Val-D’oise | Un “Papy” accusé du viols de 3 mineurs de 8 à 15 ans dont des petits enfants

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Un grand-père accusé du viol de trois mineurs, dont deux petits-enfants de sa femme
Photo d'illustration
La cour d’assises du Val-d’Oise juge un grand-père accusé de viols sur mineurs de 15 ans et d’atteintes sexuelles sur mineur. L’audience dévoile le chaos provoqué par l’inceste pour toute une famille.

Tout le monde l’appelait « Papy ». Il n’était pas leur vrai grand-père, mais tous les enfants l’aimaient et le considéraient comme tel. Un papy exemplaire, généreux, gentil et agréable, qui avait épousé leur grand-mère, à qui l’on reproche alors tout juste des blagues douteuses.

Un « papy » aussi accusé depuis ce jeudi matin devant la cour d’assises du Val-d’Oise d’avoir plongé toute une famille dans le chaos de l’inceste en violant, selon l’accusation, deux de ses petits-fils âgés de 8 et 11 ans à l’époque des faits.

Cet ancien patron du restaurant le Monaco de Sannois est aussi poursuivi pour avoir agressé sexuellement un apprenti particulièrement vulnérable de 15 ans. C’est d’ailleurs le seul fait que Luc B., aujourd’hui âgé de 62 ans, reconnaît. Il conteste fermement les accusations de viols sur les petits-enfants.

La difficile libération de la parole

La honte, la difficulté d’assumer, la crainte de ne pas être crus… La parole avait mis 10 ans à se libérer. Et c’est à l’occasion d’une violente dispute avec sa mère début 2018 que K., aujourd’hui âgé de 22 ans, lâche une bombe.

« Le mari de ta mère, il m’a violé ! »

Il raconte alors ces masturbations et ces fellations imposées par le grand-père modèle en 2006 et 2007, dans son appartement de Sannois où lors de vacances à Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales).

Il n’est pas prêt à porter plainte mais son père, sous le choc, franchit le seuil du commissariat de Cergy. Son jeune frère, J., parle à son tour.

Apprenant que son frère a été victime de Luc B. il dénonce deux mois plus tard un viol similaire, commis lors d’une croisière en Méditerranée. Comme pour s’épauler, les deux frères dénoncent les faits devant les policiers de la brigade de protection des familles de la sûreté départementale.

Une déflagration dans la famille

« La première fois que c’est arrivé, c’était dans son appartement. Ma grand-mère était partie chercher du pain. Il était en peignoir, j’étais assis sur ses genoux. Il a commencé à ouvrir son peignoir… »

Le jeune homme témoigne à la barre et c’est pour lui une épreuve. Quelques instants plus tôt, la cour a diffusé les photos de vacances du petit garçon assis au restaurant ou lors d’une partie de pétanque, aux côtés du grand-père au look de play-boy, tel le Magnum de la série TV.

« S’il n’y avait pas eu ce qui s’est passé, c’était le grand-père que tout le monde voulait. Il présentait cela comme une initiation. Comme si j’étais un privilégié… »

Cela s’arrête en 2009.

« J’ai commencé à me protéger, à comprendre. J’évitais de me retrouver seul avec lui. »

Le jeune homme évoque aussi les répercussions sur sa famille qui s’est dispersée.

« Je pense que mes parents s’en veulent beaucoup de ne pas avoir su nous protéger. »

Mais aussi sur sa vie. Il parle de ses addictions à l’alcool et au cannabis, sa violence qui le submerge depuis des années et lui coûtera son couple et lui vaudra de connaître la justice. Il garde son secret, se sentant sali.

« Les faits, j’y pense très souvent. Tellement souvent je ne sais pas quand je n’y pense pas »

confie-t-il à la cour.

Des vies gâchées

Il vit seul mais a trouvé aujourd’hui un peu de stabilité dans son travail. Son frère cadet a également un emploi dans la plomberie mais joue sa vie à moto en quête de sensations fortes et de plaisir que les relations intimes ne lui procurent plus.

« Comme si je voulais me suicider »,

admet-il à la barre.

« Je me dis alors que ma vie est détruite. Je n’aurais jamais de sentiment pour personne. Je n’ai plus rien à faire ici. »

Il confie avoir compris plus tard, au collège, avoir subi un viol, évoque sa honte et l’absence de confiance en l’autre, son incapacité à aimer.

« Cela fait 3 ans qu’il essaye de nous faire passer pour des menteurs »

Les deux frères qui parlent de leurs vies « en partie gâchées » attendent des aveux, pour eux et pour toute leur famille.

« Le mieux serait qu’il avoue tout qu’il assume une fois pour toutes. Cela fait 3 ans qu’il essaye de nous faire passer pour des menteurs. Cela fait mal »,

poursuit J. Ce qu’ils ne supportent pas, c’est lorsque l’accusé évoque l’idée que les jeunes pourraient se tromper d’auteur, désignant leur vrai grand-père, aujourd’hui décédé.

