Nantes | François Vergniaud condamné à perpétuité pour le viol et meurtre d’une ado

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“Ce qui me reste, c’est une petite tombe, des fleurs à aller déposer, sur un bout de caillou”
Un homme de 50 ans est jugé depuis ce vendredi devant la cour d’assises de Loire-Atlantique

François Vergniaud est accusé du viol et du meurtre de Céleste le 20 août 2020, à Nantes.

L’accusé a déjà été condamné en 2005 à Poitiers à 18 ans de prison pour une dizaine de viols, tentatives de viols et agressions sexuelles sur des jeunes femmes.

Avec toujours le même mode opératoire : il attend sa victime dans la rue, lui demande de l’aider à monter un colis dans son appartement, avant de la violer.

Le procès s’est ouvert dans une atmosphère emplie d’émotion.

Et par une image très forte.

La salle d’audience est pleine ce vendredi matin, au démarrage du procès de François Vergniaud, jugé pour le viol suivi de meurtre d’une jeune fille de 15 ans, à Nantes.

Céleste était partie chercher un colis ce 20 août 2020, dans le quartier Talensac.

Elle n’est jamais rentrée chez elle.

Au moment où la sonnerie retentit, à l’ouverture de l’audience, une partie de la salle se lève en brandissant une feuille blanche.

Sur certaines est écrit: “la loi doit changer”, sur d’autres figure une photo de Céleste.

Des photos qu’on retrouve sur le tee-shirt blanc arboré par la famille, les amis.

On la voit, à différents âges, sur la plage, en tutu de danse ou tout simplement souriante.

En face, dans le box, l’accusé baisse la tête.

Des cheveux bruns grisonnant, le crâne légèrement dégarni et barbu.

Un physique tristement banal.

François Vergniaud, 50 ans, reconnaît l’intégralité des faits. Et ils sont terribles.

La présidente de la cour en fait la lecture de longues minutes durant.

L’adolescente a tenté de raisonner son agresseur en lui disant qu’il pourrait être son père

L’homme, en couple depuis plusieurs années, est venu en repérage à Nantes deux jours avant de commettre son crime.

Il a dans sa voiture des liens de serrage, de l’eau de javel et des allumettes.

Et il attire Céleste dans un immeuble en travaux, au fond d’une cour, rue Adolphe Moitié, prétextant un colis trop lourd à porter seul.

Il attache ses poignets au niveau des genoux et la viole.

La jeune fille a vécu un long supplice, elle a même tenté de raisonner son agresseur en lui disant qu’il pourrait être son père.

Pendant l’instruction, François Vergniaud a répété, comme en garde à vue, qu’il n’avait pas l’intention de tuer l’adolescente.

S’il l’a étranglée avec une sangle, c’est, a-t-il expliqué, pour qu’elle cesse de crier.

Quant à la javel, c’est pour effacer toute trace de son ADN sur le corps de la jeune fille.

Mais, quand il a vu qu’elle ne bougeait plus, il est reparti chercher dans sa voiture des allumettes et a mis le feu dans l’appartement désaffecté, avant de prendre la fuite.

Il a expliqué avoir attiré la jeune fille dans l’immeuble “pour assouvir une pulsion”

L’accusé a grandi dans la Vienne, dans une famille sans histoires au milieu de trois sœurs, avec un père maçon et une mère au foyer.

Il obtient, à l’issue de ses études, un brevet de technicien agricole.

Il est apprécié de ses différents employeurs:

« Pas une grande assurance mais un peu nounours », dit l’un d’eux.

A l’opposé, donc, du prédateur qui attire Céleste dans un immeuble délabré, “pour assouvir une pulsion” comme il l’a raconté au juge d’instruction.

Il a expliqué aussi que “du fait de l’absence de sa compagne l’été 2020, il avait surconsommé des vidéos à caractère pornographique”.

C’est la seule aujourd’hui qui lui rend visite en prison.

