Hautes-Pyrénées | Un père condamné pour viols incestueux sur ses filles et ses nièces

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La seule chose que je puisse dire c’est que je suis un monstre
Eric Bourgeois, un Vicquois de 52 ans, a été condamné à 15 ans de prison et 8 ans de sûreté par la Cour Criminelle pour une série de viols incestueux et d’agressions sexuelles commises sur ses filles, sa belle-fille et ses nièces lorsqu’elles étaient âgées de 5 à 12 ans.

Il avait toujours nié les accusations portées contre lui, jusqu’à l’ouverture de son procès devant la cour criminelle.

Jugé pour une série de viols incestueux et agressions sexuelles sur ses 2 filles, son ex-belle-fille et ses nièces âgées de 5 à 12 ans à l’époque des faits (des années 90 jusqu’en 2016), Eric Bourgeois, 52 ans, a avoué les faits dès les 1ères minutes de l’audience.

Des aveux que les 5 jeunes femmes parties civiles dans ce dossier n’espéraient plus, et qui les ont laissées sous le choc.

Placé en détention provisoire depuis 2 ans à la maison d’arrêt de Pau, E.Bourgeois a été mis en examen à l’issue d’investigations menées par les gendarmes de la compagnie de Tarbes, suite aux révélations de sa belle fille aujourd’hui âgée de 19 ans.

« Quand j’avais entre 7 et 8 ans, ma mère a rencontré Eric. Elle me l’a imposé. Au début, ça se passait bien, il était une figure paternelle pour moi », a-t-elle témoigné à la barre. « Mais un jour, tout a basculé. Mon rêve de petite fille, c’était d’aller à Disney à Paris. Il m’a promis de m’y amener, mais il m’a dit qu’il y aurait une contrepartie. Il m’a conduite dans la chambre parentale, m’a demandé de me mettre à 4 pattes et a baissé mon pantalon. »

E.Bourgeois a confirmé devant la cour la suite de ce récit glaçant : des pénétrations vaginales, anales, avec préservatif, qu’il a régulièrement imposées à la petite fille pendant 2 ans.

« Je ne suis jamais allée à Disney, et je ne peux plus en entendre parler », a conclu la jeune femme bouleversée.

« Il tenait des comptes. Pour aller à Disney, il fallait que je le fasse 5 fois de plus. Quand il m’achetait des choses sur internet, c’était 3 fois de plus. J’avais l’impression que ça se rajoutait tout le temps », a détaillé la jeune femme à la cour.

À l’époque, la fillette s’est confiée à sa meilleure amie.

Un secret revenu aux oreilles de sa mère et qu’elle n’a pas pu, ou pas voulu croire.

« Elle était en colère et m’a demandé sur quel testicule Eric avait un grain de beauté pour prouver ce que je disais. Depuis qu’il est en prison, elle continue à aller le voir toutes les semaines.»

Placée par les services sociaux quelques années plus tard, l’enfant devenue adolescente a trouvé une oreille bienveillante en la personne de son éducatrice en 2016.

« Quand je lui ai raconté que mon beau-père m’a touchée, elle m’a convaincue de déposer plainte même si ma mère m’a suppliée de ne pas le faire. »

Une démarche qui a levé le voile sur de lourds secrets de famille et a mis au jour 4 autres victimes.

« Quand les gendarmes m’ont contactée, je leur ai dit que j’avais subi des choses de la part de mon père quand j’avais 8 ans et qu’il y avait potentiellement d’autres victimes. »

Nées d’un premier lit, les deux filles d’Eric Bourgeois, et deux de ses nièces, ont expliqué aux magistrats que l’enquête enclenchée a libéré des années de silence.

« Je me rappelle la robe que je portais quand mon père m’a amenée dans la chambre. Il m’a montré un magazine pour adultes, s’est allongé sur le lit avec moi à califourchon sur son pénis. Il a écarté ma culotte et m’a mis les doigts. »

Une nièce a relaté comment son parrain s’est glissé sous ses draps quand elle avait 7 ans en pleine nuit pour abuser d’elle.

« Je l’ai dit à mes parents. Ils ont discuté avec lui à l’époque mais il n’y a pas eu de suites. Je m’en veux tellement, surtout pour les filles. Et je suis persuadée qu’il y a encore d’autres victimes. »

Décrit comme manipulateur, alcoolique et violent, Eric Bourgeois, défendu par Maitre Loréa Chipi, a été dans l’incapacité d’expliquer ses passages à l’acte.