Pendant tous ces témoignages, Luc B. est resté silencieux, sans réaction, hormis celle de faire préciser par son avocat, Me Aurélien Gallochat, que l’évocation du vrai grand-père n’est qu’une hypothèse de sa part.

Il doit s’exprimer sur les faits qui lui sont reprochés lundi, dernier jour du procès. D’ici là, il devra également entendre les témoignages du jeune apprenti qui vaincra peut-être son anxiété pour s’exprimer par visioconférence.

Actualisation du 14 janvier 2021

Eaubonne | 20 ans de réclusion requis contre le grand-père accusé du viol de trois mineurs

L’accusation a réclamé la peine maximale de vingt années de réclusion criminelle à l’encontre du grand-père de 62 ans. Luc B. était jugé pour le viol de deux petits-enfants et l’agression sexuelle de son apprenti de 16 ans.

La peine maximale, soit vingt ans de réclusion criminelle : c’est la peine requise lundi après-midi par l’avocat général à l’issue d e trois jours de procès à l’encontre du grand-père incestueux.

Luc B., 62 ans, est jugé depuis jeudi par la cour d’assises du Val-d’Oise pour avoir violé deux frères, à l’époque âgés de 8 et 11 ans, et d’avoir abusé d’un jeune apprenti vulnérable de 16 ans, dans son restaurant le Monaco de Sannois.

L’accusation a retenu le caractère incestueux des faits, ce que permet la loi depuis 2016, alors qu’il était le mari de la grand-mère des enfants et non le vrai grand-père.

Mais « Papy Luc » était considéré comme un grand-père modèle par toute la famille et les petits enfants qu’il avait vu grandir.

« Des éléments accablants » retrouvés dans son téléphone

L’avocat général a enfin demandé cinq années de suivi sociojudiciaire à l’encontre d’un accusé qui nie depuis le premier jour avoir agressé ses petits-enfants.

Un homme qui a aussi reconnu avoir eu des relations intimes « consenties » selon lui, avec son jeune apprenti, lorsqu’il était mineur, puis plusieurs années ensuite.

Il appuie ses réquisitions sur « des récits concordants » des victimes et les « éléments accablants » retrouvés dans son téléphone d’où ressortent « ses penchants pédophiles ».

Des recherches particulièrement significatives sur un même modèle : « vieux salaud abuse de jeune gay ».

« Il n’y a pas de remise en question, d’aveux. Il y a le sentiment que la situation aurait pu perdurer, que d’autres personnes auraient pu être victimes », a-t-il ajouté.

Le verdict était attendu tard dans la soirée.

« Je persiste, je n’ai jamais touché un enfant »

L’affaire avait éclaté en janvier 2018 lorsque à la suite d’une nouvelle crise au sein de la famille, K., aujourd’hui âgé de 22 ans, révélait avoir été violé à l’âge de 8 ans, un an durant.

Quelques jours plus tard, son jeune frère G., confiait avoir été violé une fois par « Papy Luc », lors d’une croisière.

« Je persiste, je n’ai jamais touché un enfant. Je le dis et je le redis ! » Interrogé ce lundi matin sur les faits, Luc B., a nié fermement avoir violé les deux frères, comme depuis le premier jour. « J’ai beau essayer de montrer mon innocence, je n’y arrive pas. » Il explique les accusations de K. par l’addiction au cannabis et à un prêt d’argent refusé. « J’aurais fait la chose avec un enfant, je l’aurais dit. »

Il reconnaît le viol de son apprenti

Il a toutefois reconnu avoir eu des relations sexuelles pendant dix ans avec son jeune apprenti particulièrement vulnérable à une fragilité psychologique et psychiatrique immense que l’accusé connaissait.

« Jamais vous vous êtes dit qu’il a des problèmes psychologiques, qu’il était votre apprenti, que vous aviez 52 ans ? » lui demande la présidente de la cour d’assises.

« C’est vrai que c’était pas bien mais je n’en avais pas la conscience. Je ne pensais pas du tout à ça. Je le voyais plutôt avec des yeux amoureux qu’avec les yeux d’une personne beaucoup plus âgée. J’aimais ce garçon. Je m’aperçois que ce n’était pas l’amour qu’il cherchait. Peut-être un père. Je n’ai pas compris. »

« Il les a marqués jusqu’à la fin de leurs jours »

« Luc B. assouvit ses désirs sexuels sur des enfants ou des adolescents fragiles qu’il piège d’autant plus qu’ils ont de l’affection pour lui » a rétorqué Me Michèle Delesse, l’avocate de l’apprenti, qui retient le terme de « trahison » dans sa plaidoirie.

L’avocate des deux frères et de leurs parents a souligné les répercussions au sein de la famille qui a implosé.