C’est aussi la seule femme, avec qui François Vergniaud a entretenu une relation sentimentale.

Il l’a rencontrée lors d’une formation, en 2015, après son aménagement de peine et sa sortie de détention.

Car l’accusé a déjà été condamné en 2005 à Poitiers à 18 ans de prison pour une dizaine de viols, tentatives de viols et agressions sexuelles sur des jeunes femmes.

Avec toujours le même mode opératoire : il attend sa victime dans la rue, lui demande de l’aider à monter un colis dans son appartement, avant de la violer.

“Céleste était une jeune fille pleine de vie” – le cri de douleur de sa mère devant la cour d’assises à Nantes.

Une première journée chargée en émotion devant les assises de Loire-Atlantique.

L’individu déjà condamné pour de multiples viols en 2005, François Vergniaud, 50 ans, est jugé pour le viol et le meurtre de Céleste, une adolescente de 15 ans, à Nantes, en août 2020.

Il venait de sortir de prison et était en liberté conditionnelle.

En fin de journée, sa mère a pris la parole. Un cri du cœur déchirant.

À l’ouverture du procès déjà, vendredi matin, la famille et les proches de Céleste ont brandi des photos de la jeune fille et réclamé justice.

Mais cette première journée d’audience s’est terminée par un moment encore plus fort.

La maman de l’adolescente, violée et tuée par un homme en état de récidive, a témoigné à la barre.

Et c’est toute la douleur d’une mère qui a résonné dans la salle d’audience.

Une douleur encore accentuée certainement par l’horreur des photos diffusées, quelques dizaines de minutes auparavant.

Avec, à plusieurs reprises, le visage tuméfié de sa fille de 15 ans.

“Céleste”, raconte sa mère, “était une jeune fille pleine de vie”

“Et elle rencontre ça”, dit-elle en pointant son doigt rageur vers François Vergniaud, tête baissée, dans le box des accusés.

“J’ai de la colère depuis quatre ans. Quinze viols, douze ans de prison, il ressort. Mais tout va bien”, assène-t-elle.

Deux agents policiers, en faction dans la rue Adolphe Moitié le jour du meurtre, voient un individu entrer, sortir de l’immeuble [où il a tué Céleste] avec des sacs.

“Mais tout va bien”, répète-t-elle sur un mode ironique.

“On était une famille très heureuse, ce ne sera plus jamais le cas”, raconte cette maman de trois enfants.

“Ce qu’on attend”, ajoute la mère meurtrie, “c’est plus jamais ça : ces viols, meurtres, pour ne pas dire assassinats.”

“Mais tout va bien”, lance-t-elle, une dernière fois.

La salle d’audience se lève et l’applaudit. Sans être interrompue par la présidente de la cour d’assises.

Elle aussi semble marquée par le témoignage de cette maman à jamais inconsolable.

Au deuxième jour du procès de François Vergniaud devant la cour d’assises de Loire-Atlantique, la justice s’est attardée ce lundi sur la personnalité de l’accusé.

La justice s’est penchée sur son propre fonctionnement ce lundi aux assises de Loire-Atlantique, à Nantes.

François Vergniaud, est jugé pour le viol et le meurtre de la jeune Céleste en 2020, et cette deuxième journée d’audience a commencé par une mise au point, après une fin de journée agitée vendredi soir.

“Je comprends l’émotion, je comprends la colère, je comprends la défiance envers la justice, je peux comprendre que l’on ne me fasse pas confiance, mais toutes les personnes qui ont assisté à des procès que j’ai dirigés, savent que je ne fais pas de compromis, je n’ai pas l’intention de laisser quoi que ce soit sous le tapis”, a lancé Laurence Delhaye, la présidente de la cour.

Elle en a profité pour faire preuve de fermeté, suite aux applaudissements lancés vendredi soir, et à des “propos injurieux tenus à l’encontre du conseil de la défense”.

Des attitudes qui ne peuvent pas “se reproduire”.

