3 ème procès d’Outreau | Compte rendu Jour 8

3 ème procès d’Outreau | Compte rendu Jour 8

Procès Outreau | Compte rendu du 29/05/2015

9 h

Témoignage de Brigitte Bonnafé, experte psychologue ayant vu les enfants Delay à l’époque.

Cette experte a été nommée un dimanche en urgence juste avant l’ouverture du procès en appel à Paris, elle n’a pas eu connaissance du dossier en totalité.

Elle commencera par l’expertise de Chérif Delay.

Il disait lors de son expertise qu’il aimait faire des cabanes avec sa mère, qu’il obtenait tout ce qu’il voulait (Jeux, Game boy etc…) s’il faisait ce qu’on lui demandait.
Il expliquera à Mme Bonnafé que sa mère provoquait la violence de son beau-père et elle faisait ça par plaisir, Thierry Delay imposait tous les actes et que Badaoui était soumise à ses exigences sous peine de sanctions.

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Thierry Delay se cachait derrière des masques (déguisé en père fouettard, Scream et parfois même des crânes humains) pour leur faire peur la nuit pendant leurs sommeils.

Chérif ne souhaitait pas être émancipé de ses parents et d’après Mme Bonnafé « il aura une perception négative de la sexualité s’il n’est pas bien cadré. »

Il précisera que pour le violer les agresseurs devaient payer 500 francs.

 

Ensuite elle explique que Dimitri a grandi dans un milieu ouvert, ses parents ont un parcours chaotique, qu’il y a du sexe à profusion et que l’enfant a une grande proximité affective avec sa mère.

Elle dira enfin qu’au moment où elle a rencontré Dimitri il avait disculpé plusieurs « acquittés ».

Elle donnera des détails sur l’expertise de Jonathan Delay.
Quand il avait un an il a subi six hospitalisations, son entretien était compliqué, il était très perturbé, nerveux et avait du mal à se concentrer et à rester en place.

Il faisait pipi au lit en cauchemardant que son père ramène des gens au pied de son lit pour le violer, il évoquera aussi le bonheur avec ses parents, il dira que c’est à cause de son père tout ça et se demande « pourquoi sa mère lui fait subir ça ? »
À ce jour il attend encore une réponse…
Sa mère était pour lui comme une copine exigeante qui s’énervait quand elle n’avait pas ce qu’elle voulait.Il évoquera les scénarios sexuels qu’il subissait et l’autorité familiale incohérente et abusive.

 

Ainsi il dénoncera d’autres agresseurs que ses parents mais il ne connaît pas les noms, c’est confus il dira aussi que « mentir comme ma mère, c’est pas bien ».

Par ailleurs il parlera de l’abbé Wiel, il expliquera qu’il a mal, que ça saigne et que ça pique.

L’experte conclura que sa famille était dysfonctionnelle, qu’aucunes règles n’étaient mises en place et que le rôle de chacun dans la famille n’était pas déterminé.

NDLR : Elle dira aussi que Myriam Badaoui savait très bien ce qu’elle faisait, oh oui elle savait ce qu’elle faisait Badaoui !

Ensuite vient l’expertise de Dylan, huit ans, il dira que c’est sa mère qui a commencé les attouchements, sa mère l’initiait en lui introduisant des objets dans le derrière, en lui faisant des caresses, en lui demandant d’embrasser «sa totote» (poitrine ) et que le père a suivi, qu’il redoute la mise en liberté de ses parents et qu’il a peur que ça recommence.
Il dit que d’autres personnes étaient présentes lors des abus, que c’était douloureux et que l’abbé Wiel était là aussi, ce nom revient très souvent dans ses propos.

Il dira qu’il faisait tout comme papa et maman.

Il est victime de sursauts au moindre bruit.

Il vit dans un monde où «il y a des méchants dans l’immeuble Jaune mais dans l’immeuble bleu il y a des gens qui peuvent l’aider…»

De par sa capacité à dialoguer, Dylan était récupérable par ses parents si ces derniers lui montraient de l’attention.
Il a été victime de coups à répétition depuis sa naissance.

 

L’experte expliquera que les enfants étaient épuisés pendant le procès, qu’elle est la énième personne qui les a interrogé, que les médias ont pollués l’affaire et que de ce fait leurs paroles pouvaient différer.

Dimitri, exposé aux difficultés du couple, sera victime de traumatismes entre fantasmes et réalités.

