Hérault | 16 ans de réclusion criminelle pour le cinéaste Olivier Vidal accusé de viols sur mineurs

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Il leur a fait miroiter le festival de Cannes
Olivier Vidal a participé à des ateliers cinéma avec des adolescents, intervenu dans des colonies de vacances, et s’est introduit dans des familles juives puis évangélistes, ainsi que dans l’entourage de jeunes passionnés de cinéma.

Les faits se sont étalés de 2001 à 2021, à Montpellier et à Paris.

Juste avant le temps du verdict, ce vendredi 11 avril à la cour criminelle de l’Hérault, Olivier Vidal tente une dernière fois de rassurer.

“Je tiens juste à exprimer de manière sincère mes regrets, pour toutes ces vies brisées. Évidemment, l’après ne sera plus comme le passé” insiste-t-il à deux reprises, comme pour mieux conjurer un avenir carcéral qu’il pressent sombre.

Il leur a fait miroiter le festival de Cannes

Car pèsent encore sur chacun ces trois jours forts en émotion, ces douze jeunes victimes venues dire, avec intelligence, nuance et sensibilité, à quel point ils sont sortis abîmés de l’avoir croisé, quand ils avaient 10 ou 12 ans.

Un homme qui leur a fait miroiter les feux de la rampe et du festival de Cannes, pour mieux les attirer dans son lit, et profiter de leur corps, dans l’obscurité et le secret.

Olivier Vidal est accusé de viol aggravé sur trois d’entre eux, d’agressions sexuelles sur cinq, de corruption de mineurs sur tous. Il risque vingt ans de réclusion.

“Ils constituent la mémoire collective des victimes d’un agresseur d’un type un peu particulier, qui a sévi pendant près de 20 ans, passant de l’un à l’autre, jusqu’à leur date limite de consommation, et qui est parti sans un regard pour la terre brûlée laissée derrière lui, parce qu’il avait pris tout ce qui l’intéressait” résume Me David Chaigneau, partie civile.

“Un homme accusé de faits multiples, sans qu’on connaisse le patient zéro” relève Me Abratkiewicz à sa suite, avec “cette séduction douce, cette gentillesse”, si efficace face “au point commun qu’ont tous ces gamins, leur fragilité.”

“Il a eu des propos dégueulasses”

Et l’avocate générale Nathalie Bany, qui descend curieusement de sa chaire pour requérir à la barre, tournant le dos au public, dont elle est symboliquement la voix, et aux parties civiles, n’est pas tendre à son tour.

“Il a eu des propos dégueulasses à l’encontre de chacun, il n’en a épargné aucun. C’est la deuxième fois en trente ans de métier que je vois un accusé se comporter à l’audience en prenant la peine de les salir tous l’un après l’autre” insiste la magistrate.

Pour elle, la peine est quasiment au maximum : 18 ans d’enfermement, et dix de plus de suivi sociojudiciaire, avec six ans de plus à purger, en cas d’écart de conduite.

Tâche difficile pour la défense

Pour la défense, la tâche est rude. Me Rémy Bertrand tente de dresser un autre portrait de l’accusé, que celui qui s’est esquissé au fil des débats. Il repart à la source de sa personnalité et de son histoire familiale. 

“Pour moi, l’histoire commence par un secret de famille, celui d’une femme très pieuse qui rencontre l’amour avec un danseur sud-américain en Angleterre, et qui rentre avec un enfant qui va naître hors mariage. Il faut rester discret, et arrive celui-là qui ne veut pas passer inaperçu, et qui dès ses quatre ans, pousse des cris et fait des grimaces.”

Atteint du syndrome de Gilles de la Tourette, Olivier Vidal a eu très tôt du mal à s’intégrer.

“Il se construit dans le rejet la souffrance la honte de lui”. Il n’est pas “un manipulateur, un usurpateur qui tisse une toile d’araignée par son charisme. C’est un homme chétif, fébrile qui s’exprime de façon très confuse. Lui, dans sa psyché, il tombait amoureux. Il ne peut pas concevoir qu’il aurait forcé, menacé, contraint ces jeunes”.

Me Vincent Paliès, à sa suite, tente de contrer sur le terrain du droit les accusations de viol, alors que les parties civiles ont presque toutes quitté la salle.

Il rappelle que le consentement n’est toujours pas inscrit dans notre loi, que “des jurisprudences incertaines” se sont succédé, avant que la différence d’âge soit enfin synonyme, en 2021, d’une contrainte exercée sur l’enfant.

“Vous allez devoir décider s’il doit être condamné à une peine presque similaire à celle de M. Pelicot.”

Deux heures après, la cour tranche : seize ans de réclusion, sept ans de suivi sociojudiciaire, et une interdiction définitive de toute activité avec des mineurs, qu’elle soit professionnelle ou bénévole.

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