Les réseaux pédocriminels n’existent pas | Round 51 | Réseau Zandvoort
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
non
- 07/12/2020
- 15:29
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- Cécile Bloch, Danielle Ringot, Dirk Tahon, Elisabeth Guigou, Frits Salomonson, Ganumèdes, Gerard Spong, Gerrit Ulrich, Gina Bernaer, Hansjürgen Karge, Harry HERMAN, Iwan Götz, Jacques Delbouille, Jan Boeykens, Jean Lambrecks, Jos JACOBS, Kees Lunshof, Léo van Gasselt, Lothar Glandorf, Manuel Schadwald, Marcel Vervloesem, Norbert De Rijck, Pascal Taveirne, Patricia Poupard, Patrick Busquet, Rainer Wolf, Robbie Van Der Plancken, Robert Van Der Naaten, Stefaan De Clerck, Temse-Madère, Véronique Liaigre, Warwick Spinks, Werkgroep Morkhoven, Yvon Tallec
Le podcast complet de cet article est téléchargeable ci-dessous (clic-droit puis “enregistrer la cible du lien sous”) ou à retrouver sur notre chaine Youtube.
Marcel Vervloesem
En 1989 en Belgique, aidé de quelques habitants et amis de sa commune de Morkhoven, Marcel Vervloesem décide de créer l’association sans but lucratif Werkgroep Morkhoven Nationaal.
Dans un premier temps, cette association est créée afin de lutter contre les violences infligées aux enfants de l’hôpital psychiatrique d’Anvers, le Algemeen Kinderziekenhuis Antwerpen Good Engels.
Son enquête révèle que des enfants du Centre public d’action sociale (CPAS) à Anvers, passaient parfois des semaines dans des conditions inhumaines ont été détenus au secret.
Les actions de Morkhoven ont cependant été difficile et victimes-témoins ont été enfermés dans un autre établissement où ils ont été complètement coupés du monde extérieur.
Les plaintes ont été rejetées par le gouvernement.
L’association a cependant poursuivi ses recherches et a constaté que certains jeunes ont été victimes d’abus sexuels.
Son attention se porte ensuite sur une autre association située près d’Anvers :
L’ASBL Ganumèdes. L’association anversoise GANUMEDES, dont l’objet social visait l’épanouissement de jeunes.
Elle recherchait notamment, par petites annonces, des enfants en vue de tournages de films pour la jeunesse.
L’association Morkhoven a découvert que GANUMEDES avait constitué plus de 400 dossiers reprenant les coordonnées et les photos des enfants candidats aux tournages.
Elle a remis ces dossiers à la gendarmerie d’Herentals.
Cette association située près d’Anvers, dédiée officiellement, à l’encadrement des mineurs, est en fait une association paravent qui permet à des pédophiles d’attirer très facilement de nombreux enfants vers eux pour les exploiter ensuite dans des tournages pédo-pornographiques.
Alertée dès 1990 par l’association Morkhoven, la justice belge réfutera dans un premier temps ces accusations.
En août 1996, Jos JACOBS président de GANUMEDES, fut arrêté suite à une saisie d’huissier de justice (liée à des dettes d’impôts).
De nombreux films et photos pédophiles furent découverts chez lui.
Il fut à nouveau arrêté en février 1998 pour suspicion d’attentat à la pudeur et viols d’au moins deux garçons mineurs.
Le procureur du Roi d’Anvers aurait récemment requis contre lui une peine de sept ans de prison ferme.
Suite à une saisie pour impayés par un huissier de justice au domicile du président de cette association, des preuves vidéos et photos ont été découvertes.
L’affaire Temse-Madère
En 1992, en poursuivant son enquête sur l’environnement de cette association, le Werkgroep Morkhoven met à jour un trafic d’enfants entre le Portugal et la Belgique (entre Madère et Temse).
Les recherches de MORKHOVEN autour d’Harry HERMANS ont révélé l’existence de ramifications avec des organismes s’occupant de jeunes, des sex-shops, des bars et studios de tournage, en Belgique, en Hollande et au Portugal, à Madère.
Fut ainsi mis à jour un réseau de pornographie enfantine appelé «réseau de Tamise (Temse) – Madère».
Des personnes de diverses nationalités se rejoignaient dans le cadre de séjours organisés à Madère afin de se livrer à des relations sexuelles avec des enfants.
Ces ébats étaient filmés et les images vendues à d’autres clients.
À Temse, l’ancien détective privé identifie deux plaques tournantes : les cafés “Monty” et “Gayati“.
Il décide de faire pression sur les proxénètes des deux cafés pour obtenir d’eux plus d’informations.
Le propriétaire du Monty, Dirk Tahon, tente alors de retourner la situation à son avantage en portant plainte contre l’enquêteur pour chantage.
Marcel Vervloesem sera ainsi poursuivi, incarcéré quinze jours et finalement condamné pour chantage et escroquerie grâce, notamment, à la production du casier judiciaire d’un homonyme.
(Dirk Tahon reconnaîtra par la suite, devant une journaliste, qu’il avait produit un faux témoignage pour protéger l’un de ses amis).
Marcel Vervloesem, qui ne perd pas une seule occasion de poursuivre son activisme, a très intelligemment pris soin de compulser dans les murs du tribunal (ainsi que la loi l’y autorise) le dossier de l’investigation pénale menée contre lui : il découvre ainsi qu’un officier de police hollandais a déposé au greffe des agendas, des centaines de photos et 27 vidéos à caractère pédophile.
L’une d’elle intitulée ’Madeira’, retranscrite par écrit dans le dossier, incrimine Norbert De Rijck, un citoyen belge.
L’association Morkhoven sait désormais que les autorités belges ont donc en leur possession toutes les informations pour enquêter sur le réseau ’Temse-Madère’.
Il découvre malheureusement qu’aucune investigation n’est menée pour identifier les criminels sur les cassettes et prend donc la liberté de photographier et de diffuser pour identification publique un des visages présents dans le dossier.