 

Le président de la cour demande :

 

  • «Qu’en est-il de la personnalité de Dimitri?»
  • « Dimitri à une personnalité très différente. Il tient un discours très abstrait.»

 

  • «Il ne donne pas de précisions sur les faits?»
  • «Non, il imagine qu’on ne leur accordera aucun crédit. »

 

  • «il fermait les yeux pour s’extraire de la réalité et Karine Duchochois, Mr Martel, n’étaient pas impliqués, comment était-il à ce moment-là?»
  • «Il fermait les yeux et se refaisait un film parasité par les médias. »

 

  • «À cause de la violence des abus, il aura du mal à se souvenir des fait ?»
  • «Les traumatismes vont le pétrifier»

 

  • «Jonathan parle de viols incestueux?»
  • «Jonathan dira que tous les gens habitent l’immeuble. Lassé de se répéter, il dira: J’ai dit tout ce que j’avais à dire.»

 

  • «Dylan sera-t-il marqué par son passage en cours d’assise?»
  • «Oui, cependant il a trouvé une écoute.»

 

  • «Il parle des accusés comme Dominique Wiel?»
  • «Il parle des douleurs physiques imputées par ces personnes.»

 

  • «Vous avez perçu qu’il avait de l’amour envers ses parents»
  • «Oui, il s’agit de la loyauté familiale ce qui le rendra vulnérable à l’affection de ses parents.

 

Les avocats de la partie civile questionnent:

 

  • «Avez-vous déjà été désignée pour expertise durant une audience?»
  • «Non, c’était exceptionnel.»

 

  • «Vous avez évoqué que Kevin et Dimitri ont été positionnés en coupables plutôt qu’en victime. Qu’en est-il de l’état psychologique lorsqu’une victime est placée au statut de suspect?»
  • «Cela créer en elle l’impression d’être responsable et coupable, ce qui complique les révélations surtout quand il s’agit d’inceste. Ajouter à cela que ceux qui sont censés les aider (justice), ne font que de les enfoncer.»

 

  • «Que pouvez-vous dire du sentiment du culpabilité?»
  • « C’est difficile pour la victime de savoir si ce qu’elle a vécu est acceptable ou non. Est-ce qu’elle est responsable? Parler de soi est difficile car c’est peut-être s’accuser soi-même.»

 

  • «Qu’en était-il de la situation socio-familiale et quelle a été son incidence lors du procès?»
  • «Les enfants ont été placés dans les meilleurs conditions mais ils redoutaient ce qui allait arriver lors du procès à cause des médias.»

 

  • «Quelles sont les conséquences psychiques sur un enfant victime de viol incestueux?»
  • «L’impact est différent suivant la personnalité. Sentiment d’inacceptable surtout concernant les personnes dont on dépend. Ce qui provoque un trouble entre la dépendance et le besoin. Les enfants ne veulent plus de la partie méchante des parents. Cela va poser des complications futures pour l’exercice de la fonction parentale. Méfiance.»

 

  • « Dimitri aurait menti pour embêter Me Dupont-Moretti. A-t-il également remis en cause l’enterrement de la fillette?»
  • « Non»

 

  • «On a dit de Dylan qu’il était un menteur…»
  • «Absolument. Les enfants dénoncent des choses que la mère dément. Ils ont pris des marionnettes pour expliquer qu’il ne comprenaient plus rien.»

 

  • « A la première rencontre entre Jonathan et sa mère, il lui demandera pourquoi elle a dit ça ? »
  • « Oui »

 

  • «Dimitri dira que les adultes ne voulaient pas regarder les enfants tandis que les enfants voulaient regarder les adultes»
  • «Les adultes avaient honte de ce qu’ils faisaient alors que les enfants non puisqu’ils n’avaient rien à se reprocher.

 

  • «Les gens dont les enfants parlent le plus, sont évoqués dans les médias?»
  • «En effet, les enfants sont pollués par les médias»

 

  • « Ça vous est déjà arrivé de faire ce type d’intervention pendant un procès sur quatre enfants ? »
  • « Jamais et d’autres experts non plus…les enfants étaient dans le box des accusés à St-Omer, c’était très dur pour eux »

 

  • « Qu’est-ce que le sentiment d’être victime ? »
  • « A partir du moment où il nous arrive quelque chose de bizarre, on se sent responsable puisque ça nous arrive à nous, donc coupable et ça entrave la parole. »

 

  • « Quels sont les conséquences d’un viol incestueux ? »
  • « Toutes les contraintes sexuelles créer des traumatismes, lorsque c’est fréquent, vient l’acceptation. Encore plus ses parents car on dépend d’eux,  je ne veux plus de mes parents, mais c’est eux qui nous ont donné quelque choses (même si c’est peu).»
Avocat général Stéphane Cantero
Avocat général Stéphane Cantero

L’avocat Général Mr Cantero questionne:

 

  • «La parole des enfants n’a pas été remise en cause avant le procès?»
  • «Myriam Badaoui disait qu’elle n’avait rien fait.»

