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De lundi à mercredi, la cour d’assises juge une affaire de viol et d’agressions sexuelles sur trois mineurs par un agresseur en récidive.
Tout commence en 2022, lorsque Ariinui (nom d’emprunt), alors âgé de seulement 10 ans, dénonce à la Direction territoriale de la Police nationale des attouchements sexuels commis sur lui par son oncle, lors de vacances scolaires passées chez ses grands-parents qui habitent une maison mitoyenne de l’agresseur. Selon l’enfant, l’homme l’aurait bloqué dans la salle de bain lors d’une partie de cache-cache. Il l’aurait déshabillé, puis se serait dévêtu à son tour afin de frotter son sexe contre lui. L’oncle se serait arrêté rapidement à cause de l’arrivée des cousins de la victime.
Un répit de courte durée puisque quelques jours plus tard, alors qu’ils étaient à la mer, l’oncle serait revenu à la charge en se positionnant derrière lui, dans l’eau, afin de lui toucher les parties génitales. Un peu plus tard, alors allongé sur son lit, l’oncle lui aurait retiré ses vêtements afin de le tripoter et aller plus loin. Il aura fallu que cette jeune victime assiste à un cours à l’école à propos de la perversion, pour prendre conscience de la gravité des faits et en parler à sa mère et un ami. Immédiatement examiné par un gynécologue, l’enfant avait déclaré avoir été abusé une douzaine de fois en 2021 lors des vacances scolaires, avec notamment une sodomie suivie de plusieurs autres tentatives.
“Je veux mon lait, j’ai envie de te sucer !”
Puis, en mai 2023, ce fut au tour de Tevai et Baptiste (noms d’emprunt) de dénoncer les agissements du même agresseur. Tevai, 16 ans au moment des faits, déclarait aux gendarmes que l’accusé l’aurait invité dans son atelier, à l’arrière de la maison, avant d’être enfermé dans la salle de bain. L’accusé se serait alors agenouillé, lui aurait masturbé les testicules et le pénis à travers ses vêtements, avant de lui baisser le short et lui imposer une fellation. Tétanisé, le jeune garçon aurait été incapable de manifester sa réprobation. En revanche, le soir-même, Tevai s’était immédiatement confié à sa mère avant de monter un subterfuge de façon à prendre l’agresseur en faute. En effet, le jeune garçon lui donna rendez-vous dans un endroit afin de pouvoir l’enregistrer avec son téléphone. L’accusé tomba dans le piège sans difficulté, pressé de retrouver sa victime. Celui-ci s’était alors mis à masturber le jeune garçon jusqu’à ce que ce dernier se débatte avant de prendre la fuite. Sur l’enregistrement audio, la voix de l’accusé est clairement identifiable et il ne mâche d’ailleurs pas ses mots :
“ Je veux mon lait, j’ai envie de te sucer !”
Quant à Baptiste, il a révélé à la gendarmerie qu’il avait été invité par l’accusé dans son atelier pour choisir un collier. Mais une fois arrivé chez l’agresseur, ce dernier lui aurait retiré son short, le laissant en caleçon. Un bruit de taule soudain aurait servi de diversion au jeune homme pour prendre la fuite avant que les choses n’aillent “plus loin” également.
Arrêté et placé en garde à vue, l’accusé a reconnu à ce moment-là avoir pratiqué une fellation sur Tevai, mais en affirmant que c’était à l’invitation du jeune homme.
Pour ce qui est de Baptiste, il a contesté avoir baissé le short du jeune homme et de lui avoir proposé une fellation. Concernant les faits présumés commis sur Ariinui, il les a également contestés dans un premier temps, jusqu’au moment où il s’est retrouvé face au juge d’instruction. Là, l’accusé a reconnu l’intégralité des faits dénoncés à son encontre par les trois mineurs.
Des antécédents plus sombres encore
Jugé ce lundi par la cour d’assises de Papeete, l’accusé s’est livré sur son histoire sans retenue : “Dans la famille, nous sommes 14. Et moi, je suis le huitième. Il y avait beaucoup de violences dans mon foyer. Mon père battait ma mère. Aujourd’hui, les deux sont morts. (…) À 14 ans, j’ai été violé par un voisin. Je n’avais personne vers qui me tourner à cette époque. Dans les années ‘80, ce n’était pas comme aujourd’hui, il n’y avait pas de social.” Et au-delà de la violence, l’homme a toujours eu du mal à affirmer son orientation sexuelle. “J’ai eu des compagnons hommes”, a révélé l’accusé sans aucune forme de gène. “Aujourd’hui, j’ai une femme. Mais être avec une femme, c’était le choix de ma mère. Ce n’était pas mon choix.” Une orientation vague, contrainte et retenue, qui ne demande qu’à se dévoiler. Et face aux autorités, l’accusé a déjà admis être attiré par les enfants de 11 à 20 ans, qu’ils soient garçons ou filles. Des pulsions qui, hélas, deviennent incontrôlables dès lors que l’accusé se met à boire. Une réalité qui a déjà conduit l’intéressé à commettre le pire quelques années auparavant.
En effet, un soir, alors qu’il avait trop bu, l’homme s’en est pris à sa belle-fille de 12 ans, Esther (nom d’emprunt), et l’a violé.
Celle-ci est malheureusement tombée enceinte suite à ce drame et a dû être envoyée sur une autre île afin d’être protégée de son beau-père. En revanche, le bébé de cette union non-consentie, lui, est resté avec le beau-père et sa femme. Un choix étrange et difficile à expliquer qui, aujourd’hui encore, continue de peser sur la famille. Appelée à la barre, la jeune mère, âgée de 25 ans aujourd’hui, a déclaré :
“La relation avec cet enfant a été très difficile. Je le considérais plus comme mon petit frère que mon fils”, a-t-elle avoué le cœur lourd.
Un sentiment d’impuissance renforcée par l’attitude de sa propre mère qui, jusqu’à aujourd’hui, a décidé de rester avec son beau-père.
Aujourd’hui, l’homme est jugé pour viol et agressions sexuelles sur mineurs, et encourt jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu mercredi.
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