« La seule chose que je puisse dire, c’est que je suis un monstre. Je ne mérite pas de vivre. »

Le verdict est attendu dans la soirée du 25 juin.

L’accusé encourt jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.

Suite du procès

Depuis les années 90 et jusqu’en 2016, l’homme a abusé et violé ses 2 filles, 2 de ses nièces, et sa belle-fille.

Celle-ci finira par dénoncer les faits, ce qui a libéré la parole des autres victimes.

Si l’homme placé en détention provisoire depuis plus de 2 ans a nié les accusations lors de l’instruction, jusqu’à l’ouverture de son procès, les aveux qu’il a livrés dès le début ont été remis en doute par les avocats des parties civiles lors des plaidoiries.

«Une reconnaissance de stratégie», fustige Me Julien Leplat, conseil d’une nièce d’E.Bourgeois qui, a l’âge de 8 ans, a été réveillée de nuit après qu’il se soit glissé sous ses draps pour lécher son sexe.

«Il vous dit, je reconnais, sans plus d’explications et vous tends ensuite le Code pénal», a lancé aux magistrats de la cour Me Céline Pucheu, avocate de ses 2 filles.

Et de déplorer que toutes les fillettes ont fini par se confier à une mère, une amie, un proche, sans que personne ne prenne la mesure de la gravité des faits.

Jusqu’à ce que sa belle-fille trouve une oreille attentive et que ces secrets de famille soient dévoilés.

Chose rare dans un procès de viols incestueux sur mineurs, les parties civiles n’ont pas sollicité le huis clos.

“Parce qu’elles ont souhaité que les faits qu’elles ont subi soient rendus publics», a expliqué Me Pucheu.

Une démarche ardue tant les débats s’appuient à décrire les moindres détails des faits, mais qu’elles ont décidé afin de démontrer l’importance de libérer la parole”.

Experts psychologue et psychologique ont rapporté les traumatismes dont souffrent ses victimes : scarification, obésité, dépression, jusqu’à plusieurs tentatives de suicide pour certaines.

Sans oublier les répercussions sur leurs vies.

«Il a jeté le discrédit sur l’ensemble de la gent masculine. Je tiens à remercier les compagnons qui partagent aujourd’hui les vies de ces jeunes femmes et qui réhabilitent l’image de l’homme fracassé par E.Bourgeois », a déclaré Me Leplat.

Maitre Balespouey, avocate de la belle-fille, a décrit son innocence volée.

« Elle rêvait d’aller à Disney. Elle rêvait de princes et de princesses, de contes de fées. Mais le carrosse s’est transformé en citrouille et Cendrillon est devenue la souillon, obligée de se mettre à 4 pattes pour subir des sodomies de celui qu’elle considérait comme son père.»

S’il a avoué tous les crimes et délits qui lui étaient reprochés lundi, il a suscité l’effroi lorsqu’il s’est soudainement rétracté sur le viol d’une autre nièce, âgée de 4 ans.

«Il m’a enfoncé des stylos dans le vagin et m’a mis son sexe dans la bouche. À la fin, il m’a dit d’aller me laver».

«Je suis un monstre, mais pas à ce point », a déclaré Bourgeois face à une assistance scandalisée, mettant en cause à demi-mot son frère suicidé.

«Mon client a grandi dans une famille où les filles se cachaient d’un grand-père ou d’un oncle pour aller aux toilettes par peur d’être abusées», a défendu Me Loréa Chipi.

«Vous devez décrypter les ressorts qui ont participé à construire cet être. Il a pt-être déçu lors du procès, mais il faut comprendre que la réponse d’un passage à l’acte n’est pas innée pour un accusé.»

Elle a souligné la dignité des victimes et n’a pas éludé sa personnalité violente, complexe.

«C’est un pédocriminel. Il doit bénéficier de soins adaptés»

Et de proposer qu’il purge sa peine au centre pénitentiaire de Mauzac en Dordogne, spécialisé dans la prise en charge d’auteurs d’infractions à caractère sexuel.

Si le ministère public a requis 14 ans de prison, une période de 7 ans de sûreté, ainsi qu’un suivi socio-judiciaire de 15 ans, la cour l’a déclaré coupable de tous les faits.

Il a été condamné à 15 ans avec 8 ans de sûreté et un suivi socio-judiciaire de 10 ans.

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