3ème procès d’Outreau | Compte rendu Jour 3

3ème Procès Outreau – Résumé du 21/05/2015

L’audience a démarrée avec une heure et demi de retard suite à un problème de visioconférence.

11

 

Témoignage de Mme Darque assistante maternelle en charge de Chérif de 1998 à 2004 :

Mme Darque attestera que Chérif a commencé à dénoncer les faits en début 2001.
Elle le décrira comme un enfant très perturbé et très à vif qui en voulait énormément à sa mère
D’après elle, ce comportement était sûrement dû à des maltraitances.
Elle évoquera également les cassettes pornographiques qu’il avait reçues en guise de cadeau de noël.

Témoignage de Mme Bernard assistante maternelle en charge de Dimitri et son petit frère :

Mme Bernard a accueilli Dimitri de Mars 2000 à 2005 ainsi que son petit frère de Mars 2000 à 2007.
Leur âge respectif était de 7ans et 3 ans 1 /2.

Elle témoignera que Dimitri était très perturbé, et sans éducation.
Un enfant au comportement sexué, victime de cauchemars et de peurs anormalement excessives.
Pour exemple, il rasait les murs à chaque fois qu’il voyait le mari de Mme Bernard.
Elle remarquera aussi chez lui des problèmes aux parties génitales.

Concernant ses parents, c’est en fin d’année 2000 que Dimitri fera des révélations à son assistante maternelle.
Cette dernière fera alors remonter ces informations à sa référente, qui en informera alors l’assistante sociale.

Lors de sa première déclaration Dimitri s’est beaucoup confié.
Il évoqua les abus de son père en donnant de nombreux détails et il établit une liste de noms en comptant sur ses doigts.
Il avouera cependant ne pas avoir tout dit.
Par la suite, il parlera d’autres enfants. Un jour, il fera mention d’un dénommé Jean Marc qui paye ses parents pour avoir des rapports sexuels avec eux et les enfants.

En Juin 2001 Dimitri fait une nouvelle liste de noms :

L’abbé Dominique Wiel, le taxi martel, la boulangère, le Dr Leclercq et l’huissier Marécaux qui est une connaissance de l’assistante maternelle.

Étonnée par cette dénonciation, elle éprouvera les dires de Dimitri concernant Marécaux pour en vérifier la véracité mais face à la cohérence, à la célérité et à la sincérité de ses propos, elle finira par croire l’enfant.

C’est de par cette liste, que Dimitri parlera pour la première fois d’un Dany Legrand en Belgique.

Constatant que l’assistante maternelle a tout mis en œuvre pour le bien-être des deux enfants à sa charge, la défense essayera de faire sous-entendre que les éléments recoupés par l’enquête des assistantes maternelles, ont pu influencer les enfants.

Suspension d’audience.

14h30 Témoignage en visioconférence du Dr Dickes

Le Dr Dickes a effectué « un examen complet » sur Chérif Delay le 06 Janvier 1999.
Une expertise qui sera rendue sous forme de certificat médical et qui semble avoir été cachée ou perdue jusqu’au procès et après le départ du juge Burgaud.
N’ayant pas son rapport à disposition, nous avons dû attendre qu’il en prenne connaissance.

À son apparition à l’écran, nous avons cru voir Emile Louis…mais non il s’agissait bien du Dr Dickes.

Il dira faire partie de l’association catholique des médecins et il rajoutera avoir été mandaté pour une affaire bizarre.
Il est bon de préciser qu’il est un ami de l’Abbé Wiel.
Mal à l’aise, il justifiera sa mauvaise expertise en lancant des boutades telles que:

« Je n’allais pas regarder s’il était blond ou brun ou s’il avait cinq orteils».

Pourtant, aucun examen buccal ni même une prise de tension n’auront été effectués sur Chérif, alors qu’il s’agit là de la base de l’expertise médicale.

Cependant, il aura estimé nécessaire de procéder à un touché rectal et anal en expliquant que l’anus était perméable à un doigt.
Malgré tout, il ne constatera ni trace d’agression sexuelle, ni trace de violences et pas même une trace de lutte, alors qu’apparemment Chérif avait des stigmates sur le corps.

Il déclara que si Mr Lesigne avait correctement analysé son expertise il n’y aurait pas eu d’affaire Outreau.

2

Avocat de la partie civile : « pour quels faits avez-vous été mandaté ? »

Dr Dickes: « je ne sais pas, elle est bizarre votre question »
Sachant que des traces de sévices ou de violences restent jusqu’à 60 jours maximum, l’avocat s’étonnera que des faits dénoncés en 1997 n’aient enclenchés une expertise que 2 ans plus tard.