Un “suivi” socio-judiciaire

La cour devait se pencher ce lundi sur la personnalité de François Vergniaud, les cheveux gris, les yeux toujours rivés vers le sol et déjà condamné en 2005 pour plusieurs faits de viols.

Avec le premier témoin, les questions ont porté sur le fonctionnement du système judiciaire, particulièrement sur le suivi socio-judiciaire.

La conseillère d’insertion et de probation qui suivait l’accusé a été convoquée à la barre.

La voix calme, parfois tremblante, elle a détaillé pendant une heure et demie les rouages de ce suivi.

D’abord des rencontres mensuelles, puis une fois tous les deux mois, et enfin des entretiens trimestriels.

Pendant quatre ans, elle a suivi le parcours de cet homme, salarié en CDI, depuis sa remise en liberté en 2015, il vit avec sa compagne dans une maison.

Cette conseillère a son premier contact avec François Vergniaud en mars 2016, le dernier le 26 juin 2020, seulement quelques semaines avant le viol et le meurtre de Céleste.

“Notre mission principale, c’est d’éviter la récidive”, a confié à la barre la conseillère.

Un mot qui résonne particulièrement dans la salle d’audience, alors que l’accusé a déjà commis des faits de viols.

“On sait que ça peut arriver (…) on fait tout pour que ça n’arrive pas”

“Est-ce que vous pensez que ces signaux existaient et que vous ne les avez pas détectés, ou est-ce qu’il l’aurait bien dissimulé ?”, demande la présidente de la cour.

“On n’est pas à l’abri d’une manipulation, on se base beaucoup sur les déclarations de la personne, on peut passer à côté. Après, nous sommes quatre personnes à effectuer le suivi, personne n’avait rien remarqué”, répond la conseillère.

Déjà un peu plus tôt, au fil des questions, l’aspect déclaratif avait été soulevé, ce qui “est une limite”, avait-elle reconnu à la barre.

Dans une audition devant les enquêteurs, elle se souvient du moment où elle comprend que cet homme déjà condamné est repassé à l’acte.

La conseillère rentrait de vacances, et à la radio, elle entend l’information d’un viol et d’un meurtre à Nantes, commis par un multirécidiviste :

“J’ai pas compris. Il n’y a rien qui avait pu m’alerter, forcément ça bouleverse”, s’ensuit une longue pause, prise par l’émotion, à quelques mètres des membres de la famille de la victime, assis au premier rang, vêtus de tee-shirts blancs avec la photo de Céleste dessus.

“On sait que ça peut arriver, dès notre formation on nous le dit. On fait tout pour que ça n’arrive pas, mais du moment que le travail est humain, ça peut arriver”, abonde cette femme à la barre.

L’audition terminée, elle sort rapidement de la salle, les yeux remplis de larmes.

Relation de la famille de Céleste avec le bourreau de leur fille.

Lors de cette deuxième journée de procès, la famille et la compagne de l’accusé ont témoigné longuement de leur relation avec cet homme, déjà condamné pour des faits de viols.

Elles défilent toutes, une par une à la barre : des sœurs, la mère et la compagne de François Vergniaud.

Toutes avec des mots lourds, toutes très émues, parfois même “désolée” de n’avoir rien vu avant que l’accusé ne repasse à l’acte en 2020.

 Les sœurs de l’accusé

Après une matinée où le suivi socio-judiciaire a été questionné, la cour d’assises a entendu plusieurs proches de l’accusé ce lundi après-midi.

D’abord, deux de ses trois sœurs sont venues à la barre pour raconter leurs liens avec leur frère.

La plus jeune de la fratrie, âgée de 47 ans, avant même de pouvoir prononcer les premiers mots, pleure, sanglote énormément.

Derrière ses grandes lunettes rondes, les yeux embués, elle décrit une “enfance normale, on a manqué de rien”.

Elle décrit son frère comme posé, gentil, blagueur, loin du prédateur sexuel condamné en 2005.

