
Saint-Valery-en-Caux | six ans ferme pour un surveillant pédo
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
non
- 19/09/2025
- 21:57
Catégories :
Mots clés :
- 76 l Seine-Maritime, Agression Sexuelle sur Mineur, collège Jehan-le-Povremoyne, Corruption de Mineur, FIJAIS, Interdiction De Contact Avec Victime, Interdiction de travailler au contact de mineurs, Obligation de Soins, Pédocriminalité, Prison Ferme, Rouen, Saint-Valery-en-Caux, Surveillant de collège, Tribunal Correctionnel

Au premier jour du procès d’un ancien surveillant du collège Jehan-le-Povremoyne à Saint-Valery-en-Caux, accusé de multiples faits d’agression et de corruption de mineurs, celui-ci avait tenté de minimiser les faits, en avait nié d’autres, ou tenté d’expliquer qu’il n’était alors pas conscient de leur gravité.
D’emblée au second jour de l’audience correctionnelle au tribunal de Rouen, Gaëtan*, 29 ans, a voulu revenir sur ces explications pour le moins hasardeuses et peu compréhensibles chez les victimes et leurs proches.
« Je reconnais l’intégralité des faits qui me sont reprochés. »
« Hier j’ai eu du mal à m’exprimer, avec le stress, la pression, déclare-t-il dans le box des accusés. Mais que ce soit clair, je reconnais l’intégralité des faits qui me sont reprochés. »
Un premier pas vers les victimes.
À la barre, Sandrine*, mère d’un des enfants victimes d’actes particulièrement abjects, a commenté :
« Il vient de reconnaître l’intégralité des faits — réitérés sur toute une année — mais ça n’effacera pas les conséquences de ses actes sur lui [son fils] et sur toute la famille. Cela a entraîné un déménagement brutal, j’ai souhaité délocaliser mon fils de la Seine-Maritime, lui et moi-même avons été diagnostiqués en stress post-traumatique, et je reprends mon travail en mi-temps thérapeutique. »
En pleurs, une autre maman témoigne en s’adressant directement à l’accusé, lisant difficilement quelques phrases écrites sur une feuille de papier.
« Tu lui as retiré son innocence, il n’arrivait plus à aller au collège, il a redoublé, il a changé trois fois de collège, tu lui as pourri sa vie, la nôtre, j’ai dû me séparer de son papa. »
Du côté des parties civiles, Me Yaël Godefroy, l’une des avocates, prend acte des propos de l’accusé :
« La déclaration liminaire de Gaëtan est importante, chacun devra digérer l’information ».
Tout en rappelant que les actes commis se « trouvaient aux confins du sordide », certains pouvant même être considérés comme des « viols réitérés » — ce que la justice n’a pas retenu dans son acte d’accusation.
« Je crois en ce moment de justice, la honte a changé de camp »
Autre avocate de plusieurs victimes, Me Cécile Madeline, estime :
« Ce procès est très important, la justice aide à réparer. Les aveux arrivent un peu tardivement, et on peut douter de leur sincérité. […]. Il reconnaît la matérialité des faits, mais ce qu’on a envie d’entendre, c’est qu’il a des problèmes de nature sexuelle, qu’il est attiré par les enfants, et ce qui les attire ce sont les plus jeunes. Il a tout le profil d’un pédocriminel : il faut qu’il purge sa peine et se soigne. »
Les abus sexuels sur les enfants sont une arme de destruction massive. Mais je crois en ce moment de justice, la honte a changé de camp.
Me Cécile Madeline
Du côté du ministère public, la substitut du procureur Marine Ugen décrit un homme qui
« avance à pas de loup, apprivoise les enfants, obtient leur confiance, repère les plus fragiles et les moins méfiants, pour ensuite, passer à l’attaque. […] Il y a effraction de la sexualité adulte dans le monde de l’enfance »
La procureure met en avant des aspects particulièrement inquiétants dans le parcours et le profil de l’accusé : la longévité des faits et leur caractère sériel ; le développement d’un sentiment d’impunité ; la gravité des faits et le jeune âge des victimes ; les répercussions à vie des agressions sur les victimes ; la constitution d’un mode opératoire pour pouvoir agresser les enfants ; une dangerosité certaine avec risque de récidive ; l’absence totale de remise en cause ; la conscience d’enfreindre la loi ; l’attirance/pulsions pour les enfants.
La magistrate a cependant retenu deux points positifs, « les seuls » souligne-t-elle : l’absence d’antécédents judiciaires et le fait qu’il travaillait auparavant, gages d’une réinsertion possible après la prison.
« La peine doit servir aux victimes et aussi à le soigner »
En conséquence, elle requiert une peine de 6 ans d’emprisonnement et « surtout un suivi socio judiciaire pendant 7 ans [avec 5 ans de prison s’il le viole] ».
Ce suivi implique : l’injonction de soins ; l’obligation d’indemniser les parties civiles ; l’interdiction de paraître à Saint-Valery-en-Caux et Saint-Pierre-de-Varengeville ; l’interdiction d’être en contact avec les victimes ; l’interdiction de travailler avec des mineurs à titre définitif ; l’inscription au Fijais (fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes).
Du côté de la défense, l’avocate Me Claudie Alquier a mis en avant :
« C’est vrai qu’hier il a maladroitement donné l’impression qu’il n’avait rien à faire des faits. On ne lui a pas appris à avoir les mots. […] Depuis deux ans qu’il est incarcéré, il est brisé, vide d’émotions, parce que terriblement malheureux et incapable de le dire. La peine doit servir aux victimes et aussi à le soigner. Il est capable d’évoluer, en prison il a eu un examen et il travaille. »
Au final, le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public, les 6 ans de prison, le suivi socio judiciaire, etc. Par ailleurs, Gaëtan devra indemniser de nombreuses victimes et proches au titre du préjudice moral, portant le montant total des indemnisations à plus de 90 000 euros.
*Les prénoms ont été modifiés
Source(s):