Très vite, des retours permettent d’identifier Robert Van Der Naaten, un pédophile hollandais.
Comme précédemment, Vervloesem fait le choix courageux de la confrontation directe mais plus prudent, il se fait désormais accompagner de journalistes.
Avec la RTBF, il va donc à la rencontre de Van Der Naaten, qui paniqué, tente de se défausser sur ses complices et lui remet la cassette ’Madeira’ sur laquelle figure Norbert De Rijck.
En 1997, il remet aux policiers portugais une copie de l’enregistrement en prenant bien soin d’être filmé par les journalistes pour médiatiser l’affaire.
Cinq ans après les premières révélations à la justice belge, les autorités portugaises se décident à poursuivre les membres du réseau Temse-Madère en lançant des mandats d’arrêts internationaux.
Sous la pression médiatique, la justice belge reconnaît officiellement l’affaire.
De nombreux pédophiles sont arrêtés et 340 victimes sont identifiées dans ce dossier.
L’affaire Zandvoort
Sur les traces de Manuel Schadwald, un enfant allemand disparu en 1993, Marcel Vervloesem et l’association, enquêtent de près sur Lothar Glandorf qui figure dans le dossier Temse-Madère et qui dirige le bar ’Le Pinocchio’ à Berlin en Allemagne : un établissement spécialisé dans le proxénétisme des jeunes garçons.
Lothar Glandorf se fait assister dans ses trafics entre la Hollande et la Belgique par Robbie Van Der Plancken, un ancien fugueur belge qui apparaît d’ailleurs sur la cassette Madeira.
Ce dernier, lors d’une confrontation directe et filmée avec Vervloesem, le met sur la piste de son amant : un pédophile hollandais du nom de Gerrit Ulrich.
Celui-ci assure depuis son appartement à Zandvoort la diffusion commerciale de matériel pédophile au travers de son site internet “Apollo“.
En se rendant sur place le 11 juin 1998 et en faisant pression sur lui, Vervloesem obtient qu’il lui remette un premier CD ROM de 8500 photos pédocriminelles allant jusqu’à des viols de bébés et jusqu’à la mise à mort d’enfants : c’est ce qu’on appellera par la suite le ’CD de ZANDVOORT’.
Gerrit Ulrich décide alors de prendre la fuite : il est assassiné en Italie le 29 juin 1998 par Robbie Van Der Plancken.
Avant sa mort, il aura eu le temps de contacter par téléphone Vervloesem pour lui indiquer une cache de son appartement qui dissimule d’autres documents.
Sur les lieux, Marcel Vervloesem récupère discrètement 20 autres CD et découvre que des agents des services de renseignement hollandais l’ont précédé.
L’association Morkhoven a désormais en sa possession plus de 100 000 photos.
La justice hollandaise qui a récupéré de son côté entre 100 000 et 200 000 autres photos, identifiera plus tard 472 visages dont une vingtaine de victimes françaises.
Fin juin 1998, Marcel Vervloesem détient donc 21 CD ROM pédocriminels.
Consciencieusement, il effectue dans un premier temps des copies du matériel.
Dans un second temps, il informe la justice mais, méfiant, lui demande des garanties.
Le 14 juillet 1998, la chaîne hollandaise Nova diffuse un reportage autour du réseau ’Apollo’ et des récentes découvertes de l’association Morkhoven.
Marcel Vervloesem sera immédiatement arrêté et mis en garde à vue par les autorités belges.
Il sera ensuite inculpé pour détention de matériel pédopornographique.
Le 22 juillet 1998, à la sortie de sa garde à vue, il annonce qu’il est prêt à faire toute confiance à la justice belge pour démanteler le réseau et il remet les CD ROM aux autorités belges et hollandaises devant les caméras de télévision.
Le procès-verbal de remise des CD-ROMs est téléchargeable ici.
À la fin de l’été 1998, aucune suite judiciaire n’est réellement donnée au dossier Zandvoort en Belgique.
Le ’dossier Vervloesem’ va curieusement intéresser et mobiliser beaucoup plus la justice belge.
L’activiste est toujours poursuivi pour chantage dans l’affaire Temse-Madère et détention de matériel pornographique dans l’affaire Zandvoort.
Plus grave, le 10 septembre 1998 au lendemain d’un reportage sur l’affaire Zandvoort diffusé sur la chaîne de télévision RTBF, des plaintes sont déposées contre Marcel Vervloesem pour attouchements et viols sur mineurs dont certaines par des habitants de Morkhoven ainsi que par le propre demi-frère de Marcel Vervloesem.
Par la suite, ils seront nombreux à se rétracter : un jeune reconnaîtra dans une déposition avoir reçu 375 euros pour mettre en cause Marcel Vervloevsem.
Quatre médecins attesteront auprès des juges de l’impossibilité physique des viols du fait de l’état de santé déjà très fragile de Marcel Vervloesem.
N’empêche, l’enquêteur est désormais poursuivi pour pédophilie!
À noter, Marcel Vervloesem sera également poursuivi pour diffusion de matériel pédopornographique et violation de la vie privée suite à la réalisation d’affiches destinées à alerter la population belge.
Dans la nuit du samedi 14 novembre 1998, une militante du Morkhoven Group, Gina Bernaer meurt au volant de son véhicule peu de temps après avoir transmis une copie du CD ROM de Gerrit Ulrich au CIDE (Comité International pour la Dignité de l’Enfant) à Lausanne, en Suisse : les freins ont lâché !
Le 11 avril 1999, l’association Morkhoven transmet des copies de plusieurs CD ROM au roi belge Albert II, à son procureur général et au gouvernement français.
Le cabinet de Jacques Chirac accusera réception, indiquant avoir transmis le CD ROM au garde des Sceaux.
Le 12 avril 2000, Elisabeth Guigou alors garde des Sceaux, déclarera pourtant ne pas être en possession du matériel de Zandvoort.