Au moment de la première interpellation en 2003 “on s’est dit que les gendarmes s’étaient trompés”, abonde-t-elle.

Depuis, la vie avait repris, “il n’y avait rien qui attirait l’attention”, et après cette nouvelle interpellation en 2020, elle ne l’a plus jamais revu, et “il n’y aura plus jamais” de contact.

Avant de partir, elle dit calmement :

“Faites ce qu’il faut, qu’il ne ressorte plus jamais”

Puis, en quittant, elle lance un regard furtif vers le box, et ne rencontre que le crâne légèrement dégarni de l’accusé, les yeux toujours rivés vers le sol.

Puis c’est au tour d’une grande sœur de François Vergniaud.

Cette infirmière se souvient aussi du coup de fil en 2003 – pour la première interpellation – , celui d’un journaliste qui lui apprend que son frère a été arrêté :

“Le ciel nous est tombé sur la tête”

Elle raconte ce que l’accusé qualifie de “pulsions” à propos de ces passages à l’acte, sans plus d’explications.

Lors de l’arrestation de François Vergniaud en 2020, pour la mort de Céleste, sa grande sœur décrit un sentiment de trahison.

“On a accepté de l’aider à se réintégrer, et je pensais que comme il avait son suivi avec le psychiatre, ça pouvait marcher, il avait l’air heureux avec sa compagne et reconstruit, lance-t-elle. Je suis de tout cœur avec la famille, si on avait eu des signes, on se serait manifesté, il avait l’air heureux, ils avaient l’air heureux avec sa compagne.”

“Il n’aurait pas dû faire ça”

Sa mère est aussi venue témoigner à la barre, émue.

Elle dit avoir eu quelques contacts avec son fils, assez peu.

Une petite dame, aux cheveux blancs, emmitouflée dans une doudoune rose.

“Il n’aurait pas dû faire ça, je ne sais pas d’où ça vient, je ne vois pas d’explications”, lance-t-elle, les larmes aux yeux.

Elle n’est pas allée le voir en détention et ne compte pas y aller.

Enfin, la compagne de François Vergniaud au moment des faits prend la parole.

D’elle-même, elle retrace leur relation, de la rencontre lors de la formation que l’accusé suivait au moment de sa remise en liberté.

“C’est quelqu’un de très gentil, c’est rare de voir quelqu’un d’ouvert, de gentil, qui nous aidait. Quand il m’a fait la cour, je lui ai fait comprendre que non, ça ne me disait rien, j’avais perdu mon époux en 2009”, lance-t-elle, masque chirurgical sur le visage, car elle se dit “souffrante”

“Je suis désolée”

Au fil des mois, ils ont continué à se fréquenter, puis démarrent une relation amoureuse.

Elle savait qu’il avait fait de la prison, mais elle n’a su que plusieurs mois plus tard, via sa famille, les raisons de son incarcération :

“J’ai demandé des détails, là, j’ai compris qu’il avait abusé des filles, des jeunes femmes.”

L’interpellation au domicile familial en 2020 reste comme un choc, elle n’arrivait pas à y croire “jusqu’à ce que la police dit « il a avoué », je suis tombée des nues, j’ai eu comme une déchirure au fond de mon âme.”

Elle a du mal à finir sa phrase. Au même moment dans le box, l’accusé prend sa tête entre ses mains, les larmes coulent sur ses joues.

“Je n’arrive pas à comprendre. Je n’ai rien vu. Je suis désolée. Je n’ai rien soupçonné”, dit son ancienne compagne devant la cour.

Comme le sentiment de porter une responsabilité dans le parcours de François Vergniaud.

Dans la foulée, elle s’est attardée sur leur intimité, des relations sexuelles une à deux fois par semaine, “normales”, sans demandes “spéciales”, si elle n’avait pas envie, il ne se passait “rien du tout, il se tournait, dormait, il ne m’a jamais forcé, même pas un petit peu”, elle continue et assure qu’il n’a “jamais été violent”.

