St-Quentin-de-Baron | Celle qui maltraitait les enfants qu’elle gardait n’ira pas en prison
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 31/03/2023
- 17:28
La nounou s’en est défendue mais a été condamnée à de la prison avec sursis.
Gifles, coups de pied, excréments étalés sur un enfant, tête appuyée dans l’assiette pour forcer un repas.
La liste de ce qui est reproché à cette ancienne assistante maternelle de Saint-Quentin-de-Baron est effrayante. Notamment au regard de l’agrément qui, à l’époque des faits (2015 à 2021), lui permettait de garder des enfants porteurs de handicap.
Julien*, ce grand prématuré, qui ne parlait pas, puni pour des accidents de propreté qui finira par refuser, en pleurant, d’aller chez sa nounou ou Léo, enfant autiste, hypersensible.
Léo qui désormais adolescent, témoigne à la barre, dit ne se souvenir d’aucun moment heureux chez elle mais de tête appuyée dans l’assiette quand il ne voulait pas manger alors même que ses parents avaient expliqué à l’assistante maternelle ses troubles alimentaires. Il parle aussi de coups et de la peur de se confier :
« Car elle s’entendait très bien avec mes parents ».
Son témoignage est direct et l’intervention de l’avocate de la prévenue, Maître Marie-Laure Meynard-Bobineau, lui demandant s’il répète ce qu’on lui a dit de dire provoque des réactions d’indignations, notamment de l’avocate de Léo, Maître Hélène Olier qui tire à balles réelles sur sa consœur. Et inversement.
Il n’est pas le seul à parler. La dénonciation se fait aussi par courrier anonyme à la protection maternelle et infantile (PMI) : y sont décrits des gestes pour le moins inappropriés. Il y a encore le témoignage d’une « ancienne » amie, d’un ancien conjoint mais surtout des deux filles de la prévenue.
Des faits qui parviennent également aux oreilles du parquet de Libourne, alerté par l’avocate générale des assises bordelaises qui en 2020 jugent un homme pour le viol des deux filles de la prévenue.
La maltraitance, physique et verbale, qu’elle exercerait sur ses deux filles mais aussi sur les enfants gardés est évoquée au cours de l’audience.
Si l’on sent que la défense ne veut absolument pas que cette affaire soit évoquée à la barre du tribunal libournais, la présidente qui mène une instruction très détaillée rappelle fermement dans quel contexte les faits ont été révélés. Elle ajoute la longue liste d’irrégularités que la PMI avait pointées jusqu’à finalement lui retirer son agrément l’année dernière.
Pas de coïncidence pour le procureur. Malgré la diversité des témoins, tous relatent les mêmes faits de violence envers les enfants. Il rappelle les répercussions sur l’état de Léo comme en atteste son psychiatre et requiert contre la quadragénaire dont le casier est vierge 12 mois de prison avec sursis et l’interdiction d’exercer une activité en lien avec les enfants durant 5 ans.
La nounou ne reconnaît pas les violences.
« Si vraiment j’avais tapé très fort, je pense que les parents s’en seraient aperçus » avance-t-elle maladroitement.
La présidente rétorque :
« On ne vous reproche pas de les avoir tabassés ».
L’ancienne nouno résume :
« Pas maltraitante mais exigeante ».
Elle a peut-être mordu des enfants mais « sans les dents », ne les a pas forcés mais « bousculés » parce qu’elle tenait à ce qu’ils goûtent de tout.
La prévenue décrit un projet d’accueil idéal, en totale contradiction avec ce qui est rapporté et constaté. Elle s’excuse cependant si ces gestes ont pu causer du mal mais affirme avoir été dans une période difficile, avoir fait une fausse couche, et à tort ne pas avoir su demander de l’aide.
« Il ne s’agit pas de minimiser, elle est consciente de la gravité des faits » souligne son avocate, tout en plaidant la relaxe, fustigeant la « lâcheté » du courrier anonyme, mettant en doute la parole de Léo, considérant qu’il n’y a « pas d’élément objectif dans le dossier ».
Elle évoque pour finir l’attestation élogieuse de son nouvel employeur, la prévenue exerçant désormais comme aide à domicile auprès de personnes en fin de vie.
Le tribunal a prononcé les 12 mois avec sursis et l’interdiction d’exercer une activité en lien avec les enfants durant deux ans.
Maître Olier obtient 7500 euros d’indemnités pour Léo et ses parents. Lesquels ont beaucoup souffert de ne pas s’être rendu compte de ce qui se passait chez la nounou.
Dans la salle du tribunal, Léo passe tendrement le bras autour des épaules de sa maman qui n’a pu retenir ses larmes.
« La culpabilité n’est pas du bon côté » assène Maître Olier
Maître Tambo représentait Julien et ses parents, lesquels demandaient juste le règlement des frais d’avocat mais surtout pas de dommages et intérêts : « car l’argent de madame est sale » terminait l’avocate, citant ses clients.
* Les prénoms des victimes mineures ont été modifiés.
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