Pourquoi un expert qui à toute sa vie expertisé des enfants, n’est pas capable de déceler un enfant gravement atteint de sévices alors qu’il porte des stigmates sur le corps ?
On peut se demander comment ce type « d’expert » peut rester en poste autant d’année.

15h10 Témoignage du deuxième expert qui a examiné par deux fois la totalité des enfants Delay

Placé depuis 2000, c’est en fin d’année que Jonathan Delay dénoncera les faits d’abus et de violences.

L’expertise du 27.02.2001 révélera un enfant turbulent et agité ainsi qu’une diminution du tonus de son sphincter anal qui serait la cause d’actes de pénétrations répétés par à un sexe adulte en érection ou à des godemichets.
Il avouera qu’au cours de sa carrière il aura rarement constaté ce type de lésions.

L’expert sera clair : «l’enfant a subi des sévices sexuels dont l’introduction certaine d’un sexe adulte en érection ou de godemichets.»

Expertise d’Emelyne Delay :

La petite dira qu’elle n’a jamais été violée, qu’elle n’a subi aucun coup, ni menaces, ni sévices alors qu’il apparaît qu’elle ait été abusée. L’expert explique que la cicatrisation des muqueuses prend, au maximum, une quinzaine de jours.

Expertise de Chérif Delay :

Il expliquera à l’expert qu’il s’est fait étrangler par son beau-père et qu’il a reçu une cassette pornographique à noël pour lui et ses frères.
Il dit aussi avoir été battu et violé.

L’expert ne constatera aucunes traces récentes mais une légère diminution du sphincter anal.

Expertise de Dimitri Delay :

Aucune expertise ne sera faite sur lui car il refusera de se soumettre à l’examen médical.
Par contre il parlera des sévices infligés par ses parents.

Questions des parties civiles :

Partie civile : « combien faites-vous d’expertises par an ?

L’expert : «une centaine…le dossier Delay est un cas exceptionnel»
Il dira avoir vu ce type de dossier «seulement deux ou trois fois en 30 ans de carrière…»

Partie civile : «est-il possible de violer des enfants sans laisser de traces?»

L’expert : «oui»
NDLR: Chose que nous savions de source sûre, car des sites pédocriminels (type la garconierre) que nous surveillons expliquent ces techniques aux «novices.»

Témoignage De Mme Chochois, assistante maternelle en charge de Jonathan Delay

À l’âge de 5ans Jonathan a été placé pour «violences du père».

Mme Chochois verra en Jonathan un enfant timide, perdu, sans éducation avec des problèmes de propretés.
Au bout de quelques mois, il lui dira qu’il a des choses à raconter.
Passé 7 mois, il demandera à l’assistante maternelle si elle possède des films pornographiques en lui expliquant qu’à la maison, il devait regarder ça avec ses parents.
Suite à quoi il se mettra à dénoncer les faits et parlera de scatophilie, de violences avec des objets et il lui dira que ce n’est pas beau de faire l’amour avec des enfants.

Quand il dénoncera les faits, Mme Chochois notera un discours réaliste avec l’impression que l’enfant revivait les moments.
Elle ajoutera « un enfant de cet âge-là n’invente pas des faits comme ça, c’est impossible … »

Plusieurs semaines après les dénonciations, les droits d’hébergements des parents ont été maintenus, ce qui leur aura permis de continuer à maltraiter leurs enfants.
Des traces de coups seront d’ailleurs relevées par un médecin au retour d’un droit de visite.

Petite perturbation :

Un jeune homme assis au premier rang qui était venu soutenir Dimitri et l’association Wanted Pedo regardait Daniel Legrand et ses avocats avec insistance.
Maxime le président de l’association lui demanda donc de se calmer en lui expliquant que nous n’étions pas là pour ça.

Il n’en faudra pas plus pour que les avocats de la partie adverse se lèvent et pointent du doigt le jeune homme en citant également l’association Wanted Pedo.

Ils reviendront sur le sticker collé la veille sur le cendrier poubelle à l’extérieur du tribunal, qu’ils avaient d’ailleurs précieusement gardé.

Me Vigier en rajoutera une couche en mentionnant, nous citons :  « le clin d’yeux » inadmissible que Max lui aurait fait dans la matinée.

Le président de la cour demandera alors des explications et Max se lèvera spontanément afin de lui en donner.

Ne voulant pas écouter les explications, la défense haussa le ton.
Suite à quoi le président de la cour appela au calme quand soudain le jeune homme s’écria :

«Daniel Legrand est un pédophile en tout cas!».
Il se fera immédiatement expulser de la salle.

Témoignage de Mr Bouyard Commissaire de police, chef de groupe par intérim du service stupéfiant

Il semble avoir une grande complicité avec Me Delarue, avocat de la défense.
Il dira avoir passé 48 heures sur cette affaire.
Ces supérieurs lui auraient remis une pochette avec peu d’éléments afin de placer le père de Daniel Legrand en garde à vue.
Lequel était présumé « tête de réseaux » affilié à la Belgique.