Son ancienne compagne s’excuse encore une fois, en sanglotant, avant de quitter la salle d’audience.

L’accusé prend la parole, confie n’avoir “que des regrets” avant d’ajouter “j’en suis le seul responsable”.

Au troisième jour du procès de François Vergniaud, accusé du viol et du meurtre de Céleste à Nantes, des experts psychologues et des psychothérapeutes sont venus décrypter la personnalité de cet homme déjà condamné pour plusieurs viols en 2005, décrit avec “peu d’empathie et une froideur affective”.

François Vergniaud se tient encore la tête baissée dans le box vitré de la salle d’audience de la cour d’assises de Loire-Atlantique.

Ce mardi 29 octobre, deux expertes psychiatres auprès de la cour d’appel de Rennes et celle d’Angers ont témoigné à la barre pour décrypter la personnalité de celui qui est accusé du viol et du meurtre de la jeune Céleste à Nantes le 20 août 2020.

“Une enfance normale, comme l’adolescence, sans aucune trace de violences”, dit l’une des psychiatres devant le jury.

Toute la matinée, les deux médecins détaillent le rapport qu’elles ont réalisé après la seconde incarcération de ce multirécidiviste décrit avec “peu d’empathie et une froideur affective”.

“Une personne avec deux facettes”

Elles reviennent sur l’état d’esprit de François Vergniaud en août 2020, et les jours qui ont précédé son “passage à l’acte”, alors qu’il était en vacances à ce moment-là.

Il disait “ressentir pas mal d’ennui”.

Alors l’accusé serait “resté très souvent chez lui à regarder beaucoup de porno. Il avait des idées obsédantes.

Dans la journée, il pouvait sortir faire les courses et prenait des photos de jeunes femmes qu’il trouvait jolies, puis regardait ses photos au domicile”

Des descriptions inquiétantes, qui constituent des signaux d’alerte, avec des “scenarios de viols” qui s’installent dans la tête de l’accusé, mais devant les psychologues qu’il voit à l’époque, il dit qu’il va bien et ne dit rien de ces angoisses là.

Depuis sa sortie de prison, en 2015, il ne dit pas toute la vérité pendant les consultations médicales, imposées par le suivi socio-judiciaire.

Il consommait des vidéos pornographiques, dans des quantités de plus en plus importantes au fil des années, avec des contenus de plus en plus violents, jusqu’à des scenarios de viols.

Il rencontrait aussi des escorts durant toute cette période.

Tout cela reste caché, par souci de contrôler son image, et par un mécanisme psychique — “le clivage” — qui n’est pas une maladie mentale, d’après le rapport psychiatrique.

Il s’agit d’un procédé inconscient qui repose sur la “coexistence, une personne scindée en deux, comme une barrière étanche avec un moi en lien avec l’extérieur —ce que les autres attendent — et un moi plus profond, fait d’angoisses archaïques, extrêmement mortifères, c’est celui qui va œuvrer dans le passage à l’acte.

C’est une personne avec deux facettes.

Une description qui explique l’absence d’alertes par les professionnels de santé en charge du suivi de François Vergniaud.

“Il a bousillé notre vie” – Une journée très émouvante ce mercredi à la cour d’assises de Loire-Atlantique.

La famille et les amis de Céleste sont venus témoigner à la barre pour raconter l’histoire de cette jeune violée et tuée en août 2020 à Nantes.

Des témoignages égrenés devant un accusé impassible dans le box.

Depuis le début du procès, la famille et les amis de Céleste sont au premier rang, serrés les uns et les autres, avec leurs t-shirts blancs où la photo de cette jeune se dresse au milieu.

Ce mercredi, ils sont venus à la barre de la cour d’assises de Loire-Atlantique à Nantes pour témoigner, raconter qui était cette jeune fille, violée et tuée le 20 août 2020, mais aussi comment leur “vie a basculé” depuis cette journée d’été.

