Somain | Le vendeur de téléphones agressait sexuellement les enfants dans sa boutique
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 22/07/2024
- 18:49
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C’est la détresse immense d’une maman.
« Pourquoi avoir détruit comme ça mon fils ? Il ne peut plus aller avec un homme, il faut qu’il change de professeur quand c’est un homme… je ne peux même plus le laisser avec son papy ! » Évelyne (1) a les larmes aux yeux quand elle parle de Nathan (1), son fils.
Dans son box, Olivier Flamcourt, 58 ans, hésite :
« J’ai trahi ce gamin, ses parents, sa famille (…). Je suis désolé. J’ai détruit, j’ai détruit… »
Oliver Flamcourt tient une boutique de téléphonie dans la galerie marchande d’Intermarché (2), à Somain, quand il fait la connaissance de Nathan en 2020.
L’enfant a 7 ans, le commerçant propose à ses parents de le garder le temps qu’ils fassent leurs courses.
« Il crée une relation de confiance et il se rend utile, décrit la procureure. C’est sa stratégie. Il les fait tomber dans un piège. »
Flamcourt et les parents de Nathan deviennent amis.
Les premières caresses ont lieu à même la boutique mais les faits les plus graves ont lieu chez le commerçant, à Valenciennes à l’époque.
Au sortir d’une soirée, il abuse de l’enfant : des caresses mutuelles, une tentative de fellation aussi.
Ses parents déposent plainte en juin 2020 a près une scène sans équivoque : l’enfant vient de saisir le sexe de son petit frère. Il se confie.
Olivier Flamcourt est arrêté le 26 juin 2023 à Somain et sa boutique fermée.
Un juge fait le lien entre plusieurs procédures.
C’est à peine croyable mais la première plainte contre lui remonte à 2014.
Celle des parents de Sophie (1) et Jeanne (1) , qui avaient fréquenté la même boutique entre 2012 et 2014.
Même scénario que pour Nathan : c’est là que les premiers attouchements se déroulent.
Le commerçant achète des vêtements à Sophie, les deux fillettes, âgées de 6 à 10 ans, passent ensuite un weekend, à Calais, avec lui : ils prennent leur douche ensemble, l’homme se caresse devant elles…
« L’occasion s’est présentée, j’ai proposé et ça s’est fait », lâche le prévenu.
Trois autres victimes sont identifiées durant l’instruction : Robin (1), Laurie (1) et Marie (1). Robin avait 7 ans, Laurie entre 6 et 9 ans et Marie entre 8 et 11 ans quand Flamcourt abuse d’eux dans sa boutique, après quelques bonbons.
« J’avais une vraie affection pour eux, dit le prévenu, mais ça a viré au cauchemar, à leur cauchemar. »
Le commerçant n’avait aucune limite : il n’était pas rare qu’il regarde des films pornos sur son ordinateur en attendant le client.
Des enfants ont vu certaines images mais qu’importe : « Je m’attendais à ce qu’ ils soient choqués ».
Pour que « la nudité imposée par M. Flamcourt devienne la banalité », résume la procureure.
Les policiers ont retrouvé des milliers de photos pédopornographiques chez lui.
Il avait déjà été condamné pour ça en 2005, à Valenciennes, ce qui lui avait valu sa séparation avec sa compagne de l’époque.
Mais ça ne l’a pas empêché de recommencer et d’aller plus loin en passant à l’acte.
«Qu’est-ce qui allait vous arrêter ? », questionne la juge. « Le fait d’être arrêté un jour », répond le prévenu.
Incarcéré depuis un an, Olivier Flamcourt est condamné à six ans de pris on ferme et aura un suivi sociojudiciaire à respecter pendant huit ans à sa sortie de détention.
Il faudra aussi qu’il indemnise les parties civiles.
Nathan, victime des faits les plus graves, obtient 10 000 € de dommages et intérêts, ses parents chacun 2 000 €. Robin obtient 4 000 €, sa mère 600 €.
Les dommages et intérêts de Jeanne et Sophie s’élèvent à 5 000 € chacune. Laurie aura 3 000 €, ses parents 500 € chacun.
Pourquoi le suspect n’a-t’il été arrêté que neuf ans après la première plainte ?
Olivier Flamcourt reconnaît les faits qui lui sont reprochés : « Je comprends le mal que j’ai fait. »
Selon lui, l’année passée derrière les barreaux et le suivi psychologique qui lui a été imposé lui ont ouvert les yeux :
« Aujourd’hui, je ne me sens pas recommencer mais je ne sens pas pour autant guéri ».
Car l’homme a une attirance sexuelle pour les enfants.
Il est pédophile mais « ce n’est pas un monstre », nuance Me Sarrat, son avocat, « ne galvaudez pas ses aveux ».
« Il n’y avait pas de cible pariculière (…), c’était le hasard, l’opportunité, poursuit Olivier Flamcourt. J’ai saisi cette opportunité. (…) Dans un premier temps, c’était pour jouer avec les enfants. »
Jouer ? Le prévenu évoque les cadeaux qu’il leur a faits, le weekend, le romantisme même…
« Mais qu’estce qu’il y a de romantique dans les photos d’enfants retrouvées dans votre ordinateur ? », s’étrangle Me Biernacki, avocate de Jeanne et Sophie (1).
« J’avais une vraie affection pour elles. Je les sentais fragiles comme moi je l’ai été », répond le prévenu.
En décembre 2005, il a été condamné à deux ans de prison avec sursis simple pour détention d’images pédopornographies et contraint à un suivi sociojudiciaire pendant cinq ans.
Comment a-t’il pu passer à nouveau à l’acte alors ? « C’était irrépressible », dit-il.
Et la justice a tardé à l’arrêter : « On a mis 9 ans pour frapper à sa porte, pourquoi ne l’a-t’on pas arrêté plus tôt ? », s’interroge Me Sarrat, l’avocat de M. Flamcourt.
C’est sûr que les policiers de Douai et Valenciennes, après avoir entendu les enfants, n’ont certainement pas fait le nécessaire : il y a bien eu des surveillances de sa boutique, des auditions mais pas grand-chose de plus ensuite.
Malgré l’insistance des parents de Nathan : « On a toujours dit à la police qu’il continuait à toucher d’autres enfants. »
Et s’il avait été arrêté dès 2014, on n’en serait jamais arrivé là.
1. Prénom modifié.
2. Le centre commercial Intermarché n’est en aucun cas concerné par les faits jugés.
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