3ème procès d’Outreau | Compte rendu Jour 5

3ème Procès Outreau – Résumé du 26/05/2015

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9 h20 :

La cour annonce que Dimitri Delay ne se présentera pas à la barre.

Témoignage de Mme Romano, psychologue, docteur en psychopathologie, chercheur à l’INSERM, experte auprès des tribunaux, psychologue urgentiste au Samu 94 et référente de la consultation de psycho traumatisme du val de marne.

Cette experte est venu expliquer pendant près de 2 heures le vécu traumatique et le fonctionnement de la mémoire traumatique.
Elle nous dira que les enfants très jeunes et même des bébés enregistrent tous les traumatismes importants et qu’en cas de maltraitance régulière, le corps produit une grande quantité d’adrénaline et de cortisone.
Cela influe au niveau neurobiologique, ce qui empêche un sujet victime de ces sévices d’avoir un discours linéaire ou chronologique.
Ce qui atteste d’ailleurs de l’authenticité du discours, le fait de redire et répéter est extrêmement violent pour le sujet.
Elle nous expliquera que ce type de victime développe des troubles post-traumatiques.
En effet, plus un enfant est abusé par son entourage proche, plus la destruction est importante.

Le président: «Dans le dossier nous avons des déclarations dans plusieurs périodes, devant plusieurs personnes et des faits écrits.
Ce qui tenterait à prouver un certain nombre de choses.
Il y a eu une enquête, des investigations, des confrontations, mais les faits d’aujourd’hui n’ont jamais été dénoncé ?»

Elle expliquera que la mémoire traumatique peut être en sommeil et se réactiver.

Le président : « Comment et quel clé faut-il avoir pour savoir si ce n’est pas un sentiment d’injustice ou de souvenirs reconstruits ? »
Elle répond : « Il y a l’aspect émotionnel associé aux souvenirs, ça s’appelle l’aspect sensoriel, ne pas être sur est normal. »
Elle explique que le nom qui ressort le plus, c’est celui qui a en général le plus marqué la victime et lorsqu’il y a beaucoup d’adultes c’est très compliqué pour l’enfant de discerner les uns des autres.
Lorsque les enfants sont victimes d’attaques, de viols et de souillures extrêmement violentes, ils en gardent des séquelles toute leur vie éprouvent de la culpabilité, ressentent de la honte et ont la sensation d’être salit.
Elle nous explique aussi que lorsqu’il y a un passage pour un enfant devant une cour d’assise, un enfant jeune doit y gérer le stress, les émotions ainsi que ses anciennes agressions.
Ce qui peut amener à d’éventuelles craintes.

Le président : « Vous dites que les enfants manquent de confiance envers les adultes, mais pourtant ils ont parlé à des adultes à leurs assistantes maternelles et aux enquêteurs ? »

Elle dira que quand un enfant se rend à un procès, qu’il y a le monde, les voix, les regards des adultes, ça peut tétaniser l’enfant et donc parasiter le récit.
Elle ajoute que les victimes n’arrivent parfois pas à retrouver leurs souvenirs mais qu’ils reviennent sous formes de flash, ce qui est un signe d’authenticité de la mémoire traumatique.
“Dire que les enfants sont des menteurs ça arrange pour ne pas révéler certaines choses, les adultes mentent aussi et bien mieux que les enfants.”
“Il est important de savoir écouter comme il faut pour ne pas oublier ou déformer les choses.
Quand on met une étiquette de menteur sur un sujet veut se reconstruire, c’est extrêmement violent, victimisant et destructeur pour celui-ci.”

Me Forster : « Est-ce qu’il est nécessaire d’avoir une formation pour l’écoute des enfants ? »

Elle répond : « Dans le cas qui nous occupe, oui c’est très important, savoir écouter, mettre des notions de temps pour ne pas interpréter est indispensable, il faut connaitre les troubles et comportements selon les âges des enfants.
Dès qu’un enfant est en sécurité il s’exprime avec des maux (violences ou comportements sexuels). »
Elle dira que 80% des victimes agressent un jour, surtout s’il y a violence et terreur.
Le trouble post traumatique c’est la terreur de revivre des choses, des craintes, des difficultés dans le monde extérieur, ce qui parasite le rapport aux autres.
L’estime de soi, le respect de soi, valoir quelque chose, nous est transmis par ceux qui nous aiment. On peut appeler ça le trésor psychique.
Lorsqu’on est soumis à des violences de la part de l’entourage (famille ou amis de la famille), c’est extrêmement destructeur.

Fin du témoignage.