Finalement, après l’ouverture d’une enquête en France et malgré l’identification de 42 enfants par les familles, un non-lieu sera rendu en 2002 puis un classement sans suite le 20 mars 2003 par la juge Danielle Ringot.
En 2008, le procureur général belge de son côté répondra que les pièces ont disparu du dossier.
Marcel Vervloesem est finalement condamné en juillet 2001 à 7 mois de prison avec sursis pour imprudence dans le traitement de ses dossiers dans l’affaire Temse-Madère.
À partir du printemps 2004, puis en 2006 et enfin en 2008, Marcel Vervloesem va comparaître pour possession et diffusion de matériels pédophiles, escroquerie et viols.
Le juge désignera comme psychiatre expert le professeur Cosyns mis en cause dans la première affaire traitée par l’association Morkhoven à l’hopital psychiatrique Good Engels d’Anvers.
Le test de polygraphe (détecteur de mensonges) demandé par le juge sera lui enterré.
Le 24 juin 2008, il est condamné à 4 ans de prison pour deux viols sur enfants (et innocenté de dix autres viols).
Il est incarcéré définitivement le 5 septembre 2008.
Marcel Vervloesem a survécu jusqu’à présent malgré de nombreuses interdictions d’hospitalisation.
Il est, entre autres difficultés de santé, insulino-dépendant, déficient rénal et doit lutter contre un cancer métastasé.
Jan Boeykens, président du Werkgroep Morkhoven, annonce le 28 février 2010 que tout contact (visite, courrier, téléphone) avec Marcel Vervloesem leur est désormais interdit.
Il accuse le ministre belge de la justice Stefaan De Clerck déjà partie prenante dans le traitement de l’affaire Zandvoort, d’être responsable directement de cette situation.
Le documentaire de Karl Zéro : Zandvoort, le fichier de la honte
Extrait à propos de la détention de Marcel Vervloesem
Le réseau dit « Zandvoort »
On se demandait qui produit ces images ? Eh bien il existe des sortes de studios, comme par exemple celui qui a été démantelé en Ukraine en 2004 : une pseudo agence de mannequins recrutait des gamines de 8 à 16 ans pour leur faire tourner des films à caractère pornographique. 1.500 enfants seraient passées par cette agence.
Mais, on a aussi des réseaux chez nous, comme le réseau Zandvoort, qui a mis en ligne des dizaines de milliers d’images pédophiles à partir de Hollande, dont certaines de production « maison ».
Avec cette affaire, on sombre dans le fond du glauque. Pour tenter d’être à peu près compréhensible, il vaut mieux prendre les évènements dans l’ordre. Car ce qui est frappant dans cette histoire comme dans beaucoup d’autres affaires de pédophilie, c’est l’incroyable lenteur de la machine judiciaire, doublée d’une obstruction sans pareil. L’affaire Zandvoort (du nom d’une ville Hollandaise proche de Haarlem) éclate en 1998, quand Marcel Vervloesem, fondateur de l’association belge Morkhoven [4], présente à la police un CD ROM contenant des milliers de photos à caractère pédo pornographique.
Sur le CD ROM, 8 .700 d’enfants parfois des bébés, victimes de viols et d’actes barbares. Certains enfants ont probablement été drogués avant de subir ces actes, car ils ne réagissent pas, ou peu, ont le regard dans le vague.
Vervloesem, qui enquêtait sur la disparition du jeune Manuel Schadwald à Berlin en 1993, a obtenu ce CD ROM des mains de Gerrit Ulrich, un hollandais pédophile qui avait chez lui un véritable atelier de production de films et de CD pédo pornographiques, avec huit ordinateurs tournant en permanence. Il lui a remis ce CD ROM parce qu’il se sentait menacé et tentait de se couvrir en accusant surtout les autres membres du réseau.
Après avoir remis ces photos, Ulrich est d’ailleurs assassiné en Italie par Robbie Van der Plancken un jeune homme qu’il avait initié à la prostitution depuis ses 12 ans.
Vervloesem s’est retrouvé à interroger des témoins dans le milieu de la pornographie enfantine hollandaise en enquêtant sur la disparition d’un jeune allemand, Manuel Schadwald, cinq ans plus tôt, parce qu’il aurait été aperçu dans ce milieu à plusieurs reprises. Disparu à 12 ans [5], il a été emmené directement en Hollande dans un bordel tenu et fréquenté par des pédophiles. Ses parents le reconnaissent sur des vidéos prises à Madère, qui amènent au réseau dit « Temse Madeira » (Tamise Madère) où le patron d’un bar de pédophiles à Temse (Tamise) organisait des voyages et croisières (notamment sur le voilier « Apollo »), au cours desquels ils abusaient de jeunes enfants tout en se filmant. Accessoirement, Apollo est aussi le nom du site web via lequel Ulrich envoyait ses vidéos.
Dans ce réseau, on retrouve des gens fort peu recommandables, comme Norbert de Rijck6], Lothar Glandorf7], qui a enlevé Schadwald[8], ou Robbie Van der Plancken (son complice), mais passons sinon on ne s’en sortira pas (on reparlera plus tard de Glandorf). Revenons à Ulrich et au CD ROM : en fait, il avait remis huit CD ROMS à Vervloesem, avec dessus plus de 93.000 photos, dont 47.000 « inédites », tous remis à la police Belge puis à Interpol9].
En 1999, le parquet d’Anvers reçoit les CD ROMS et s’empresse de classer le dossier[10], puis les CD disparaissent et on poursuit Vervloesem pour détention de matériel pornographique.
Des opérations de police permettent d’arrêter quelques consommateurs de ces vidéos, mais pour le reste, les affaires continuent, pendant que les CD Roms disparaissent du tribunal d’Anvers. On pourrait aussi parler longuement du traitement réservé à Marcel Vervloesem, qui a mis à jour ce réseau : il a passé plusieurs années en prison11] malgré son diabète, en manque de soins, et a du subir moult attaques diffamatoires et dénonciations calomnieuses. Mais dans ces dossiers, nombreux sont les témoins pris d’envie de suicide, ou décèdent dans des accidents de voiture.