Dans le box, l’accusé, François Vergniaud, déjà condamné pour des viols en 2005, est resté de marbre.

“Ce monstre est entré”

C’est d’abord une des amies de Céleste qui est venue à la barre, une camarade de classe de son lycée en filière tapisserie.

“Elle était pour moi un moteur, une âme forte dans le corps d’une fille de 15 ans, on savait s’amuser, mais on était consciente du danger, on avait la peur de rentrer seules la nuit, la peur de se faire accoster”, raconte cette jeune femme aux grandes lunettes carrées derrière lesquelles coulent des larmes.

Puis, elle raconte un souvenir, celui d’un voyage scolaire où les deux filles marchaient dans la rue, lorsque Céleste avait remarqué “un homme un peu étrange”, elle avait alors saisi le bras de son amie pour changer de côté de la rue.

À la barre, cette camarade y a repensé et aurait aimé “lui tenir le bras ce 20 août pour qu’on puisse continuer de marcher sans crainte.”

Depuis, “le temps s’est arrêté”, comme dit cette jeune femme à la barre, la voix qui s’emballe en racontant tous ces souvenirs.

C’est le père de Céleste qui est venu lui aussi raconter sa fille, “cet enfant, ce petit être très gai, le rocher sur lequel on pouvait s’appuyer”, détaille ce commercial en arrêt de travail.

Cette adolescente “scintillait” jusqu’au moment où “ce monstre est entré”, dit-il en fixant du regard le box, alors que l’accusé fixe toujours le sol.

Des témoignages égrenés devant un accusé impassible dans le box.

 “L’État a failli”

“Il a bousillé notre vie, il a bousillé la vie de ma gamine, continue le père, envahi par les sanglots. Je vous épargne l’attente douloureuse du corps de ma fille qui sortait de l’institut médicolégal, on a attendu quelques jours, je l’ai récupérée, saccagée, défigurée, brûlée, tout ça pour cette putain de ‘pulsion’, il se cache derrière son petit doigt, mais quand on est un homme, on s’assume monsieur.”

Depuis ce 20 août, cet homme aux cheveux gris, bien peignés, suit un traitement médicamenteux avec des rendez-vous chez un psychiatre, il s’emporte même en direction de l’accusé, “je vois plus de psy depuis quatre ans que ce monsieur”, et dénonce le suivi socio-judiciaire imposé à cet homme déjà condamné.

Ce père de famille se dit “en colère”, face à la personnalité de l’accusé, “l’État a failli”, dit-il.

“J’aimerais que la mort de ma fille ne soit pas vaine, elle a arrêté cet homme quelque part, plus jamais nos filles ne seront attrapées par cet individu, il n’aurait jamais dû ressortir. Il ne se serait jamais arrêté, vu le nombre de victimes, la réinsertion pour ces hommes-là, je n’y crois pas”, poursuit-il.

Le silence envahit la cour d’assises derrière les mots très lourds assénés par le père de famille.

Et il conclut :

“Ce qui me reste, c’est une petite tombe, des fleurs à aller déposer, sur un bout de caillou.”

C’était un moment attendu pendant le procès de François Vergniaud, accusé du viol et du meurtre de Céleste à Nantes en 2020.

Ce mercredi après-midi, cet homme de 50 ans, déjà condamné pour des viols, a pu répondre aux questions de la cour sur son acte criminel.

Les bancs de la salle d’audience de la cour d’assises de Loire-Atlantique étaient remplis ce mercredi après-midi pour l’interrogatoire de François Vergniaud.

Pendant plusieurs heures, cet homme accusé du viol et du meurtre de Céleste a répondu aux questions de la cour sur le drame qui s’est noué à Nantes le 20 août 2020.

Pour de nombreuses questions, il affirme ne pas se souvenir et semble être acculé à certains moments par la précision des faits relatés.