 

  • «La mère ment pour ne pas prendre tout pour elle?»
  • «La mère est assimilée comme une enfant car elle est considéré comme une copine»

 

  • « Quels sont les traumatismes de Dimitri?»
  • «Distorsion de la réalité suite à l’incompréhension des abus qu’il a subi»

 

  • «Comment aider une victime de viol et d’inceste?»
  • «Il ne faut pas la laisser livrée à elle-même. Il faut l’aider à se retrouver, ne pas la délaisser ni la laisser stagner.»

 

 

Ndlr : A l’annonce du verdict en 2005, les enfants ont été très perturbés quand leur mère a disculpé les accusés, ils hurlaient, ils se claquaient la tête contre les murs, ils étaient infernaux.

Témoignage de Mme Monique Fouquerolle, déposition spontanée en visioconférence:

 

« Je connais Myriam Badaoui, on était dans le même bâtiment et je la dépannait quand elle n’avait plus de couches ou de la nourriture pour ses enfants. »

Elle expliquera qu’elle a connu Myriam en 1990 et qu’elle devient la marraine de Jonathan un peu par hasard, « car Myriam n’avait personne d’autre … »

A l’époque elle était en concubinage pendanIMG_2015-06-09-225018t quelques années avec Thierry Dausque, avec qui elle a eu des enfants et qui a été mis en cause dans cette affaire, puis acquitté.

A une autre période elle était en couple avec François Mourmand avec qui elle eut un enfant et qui a été accusé et il est décédé d’une surdose médicamenteuse en détention.

Ses enfants ont été mis en cause en tant que victimes mais elle maintiendra que c’est faux, que ses enfants allé faire des courses pour le couple Delay mais qu’ils déposaient juste les sachets et revenaient tout de suite chez elle, ses enfants ont fini par être placés.

Elle parlera d’une pétition fais par l’abbé Wiel quand les enfants Delay ont été placés pour demander leurs retours, elle stipulera que les enfants étaient bien traité, ce qui est faux car les sévices avaient déjà commencé. Fouquerolle fera en parallèle une attestation qu’elle enverra au juge en déclarant « Thierry Delay ne bat pas ses enfants croyez-moi » quand le président de la cour lui posera la question, elle perdra la mémoire subitement.

Chérif Delay se souviendra d’un détail et demandera au président d’intervenir.

« J’ai un souvenir… Mon beau-père qui me disait d’aller chercher des trucs chez la voisine Fouquerolle, c’était un plastique marron avec une cassette vidéo porno dedans. »

Mme Fouquerolle est frappé de nouveau par l’amnésie « sélective » et répondra qu’elle ne se souviendra pas de ça.

NDLR : Notons qu’aux deux premiers procès à St-Omer et à Paris, Madame Fouquerolle avait aussi de grosses pertes de mémoire, décidément !

 

Questions du président de la cour Mr Philippe Dary :

 

  • «Connaissiez-vous les Daniel Legrand avant les faits que l’on vous reproche?»
  • «Non»

 

  • «Qui sont vos enfants?»
  •  Elle les nomme et explique qu’elle a plusieurs enfants de cinq pères différents.

 

  • «Comment avez-vous su les faits?»
  • « Par le voisinage et la presse »

 

  • « Vous vous doutiez de ce qui se passait chez les Delay ? »
  • « Non »

 

  • «  Pas de soupçons, pas de doutes ? »
  • « Non, quand j’étais chez moi je ne sortais plus et je ne voyais pas ce qui se passait dans l’immeuble. »

 

  • « Avez-vous remarqué qu’il y avait des films pornographiques chez eux ? »
  • « Ça ne m’intéresse pas de regarder des films X »

 

  • « N’avez-vous pas vu de vitrine avec des cassettes pornographiques ? »
  • « J’ai déjà vu, lorsque je dis vu c’est juste les cassettes mais je n’en ai jamais regardé. »

 

  • « Les parents Delay/Badaoui avaient un caméscope ? »
  • « Oui ils filmaient les enfants à la sortie de l’école »

 

NDLR : Au cours de la perquisition chez les Delay AUCUNE cassette de ce genre n’a été retrouvée, juste une vidéo des ébats des Delay a été saisie.

