Nouméa | Derrière le masque d’un clown, un délinquant sexuel qui rôde sur Internet

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Le clown condamné pour proposition sexuelle sur mineur grâce au collectif citoyen Truly
Un animateur a été condamné pour des propositions sexuelles à une fille de 13 ans sur les réseaux sociaux. Mais le compte de l’ado était un faux profil ouvert par un collectif qui piège les pédophiles sur Internet. Le “clown” a été incarcéré.

Il jonglait avec deux personnages avant d’être démasqué. Celui d’un clown et animateur à succès qui parcourait le pays, de foires en salons, d’élections de Miss en anniversaires, de kermesses en soirées de Noël et de comités d’entreprise.
Mais aussi celui d’un homme dont l’attirance sexuelle pour les mineurs ne semble plus faire de doute et qui rôdait sur les réseaux sociaux.

C’est ce visage qui a été révélé au grand jour par le collectif Truly (lire ci-dessous) qui traque et piège les pédophiles sur Internet.

L’homme de 52 ans a entretenu pendant des mois, entre 2020 et jusqu’à récemment, une conversation avec Mélinda, une fille de 13 ans. En réalité, un faux profil. Des milliers de correspondances au cours desquelles le clown formule à l’adolescente des propositions sexuelles, lui demande de lui envoyer des photos d’elle nue et lui raconte des scènes pornographiques avec une crudité absolue. Souvent, il demande à l’enfant d’effacer les messages.

Il ne se doute de rien mais les conversations sont, bien au contraire, précieusement compilées par l’adulte qui se cache derrière le profil de Mélinda. Le 15 mars, le Calédonien est interpellé à son domicile.

Un “électrochoc de 15 000 volts”, confiera-t-il plus tard.

Il l’appelait “pitchounette”

En garde à vue comme devant le tribunal correctionnel de Nouméa, vendredi matin, le quinquagénaire adopte la même stratégie de défense. Il raconte qu’il ne savait pas que Mélinda avait 13 ans, qu’il voulait simplement “l’aider” pour son éducation sexuelle et qu’il, jure-t-il, n’a “aucune attirance pour les enfants”.

“Nous avons tous les messages. Elle vous dit des dizaines de fois qu’elle a 13 ans. Et vous continuez. Vous l’appelez pitchounette. Arrêtez de dire que vous ne saviez pas que c’était un enfant !”

gronde l’avocate de SOS Violences, Me Laure Chatain.

L’organisateur de spectacles, dont le contenu des ordinateurs et des portables a été fouillé sans qu’aucun fichier à caractère pédopornographique ne soit retrouvé, le reconnaît du bout des lèvres, “j’ai été trop loin dans ce que j’ai dit. J’en suis malade, je me sens mal parce que j’ai été bête. J’aime la vie et voir rire les enfants pendant mes spectacles.

La présidente veut pousser encore plus loin le prévenu dans ses aveux :

“Vous côtoyez des mineurs dans votre métier, vous deviez forcément être excité en écrivant ces messages. On se demande où vous seriez allé si vous n’aviez pas été arrêté.”

Le procureur de la République pense avoir cerné le profil de cet homme au casier judiciaire vierge qui “tient le rôle d’un personnage public et sympathique et d’une personne corrupteur de mineurs. C’est dur d’assumer socialement lorsque ces deux personnalités se télescopent.” Xavier Goux-Thiercelin souligne “l’appétence sexuelle” du prévenu pour Mélinda.

“Il a la volonté de pervertir cet enfant”

poursuit le ministère public, qui conclut par une phrase :

“l’absence de dangerosité sexuelle n’est pas démontrée.”

Le clown ne fait alors plus rire personne. Le dos courbé, celui qui est défendu par Me Caroline Marcou-Dorchies promet “de ne plus jamais recommencer”. Pas de quoi totalement rassurer la juridiction qui le condamne à deux ans de prison, dont la moitié ferme, et décerne un mandat de dépôt, estimant que “les faits étaient extrêmement graves et qu’il y avait des risques de réitération”.

À sa sortie de prison, il devra entamer un cycle de soins psychologiques et ne pourra plus porter son nez rouge. Il lui a été fait interdiction d’exercer une activité en lien avec des mineurs.