S’en est suivi une pause durant laquelle, les avocats de l’accusé sont de suite allé voir les journalistes de « le monde » et « le figaro » (pour ne pas les citer : Laurence Aubenas et Durand Souffland) comme à leurs habitudes.
On remarquera la très grande complicité de ces braves gens…

 11h15 :

Témoignage De Laurence Graton (garde d’enfants)

Elle a accueillie les trois enfants Delay à des périodes différentes de 2011 à 2013.
Elle expliquera que Chérif avait de gros troubles du comportement, boulimie, tentative de suicide, scarification, crise de rage, insomnie, terreurs nocturnes.
L’avocat général a essentiellement insisté sur les sentiments d’amour maternelle , sur une éventuelle adoption et les sentiments amoureux qu’ils pouvaient avoir l’un pour l’autre, en insistant et demandant si c’était normal qu’elle mette Chérif en position d’inceste d’un ton très énervé!

L’avocat général : « Vous êtes en situation d’inceste avec Chérif alors que vous êtes dans une association qui lutte contre l’inceste ! »

Elle répondra : « C’est n’importe quoi ! »

Question de Dupond-Moretti : « Connaissez-vous Jacques Thomet ? » « Où a-t-il publié son livre ‘’ Retour à Outreau ‘‘? »

Elle répondra : « Chez le seul qui a bien voulu, chez “Kontre Kulture”. »

Il rétorquera : « Oui voilà, chez Alain Soral qui fait des saluts hitlériens devant le mémorial … » (s’en suivra un brouhaha).
Le président interviendra encore une fois pour que les avocats évitent les hors sujets pour maintenir la sérénité des débats.

Laurence Gratton : « les journalistes déstabilisent bien les victimes eux ? »

Il répondra : « ça, c’est autre chose. »

Dupond-Moretti reprendra ses questions tout en gardant comme sujet principal, non pas les enfants Delay mais Mr Serge Garde, le documentaire « Outreau, l’autre vérité » ou encore différents blogs que Mme Gratton a en sa possession sous divers pseudonyme.
Il s’est plaint de « Crapouillerie » mais aucune question pertinente sur les enfants.
Dupond-Moretti soulignera le fait qu’il est outré d’entendre que les avocats de la défense auraient malmenés les enfants lors des anciens procès.
Il rajoutera, « c’est n’importe quoi, tout s’est bien passé !»

Fin de matinée.

14h15 :

Témoignage d’Homeyra Cellier, fondatrice d’innocence en danger.

Elle nous expliquera son parcours, puis l’ouverture d’innocence en danger France ainsi que dans d’autres pays (Allemagne, Suisse, Etats-Unis…)
Elle nous donnera son point de vue sur l’affaire : « Le cas Outreau est une jurisprudence »
Le président demandera si elle a aidée des enfants victimes de l’affaire Outreau.

Homeyra Cellier : « Seulement les Delay, Chérif et Dimitri était sans domicile fixe et n’avaient pas de papiers, ils avaient des problèmes de santé, ils avaient besoin de tout!
Un soir d’hiver, elle emmena Jonathan à un repas chez des amis à elle, il avait des baskets en tissu trouées et ses pieds était moisis.
N’ayant pas de solutions d’hébergement pour cette nuit-là, Jonathan dormira dehors…
Je les trouve extrêmement courageux de ne pas être dans un pire état que ça, ils ont été traités de mythomanes, de menteurs ils n’ont pas été reconnu réellement en tant que victimes. »
Elle expliquera que chaque mois, il y a des centaines de cas d’abus sexuel qui arrive au siège de son association, que ce qui ressort de ses dix dernières années, c’est que les enfants ont mentis, que personnes ne sait qu’ils avaient deux avocats contre seize avocats pour la partie adverse.

Dupond-Moretti s’exclame : « Vous faites ça pour le bien des enfants, mais je pense que ça leurs fait du mal ! Ce n’est pas vrai qu’on a bien interrogé les enfants et qu’ils n’ont pas reconnue Daniel Legrand ?
Il faut que ça s’arrête un jour, les complotistes !»

15h20 :

Enquêteur de police qui a fait des investigations en Belgique « Inspecteur, je ne sais pas »

Il explique qu’il emmena Jonathan et Dimitri au commissariat d’Ypres en Belgique, pour trouver les fermes qui servaient « aux partouzes » citées dans les déclarations des enfants et de Myriam Badaoui.
Ils ont emmenés les enfants dans deux voitures différentes, Jonathan a reconnu une maison et Dimitri une ferme.
Myriam Badaoui reconnaitra la ferme sur une planche photos présentée par les policiers et donnera des détails.
Des investigations seront menées dans les deux structures, sans résultats.
NDRL: Myriam Badaoui avait parlée d’un jeune agriculteur, comme par hasard l’agriculteur a vingt-cinq ans et a racheté cette ferme un an avant les investigations.

