Il y a des audiences d’où l’on ressort marqué. Celle-ci en fait partie. Le procès d’un quadragénaire poursuivi pour des actes de pédopornographie, d’un papa qui diffuse sur le Net des photos de sa fille qu’il a agressée sexuellement…
Difficile d’écrire les propos entendus, qui ont soulevé « du dégoût » dans la salle mais un procès à raconter en essayant de rester dans son rôle d’observateur, sans prendre la place des juges.
Cet Haisnois a été démasqué lors d’une enquête visant un autre amateur de pédopornographie. En exploitant le matériel informatique, les policiers ont trouvé des photos plus choquantes les unes que les autres, partagées sur le Net, notamment de sa propre fille, aujourd’hui préadolescente. Et des discussions sur des forums où il s’est créé un profil avec la photo de sa nièce, pour appâter les hommes comme lui.
« Addiction au cybersexe »
Tête basse, soutenu par sa famille qui veut l’aider, cet homme avoue avoir pris des photos de sa fille dans son sommeil, dans son bain. Et les avoir diffusées. Il parle « d’addiction au cybersexe », répète que « c’était du virtuel », notamment pour les propos les plus choquants, quand il demande à ses interlocuteurs « ce qu’ils feraient s’il leur prêtait sa fille », comme le souligne Me Delattre.
L’avocate dénonce tous « ces dialogues éloquents, le fantasme sur des enfants, sur sa fille ! » Elle veut surtout qu’on pense à la fillette, qu’on l’aide. « On ne peut pas la laisser dans l’ignorance et la souffrance. » Car « son image continue de circuler sur Internet et d’alimenter des réseaux pédophiles… ».
La procureur, elle, martèle que « ce n’est pas que du virtuel », évoquant l’agression sexuelle sur sa fille, à 6 mois, quand il a glissé la main dans sa couche. Elle dénonce : « Il jette en pâture sa fille et ses nièces à tous ces pédophiles » en diffusant leurs photos sur le Net. Inquiète, elle insiste sur la gravité des faits pour lesquels cet homme a un réel « besoin d’une démarche de fond pour se soigner ».
Évoquant « le procès de la honte, de la guérison aussi » pour son client, Me Lemonnier tente d’expliquer que « derrière l’écran, il ne savait plus qui il était », parlant d’un « double maléfique». Évoquant des agressions subies dans son enfance, elle liste les soins déjà mis en place (groupe de parole, psychologue…) et plaide la clémence.
Deux ans de prison dont un avec sursis et mise à l’épreuve
Les juges ont suivi les réquisitions : deux ans de prison dont un avec sursis et mise à l’épreuve, inscription au fichier des délinquants sexuels, interdiction de toute activité en lien avec des enfants et 3 500 € de dommages et intérêts à sa fille.
Pour préserver l’anonymat de la victime, nous ne donnons pas l’identité du prévenu.
Source: http://www.lavoixdunord.fr