Ce qu’on appelle le réseau Zandvoort était en fait en connexion avec plein d’autres groupes de pédophiles, qui avaient aussi leur système de production. L’opération Koala, menée depuis 2006 par Europol pour retrouver les clients d’un site pédophile italien et des petites productions de Pascal Taveirne, a permis d’arrêter en France un certain docteur Chung (71 ans) et son pote Malgarini (51 ans), pour avoir eu des relations sexuelles tarifées (par exemple 5$ pour une enfant de 8 ans) avec des mineures de moins de 15 ans en Thaïlande et au Cambodge, entre 2003 et 2007. Bien entendu, les deux filmaient leurs exploits. Mais il faut bien le dire : chez nous très peu de pédophiles ont été inquiétés (21 semble t-il), et au total seulement 92 personnes ont été arrêtées en Europe suite à l’opération Koala.
Mais, en dehors de ces rares arrestations, l’affaire s’est conclue en France par un non lieu en 2003, faisant passer toute l’enquête à la trappe.
En fait, certains pédophiles ont des carnets d’adresses tellement fournis qu’on retrouve des types d’autres filières, et cela à travers les pays. Ainsi, un pédophile anglais dénommé Warwick Spinks, qui a pris cinq ans de prison en 199412] (mais a été libéré sous conditions, non respectées cela va de soi, en 1997) et aimait beaucoup Madère et les jeunes garçons qui s’y trouvaient, était en contact avec des membres des réseaux Tamise-Madère et Zandvoort (comme Glandorf).
Spinks était devenu un pro dans le commerce de jeunes enfants dans les bordels et des appartements hollandais, et d’images pédopornographiques parois hyper trash vendues pour plusieurs à des prix tels que 5.000$, un tarif qui ne concerne plus les prolétaires. Il a pu s’acheter de nombreuses propriétés un peu partout dans le monde avec cet argent. Un jeune qui l’a bien connu a raconté avoir vu la vidéo du viol et de la mort d’un enfant, le tout filmé par Spinks et ses copains, alors qu’ils étaient dans un bateau. D’autres vidéos de ce type sont mentionnées par différents témoins dans cette affaire : au final on a soupçonné Spinks des meurtres de cinq garçons.
Spinks, comme certains de ses congénères britanniques, faisaient tourner des bars gays à Amsterdam, dans lesquels ils faisaient venir de jeunes garçons venus de Cardiff et Londres, puis des pays de l’Est après la chute de l’URSS. La police hollandaise a estimé qu’environ 250 pédophiles gravitaient dans ces bars.
Étrangement, les hollandais ont dit à Scotland Yard qu’ils n’enquêteraient pas là-dessus, et les polices locales d’Angleterre non plus faute de moyens disait-on. Bref, libéré sous conditions au bout de deux ans et demi de prison, Spinks a disparu de la circulation et il est semble-t-il toujours en fuite.
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Nous avons donc une sorte de nébuleuse de sites et de réseaux pédophiles, une multitude d’enfants victimes dans le monde entier, et une omerta quasi-totale hormis sur les quelques types qui se font coincer à télécharger ces images.
Nous allons voir dans les parties suivantes qu’il y a en outre une farouche obstruction judiciaire dans de nombreuses affaires où on refuse de voir quelque réseau que soit malgré les évidences.
L’affaire Manuel Schadwald, au cœur de la nébuleuse pédocriminelle
Puisqu’elle est étrangement revenue dans l’actualité, on va reparler aujourd’hui de l’affaire Manuel Schadwald. Ce dossier est très intéressant, car il montre que les réseaux pédophiles anglais, belge, hollandais, français et allemand sont reliés les uns aux autres. Il montre aussi comment les autorités étouffent un dossier qui risquerait d’éclabousser des gens très haut placés dans la hiérarchie, jusque dans les familles royales.
L’affaire Manuel Schadwald, on a déjà eu l’occasion d’en parler quand on a vu les liens entre le réseau anglais et le réseau hollandais, ou quand on a abordé les snuffs movies ici ou là pour le cas des Pays-Bas.
La presse allemande s’est en effet interrogée cette semaine au sujet d’un lien éventuel entre Marc Dutroux et la disparition de Manuel Schadwald, un garçon disparu à 12 ans, en juillet 1993, à Berlin, alors qu’il se rendait dans un parc d’attractions.
Une équipe du quotidien allemand Die Welt a travaillé avec des confrères hollandais du Algemeen Dagblad sur ce dossier qui n’a jamais abouti car depuis 22 ans on ignore, du moins officiellement, ce qu’il est advenu de ce garçon.
Pourtant, toutes les pistes étaient claires: que ce soit celles qu’a remontées l’association Morkhoven ou celles qu’ont suivies les renseignements hollandais, elles aboutissaient toutes sur le réseau pédophile d’Amsterdam. Or, ce réseau était au centre d’autres réseaux internationaux, dont les anglais, notamment parce que nombre de pédophiles anglais se sont expatriés à Amsterdam dans les années 80 et 90, l’un des plus fameux étant Warwick Spinks, dont on a déjà parlé aussi.
Cette nouvelle enquête menée par des journalistes a abouti à un yacht, appelé Appollo, sur lequel Manuel Schadwald aurait été tué. Ce seraient des sources internes aux renseignements des Pays-Bas qui l’affirment, en off.