 

  • « Ils l’ont vendu pour de l’argent ? »
  • « Ils avaient beaucoup de problèmes d’argent, je leur en ai prêté.»

 

  • « Connaissez-vous le taxi Martel ? »
  • « Oui, tous les débuts de mois je l’appelais pour aller faire des courses à Auchan ou Leclerc à Outreau.»

 

  • « Avez-vous déjà prit le taxi avec Myriam Badaoui ? »
  • « Non … (puis quelques instants plus tard) peut-être une fois ou deux… »

 

  • « Vous pensez quoi de cette affaire, sachant que Thierry Dausque a été cité ? »
  • « Je me sens mal et je veux me reconstruire, on m’a séparé de mes enfants »

 

  • « Vous avez fait l’objet d’accusations ? »
  • « Non. »

 

  • « Myriam vous a accusée ? »
  • « Oui elle a dit que je filmais. »

 

(A l’époque la police lui a dit qu’il était question de photos et de cassettes     pédopornographiques retrouvées chez le couple Delay/Badaoui.)

 

 

  • « A votre avis, pourquoi, elle a dit ça ? »
  • « Parce que j’étais trop gentille. »

 

  • « Avez-vous fait une attestation en faveur de Thierry Delay ? »
  • « Je m’en rappelle pas. »

 

  • « Connaissez-vous un Dany Legrand ? »
  • « Oui, il était grand si mes souvenirs sont bons. »

 

 

 

La défense questionne :

 

  • « Pourquoi vos enfants ont été placés ? »
  • «  on m’a dit que c’était pour les protéger car il y avait encore des gens dans l’immeuble. »

 

 

Fin de la visioconférence.

 

 

 

13h45

Interrogatoire de Daniel Legrand

« C’est le ciel qui m’est tombé sur la tête ! » s’exclame t-il

Procès-Outreau.docx-8ème-jour5

Les aveux de Legrand

 

Extrait d’une partie de la lettre d’aveux ici è http://wanted-pedo.com/bis/lettre-daveux-de-daniel-legrand-fils/

 

Il a été arrêté et placé en détention le 16 Novembre 2001, ça a été très dur pour lui, il avait du mal à supporter l’incarcération, il s’est fait agressé à plusieurs reprises et a été placé en isolement.

Ses premières déclarations en garde à vue étaient formelles, il ne connaît ni le couple Badaoui/Delay, ni Grenon, ni Delplanque, ni les autres protagonistes.

Puis chez le juge Burgaud il avouera avoir participé et se met à donner des détails précis sur les faits et cite beaucoup de noms d’adultes et d’enfants, le président de la cour lui demandera ce qu’il a à dire sur ses déclarations :

« J’inventais »

A la mi-décembre Daniel Legrand envoya une lettre de 58 pages d’aveux circonstanciés au juge d’instruction Mr Burgaud ou il détaille les viols et le meurtre d’une petite fille chez les Delay.

Il se justifia : « J’étais pas bien, j’étais déprimé, j’étais innocent…  C’était  pas pour retrouver ma liberté, c’était pour que Grenon retourne en prison »

Dans ses aveux on lui demanda s’il était déjà allé en Belgique et il a répondu que non, c’était toujours chez Badaoui.

Quand on lui présenta les photos d’enfants, il reconnu Dylan et Chérif en expliquant qu’ils avaient été sodomisés. Il y reconnu aussi Mr Marécaux (l’huissier) et Mr Lard.

 

Lorsqu’il repartait de chez les Delay, il touchait de l’argent (300/600 francs environs et selon ce qu’on lui demandait de faire) puis il achetait du shit. Par exemple s’il filmait des scènes il touchait plus.

 

Myriam Badaoui lui disait de ne pas en parler. Il se rendait seul chez les Delay.

Parfois il y avait 10 à 15 personnes en même temps.

 

Le président de la cour lui demandera de s’expliquer sur ce sujet mais en n’évoquant pas le contenu de ses aveux, il précisera que la lettre est indicible et insoutenable, il préfère ne pas la lire.