Derrière Mélinda, 13 ans, le collectif Truly

Quelques mois après avoir fait “tomber” un sexagénaire, le collectif Truly a réussi un nouveau coup.

Ce réseau de Calédoniens qui traque et piège les pédophiles sur les réseaux sociaux a émis un signalement au parquet de Nouméa il y a quelques semaines, débouchant sur l’interpellation et les aveux de l’animateur pour enfants.

À la tête de ce collectif, Brad (prénom d’emprunt) rappelle que leur seule motivation est “de protéger les enfants”, pas “de briser des vies ou d’accuser n’importe qui”.

“Quand un pédophile discute avec mon faux profil, c’est du temps qu’il n’a pas à essayer de corrompre, ou plus, une vraie mineure.”

Ses membres interviennent selon un protocole strict (ils ne contactent jamais les pédophiles, par exemple) et évitent de “faire de l’incitation et de la provocation au délit”“Monter un dossier” demande souvent des semaines, voire des mois de discussions avec le prédateur.

“Si ce collectif n’existait pas, on ne mettrait pas la main sur ces pédocriminels. Le monde virtuel est terrifiant”

a insisté Me Chatain.

Source : LNC | Nouvelle Calédonie

Un clown et animateur pour enfant condamné pour proposition sexuelle sur mineur

L’homme de 51 ans comparaissait ce matin devant le tribunal correctionnel de Nouméa, pour proposition sexuelle à un mineur de 15 ans. Il a été condamné à un an de prison ferme. 

C’est un procès sans victime, qui a été jugé ce vendredi matin devant le tribunal correctionnel de Nouméa. Sans victime, car c’est un faux profil virtuel, qui a permis d’arrêter cet homme de 51 ans, animateur pour enfant.

Le point avec Mathieu Ruiz-Barraud et Laura Schintu :

Faux profil

Un faux profil présentant une jeune fille de 13 ans, avec lequel l’homme a échangé durant plusieurs mois et ce, depuis le mois de mai dernier.

Derrière cette opération, un collectif local, qui traque les pédo-criminels sur internet en Nouvelle-Calédonie.

Une précision qui n’a pas d’importance aux yeux de la justice. Ce vendredi devant la cour, des extraits des deux cahiers d’échanges ont été lus. Des échanges, à caractère sexuels et pornographiques.

L’animateur clown y tient des propos extrêmement crus, demandant à la jeune fille fictive de réaliser des actes sexuels, ou encore de lui envoyer des clichés intimes.

Un an de prison ferme

Un homme qui se voyait alors comme un pédagogue, un éducateur sexuel « qui est allé beaucoup trop loin ». Devant la cour, il a d’ailleurs reconnu avoir « fait une connerie ». Des regrets maladroits et pas sincères selon le parquet, qui a requis deux ans de prison dont un an avec sursis, et une interdiction d’exercer avec les enfants pendant dix ans.

Il a été condamé à un an de prison ferme avec mandat de dépot et a pris la direction du Camp Est. Il est désormais inscrit au fichier des déliquants sexuels.

Infraction

Un verdict salué par Maître Laure Chatain, avocate de l’association Sos violences constituée partie civile dans cette affaire.

« La personne qui a commis ces faits était absolument persuadée de discuter avec une gamine de 13 ans. Il savait très bien quel âge elle avait et donc, l’infraction est donc parfaitement constituée. Le tribunal a été attentif aux risques et aux dangers que représentent les prédateurs sexuels comme ce monsieur sur internet ».

Une peine sévère en revanche pour son conseil Mr Marcou Dorchies. « C’est assez sévère, sachant qu’ils n’ont pas retenu la tentative de corruption de mineur. Car il n’y avait pas de mineur en l’espèce. Il a quand même reconnu avoir fait des propositions sexuelles, sur potentiel mineur ».

Un procès qui aura été une nouvelle fois l’occasion de mettre en lumière les dangers d’internet et des réseaux sociaux pour les plus jeunes. Et la nécessité de pédagogie auprès de cette jeunesse, parfois exposée à des prédateurs sexuels en ligne.

 

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