Justement, cette info n’est pas des plus fraîches et on avait déjà pu faire le lien entre le réseau belge et le réseau Hollandais. Regina Louf, un des témoins clés de l’affaire Dutroux qui a parlé du réseau belge, mentionnait une clique de tarés jusqu’au plus haut sommet du pays, amateurs de tortures et de meurtres d’enfants. Les médias et la justice ont préféré la déclarer folle, quant à la justice, elle a passé des années à tenter de décrédibiliser son témoignage. Ce qui semble particulièrement vain quand on a le dossier sous les yeux, d’ailleurs l’opinion publique ne s’y est pas trompée non plus: à peine 20% des Belges croient que la vérité judiciaire correspond à la vraie vérité dans cette affaire, selon un sondage récent du quotidien Le Soir [1].
Regina Louf avait par exemple parlé d’une partouze avec des mineurs à laquelle elle était présente, et qui se serait déroulée sur un yacht appelé le Jumbo VI, qui appartenait au prince Bernhardt des Pays-Bas, l’un des fondateurs du Bilderberg et ancien nazi.
Les dernières “révélations”
Le 11 juillet, Die Welt apprenait donc à ses lecteurs que Manuel Schadwald avait probablement été tué sur un yacht aux Pays-Bas, après avoir été emmené à Rotterdam et Amsterdam dans des bordels liés notamment au réseau pédophile belge.
Les sources viendraient des services secrets hollandais, l’AIVD. Mais, le discours officiel est qu’on n’est “pas sûr” que Schadwald se trouve toujours aux Pays-Bas. Mais, il est vrai que les autorités se sont toujours attachées à nier l’existence d’une quelconque piste hollandaise dans l’affaire Schadwald.
Au cours des années 90, plusieurs témoins avaient déclaré avoir vu Manuel Schadwald à Roterdam et Amsterdam, ainsi que dans une zone maritime, celle où il aurait été tué, qui s’appelle l’Ijsselmeer, au nord d’Amsterdam.
Le journal allemand nous dit que le yacht Apollo, sur lequel Schadwald a été vu, était fréquenté par Gerrit Ulrich, le pédophile allemand installé à Zandvoort chez qui Marcel Vervloesem a récupéré une pile de CD Roms contenant des dizaines de milliers d’images et de films pédopornographiques, parfois très trash.
Certes, Ulrich fréquentait ce yacht, mais il n’en était pas le propriétaire, selon certains témoignages. Et il est mort en 1998, tué par son amant, un jeune qui avait lui aussi commencé sa carrière dans les bordels [2] et se prostituait depuis l’âge de 12 ans.
D’après les sources des journalistes, il existerait une note dans les dossiers des services secrets, mentionnant un jeune garçon allemand tué sur un bateau, mais l’affaire a été étouffée parce qu’il y avait des personnes influentes sur ce bateau. C’est d’ailleurs sur cet “étouffement” que titre le quotidien Bild.
D’après la presse allemande, Manuel Schadwald a été la victime de “jeux sexuels” qui auraient dérivé jusqu’à sa mort. Et la dernière fois qu’il aurait été vu, c’était dans l’Ijsselmeer.
Les journalistes de Die Welt ont aussi interrogé Jean Lambrecks, le père d’une des victimes connues de Dutroux [2], qui a expliqué :
“Ils veulent nous faire croire, ainsi qu’à l’opinion publique, que Dutroux était un assassin solitaire. Mais ce n’est pas vrai.
Nous avons beaucoup de preuves qui suggèrent qu’il faisait partie d’un réseau, qui n’existait pas seulement en Belgique“.
Il a aussi évoqué “de nombreuses pistes” qui mènent vers l’Allemagne et les Pays-Bas, des gens qui sont “couverts par les autorités” jusqu’à présent, a parlé de “pressions sur les personnalités” avec la pédophilie…
Le journal rappelle que Dutroux lui-même avait évoqué un système plus complexe. Dutroux a aussi été aperçu dans les bars à pédophiles des Pays-Bas, dans ce petit milieu de la pédoponrographie, notamment en compagnie de Lothar Glandorf.
Tout comme ses concitoyens, Jean Lambrecks ne pense pas qu’il verra un jour éclater la vérité sur la mort de sa fille. Parce qu’il sait que certaines personnes influentes n’ont pas du tout intéret à ce que ce soit le cas.
On a déjà vu comment l’affaire Dutroux a été étouffée, dossier après dossier, puisque l’affaire a été saucissonnée, comme on dit, afin d’éteindre les départs de feu les uns après les autres. A ma connaissance, on n’a pas interrogé Dutroux, qui était pourtant incarcéré depuis 1996, ni dans le cadre des fichiers de Zandvoort ni dans celui de l’affaire Schadwald.
Ce que l’on savait déjà
Comme on l’a dit, l’association Morkhoven, une association belge de défense des droits de l’homme fondée en 1989, était sur les traces de Manuel Schadwald. Elle l’avait retrouvé parmi les images des fichiers de Zandvoort, et était remontée du côté des nombreux bordels pour pédophiles à Amsterdam et Rotterdam. Plusieurs médias avaient pointé le milieu des bars à pédophiles hollandais, et même la police évoquait cette piste dès les années 90. En 1998, le journal allemand Focus évoquait déjà l’histoire du snuff movie au cours duquel Manuel Schadwald aurait été tué.
A cette époque les Pays-Bas étaient un paradis pour les pédocriminels, avec les lois les plus laxistes d’Europe en la matière. Quand l’Angleterre a durci sa législation sur la pédopornographie, et que divers groupes de pédophiles ont été condamnés, beaucoup d’entre eux ont émigré aux Pays-Bas. Là, ils étaient en contact avec tout un tas d’autres pédophiles, de passage ou carrément expatriés, comme l’allemand Lothar Glandorf, qui était, selon une déposition d’un membre de l’association Morkhoven à la police, “très important dans le trafic d’enfants tant en Allemagne qu’aux Pays-Bas” [4].
Glandorf a été mis sous observation et il s’est avéré que des enfants de 11 ou 12 ans défilaient chez lui. Robbie Van Der Planken, l’amant de Gerrit Ulrich, avait des parts dans le bar de Glandorf. Il allait aussi régulièrement en Allemagne et en Californie.