Enquêteur de police : « je n’ai rien trouvé en Belgique ».

Me Reviron : « Pourquoi ne pas avoir emmené plutôt Mme Badaoui ?»

Enquêteur de police : « Pour des problèmes d’extraditions »

Me Reviron : « Je pense que ça aurait été plus judicieux …»

L’avocat général posera une succession de questions pour savoir s’il était possible que les enfants qui étaient dans deux voitures différentes lors du repérage en Belgique avec les enquêteurs, aient pu se voir et donc s’influencer sur la désignation des habitations.

Me Delarue : « Nous allons faire taire les rumeurs.
A l’époque vous preniez ça très aux sérieux pour trouver un réseau potentiellement international. Le 27 septembre 2001, des investigations sont menées et ne donne rien, les voisins n’ont rien vu de bizarre (rien vu, ni entendu).
Ndlr : Dimitri dénoncera pour la première fois des agresseurs en 1999 et des investigations seront menées en Belgique le 27 septembre 2001.

16h40 :

Témoignage de Thierry Delay par visioconférence.

Thierry Delay : « Je n’ai pas grand-chose à dire »

Le président : « Est-ce que vous connaissez Legrand ? »

Thierry Delay : « Non ».

Ensuite il démentira toutes les accusations faites contre Daniel Legrand fils et les acquittés. Apparemment il serait victime d’une erreur judiciaire car il dit avoir abusé de ses enfants mais pas des autres victimes reconnues lors du dernier procès, pourtant il ne s’en plaindra jamais et ne fera jamais appel de sa condamnation.
« J’ai gardé la condamnation pour moi… »

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Il confirmera qu’il avait des perversions envers ses enfants, puis que ses deux voisins Grenon et Delplanque était bien présent lors des « partouzes ».
Il réaffirmera qu’il ne connaissait pas Daniel Legrand père et fils.
Il dit qu’il n’a jamais été en Belgique, il n’a jamais filmé ses enfants pendant les abus.
Il expliquera qu’il allait faire des achats au sex-shop de Boulogne-sur-Mer, deux à trois fois par semaines.
Puis, que c’est l’alcool qui serait la cause de ses déviances sexuelles, qu’il n’a quasiment pas de souvenirs.
Quant à l’existence d’un éventuel trafic de vidéo pédopornographique qu’il filmait lui-même avec son caméscope (cet achat était très couteux dans les années 90), il niera bien évidemment les faits sans bien sûr pouvoir dire ce qu’il filmait et quelle vidéo souvenirs il faisait avec ses enfants.
Il se défendra simplement en disant qu’il s’agit de mensonges, qu’il n’a jamais fait de films, qu’il a seulement fait des perversions sur ses enfants.
Pour autant, à noël 95 il offrira à ses 3 enfants une cassette pornographique en leurs disant qu’ils devaient apprendre comment faire.

NDLR : pourtant les enfants Delay ont toujours parlés d’échanges de billets entre les adultes et de caméscope.
La vérité sort de la bouche des enfants, sauf quand ils parlent de pédocriminalité.

Pendant près d’une heure il tentera de se défendre face au président de la cour, en prenant plusieurs angles de défense : l’amnésie, le déni (des faits les plus graves), en avouant plus ou moins les faits qu’il ne peut nier et pour lesquels il a été condamné (tout en rejetant le fait d’avoir violé les enfants Delplanque).
Tout ça dans une impassibilité déconcertante.

Un avocat de la partie civile lui demandera s’il a subi des abus de son père et de son cousin, Thierry Delay confirmera et dira même qu’il a reproduit ce qu’il a subi.
Me Reviron lui demandera s’il a été confronté à Daniel Legrand, et là, une des particularités du procès Outreau : l’amnésie !
Il ne s’en rappel plus. Quand l’avocat rajoute que Thierry Delay était présent lors de viols, une seconde particularité du procès revient à la charge : le déni ! « C’est faux ! »

Les avocats de la partie civile lui demandent s’il allait la nuit dans les cimetières pour fracturer les tombes et voler des crânes pour sa collection.
Il expliquera qu’il voulait crée des catacombes chez lui, il en possédait 90 !

Me Forster avocat de Dimitri rentre en scène avec une succession de questions pertinentes qui refrappera tout d’un coup Thierry Delay d’une amnésie foudroyante.
Il ne se souvient pas qui a refait ses balcons en 1996, il ne se souvient pas des aveux circonstanciés qu’il avait fait à l’époque.

A la question : « Quand Dimitri met des gens en cause, ment-il ? »
Il répondra qu’il ne ment pas.

