Plescop | Témoignage de la maman d’une fillette victime d’agression sexuelle

Un an après, je n’ai toujours pas les mots.

Je sais juste que ma fille compte sur moi.

Son agresseur sexuel, mon ancien compagnon, a été condamné à trois ans de prison, dont deux ans avec sursis par le tribunal de Vannes.

Le jugement a été rendu jeudi 4 septembre 2025.

Je me sens à la fois soulagée et en insécurité.

C’est très ambivalent comme sentiment.

On nous avait préparées à ce qu’il prenne six mois de sursis.

Ça a été bien au-delà, et c’est un soulagement.

Mais, il ne s’est pas présenté à l’audience.

Personne ne semble savoir où il est.

C’est un danger pour d’autres jeunes filles et une insécurité pour nous.

Je suis en hypervigilance.

Quand je pars travailler le matin, quand je rentre à Plescop.

Je ne suis jamais sans y penser.

J’ai peur qu’il se venge.

Après tout ça, je me rends compte que je ne le connaissais pas.

En dix mois de relation, la confiance s’était installée.

Il a tout fait pour.

Nous nous sommes rencontrés en septembre 2023.

À l’époque, il habite Josselin et je suis séparée depuis trois ans du père de ma fille de 11 ans et mon fils de 15 ans.

Nous n’emménageons pas ensemble, mais nous voyons régulièrement.

Ça va très vite.

Il fait l’unanimité, et pas qu’avec les enfants.

Tout le monde adhère.

Ça me conforte.

Je ne le laisse jamais seul avec mes enfants.

Sauf ce soir-là.

C’était fin juillet 2024.

J’ai dû m’absenter une heure.

À mon retour, mon compagnon et ma fille sont dans le noir.

Je suis à mille lieues d’imaginer quoi que ce soit.

Ma fille ne me regarde pas, ne me parle pas.

Lui me laisse discuter et détourne mon attention.

Il profite de mes allers-retours dans les pièces pour remettre sa main furtivement sur ma fille.

Ça, elle ne me l’avait pas dit.

C’était éprouvant de l’apprendre à l’audience.

Tout était tellement brutal et lourd.

J’ai beaucoup pleuré ce jour-là.

Je n’oublierai jamais le regard de ma fille.

Elle a trouvé le courage de m’alerter tout de suite.

Il est encore dans une pièce à côté quand elle me montre ses gestes.

Je n’arrive pas à parler.

Je suis sidérée.

J’arrive à dire « je te crois » et je le confronte.

Je le mets dehors.

Après une nuit sans sommeil, je décide d’aller porter plainte à la gendarmerie.

Je m’en voudrai toute ma vie.

C’est aux parents de protéger les enfants et je n’ai pas su le faire.

Je ne suis pas coupable, mais c’est moi qui l’ai fait entrer dans notre intimité.

La seule chose qui me fait du bien ?

Savoir que son père ne m’en veut pas.

J’étais déjà suspicieuse avant.

C’est encore pire aujourd’hui.

Je ne comprends pas.

Il a une fille du même âge que la mienne.

J’ai été dans sa famille, il a été dans la mienne.

Si j’avais vu un signe, mais rien.

Je n’ai rien vu.

Pas un geste, pas un regard, même envers d’autres enfants.

J’en parle aujourd’hui pour alerter.

De telles agressions peuvent arriver avec les plus proches.

Pourtant, j’ai tout fait pour qu’elle n’ait jamais à vivre ça et elle l’a vécu quand même.

Elle a été forte et courageuse de me le dire immédiatement.

Je suis fière de l’éducation qu’on a donnée à nos enfants.

Aujourd’hui, nous sommes dans la reconstruction.

Depuis le début de l’année, ma fille fait beaucoup de cauchemars.

Elle a peur de le recroiser.

Moi, je veux qu’il aille en prison.

Je veux qu’il souffre et se reproche toute sa vie ce qu’il a fait.

Il n’a même pas assumé de venir au procès.

Du coup, il a dix jours pour faire appel quand il sera mis au courant de la décision.

Cette histoire reste en suspens au-dessus de nos têtes.

Mais, il a été déclaré coupable.

Et c’est important pour nous, pour ma fille.

La justice l’a reconnue victime.

Je passerai à autre chose quand je saurai qu’il est sous les verrous. »