L’association a appris que “on fournissait régulièrement des enfants à des bars de Rotterdam et Amsterdam, et Robby Van der Planken jouait un rôle important dans ce trafic“. Quand des membres de Morkhoven l’ont rencontré, Van den Planken aurait même déclaré qu’il était responsable de l’enlèvement de Manuel Schadwald, des aveux enregistrés en vidéo et transmis aux autorités allemandes.
Voici un extrait de cette audition du 27 mars 2001 auprès des enquêteurs belges de la cellule de Neufchâteau, qui travaillait sur l’affaire Dutroux:
La piste Joris Demmink (voir article consacré à Demmink)
Van der Planken était aussi en contact avec Warwick Spinks, dont on a retrouvé la trace dans ses agendas. Notons que Warwick Spinks, un anglais actif dans la pédopornographie depuis au moins le début des années 80, figure sur la liste des visiteurs d’Elm Guest House. Il œuvre aujourd’hui dans le domaine du tourisme en République Tchèque. A l’époque de la disparition de Schadwald, un témoin avait expliqué que Spinks se rendait environ une fois par mois à Berlin. Il faut aussi savoir que la gare Bahnof Zoo de Berlin et la gare centrale d’Amsterdam, reliées par le train, étaient alors de hauts lieux de la prostitution de mineurs et il n’y avait pas à chercher bien loin pour trouver des candidats tentés par se faire un peu d’argent aux Pays-Bas.
Spinks, il va sans dire, était aussi en lien avec Lothar Glandorf et la quasi totalité des pédophiles anglais exilés aux Pays-Bas. Les pédophiles de toute l’europe ont afflué vers les bordels des Pays-Bas à cette époque, et nombreux ont été ceux qui se sont mis à développer leur business dans la pédopornographie et/ou le trafic d’enfants.
Il y aurait beaucoup à dire sur Warwik Spinks qui, quand, il se fait pincer, ramasse des peines dérisoires. Enfin, bref.
C’est donc chez l’ami de Van der Planken, l’allemand Gerrit Ulrich qu’on a mis la main sur les CD Roms dits de Zandvoort, sur lesquels plusieurs dizaines de familles françaises disent avoir reconnu des proches. Puis en juin 1998 Ulrich a été liquidé par le milieu, selon des informations obtenues par marcel Vervloesem [5]. Mais la version officielle est que Van der Planken l’a tué par amour, parce qu’Ulrich avait un cancer bien avancé.
Il a aussi, selon certains témoignages, été vu en compagnie de Dutroux dans les bars pédophiles, dans les mêmes secteurs où Schadwald a aussi trainé quelques années.
En 2000 déjà, la presse anglaise disait que Manuel Schadwald avait travaillé dans un bordel de Rotterdam qui appartenait à Lothar Glandorf. A l’époque, il a fallu 18 mois à la police pour mener une perquisition chez Glandorf, et c’est là qu’elle s’est aperçue qu’il avait trafiqué des centaines de garçons dont la moitié avaient moins de 16 ans (l’un d’eux en avait 9).
Trois garçons qui avaient fui Glandorf ont déclaré à la police qu’ils avaient croisé un jeune qu’ils avaient reconnu comme étant Manuel Schadwald. Mais évidemment, il travaillait sous un autre nom. Des officiers hollandais sous couverture l’auraient aussi reconnu, selon des journalistes locaux.
En 1998, une émission hollandaise a remonté la piste de Lothar Glandorf, qui selon cette enquête qui reprenait des sources de la police allemande, a prostitué Manuel Schadwald dans ses bars à Rotterdam.
En 1996 et 1997, suite à des filatures, mises sur écoutes et autres perquisitions, quelques-uns des pédophiles du milieu hollandais ont passé un peu de temps en prison. Mais il n’a jamais été question de réseau.
D’après certaines sources, il y avait du gratin dans yacht, le soir où Manuel Schadwald a été tué. Joris Demmink a été cité par certains observateurs de la scène pédocriminelle hollandaise.
On notera aussi que l’un des sites sur lesquels on trouvait la menace de balancer les photos de cette partouze/snuff movie (Islamic News Info) est boqué aujourd’hui par le ministère de l’Intérieur car c’était un forum islamique.
Sur une radio hollandaise, Marcel Vervloesem avait aussi parlé d’une vidéo qui existerait du meurtre du garçon, en présence de Joris Demmink. Cet homme a occupé des postes clés au ministère de la Justice des Pays-Bas, jusqu’à en devenir le n°1. Il est accusé d’avoir violé des mineurs en Turquie, notamment.
Demmink a été impliqué dans plusieurs dossiers de pédocriminalité, et fréquentait des membres du gratin local tels que Frits Salomonson, avocat qui fut longtemps conseiller de la famille royale, et est un pédophile dénoncé par plusieurs victimes et témoins. On a déjà longuement abordé le cas Demmink, qui est très intéressant car les Etats-Unis, mais aussi la Turquie, se sont emparés du dossier chacun à leur manière, mais dans les deux cas de manière publique, ce qui laisse penser à des manœuvres diplomatiques. Car Demmink n’est que l’arbre qui cache la forêt.
En tout cas, les renseignements hollandais semblent être parfaitement au courant depuis bien longtemps du fait que Demmink était sur l’Apollo quand Manuel Schadwald a été tué. Son corps lesté aurait ensuite été jeté dans la mer.
D’après certaines sources, apparemment officielles, les autorités hollandaises craignaient que l’affaire du meurtre de Manuel Schadwald sur l’Appollo ne serve à faire pression sur le pays. On avait peur que les noms de Joris Demmink, Gerard Spong (un avocat médiatique), Kees Lunshof (un journaliste, décédé en 2007), de Léo van Gasselt (comptable chez KPMG décédé en 1997 qui était le propriétaire du yacht) et du prince Bernhardt ne soient balancés dans le cadre du “meurtre” d’un enfant sur le yacht Appollo.