Le président de la cour le questionne :

 

  • « Vous avez été mis en garde à vue par Mr Bollard, avez-vous déjà été en garde à vue avant ? »
  • « Oui à Mouscron en Belgique, pendant quelques heures.»
  • « Connaissez-vous les Delay et leurs enfants ? »
  • « Non je ne les connaissais pas, je connaissais que François Mourmand de nom.»
  • « Il a été le voisin de palier de votre tante, c’est ça ? »
  • « Oui. »
  • « Vous le saviez à l’époque ? »
  • « Oui, Non …c’est loin ! »
  • « Vous alliez souvent chez votre tante Mme Leprince à Outreau ? »
  • « Après la perte de notre maison, oui»
  • « Le taxi Martel a indiqué lors de sa garde à vue, qu’il vous emmenait avec Badaoui et Fouquerolle à Outreau, Est-ce exact ? »
  • « C’est pas vrai ! »
  • « Pourtant lors de votre confrontation, il a déclaré vous connaître et vous non, qu’en est-il ? »
  • « Non, je prends rarement le taxi et je ne vais jamais à Outreau »
  • « On essaie de comprendre, pourquoi avoir fait tous ces aveux ? »
  • « Par rapport à ce que j’ai vu dans la presse et entendu. J’ai prouvé que Badaoui était une menteuse, j’ai fait le boulot du juge !  »
  • « N’exagérons pas ! » rétorque le président de la cour sur un ton amusé

 

Notons que le président Philippe Dary rappellera que seul le magazine « Le nouveau détective » avait publié un article sur cette affaire.

 

  • «Pourquoi en avoir dit autant?»

 

  • «C’était à cause de la presse, J’étais protégé parce que j’étais en prison, quand j’ai inventé le meurtre j’me doutais que « j’allais» pas être libéré. »

 

  • « Comment expliquez-vous que dans votre lettre vous vous excusez aux victimes ? »

 

  • « Une fois que je suis dedans, c’était la moindre des choses, le meurtre et tout le reste est inventé »
  • «Dans quel état d’esprit étiez-vous lors de la 2ème lettre que vous avez adressé au juge Burgaud? »

 

  • «Je comprenais pas pourquoi elle était libérée (Aurélie Grenon), donc j’ai écrit cette lettre pour qu’elle retourne en prison.»

 

  • « Pourquoi avoir dit que vous connaissez Badaoui et que ce qu’elle disait était vrai ? »

 

  • « Je me suis mis dans sa tête peut être ? »

 

  • « Pourquoi avoir écrit une lettre d’aveux à France 3 ? »

 

  • « Pour que tout le monde soit au courant, je voulais que les autres payent aussi »

 

  • «  Mr Legrand, vous êtes innocent des faits qu’on vous reproche ? »

 

  • «  Totalement ! »

Les avocats de la défense et de la partie civile ne poseront pas de questions. Daniel Legrand se rétractera en février 2002 soit un peu plus de trois mois après son incarcération.

Procès-Outreau.docx-8ème-jour6

15 h

Audition de Mr Delobel Gilbert en visioconférence (ex gérant du sex shop à Boulogne-Sur-Mer)

Avec au passage, un salut nazi en guise de main droite levée pour prêter serment…

Sur l’écran on y voit un petit homme, maigre avec une petite voix aiguë, Il expliquera qu’il connaît uniquement Thierry Delay qui était un bon client de son magasin, il venait plusieurs fois par semaine, il confiera qu’à l’époque il avait commandé en Hollande et par curiosité un film super 8 dénommé « ss7 » à caractère pédopornographique. Les enquêteurs retrouveront ce film à son domicile personnel pendant une perquisition, mais néanmoins aucune enquête ne sera ouverte à ce sujet.

Il niera savoir quoi que ce soit sur le trafic de cassettes pédopornographiques, il niera connaître Badaoui même après avoir été reconnu par cette dernière sur une planche photo que la police lui présentera.

Le président Philippe Dary lui demande :

– « Il a été dit que Daniel Legrand tenait le sex shop par moment, est-ce vrai ? »

– « Jamais ! »

– « Il a été dit qu’il y avait un trafic de vidéos pornographiques ? »

– « C’est pas vrai »

– « Vous saviez que vous étiez écouté le soir ? »

– « Oui je le savais, mais moi je travaillais le matin, je ne sais pas ce qui se passait quand mon collègue travaillait le soir au sex shop. »

NDLR : apparemment des écoutes avaient été faite sur ce sex shop et les enquêteurs ont pu intercepter une conversation ou l’on parlé d’un paquet qu’une personne ne pouvait pas venir chercher au magasin surement parce qu’elle était en prison ou qu’elle avait des problèmes. Pas de réponse venant du témoin.