Me Reviron lui demandera s’il s’était intéressé à ce que sont devenues ses enfants.

Thierry Delay : « il répondra que non, ça ne l’intéresse pas »

Chérif demandera à parler a son “père” : « Bonjour, aujourd’hui je fais 1m80, je pèse 71 kilos, j’ai plus peur de toi!
Tu vois cette couleur, c’est moi, mes origines!
Quand je te vois là, tu me fais pitié…c’est toi la merde aujourd’hui!»

Jonathan Delay
Jonathan Delay

Jonathan demandera également à parler à son père : « Sais- tu qui je suis ? »
Il dira : « Jonathan »
Jonathan : « Tu confirmes qu’il n’y avait pas d’autres adultes ? »
La Thierry Delay baisse les yeux en répondant : « Je ne sais plus, on était que quatre »
Jonathan : « Es-tu sûr et certain ? »
Thierry Delay : « oui »
Jonathan : « Explique pourquoi avoir commis toute ses choses ? »
Il répondra : « J’avais pas ma tête à moi »

Aux questions :

-Pourquoi douze enfants ont été reconnus victimes ?
-Ya-t-il un complot contre vous ?
-Les enfants peuvent-ils se tromper ?
Re-amnésie de Mr Delay, il ne sait pas…
Par contre aux autres questions « David Delplanque avait-il un surnom ? »  « Ou combien de fois êtes-vous allé au sex shop et avec qui ? »
Thierry Delay: « non David n’avait pas de surnom, j’allais seul au sex-shop. »
Il en est sur et certain.

Fin de l’audition.

 

18h15 :

Visionnage d’une cassette vidéo de l’audition de Jonathan Delay en 2001 (procédure Mélanie).

NDLR: Nous remarquerons instantanément qu’il y a très peu de volume, alors qu’il s’agit d’un témoignage important pour nous permettre de comprendre la véracité des propos à l’époque du témoignage des enfants.
Dans la salle d’audience, où sont présents, jurés, associations publiques et journalistes, aucun tests son n’a été effectué au préalable afin de permettre une qualité d’écoute satisfaisante.
Même en tendant l’oreille, c’était très compliqué pour nous de comprendre le témoignage.
Le président de la cour a d’ailleurs arrêté la diffusion au bout de quinze minutes.

Nous y voyons Jonathan âgé de six ans, un petit garçon poli, bien apprêté mais aussi très agité et nerveux, il parle volontiers.
Il donnera de nombreux détails spontanément, en citant des endroits, des personnes, des détails physiques, des scènes de viols, des particularités physiques qu’il a remarqués sur les adultes.
Quand il ne connait pas les noms cités par le pédopsychiatre, il répondra simplement qu’il ne les connait pas.
Nous constaterons que ce n’est pas un enfant affabulateur.

Fin de la diffusion.

Jonathan Delay enfant
Jonathan Delay enfant

Deuxième visionnage d’une cassette vidéo de l’audition de Chérif Delay en 2001
(procédure Mélanie).

La qualité du son n’étant pas meilleure, nous sommes partis dans la salle de retransmission vidéo où sont placés le reste du public qui ne peuvent pas accéder à la salle d’audience pour manque de places.
Là, le son était correct.
Nous y voyons Chérif âgé d’environs onze ans, il est poli, bien apprêté et parle aussi volontiers.
Il est clair dans ses propos, il est plus détendu que son petit frère.

Lui aussi donnera de nombreux détails sur des adultes, nous passerons les faits sordides que Chérif a détaillé pendant plus d’une demi-heure, de nombreuses scènes de tortures physique, des lieux et des « façons de faire » qu’un enfant de cet âge ne peux inventer.
D’autres part, lorsqu’il ne connait pas des adultes cités, il le dit tout simplement et ne cherche pas à mentir.
Chérif continue son témoignage en expliquant ses nombreuses craintes, ainsi que plusieurs phrases qu’il aura entendu entre les adultes.
Il dira également : « Je sais où sont les cassettes, je le sais par cœur, mes parents me les montrent et disent : « regardez, comme ça vous les ferez avec d’autres gens ». ».
Chérif étant placé à l’époque, il ne rentrait chez ses parents qu’un week-end sur deux et dit clairement lors de cette audition que Dimitri, qui est le plus grand, connait pleins d’autres noms d’adultes.
Il citera aussi un Jean Marc : « qui est très méchant, qui lui fait peur et qu’il est pire que son père et qu’un jour il a voulu le tuer » en donnant des détails.
« Les habits sont crapis et il vit chez sa mère ».
Il finira son témoignage avec autant de détails sordides qu’un enfant de cet âge ne peut imaginer.

Fin de la cinquième journée.

L’équipe Wanted Pedo

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