Montauban | Juridiction incompétente pour des agressions sexuelles sur 4 enfants

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Des faits de nature criminelle, plusieurs viols, ayant été révélés par les victimes
Poursuivi pour les agressions sexuelles de 4 enfants de 8 à 14 ans à Molières et Vazerac, un électricien de 47 ans n’a pu être jugé devant le tribunal correctionnel de Montauban, ce 11 avril.

Les avocats des parties civiles suivis par le ministère public ont déclaré la juridiction incompétente.

Des faits de nature criminelle, plusieurs viols, ayant été révélés par les victimes.

Suspecté d’au moins quatre agressions sexuelles incestueuses sur quatre mineurs de 8 à 14 ans à Vazerac et Molières entre 2011 et 2021 (notre édition du 18 novembre dernier), Karim B., un électricien de 47 ans, devait être jugé devant le tribunal correctionnel, ce mardi 11 avril.

Contre toute attente, le procès n’a pu aller jusqu’à son terme, le tribunal se déclarant incompétent pour juger un dossier dont certains faits dénoncés pouvaient relever d’une qualification criminelle.

L’affaire avait déjà été renvoyée le 10 janvier dernier à la demande unanime des avocats des parties civiles et de la défense souhaitant obtenir une nouvelle expertise psychiatrique du mis en cause.

Le président Emmanuel Abentin qui avait espéré que cela suffirait pour examiner l’affaire, a dû se raviser face au nouveau front commun des avocats désormais soutenus par la magistrate du ministère public.

Rappelant qu’aucune confrontation n’a été faite durant la procédure, Me Laurence Boyer indique :

« Ma cliente est traumatisée »

L’ancien bâtonnier Jean-Lou Lévi enfonce le clou :

« Ce dossier où il y aurait eu deux pénétrations anales sur deux enfants, donc un viol, aurait mérité une instruction judiciaire »

Me Nathalie Berthier poursuit :

« Cette enquête a été tronquée alors qu’il y a des faits graves de nature criminelle »

déclarant le tribunal correctionnel incompétent pour juger ce dossier.

Se rangeant derrière la demande des avocats des parties civiles, la vice-procureure concède :

« Il y a manifestement une erreur d’aiguillage du parquet avec une enquête non pas bâclée mais incomplète »

Également poursuivi pour des violences conjugales et des maltraitances sur ses enfants et beaux-enfants, le mis en cause, venu à la barre en claudiquant a continué à nier l’intégralité des faits de nature sexuelle.

Karim B. père de quatre enfants avec deux compagnes et beau-père de trois autres s’exclame :

« Tout ce qui est des attouchements, viols sur les enfants : c’est faux !

Le président l’interroge :

— Ce jeu du doigt dans l’anus que vous appelez de la bobue et du droin ? C’était quoi ?

Le mis en cause s’arc-boute :

— Je maintiens, je n’ai jamais fait d’actes sexuels sur eux

Expliquant néanmoins à Me Jean-Lou Lévi ce que signifie cette expression grivoise :

«La bobue» étant «un doigt au cul» (sic) et le «droin» de «grosses couilles que l’on tire» (sic).

 

— Lorsque vous touchez les fesses et les seins de votre belle-fille de 17 ans…

 

— Je ne la touchais pas, c’était amical, un jeu entre nous, répond Karim.

— Même lorsque vous lui dites :

« Ce soir, je baise la fille pas la mère ? (sic) »

insiste le juge rappelant également les nombreuses exhibitions sexuelles du prévenu à l’ensemble de cette fratrie recomposée.

— Ma femme était très jalouse, c’était pour lui faire monter la moutarde

se répand Karim n’ayant pas manqué aussi de s’enfermer dans une chambre avec sa belle-fille pour simuler des cris de jouissance avec elle.

Humiliations et obscénités

Venue d’Italie, l’une des ex-belles-filles du suspect, aujourd’hui jeune majeure, livre un témoignage poignant sur son enfance.

Elle commence son récit :

« Quand il est arrivé, j’ai dû laisser ma chambre à sa fille. Ses enfants avaient les habits neufs, nous ceux qui étaient usés »

Flavie parlant de son opération des oreilles faisant suite à ces humiliations raconte :

« Il me faisait des moqueries sur mon physique, ses enfants ont pris le relais au point où j’ai dû changer d’établissement à deux reprises pour harcèlement scolaire »

Aux punitions de privation de nourriture, de douches froides, d’isolement dans sa chambre un été durant, de crachat dans son assiette, la jeune femme confirme les jeux très spéciaux de son beau-père avec la fratrie d’enfants.

« Il nous tirait dessus avec une arme airsoft, on prenait des tables pour se protéger. »

Concernant le « jeu du doigt dans les fesses » elle poursuit :

« Ce n’était pas un jeu pour nous. Ça fait mal surtout quand ce n’est pas voulu. Je peux le dire, j’y ai eu droit et j’ai eu mal ».

Comme un inventaire à la Prévert, Flavie évoque aussi cet épisode illustrant la vie de famille.

« Il n’hésitait pas à mettre les doigts sous la robe de ma mère alors qu’elle faisait la vaisselle et il a soulevé ainsi devant nous ».

À la fin de ce récit poignant, le silence est pesant dans la salle d’audience.

Me Laurence Boyer l’interroge :

« Vous aviez fait un signalement en 2015

 

— Au collège à Lafrançaise lorsque j’étais en 5e, je passais mon temps à l’infirmerie où j’expliquais le contexte de ma vie familiale : les différences entre enfants, les humiliations et que mon beau-père me parlait des positions du Kâma sutra alors que je n’avais que 11 ans.

L’infirmière a fait une information préoccupante avec visite domiciliaire chez nous à Vazerac.

Mon beau-père m’a demandé d’aller dire que j‘avais menti pour lui nuire. »

Également venue comme témoin, l’ex belle-mère du prévenu livre un contexte de trivialité et d’obscénité :

« Il injuriait tout le monde. Je me souviens d’une scène lors d’un repas toujours bien arrosé où il avait eu des propos vulgaires contre sa fille… Il avait fini par baisser son pantalon devant elle ».

À la lumière de ces faits, le tribunal a reconnu son incompétence, et a renvoyé devant le parquet le réexamen de l’affaire.

Charge désormais au procureur de Montauban de confirmer s’il demande l’ouverture d’une information judiciaire criminelle.

Auquel cas, la procédure reprendrait à zéro…

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