– « A l’époque on vous a présenté sur un trombinoscope Myriam Badaoui et Thierry Delay, vous aviez dit que vous ne les connaissez pas, pourquoi ? »

– « Je sais pas »

– « Pendant votre garde à vue, il y a eu trois auditions avant que vous reconnaissiez Thierry Delay, c’est bizarre pour un client régulier, non ? »

– « Euh… »

– « Vous savez qu’il existe des peines pour détention d’images à caractère pédopornographique ? »

-« Je ne savais pas, on m’avait dit qu’il y avait prescription pour ça »

L’avocat général n’aura aucune question pour lui….

16h

Audition de Mme Bodart (ex conjointe de Dany Camporini et voisine de la famille Delay)

Elle dira qu’elle connaissait Myriam Badaoui, qu’elles avaient une relation de voisinage simple et que personne n’allait chez le couple. Pour ses 18 ans le couple Delay/Badaoui lui a offert un godemiché, un jeu de carte érotique et un pichet avec un sexe en érection.

Elle expliquera rapidement sa relation avec Dany Camporini, qu’elle en garde un mauvais souvenir car il se droguait et il volait notamment des playstation chez les voisins, elle précisera qu’elle ne sait pas s’il est impliqué dans cette affaire de viols sur mineurs et qu’il a déménagé à Lyon une quinzaine de jours après son audition.

Son témoignage sera court et n’apportera rien de nouveau à ce procès.

16h40

Mr Leclercq, le médecin de la famille Delay/Badaoui (il a été mis en cause à l’époque et relaxé le jour même.)

Sa déposition spontanée se résumera à : « Je suis surpris d’avoir été convoqué aujourd’hui à Rennes »

Il dira à la cour n’avoir rien remarqué de bizarre chez les enfants Delay qu’il voyait plusieurs fois par mois, pourtant le président rappellera certains détails préoccupant sur l’état de santé des enfants à l’époque, des nombreuses hospitalisations, des hématomes… Il ne remarquera même pas la vitrine avec les nombreuses cassettes vidéos pornographiques qui étaient très visibles une fois entré dans l’appartement.

NDLR : Ce qui est tristement incroyable dans ce procès c’est que la majorité des témoins sont tous frappés d’amnésie « sélective » et non pas vu grand-chose non plus alors que les enfants à l’époque c’est une certitude avaient tous les stigmates d’enfants maltraités…Bizarre pour un médecin surtout qu’il allait sur des sites pornos et pédopornographiques…

Le président l’interroge :

– « Myriam Badaoui vous a mis en cause, puis disculpé en évoquant une vengeance envers vous, car un jour un des enfants étaient couverts de bleus et vous ne l’avez pas signalé, qu’en est-il ? »

– « Je n’ai jamais constaté de bleus sur les enfants, sinon j’aurais signalé. »

Me Monneris :

– « Vous n’avez pas vu que les enfants étaient victimes de maltraitances et d’abus ? »

– « Non »

Me Reviron :

– « Vous avez déclaré spontanément à l’époque que vous déteniez des images pédopornographiques sur votre ordinateur personnel, que vous les aviez téléchargées par erreur en surfant sur des sites pornographiques, a-t-on enquêté sur ça ? »

-« Non, l’ordinateur n’a pas été saisit »

– « C’est étonnant ! »

« Quand j’ai été accusé, j’ai cru que c’était mon tour…la rumeur enflait…j’ai été surpris de ressortir le soir même ! Devant ma femme et mes enfants j’ai fait comme si de rien n’était… »

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17h14

Audition de Mr Lard (ancien gérant d’un vidéo club à Boulogne-Sur-Mer)

Il a été mis en cause par les enfants pour des faits de viols, violences et attouchements sur mineurs mais il a très vite été relaxé, d’après son témoignage il est victime de fausse déclaration à son sujet.

17h30

Audition de Mr Fortin (Ancien du quartier)

Il connaissait beaucoup de protagonistes de cette affaire, il dit qu’il n’a jamais commis de tels faits, il ne connaît personne, ne se souvient plus de rien et n’a rien à voir dans cette affaire.

Fin de la journée.

 

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