Un accusé évasif

Interrogé sur les semaines qui ont précédé son acte meurtrier, l’accusé se montre évasif.

“Je ne sais plus”, sont les mots qu’il a le plus répétés pour répondre à la présidente.

Il raconte aussi ces rapports sexuels avec des prostituées rencontrées en ligne, ces premières images pornographiques qu’il dit découvrir “de clics en clics”, jusqu’au moment où il finit par regarder des vidéos de jeunes filles, “très jeunes filles”, précise la présidente.

Enfin, il consomme du contenu avec un scénario glaçant, qui met en scène une jeune femme violée et kidnappée, “peut-être que ça m’a excité à un moment donné”, dit-il, l’air hagard dans le box.

Une période où l’accusé est suivi pour ces précédentes condamnations, mais il ne dit rien, n’alerte pas les psychologues et les psychiatres qui s’occupent de lui.

Il parle d’un processus “en sous-marin” et ajoute :

“Il y a des choses qui se font, je ne l’identifie pas.”

Un récit glaçant Au bout de quatre heures d’audience, la présidente demande à l’accusé de raconter ce qui s’est passé ce 20 août 2020.

Dans le détail, calmement, il raconte tout.

Dans un silence écrasant, il chuchote dans le micro à certains moments.

Ce jour d’été, il multiplie les allers-retours entre sa voiture et le coin de la rue repérée deux jours plus tôt lors d’une journée où il avait un rendez-vous chez son dentiste à Nantes, près de la place Viarme.

Cette après-midi là, il trouve l’appartement dans lequel il compte “agresser une jeune femme”, dans un bâtiment en chantier, à moitié abandonné.

“J’ai repéré les lieux, j’aurais préféré un logement meublé […] pour être au propre”, précise-t-il en répondant les questions de la présidente.

François Vergniaud poursuit son récit, jusqu’à l’instant où Céleste passe la porte de ce bâtiment, à cet instant, il marque une longue pause, un long silence, alors que tous les regards de la famille sont braqués vers lui.

L’incendie pour “tout effacer”

À plusieurs moments, avant de raconter ces terribles actes, il s’arrête, juste avant d’expliquer le viol, l’accusé demande même à la cour s’il y a des questions, comme pour éviter d’expliquer ce dont il est l’unique responsable.

La présidente refuse, lui demande de finir.

Il finit par raconter :

“Les nouvelles pulsions arrivent, c’est incontrôlable. Je la fais s’allonger au sol, et je…”

Il ne termine pas sa phrase.

Aucune émotion ne s’affiche sur son visage, sauf lorsqu’il réalise qu’il vient de tuer la jeune adolescente.

Les larmes montent aux yeux de François Vergniaud :

“Quand je reprends mes esprits, je me rends compte que… je ne sais pas combien de temps je reste, j’essaie de la réveiller.”

Dans la foulée, il raconte avoir mis le feu après avoir utilisé de l’eau de javel, “il faut tout effacer” derrière lui.

Au détour de ses phrases, l’accusé dépeint des détails sordides, pourtant, comme un bloc uni, la famille de la victime ne bronche pas au premier rang dans la salle, solide comme elle l’a été le matin même de l’audience.

La peine maximale

La cour d’assises de la Loire-Atlantique a condamné François Vergniaud à la réclusion criminelle à perpétuité, ce jeudi 31 octobre, pour avoir violé et tué une lycéenne de 15 ans, le 20 août 2020 à Nantes (Loire-Atlantique).

Cet ancien chef d’équipe dans une briqueterie, âgé aujourd’hui de 50 ans, s’est aussi vu infliger une « période de sûreté » de vingt-deux ans pendant lesquels il ne pourra pas solliciter d’aménagement ou de crédits de réduction de peine (CRP).

« L’homme au carton » avait déjà écopé de dix-huit ans de réclusion criminelle en 2005 par la cour d’assises de la Vienne pour avoir violé une douzaine de jeunes filles en leur demandant dans la rue, à elles aussi, de l’aider à transporter un carton « pas lourd » mais « encombrant » dans un endroit à l’abri des regards.

