Creil | Relaxe pour le tonton soupçonné d’avoir agressé sexuellement sa nièce de 2 ans
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
oui
Pédocriminel En liberté
- 27/10/2022
- 19:10
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L’ambiance est pesante, en ce début d’après-midi du lundi 24 septembre, dans la salle d’audience du tribunal judiciaire de Senlis où un jeune homme de 26 ans doit être jugé pour des agressions sexuelles incestueuses commises sur sa petite nièce âgée de deux ans au moment des faits.
Le visage émacié et encadré par une barbe naissante, les cheveux courts, le prévenu n’a pas un regard pour le père et la mère de l’enfant qui sont assis sur le banc des parties civiles et c’est par le résumé de cette affaire que débute ce procès : une synthèse lue par le président François Detton.
Tout commence le 6 juin 2021 quand une femme se présente au commissariat de Creil pour dénoncer des agressions sexuelles et dénoncer son beau-frère comme étant l’auteur de ces relations incestueuses.
Elle explique qu’il vivait dans l’appartement familial depuis plusieurs mois et qu’il s’occupait de leur enfant quand ils allaient travailler.
Le prévenu nie en bloc
Des déclarations prises au sérieux par les enquêteurs qui décident d’entendre la fillette dans le cadre d’une audition particulière réservée aux enfants mineurs au cours de laquelle, elle va dire que son tonton a mis son doigt à plusieurs reprises dans sa nénette…
Examinée par des médecins et un psychologue qui note que la petite fille frotte sa peluche contre son sexe, elle est auditionnée une nouvelle fois et raconte encore que son tonton a fait boom dans sa nénette.
Placé en garde à vue, l’oncle affirme qu’il n’y a aucun problème et nie avoir pratiqué des attouchements sur la fille de son frère.
Il précise qu’il devait simplement la changer régulièrement et jouer avec elle.
Pour lui, sa belle-sœur dit n’importe quoi.
Un système de défense qu’il utilise devant la barre du tribunal :
« Non ! Je n’ai rien fait à ma nièce…
Je ne sais pas pourquoi elle dit des choses pareilles, je n’ai pas compris…
Je faisais que la surveiller mais ce n’était pas tous les jours.
C’est eux qui m’ont demandé de faire le baby sitter quand ils étaient au boulot.
Vous savez, c’était il y a deux ou trois ans, je suis passé à autre chose.
Vous pensez que cela me plait d’être dans une histoire de pédophile.
Je ne vais pas assumer des choses alors que je n’y suis pour rien… »
« Je suis convaincue de sa culpabilité… »
Visiblement éprouvée, la maman livre ensuite sa version :
« Emotionnellement, je suis à bout…
Je le vois tous les jours dans le quartier et il n’a pas été mis sous contrôle judiciaire.
Avant, j’avais totalement confiance en lui jusqu’au jour où ma fille a parlé de ce qui se passait avec lui quand nous n’étions pas là.
Vous vous rendez compte, dans son téléphone on a retrouvé 200 photos de ma gamine et une seule image de sa copine.
Je suis convaincue de sa culpabilité, pour moi, cela ne fait aucun doute… »
Dans sa plaidoirie, l’avocate de la partie civile, maître Anne-Caroline Bacot-Maesse, souligne la douleur des parents :
« Les parents de la petite victime sont là pour comprendre.
Or, le mis en cause n’a pas levé les zones d’ombre.
Cela a été un cataclysme pour cette famille.
Avant de déposer sa plainte, la maman a pris le temps de consulter des spécialistes et cette enfant a toujours dit la même chose.
Je suis persuadée que ce monsieur est obsédé par cette fillette… »
« Il coche toutes les cases… »
Après avoir salué le comportement totalement adéquat de la mère de famille qui ne s’est pas précipitée pour accuser son beau-frère, Michel Mazars, le procureur de la République, fait part de son questionnement :
« Bien évidemment, ces infractions suscitent toujours de l’émotion et je me suis posé beaucoup de questions dans ce dossier.
Je dois dire aujourd’hui que je suis un peu choqué par la nonchalance de ce praticien qui n’a pas pris la peine d’examiner cette petite fille.
Pas une seule constatation, le vide abyssale et cette enfant qui répète que tonton a fait boom dans sa nénette.
Ce tonton, il coche toutes les cases.
Il a une vie familiale douloureuse.
C’est très difficile de le faire cheminer et si nous avons le moindre doute, il doit profiter au mis en cause.
Beaucoup trop de zones d’ombre subsistent dans cette affaire, beaucoup trop d’incertitudes et je requiers la relaxe du prévenu… »
Après avoir redit qu’il n’est coupable de rien et à l’issue du délibéré, l’oncle est relaxé au bénéfice du doute.
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