Selon des informations de l’AIVD notamment, Lunshof était lié au réseau de Joris Demmink. On sait aussi que Gerrit Ulrich donnait des cours de voile à des gamins sur l’Apollo, le bateau de son ami Van Gasselt. D’ailleurs, les carnets d’adresses retrouvés chez Ulrich étaient ceux de Van Gasselt.
Van Gasselt a été l’amant d’Ulrich jusqu’à sa mort, puis c’est van der Planken qui s’est installé chez Ulrich, qui l’avait aussi recruté comme salarié dans sa boite d’informatique.
Van Gasselt est aussi lié à une importante fraude financière liée à son entreprise, KPMG. Et, via Van Gasselt, des cadres de KPMG étaient parfaitement au courant de l’existence du réseau pédocriminel local. Ce qui a probablement permis d’éviter un scandale en faisant pression sur les autorités, prêtes à tout pour étouffer cette affaire.
La piste du beau-père
D’après Die Welt, Rainer Wolf, le beau-père de Manuel Schadwald, aurait travaillé pour la Stasi, les services secrets est allemands. Il y a des témoignages, notamment celui d’un ancien du KGB, qui a déclaré que Wolf faisait du trafic d’enfants pour coincer des personnalités politiques ou des industriels. Ceci dit, on ne comprend pas bien pourquoi il aurait utilisé son propre beau-fils.
Wolf aurait admis lui-même qu’il a été recruté par la Stasi alors qu’il était incarcéré à Berlin Est, et il aurait travaillé pour cet organisme de 1980 à 1986. Il a été chargé aussi d’espionner les opposants politiques.
Au sujet de cet agent de liaison entre le KGB et la Stasi, la Fondation princesse de Croy déclarait:
“Iwan Götz, l’ancien agent du KGB et de la Stasi dont on retrouve effectivement le nom de code ” Grigori ” dans les dossiers concernant Rainer Wolf, explique : ” J’avais pour mission d’évaluer Rainer Wolf sur le plan psychologique et je devais juger s’il était apte à remplir une certaine fonction auprès de la Stasi.
C’est seulement bien plus tard que j’ai appris que, suite à son émigration en RFA mise en scène par la Stasi en 1984 et sur ordre du département d’espionnage à l’étranger des services secrets de la RDA, Wolf a fait chanter des hommes d’Europe de l’Ouest impliqués dans des affaires de pornographie enfantine“.
Très vite, des accusations ont été portées contre Wolf. Par exemple, un ancien prostitué a déclaré qu’il avait vu Rainer Wolf au Pinocchio, un bar à pédophiles à Berlin, qui a été fermé au moment de l’affaire et qui était fréquenté également par Lothar Glandorf. Des garçons de 12 ou 13 ans y étaient prostitués.
D’après Die Welt, qui est quand-même un journal très sérieux, la Stasi (qui étaient donc les services secrets de l’ex Allemagne de l’Est) faisait chanter ou manipulait diverses personnalités (politiciens, juges, industriels…) qu’elle coinçait avec des affaires de pédocriminalité. On sait bien que cette technique n’est pas l’apanage de la Stasi, au contraire c’est le B-A BA des relations diplomatiques. Quoi qu’il en soit, selon le quotidien, c’est pour cette raison qu’on a un Rainer Wolf lié à la Stasi dans cette affaire, dans laquelle il aurait même joué “un rôle clé“.
La presse allemande s’est même demandé, en 2003, si Dutroux n’avait pas, lui aussi, travaillé pour la Stasi.
Il est clair que l’affaire Manuel Schadwald est sensible, et il ne serait pas étonnant que quelques contre feux aient été allumés histoire de détourner l’attention de la cible ultime. On peut même se demander pourquoi on nous reparle aujourd’hui de la piste archi connue du réseau pédophile hollandais.
Une chose me semble certaine: tous les services de renseignements occidentaux doivent avoir le dossier.
Au sujet des fichiers Zandvoort
Quand Morkhoven a diffusé les CD Roms de Zandvoort auprès des polices française, belge, hollandaise et allemande via des intermédiaires, les autorités ont été très embêtées. En belgique comme en France, on nous a dit que les images étaient vieilles, et qu’elles ne concernaient pas des enfants nationaux.
Les pays-Bas, eux, ont classé le dossier en l’espace de 9 mois. On s’est aussi aperçu que toutes les données concernant cette affaire ont été effacées “par erreur” des serveurs de la police.
En Italie, par contre, une opération anti pédoporno lancée au Danemark a permis de remonter jusqu’à un dénommé Marzola, un italien qui tournait de la pédoporno souvent très violente, et qui était en contact avec un brave père de famille belge, Pascal Taveirne, qui violait et torturait ses deux filles autistes devant la caméra, s’assurant ainsi de confortables revenus.
L’Italie a du faire pression pour que Taveirne soit arrêté, et la presse n’en a pas parlé, ce qui a amené certains à se demander pourquoi il avait bénéficié d’une telle protection. Et les images de ses filles se sont retrouvées parmi les fichiers de Zandvoort. En outre, il n’a été poursuivi que pour des faits d’agressions sexuelles, alors qu’on a les preuves filmées de viols commis dès les 5 et 6 ans de ses filles.
Les carnets d’adresses de Gerrit Ulrich mentionnaient aussi un certain Jacques Delbouille, qui avait fait quelques jours de prison en préventive dans l’affaire du CRIES, un réseau pédophile basé dans les locaux de l’UNICEF à bruxelles. Mais on a jugé Delbouille et quatre autres pédophiles sans faire référence à Zandvoort, bien que 15 m³ de matériel aient été saisis.
Finalement, c’est Marcel Vervloesem qui a été poursuivi et même emprisonné pour pédophilie, des accusations montées de toutes pièces afin de le faire taire. En ce qui concerne les CD Roms, les autorités Belges, comme la France, ont toujours dit qu’il n’y avait pas de quoi fouetter un chat.