« Leur destinée a été modifiée dès lors que leur grand-père a abusé d’eux », insiste Me Sandrine Paris-Heidegger, qui le qualifie de pédophile. « Il les a marqués jusqu’à la fin de leurs jours. Il en a fait ses objets. Ils sont des adultes irréparables, salis, souillés, qui n’ont plus de confiance. » Elle ajoute, à l’adresse de la cour : « Je vous demande de sortir du silence les victimes, leur permettre d’aller vers une amélioration. Ils le méritent. Ils sont jeunes. »

Son conseil plaide l’acquittement pour les deux viols

« Est-ce que vingt ans, cela va apaiser les souffrances, lui permettre de comprendre ? Est-ce satisfaisant pour votre fonction de juré ? J’en doute très sincèrement », a répondu Me Aurélien Gallochat, l’avocat de Luc B. qui a demandé l’acquittement pour les deux viols après des réquisitions jugées « effrayantes ». « On vous demande de l’éliminer de cette société. Si on le condamne à vingt ans, le maximum, les prédateurs, on les condamne à quoi ? » demande-t-il, en évoquant les éléments à décharge : l’absence de caractère pédophile selon un expert, de comportement de chasseur, l’absence de tout fichier pédopornographique dans son matériel informatique. « Si vous devez le juger coupable, condamnez le justement, avec humanité », a-t-il conclu.

Le grand-père violeur est condamné à quinze ans de réclusion criminelle

A l’issue de trois jours d’audience, Luc B., 62 ans, a été condamné par la cour d’assises du Val-d’Oise. Une décision accueillie par un grand soulagement par les familles des victimes.

Plusieurs années de prison attendent « Papy Luc ».

Le grand-père incestueux d’Eaubonne a été condamné à quinze ans de réclusion criminelle.

Lundi soir, la cour d’assises du Val-d’Oise l’a reconnu coupable d’avoir violé deux de ses petits-fils, K. et G., qui étaient âgés à l’époque de 8 et 11 ans et le considéraient comme toute la famille comme un grand-père modèle, généreux, gentil, particulièrement exemplaire.

Luc B. a été également condamné pour les atteintes sexuelles par personne ayant autorité sur son jeune apprenti de 16 ans. F., un jeune homme particulièrement vulnérable, au lourd handicap psychologique et psychiatrique, sous l’emprise de son maître d’apprentissage, avait été agressé dès son arrivée dans le restaurant le Monaco que dirigeait l’accusé à Sannois, en mars 2008.

Il n’entend pas faire appel

Ayant déjà effectué trois ans de détention provisoire, l’accusé ne devrait pas faire appel de la décision, a confié ce mardi son avocat, Me Aurélien Gallochat.

L’accusation avait requis la peine maximale, soit vingt ans de réclusion criminelle.

La cour a également retenu le caractère incestueux des faits, comme le permet la loi depuis 2016, alors que l’accusé n’était pas le vrai grand-père des deux enfants, bien que considéré comme tel.

En face, sur le banc des parties civiles, la décision a été accueillie avec un immense soulagement, clôturant des années noires pour une famille dévastée, qui a implosé sous la violence des faits puis des révélations.

Le jeune K., aujourd’hui âgé de 22 ans, s’est effondré lundi soir.

C’est lui avait fini par révéler avoir été violé par son grand-père lors d’une violente altercation avec sa femme et ses parents, lançant l’enquête qui allait aboutir au procès.

Malgré l’absence d’aveux, «cette décision est un soulagement»

« L’annonce de la décision, cela a été comme un coup de massue pour lui. Cela a été libératoire », indique Me Sandrine Paris-Heidegger, l’avocate de la famille.

Ce jeune homme, violé par son grand-père pendant environ un an, un homme qui lui imposait des masturbations et des fellations, a vécu ensuite des années particulièrement difficiles, se réfugiant dans le cannabis, en proie aussi à des tendances suicidaires.

« Si tu m’aimes, viens m’aider à mourir », avait-il un jour lancé à sa mère, au téléphone.

La question de la peine n’est au final pas apparue primordiale pour les parties civiles.

« La famille n’a pas abordé la durée de la peine de prison. Ce qui comptait pour elle, c’était la condamnation », poursuit Me Sandrine Paris-Heidegger.

« Cette décision est un soulagement, l’aboutissement de toute une démarche qui a été longue et difficile à mener pour la famille. Une famille qui est restée digne jusqu’au bout, qui a mené un véritable combat qu’elle a gagné hier. Une famille en souffrance qui va désormais réussir à se reconstruire parce qu’il y a eu la reconnaissance de la culpabilité. »

L’avocate n’élude pas que la famille avait réclamé des aveux de la part du grand-père et que celui-ci n’a jamais reconnu les faits depuis le premier jour de garde à vue, et tout au long des trois jours d’audience.

« Le fait qu’il ait gardé le silence et qu’il ait nié les faits a rendu le procès douloureux.

Il a répété que l’auteur était une autre personne, qu’il y avait un complot contre lui et que K. était toxicomane.

Mais la famille est restée d’une grande dignité sans jamais en rajouter. »

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