Hautes-Alpes | Père de trois enfants, entretenait des échanges à caractère sexuel avec une fillette de douze ans à Gap

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J’ai dormi avec un coussin en pensant à toi..
Photos, vidéos… Nicolas E., 38 ans, père de trois enfants, entretenait des échanges à caractère sexuel avec une fillette de douze ans à Gap. Il écope d’une peine de prison avec sursis

La fin d’été 2025 douloureuse marquera sans doute à jamais l’existence de Léa*, une collégienne de douze ans domiciliée à Gap. L’affaire entre dans les mains de la justice le 13 septembre dernier, lorsque la mère de la fillette se présente au commissariat de police nationale de Gap pour déposer plainte à l’encontre de Nicolas E., 38 ans.

La mère de famille venait de découvrir les échanges sur Snapchat entre sa fille et l’adulte, également père de l’une des amies de Léa*.

Des messages quotidiens, bien souvent “à caractère pornographique” sont échangés avec notamment, selon le témoignage de la mère de famille, des photos du sexe de Nicolas E.

Entendu peu de temps après par les enquêteurs, la jeune fille confirme les dires de sa mère et explique avoir envoyé, entre le 24 août et le 12 septembre, cinq photos de sa poitrine.

Un scénario autour d’une soirée pyjama

L’adulte aurait également monté un scénario avec la fillette pour qu’elle vienne le rejoindre dans son lit, lors d’une soirée pyjama avec son amie. Soirée qui n’a finalement jamais eu lieu.

Lors du procès qui s’est tenu hier devant le tribunal correctionnel de Gap, les proches de Léa* ont eu du mal à cacher leur peine lors de l’annonce de quelques messages que l’adulte a adressés à l’enfant:

“Tu sais que c’est la première fois qu’une fille de ton âge me fait ressentir ça” ;
“J’ai dormi avec un coussin en pensant à toi”…

“Au moment où j’ai écrit cela, je ne savais pas l’âge de la personne avec qui j’échangeais”,

se justifie le prévenu à la barre.

Car c’est bien la défense qu’il expose aux magistrats : il ne savait pas, lorsqu’il a commencé à échanger des messages avec la fillette, qu’il s’agissait de l’amie de sa fille et donc, qu’elle avait douze ans.

“Lorsque j’ai eu cette demande d’ajout en ami sur Snapchat, je ne savais pas qui se cachait derrière, jure ce père de trois enfants au casier judiciaire vierge. On a très vite échangé des photos à caractère sexuel. Elle m’a dit qu’elle rentrait faire des études à Lyon et donc qu’elle était majeure. Mais j’ai découvert plus tard que c’était l’amie de ma fille”.

Le prévenu reconnaît ne pas avoir arrêté les échanges au moment de cette découverte qui le place consciemment hors la loi. Il est donc poursuivi pour des faits de corruption de mineur de moins de quinze ans et sollicitation d’images pornographiques auprès d’une mineure de moins de quinze ans.

“Lorsqu’elle m’a envoyé des photos de sa poitrine, je n’avais pas réalisé qu’elle avait 12 ans, assure encore le prévenu. Je ne suis pas attiré sexuellement par des mineurs. J’ai des discussions régulières à caractère sexuel sur internet, mais qu’avec des adultes. Je ne sais pas expliquer pourquoi je n’ai pas arrêté la discussion avec elle à ce moment-là. Cela me dégoûte.”

Le prévenu reconnaît toutefois avoir eu des échanges à caractère sexuel avec la fillette.

“On a l’impression qu’il reconnaît ce qu’il ne peut pas nier car les écrits sont là. Mais il minimise,estime l’avocate de la fillette, absente lors de l’audience mais représentée par ses parents. C’est lui qui a demandé à Léa* de passer par Snapchat car il sait que les messages s’effacent et que donc, on peut se permettre plus de liberté. Et lorsque la maman de Léa* tombe sur les échanges, il efface les messages. On a évité le drame grâce à des parents vigilants”.

Une vision partagée par le ministère public représenté par Louisiania Fabrizio, qui requiert la condamnation du prévenu pour les deux chefs de prévention qui lui sont reprochés à une peine de trois ans de prison dont deux ans avec sursis probatoire pendant 24 mois :

“Les faits auraient effectivement pu être encore plus graves. Mais on est en train de parler d’abus sexuels sur une mineure”.

“La morale n’a pas sa place ici, répond l’avocate du prévenu. J’ai le sentiment qu’on oublie ici qu’on fait du droit. Il ne faut pas tordre la réalité d’un dossier. Mon client n’est pas dans une posture de minimisation de ce qu’il a fait.

Il reconnait complètement l’échange de messages à caractère sexuel, il ne vient pas plaider une relaxe totale. La seule chose qu’il dit c’est qu’au démarrage des échanges, il ignorait que son interlocutrice était mineure. Mais il reconnaît l’avoir su vers le 2 ou 3 septembre et qu’il a continué les échanges”.

Avant que les trois magistrats du siège ne se retirent pour délibérer, le prévenu se présente en pleurs à la barre une dernière fois :

“Je regrette profondément tout ce qui s’est passé. Je suis désolé d’avoir détruit la vie de cette jeune fille et de sa famille”.

Nicolas E. est finalement relaxé pour les faits de sollicitation d’images pornographiques mais est déclaré coupable pour “corruption de mineure”.

Le trentenaire né à Briançon, qui ne peut plus entrer en contact avec la victime ni exercer une activité auprès d’enfants, est condamné à une peine de trois ans de prison avec sursis probatoire de 24 mois avec exécution provisoire.

* Prénom de la victime modifié.

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