En Allemagne, le procureur de Berlin Hansjürgen Karge a déclaré que les disparitions d’enfants ne le concernaient pas.
En France, le procureur des mineurs Yvon Tallec a affirmé qu’il n’y avait pas de problème car les enfants sur les images étaient consentants, leurs parents aussi, qu’en plus ils étaient tous étrangers, et les images étaient anciennes. Pour M. Tallec, il fallait donc “minimiser” l’importance de ce dossier. Pourquoi M. Tallec a-t-il menti? Pourquoi a-t-il “minimisé” l’affaire au point qu’elle finisse par un non lieu en 2003? Il y a certainement beaucoup de choses à apprendre sur ce personnage.
Sauf qu’on parle d’une vingtaine de familles françaises qui ont dit avoir reconnu des proches sur ces fichiers, dont Patricia Poupard [6], la famille de Cécile Bloch ou quatre familles de disparues de l’Yonne, notamment. En 2000, 15 familles avaient formellement reconnu des enfants sur les fichiers, qu’ils ont été consulter dans des commissariats et gendarmeries.
Véronique Liaigre, cette victime d’un réseau pédophile et satanique basé notamment près d’Angers, s’est reconnue parmi les photos des fichiers de Zandvoort. Ses deux parents ont été condamnés pour viols et proxénétisme sur leurs quatre filles, mais aucun client n’a été embêté.
Pourtant, Véronique Liaigre avait parlé de meurtres d’enfants, de rituels sataniques un peu partout en France et à l’étranger. Le réseau qu’elle a décrit était connecté avec d’autres réseaux, mais on n’a pas jugé utile de faire toute la lumière sur cette affaire.
On a aussi retrouvé d’autres français dans les carnets d’adresses d’Ulrich, comme Patrick Busquet, qui a donné à Van der Planken l’arme utilisée pour tuer Ulrich, et qui a reconnu connaitre Van der Planken depuis 1993.
Jacques Dugué, pédophile revendicatif, a reconnu plusieurs de ses victimes sur les fichiers de Zandvoort. Dugué a pris 30 ans de prison en 2002 mais a été jugé comme un prédateur isolé.
En mars 2003, la juge Daniele Ringot clot l’affaire des CD Roms par un non lieu. Non lieu rendu sur base d’un seul CD Rom, semble-t-il, alors que 81 identifications ont été réalisées sur ce CD. Aucune des familles qui avaient reconnu des victimes n’a été prise au sérieux, elles se sont toutes trompées, circulez il n’y a rien à voir.
Pourtant, quand elle avait été saisie du dossier en 2000, la juge Ringot avait demandé aux polices de diffuser ce fichier de 572 portraits d’enfants, et cela le plus largement possible, afin que le public puisse les consulter. C’est seulement ensuite que l’affaire est partie en vrille.
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A voir l’ambiance qui entoure ces CD roms, l’affaire Schadwald mais aussi toutes les autres affaires dans lesquelles il est question de réseaux pédophiles, on comprend bien que l’accumulation de dysfonctionnements sert à protéger la mafia de la pédopornographie. L’État français (j’utilise ce terme exprès) ne peut pas dire le contraire, et les piles de dossiers bourrés d’erreurs, clos systématiquement par des non lieux ou des classements sans suite, est là pour le prouver. Derrière, finalement, il n’est question que d’enfants violés et de pervers impunis.
[1] Le 26 mai 2015, ce sondage montrait que “80% des Belges pensent que toute la vérité n’est pas connue sur ce dossier“. 87% des femmes interrogées pensent cela, et 84% des personnes âgées de 35 à 54 ans. 92% des belges (surtout les femmes) pensent que Dutroux ne devrait jamais sortir de prison. Enfin, “75% des Belges estiment que les enfants ne sont pas plus en sécurité aujourd’hui que lors de l’affaire Dutroux“. No comment.
[2] Robbie Van der Planken, un jeune belge de 16 ans en 1992, a été retrouvé, ainsi que ses deux jeunes frères jumeaux, dans les bordels hollandais, par Morkhoven. Il s’est vite retrouvé dans les filets de Gerrit Ulrich, qui connaissait tout le milieu des pédophiles hollandais, dont l’Allemand Lothar Glandorf. Il a été prostitué dès ses 12 ans dans les bordels des Pays-Bas et dans le milieu de la pédopornographie.
[3] Eefje a disparu en même temps que son son amie An Marchal, alors qu’elles étaient en vacances sur la côte belge, à l’été 1995. Les deux ont été enterrées vivantes, quelques semaines après leur enlèvement.
[4] Glandorf importait des enfants aux Pays-Bas depuis l’Allemagne. Là, il avait des bordels, et d’après un de ses anciens “collaborateurs”, “ces maisons de prostitution fournissaient également des personnalités éminentes avec un service d’escorte discret“. On en vient au système habituel de la corruption.
[5] Quand Ulrich est mort, Vervloesem est retourné dans son appartement pour trouver une cache dont lui avait parlé Ulrich, dans laquelle il y avait le matériel important. Mais sur place, des agents des renseignements hollandais étaient déjà à l’œuvre, avant le passage de la police. Une partie du matériel pédoporno n’a pas été saisie (et a même été remise à la famille du défunt), ni les disques durs des huit ordinateurs d’Ulrich.
[6] Patricia Poupard s’est rendue en Suisse à la demande de la justice pour étudier les CD Zandvoort, et c’est là qu’elle a reconnu son fils âgé de 4 ans, sur des images. On y voyait aussi son père, Alain F., qui a fini par obtenir la garde de son fils. Quant à Patricia Poupard, elle a été arrêtée à la frontière en rentrant en France et détenue pendant sept mois, d’avril à fin décembre 2004, son fils a été placé puis rendu au père qu’il avait dénoncé. On n’a jamais tenu compte des CD Roms de Zandvoort dans
cette affaire.
Marcel VERVLOESEM, ce héros, est mort début 2018.
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