux, son avocate.
Son ex l’aurait frappée, lui aurait arraché les cheveux, aurait tenté de l’étrangler…
Les violences seraient intervenues lorsqu’elle refusait d’assouvir les exigences sexuelles de son compagnon. Un homme que l’expert psychiatre, le Dr Cozic, a estimé « impulsif et agressif ».
Sa petite sœur, 35 ans maintenant, avait alors eu le courage de dévoiler le calvaire qu’elle a enduré pendant huit ans. Son grand frère la violait. Plusieurs fois par semaine. Des centaines, des milliers de fois.
« Une porte entrouverte »
Après des années de silence, l’homme a reconnu jeudi avoir « volé l’enfance et l’innocence de ce petit bout de femme », décrit Me Agnès Pailloncy, avocate de la petite sœur.
Son traumatisme, c’est « la porte de sa chambre entrouverte, chaque nuit, pour assouvir les pulsions sexuelles de son bourreau. Cette porte entrouverte qui lui permettait d’entrer sans faire de bruit. Cette porte entrouverte, signe que ça allait devoir recommencer ».
Cette porte, aujourd’hui encore, laisse entrer des terreurs nocturnes.
Des réveils en pleine nuit. Des douleurs physiques lancinantes.
Une double peine au fil d’une enfance difficile.
Un père gardien de nuit, en proie à l’alcool. Violent avec ses trois enfants, il aurait fait subir des sévices sexuels à leur sœur aînée.
Une mère « enfoncée dans la dépression ». Avare d’affection, qui ne voyait rien.
L’accusé a aussi fait intervenir son ami d’enfance, poursuivi pour viols en réunion.
Il a reconnu d’emblée celui de la petite sœur, devant un film porno. Mais réfute celui de l’ex-compagne de son ami.
Pour son avocate, Lucie Brémond, il est « un suiveur un peu naïf. Gentil et dévoué.
Un peu trop ». Un homme « dans une attitude de soumission totale ».
Pour « ce tableau cruellement sordide » dans une famille « au climat incestueux autour du père », l’avocate générale requiert 18 ans de réclusion criminelle contre le frère et ex-compagnon.
Contre son ami d’enfance, 5 à 6 ans d’emprisonnement, 5 ans de suivi socio-judiciaire et l’obligation de se soigner.
« La violence, c’est un mode de fonctionnement qu’il connaît enfant » plaide Me Sophie Bergeron, avocate du grand frère.
Dans cette famille, « la définition même de l’inceste n’existait pas. Il n’a pas eu conscience à ce moment-là du mal qu’il faisait à sa sœur ».
Mais quand son ex-compagne dépose plainte, « elle connaît les faits » commis sur son ex-belle-sœur :
« Elle a pu avoir peur pour ses filles. » Mais « aucun certificat médical, aucune plainte, ni dates précises », pas plus que « l’insistance » de l’accusé à faire l’amour « ne permettent de caractériser les viols ».
La cour ne les retient pas. Elle condamne le grand frère incestueux et ex-compagnon violent à 15 ans de réclusion criminelle.
Son ami est condamné à 5 ans de prison ferme.
Source: Ouest France
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