Un peu d’émotion :

Au bord des larmes, l’inspecteur raconta qu’il avait été «retourné  par l’entrée carcérale de Daniel Legrand. Legrand lui aurait imploré de faire son travail pour qu’il le sorte de là! Sniff… Car il était innocent! Sniff…
Mais heureusement, l’inspecteur réussit à retenir ses larmes…

En tous cas, une chose est certaine, pour lui Legrand est innocent.
48h seulement lui auront permis d’arriver à cette conclusion.

Les questions de la partie civile :

Mr Bouyard dira s’être retrouvé face à des gens éberlués, qui ne comprenaient pas ce qu’il se passait et qu’il était très sceptique vis-à-vis de l’affaire lorsqu’il vit que les personnes interpellées étaient en état de choc.

Quand Me Forster le questionna sur la réputation de Mouscron ou encore sur les déplacements de Daniel Legrand à Outreau, Mr Bouyard dira ne pas comprendre les questions.

Par contre il réaffirmera que les Legrand ne sont pas des têtes de réseaux
Point sur lequel nous sommes d’accord car nous les considérons comme des hommes de pailles.

 

19 h00 Témoignage de Chérif Delay

3

A la demande de sa mère, il a été placé plusieurs années avant ses frères.

La photo des Legrand n’a jamais été présentée aux enfants Delay lors de leurs auditions.
Chérif se présenta à la barre, calme, pesant bien ses mots et en s’exprimant très clairement.
Il racontera alors son parcours, son calvaire et donnera des détails sordides sur les sévices qu’il aura subit par ses parents.

Il posera une question très pertinente à la cour :

-«Quand une mère viole ses enfants, peut-elle les vendre à d’autres?»

Content de pouvoir s’exprimer, il notera une ambiance différente des deux anciens procès contenu du fait qu’il avait désormais le droit à la parole.
Il continuera son témoignage poignant en expliquant le défilé de personnes qui venait chez lui pour abuser de la famille et pour filmer les scènes.
Chérif s’en souvient bien car «il avait peur…»

Il donnera une liste de personnes présentes lors de ces scènes et «partouzes» selon ses termes.
Dans cette liste seront cités l’abbé Wiel, Thierry Dausque, ses propre parents et les Legrand père et fils.
Concernant la présence de Daniel Legrand, le président lui demandera : « Comment le savez-vous ? »

Il répondra : «Il l’appelait papa»…

Il précisera également que ces derniers étaient de grands amis à son beau-père.
Nous remarquons que Daniel Legrand qui s’endormait pendant les débats des jours précédents était désormais bien éveillé et qu’il suivait avec attention toutes les déclarations faites par Chérif.

La cour : «Lors du procès de St Omer, pourquoi n’avez-vous pas reconnu Daniel Legrand père et fils?»

Chérif : «J’étais déstabilisé par l’ambiance du procès, j’étais jeune et certains souriaient pendant mon témoignage…»

Le président: «Et lors du second procès à Paris?»

Chérif : «Les enfants étaient dans une grande salle, ils nous ont dit que ça allait bien se passer, mais en scène je n’ai pas osé les regarder et je n’ai donc pas reconnu Daniel Legrand et son père.»

Le président: «Après les procès, dans quel état d’esprit étiez-vous ?»

Chérif : «J’ai fait un déni, j’étais fatigué, marre d’être diffamé, d’être traité de menteur, j’étais SDF à 18 ans, j’ai picolé, fumé, j’étais violent.»

J’ai provoqué la police, jusqu’à faire 6 mois de prison, puis je suis parti en Afrique, j’ai envie de régler ça, je veux me venger mais je ne le ferais pas, je ne comprends pas comment on a jugé cette affaire »

Il marque une pause, «est-ce que je suis encore debout aujourd’hui?
Non, je ressens une injustice, j’ai trouvé ça dégueulasse de voir les acquittés avec les ministres.»

Le président: «Comment être sûr pour Daniel Legrand?»

Chérif : «Elle ne devrait même pas exister cette question, quand on est victime, on le sait à vie…
Je ne peux pas m’exprimer comme je veux, je suis sous traitement, ça fait dix ans que je veux parler et je veux continuer»

La cour : «Accuserais-tu quelqu’un qui ne t’as rien fait?»

Chérif : «Pourquoi je ferais quelque chose à quelqu’un qui ne m’as rien fait?»

Il se souvient d’un Daniel Legrand plusieurs fois victime d’abus et une fois en tant qu’agresseur sexuel.
Attristé de constater la violence du traumatisme et les énormes séquelles que subissent les enfants Delay.

Fin de la 3ème journée…

L’équipe Wanted Pedo

Source(s):