
Fismes | Un officier de l’Armée de l’Air coupable d’agressions sexuelles prend…du sursis
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
oui
Pédocriminel En liberté
- 03/10/2025
- 18:47

Trente ans de carrière dans l’armée, douze déménagements et finalement, l’envie de trouver un point d’ancrage.
Ce sera à Fismes où ce commandant de l’armée de l’Air, en charge du recrutement pour tout l’est de la France, s’établit avec son épouse et ses cinq enfants.
Il s’investit dans le club de foot où ses fils sont licenciés, devient assistant du coach et côtoie régulièrement des adolescents qu’il invite chez lui le week-end après les matches.
« Dès le départ, l’atmosphère était bizarre,considère la substitut du procureur ce mardi devant le tribunal judiciaire de Reims. Pourquoi un homme de 54 ans organisait-il des soirées avec des jeunes de 15 ans ? Moralement, ça interroge même si cela n’est pas répréhensible. En revanche, la série de faits qui en découle, l’est. »
« Je voudrais présenter mes excuses les plus sincères aux victimes »,
A déclaré en préambule celui chez qui les adolescents consommaient de l’alcool à outrance.
«Ça a vraiment débuté le jour de la fête de la musique (le 21 juin 2024, NDLR), admet R. J’ai fait un burn-out, j’ai commencé à trop boire, cela n’excuse rien. Je ne proposais pas d’alcool, juste une bière ou deux et après, ça a dérapé. »
Les jeunes invités boivent de la vodka, du whisky, du rhum.
Thibault (prénom d’emprunt) est dans la salle de bains, il se sent mal. R. va prendre de ses nouvelles.
«Il avait un pantalon taille basse, on voyait le haut de ses fesses, je l’ai touché pour mimer le sourire du plombier, rien de plus. »
La scène est filmée, « elle dure à peine deux secondes, on poursuit quelqu’un pour ça? Il n’y a aucun caractère sexuel », estime l’avocate du mis en cause, Me Guillaneux.
« Attiré par les hommes, pas par les jeunes garçons »
Quatre mois plus tard, Thibault participe à une autre soirée donnée pour les 7 ans du fils cadet du militaire.
On boit, encore. Et on joue. R. lance
« Thibault ne part pas tant que je ne l’ai pas violé ».
Puis les jeunes parlent d’un chifoumi.
« Celui qui perd, je l’enc… »
Thibault gagne. Commentaire de R. «Dommage, je voulais l’enc…»
«Je ne connais pas ce jeu », assure R.
«Pierre-feuille-ciseaux, si vous préférez », reformule la substitut du procureur.
« Ah oui. Je pense l’avoir dit. » Un autre adolescent rapporte qu’il lui a touché les fesses.
« On chahutait, j’ai dû le faire mais ce n’était pas le but recherché », explique celui qui concède « une attirance pour les hommes, pas pour les jeunes garçons ».
« Pas un prédateur », selon la défense
Plus tard dans la soirée, il suit Thibault dans la salle de bains.
«Je ne veux pas te faire peur mais j’aime les hommes et toi, tu me plais. Si tu veux faire quelque chose, viens à la maison »,
se souvient le jeune homme, ajoutant qu’il lui a touché les fesses.
« Je reconnais l’agression verbale, mais je ne l’ai jamais touché », répond R.
Thibault se met en tête d’obtenir des preuves de ce qu’il s’est passé, il fait en sorte que R. tienne les mêmes propos, la conversation est enregistrée.
« Je me suis rendu compte par la suite que ce que j’avais fait était extrêmement répréhensible », admet le prévenu.
Il prenait en photo le sexe des adolescents pendant qu’ils dormaient
Le lendemain, accompagné de sa mère, Thibault dépose plainte. R. est placé en garde à vue.
C’est alors que les enquêteurs découvrent dans son téléphone des photos de sexes masculins. Plusieurs des participants aux soirées se reconnaîtront sur ces clichés.
« Vous avez bien dû les toucher pour baisser leur caleçon alors qu’ils étaient endormis ? »
Interroge l’une des avocates des victimes. « Je me l’interdisais. »
« Vous êtes très fort », rebondit la substitut du procureur qui regrette « une reconnaissance des faits a minima et peu de prise de conscience » quand Me Guillaneux tenait à ce qu’on :
« Remette les pendules à l’heure (…). Mon client n’est pas un prédateur dangereux. Ces jeunes venaient chez lui de leur plein gré et se servaient eux-mêmes en alcool. Il y a cette histoire de sourire du plombier et quatre mois plus tard, Thibault participe à une autre soirée : il ne se sentait pas en danger, personne ne se sentait en danger », insiste celle qui parle d’un homme « à la carrière exemplaire, qui a beaucoup perdu sur le plan professionnel (il a été suspendu lorsque les faits ont été révélés, NDLR) et personnel. »
Le tribunal l’a reconnu coupable de l’ensemble des faits qui lui étaient reprochés et l’a condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis probatoire pendant deux ans.
Il devra suivre des soins et indemniser les victimes, qu’il a l’interdiction de contacter.
Les juges ont également prononcé une interdiction définitive d’exercer toute activité impliquant un contact avec les mineurs ainsi que son inscription au Fichier national des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.
Le militaire a dix jours pour faire appel de cette décision.
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