La jeune Céleste – qui venait de quitter le domicile de sa mère « pour aller chercher un colis Vinted » – avait ainsi été conduite en haut d’un immeuble désaffecté, où elle avait été finalement violée et étranglée avec une sangle, avant que son corps ne soit aspergé d’eau de javel et que François Vergniaud ne mette le feu aux lieux.

C’est dans ce contexte que les pompiers avaient découvert le corps de cette adolescente décrite par ses proches comme « joviale » mais « méfiante » envers les inconnus.

Son père s’est dit « coléreux » et « furieux » contre cet accusé « patibulaire » après avoir « récupéré » le corps de sa fille « saccagée », « défigurée » et « brûlée ».

Ce commercial de 52 ans a aussi eu la dent dure contre le suivi socio-judiciaire « lunaire » et « ubuesque » de François Vergniaud, un homme « qui n’aurait jamais dû sortir » de prison après sa condamnation par la cour d’assises de la Vienne.

Un « homme d’apparences »

« J’aimerais que les lois changent, qu’elles soient plus sévères : les prédateurs sexuels ne devraient pas exister dans notre société civile », avait finalement conclu le père de Céleste.

« Les monstres sont parmi nous d’apparences » qui a su déjouer les personnes en charge de son suivi socio-judiciaire, avait rappelé l’avocat de la famille : il avait été « capable de parler de ses plants de tomates et de bricolage » au médecin qui le recevait le lendemain-même de son crime…

Il a « instrumentalisé » ses trois interlocuteurs pour « parfaire son image », complète l’avocate de l’association La Voix de l’Enfant, qui s’était constituée partie civile dans ce dossier.

« Cette affaire a suscité, à juste titre, une très vive émotion et interroge sur ce que l’on peut faire pour éviter la récidive », avait recadré l’avocate générale au moment d’entamer ses réquisitions.

« C’est un sujet complexe, délicat et qui dépasse le monde de la justice. C’est la loi qui doit être interrogée : c’est elle qui fixe les aménagements et réductions de peines. Si les peines ne sont pas entièrement exécutées en détention, ce n’est pas du laxisme, mais la seule application de la loi… Le débat politique ne peut avoir lieu dans cette enceinte. »

Des faits d’une « particulière atrocité »

Sur le fond du dossier, Véronique Surel n’avait « aucun doute » sur la culpabilité de « l’homme au carton », qui a appliqué à Nantes « le scénario qu’il maîtrise bien » et qui lui avait déjà valu sa condamnation en 2005 par la cour d’assises de la Vienne.

Pour ces « faits d’une particulière atrocité », qui « portent atteinte à des valeurs fondamentales et essentielles de notre vie en société », l’avocate générale a donc réclamé la peine maximale autorisée par la loi : la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une « peine de sûreté » de vingt-deux ans pendant lesquels François Vergniaud ne pourrait pas sortir de prison.

« Même si cela ne ressort pas du dossier qu’il est un manipulateur, il est au moins un dissimulateur : il avait compris comment fonctionnait le suivi socio-judiciaire, il disait ce qu’on voulait entendre », a développé la magistrate.

Elle n’a même pas réclamé de suivi socio-judiciaire à sa sortie de prison, car elle « n’y croit pas ».

En tout état de cause, comme celui prononcé à Poitiers a été « suspendu » par la procédure criminelle ouverte à Nantes, il lui restera toujours « six ans » à être suivi par des médecins et des travailleurs socio-judiciaires.

La conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) en charge de ce premier suivi avait d’ailleurs été appelée à témoigner lundi : ses entretiens avec François Vergniaud s’étaient espacés en 2019 « parce que les choses avaient avancé ».

« Rien ne m’avait alerté », avait-elle conclu.

« On sait que cela peut arriver, mais on fait en sorte que cela n’arrive pas. »

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