Cambonet | Benjamin Brogniart condamné à 12 ans de prison pour le viol de sa belle-fille

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L’accusé reconnaît les faits de viols et d’agressions sexuelles incestueuses sur ses trois enfants
Benjamin Brogniart était accusé du viol de sa belle-fille, de corruption de mineurs et d’agressions sexuelles sur ses trois enfants. Le procès de ce jeune père de famille s’est terminé vendredi à Albi. Il encourait jusqu’à 20 ans de prison.

Mise à jour du 23 Avril 2022 :

Le verdict est tombé vendredi soir au terme de trois heures de délibéré. La cour d’assises du Tarn a suivi les réquisitions de l’avocat général, Claire Marie de Agostini, en condamnant Benjamin Brogniart à 12 ans de réclusion criminelle pour le viol de sa belle-fille. Il a également été reconnu coupable de corruption de mineurs et d’agressions sexuelles, sur cette dernière et sur ses trois enfants.

Les faits qui lui sont reprochés – et qu’il a reconnu lors de l’enquête puis à l’audience – se sont étalés entre 2009 et 2019. D’abord sur sa belle-fille puis successivement sur ses deux filles et sur son petit garçon.

La peine d’emprisonnement sera suivie d’un suivi socio-judiciaire pendant 7 ans, d’une injonction de soins, l’interdiction d’entrer en contact avec les victimes et le retrait total de l’autorité parentale.

L’avocate des parties civiles, Me Correia Barberis, s’est dite satisfaite du verdict.

“C’est une peine qui a du sens, qui permettra aux victimes de s’apaiser, de tourner la page et de se reconstruire”.

Plus tôt dans la journée, c’est la personnalité de Benjamin Brogniart qui était au centre des débats pour cette deuxième journée d’audience. Un homme décrit comme timide, introverti, frustré sexuellement et en proie à l’alcoolisme depuis de nombreuses années. Les expertises psychologique et psychiatrique de l’accusé n’ont pas relevé de troubles ayant pu altérer son discernement au moment des faits.

Dans ses réquisitions, l’avocat général avait estimé que la peine demandée était adaptée à la situation de l’accusé, sans antécédents judiciaires, qui travaille et qui est en mesure de se faire soigner.

Indemnisation des victimes

Un argument repris dans sa plaidoirie par l’avocat de la défense, Me Sénié-Delon, qui a demandé aux jurés de renforcer le suivi socio-judiciaire, affirmant que Benjamin Brogniart n’est pas un prédateur sexuel et que ses agissements se sont limités au cadre familial. “Il a 39 ans, il aura nécessairement un avenir”. Me Sénié-Delon a indiqué que son client ne compte pas faire appel de sa condamnation.

À l’issue du verdict, la cour s’est prononcée sur l’indemnisation des victimes et a condamné Benjamin Brogniart à verser 8000 € à chacune de ses filles, 6000 € à son fils et 5000 € à leur mère. Les magistrats ont également ordonné une expertise psychiatrique sur sa belle-fille pour estimer le préjudice subi.

 

Article du 22 Avril 2022:

Le premier jour du procès de Benjamin Brogniart, accusé du viol de sa belle-fille, de corruption de mineurs et d’agressions sexuelles sur ses trois enfants, a permis de reconstituer les faits.

Les parties civiles n’ont pas demandé le huis clos.

Dans le box des accusés, le père de famille de 39 ans reste tête baissée.

D’allure frêle, les épaules légèrement voûtées, Benjamin Brogniart semble presque absent lorsque les parties civiles, les experts et les témoins se succèdent à la barre pour le premier jour de son procès ce jeudi devant les Assises du Tarn.

Comme lors de son audition par les gendarmes en mai 2019, il a reconnu l’essentiel des faits : les viols de sa belle-fille au domicile familial de Cambonet-sur-le-Sor, les attouchements sexuels sur cette dernière et sur ses trois enfants, les vidéos pornographiques qu’il leur faisait regarder sur son téléphone.

Les faits se sont étalés dans le temps, à partir de 2009 pour sa belle-fille, et jusqu’en 2019 pour le petit dernier, alors âgé de 5 ans.

“À tour de rôle, jamais deux enfants en même temps”, a rappelé à la barre l’enquêteur qui a pris l’affaire en charge lors du dépôt de plainte de la mère en avril 2019.

Le président Guillaume Roussel parle d’ailleurs d’une “mécanique” qui semble avoir été mise en place par l’accusé : d’abord le visionnage de vidéos pornographiques, puis des attouchements et, dans le cas de sa belle-fille uniquement, des viols.

La mère des enfants, qui s’est constituée partie civile, est venue témoigner à la barre d’une voix claire, sans trembler et sans un regard pour son ex-mari avec qui elle s’est séparée en janvier 2018 :

“Je me suis sentie coupable, je n’ai pas su voir ce qui se passait. Je veux qu’il soit puni pour ce qu’il a fait”.

Elle-même n’a pris connaissance qu’aujourd’hui de certains détails, notamment concernant son aînée, Elodie*, belle-fille de l’accusé.

Cette dernière, qui est maintenant majeure, est aussi partie civile mais n’a pas assisté à ce premier jour d’audience.

“Elle n’était pas en état de venir, elle est sous cachets depuis une semaine pour éviter les crises”, explique sa mère.

Au-delà de la restitution des faits, la question de la reconstruction de cette famille brisée était aussi au cœur des échanges. Le président a d’ailleurs souligné l’importance pour les enfants comme pour leur mère d’un suivi psychologique, qui n’a pas été assuré de manière pérenne depuis le déclenchement de l’affaire.

Cette première journée d’audience s’est terminée par la prise de parole de l’accusé.

D’une voix mal assurée, presque inaudible et entrecoupée de sanglots, Benjamin Brogniart a affirmé regretter ses actes.

“Avec le recul, je sais maintenant que ce que j’ai fait était horrible”.

Malgré les relances du président, il n’a néanmoins pas été capable d’expliquer pourquoi il a agi de la sorte. L’audience qui se poursuit vendredi avec les enquêtes de personnalité permettra peut-être d’apporter certaines réponses.

*le prénom a été modifié

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