Archives : La pédophilie enquête sur un sujet tabou (L’express 1995)

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Chaque année, en France, des centaines d’enfants sont victimes de violences sexuelles.
Pour quelques affaires jugées, combien sont étouffées? Car le silence est la règle. Celui des parents, celui des enfants, quand ce n’est pas celui des autorités responsables. L’Express lève l’interdit.

NDWP: On remarquera dans ce dossier sur la pédocriminalité, publié par l’Express en 1995, le ton incisif des journalistes qui dénote grandement avec les petits fantassins décérébrés que l’on trouve aujourd’hui dans les rédactions.

En 30 ans, le tri a été fait (a commencé par la création d”‘écoles de journalisme” qui ont signé l’arrêt de mort de la profession).

La citation ci-dessous (parmi d’autres) est inimaginable aujourd’hui.

“Mais la parole d’un enfant ne pèse pas lourd face à celle d’un adulte, surtout s’il s’agit d’un notable.”

Ou encore le croustillant témoignage d’un policier spécialisé :

“Nous passons notre temps, dit l’un d’eux, à arrêter des auteurs ou éditeurs d’images que nous considérons, dans leur contexte, comme pornographiques. Les juges les relâchent, considérant, hors contexte, que ces images sont artistiques.”

Nous remercions et félicitions donc les auteurs Jacqueline Rémy (rédactrice en chef des pages “Société et Débats” jusqu’en 2007), Christophe Agnus et Sylviane Stein.

Entre parenthèses, nous nous méfions de la mise à jour effectuée en 2011 de cette archive.

Si jamais vous avez l’article original en version papier, merci de nous le faire parvenir, car on veut bien comparer.

On constatera aussi la confirmation de statistiques que nous avançons et qui n’ont pas bougé en 30 ans ! (ex: 10% des actes donnent lieu à des suites avec une quelconque intervention institutionnelle.)

Jacqueline Rémy n’a pas abandonné son combat et a publié, en 2022, un livre sur le devenir des enfants victimes.

 

Le 15 février va reprendre en Belgique, à Turnhout, le procès de l’homme le plus haï des associations internationales de défense des enfants.

Lorsqu’il avait, en 1970, lancé «Spartacus», le premier guide touristique spécialisé à l’intention des homosexuels, le Britannique John Stamford avait eu une idée de génie.

A un détail près : cet ouvrage, diffusé dans 150 pays, était discrètement codé, par un jeu d’initiales, à l’usage des pédophiles du monde entier.

Jugé pour commerce d’écrits contraires aux bonnes mœurs et publicité incitant à l’exploitation sexuelle des enfants, John Stamford encourt, au maximum, une peine d’un an de prison.

Mais cet homme est un symbole: il incarne, aux yeux de ceux qui le combattent, le fléau international constitué par les pédophiles et leur extrême habileté à déjouer les interdits qui les frappent.

Les clients de Stamford, touristes occidentaux qui abusent de la détresse de gamins mal nourris, resteront, eux, impunis, protégés par leur anonymat.

Le procès reflète l’impuissance généralisée des institutions et des simples citoyens face au problème posé par les fous d’enfants.

Car, partout, ces derniers sont protégés par la complaisance des uns, l’aveuglement des autres.

Pour un scandale qui finit par exploser – comme en Irlande, où le Premier ministre est tombé pour avoir couvert les agissements d’ecclésiastiques importants – combien d’affaires sont étouffées?

En France aussi, la pédophilie reste un sujet tabou.

Bien sûr, on diabolise les pédophiles meurtriers d’enfants, les Van Geloven, Patrick Tissier et autres Gérard Lebourg.

Karine, Céline, Delphine…

Régulièrement des prénoms de victimes, mortes des pulsions sauvages de quelques détraqués, émaillent la chronique des faits divers.

12 hommes sont actuellement enfermés dans les prisons françaises pour viol suivi de meurtre.

L’un d’eux, Willy Van Copernolle, va être jugé à Nîmes en mars prochain.

Mais la plupart des amateurs d’enfants ne tuent ni ne battent leurs victimes.

Il existe une pédophilie ordinaire, beaucoup plus répandue, discrète, difficile à enrayer.

En 1993, les tribunaux français ont condamné 2 300 pédophiles pour attentat à la pudeur, les deux tiers avec circonstances aggravantes.

Et le nombre de criminels condamnés pour viol sur mineur de moins de 15 ans est passé de 88, en 1986, à 303, en 1993.

Mais la parole d’un enfant ne pèse pas lourd face à celle d’un adulte, surtout s’il s’agit d’un notable; d’où un chiffre noir de la pédophilie.

Selon une enquête réalisée par BVA à la demande du secrétariat à la Famille, en 1989, 6,2% des jeunes adultes interrogés – 4,6% des hommes et 7,8% des femmes – ont admis avoir subi un ou plusieurs abus, le plus souvent entre 10 et 12 ans.

(NDWP: On n’a pas pu retrouver cette enquête, si jamais vous savez où on peut la trouver ?).

Dans la majorité des cas, il s’agissait d’agressions physiques.

Selon le Dr Michel Zorman et le sociologue Bernard Bouhet, qui ont dirigé l’enquête, un tiers des enfants seulement se confient à quelqu’un au moment des faits.

Et il n’y a intervention d’une autorité, médicale, sociale ou judiciaire, que dans 10% des cas…

 

UNE PEUR PATHOGÈNE

La loi du silence, imposée par les pédophiles aux enfants, est, consciemment ou non, relayée par une sorte de pudeur collective, un refus général de prendre ces histoires dites «de touche-pipi» au sérieux, ainsi que par la peur du scandale.

Une peur pathogène: Frédéric, ce garçon de 15 ans qui a voulu témoigner publiquement de son calvaire (voir L’Express n° 2267), se remettra difficilement de l’incrédulité à laquelle il s’est heurté.

Il a d’ailleurs suscité un courrier d’anciennes victimes regrettant:

Moi, je n’ai pas pu en parler.

Le silence est dangereux aussi pour les autres enfants, car les pédophiles sont notoirement récidivistes.

Et le psychiatre Roland Coutanceau, qui travaille sur le sujet, insiste:

Depuis qu’on aborde l’inceste à la télévision, des filles de plus en plus nombreuses ont la force de dénoncer ce qu’elles ont subi.

Il faut faire pareil avec la pédophilie: en parler.

Encore faut-il être entendu.

Combien de parents acceptent de porter plainte?

Quand une mère me dit que sa famille risque d’être déshonorée par un procès, explique Martine Brousse, de l’association La Voix de l’enfant, je lui réponds que son enfant lui en voudra un jour, si elle ne fait pas cette démarche.

Combien d’institutions ferment les yeux ?

Souvenez-vous de ce curé de Laluque (Landes) qui, cité comme témoin en 1994 lors du procès d’un pédophile, avait déclaré qu’il trouvait certaines petites filles «plus attirantes que d’autres» et que la victime n’était pas son style.

Il a dû quitter, certes, sa région.

Mais il officie aujourd’hui dans une nouvelle paroisse.

Quant à Guy Provaux, cet instituteur finalement condamné pour viol de deux fillettes voilà un an, il avait bénéficié de la pusillanimité de l’Éducation nationale, qui, à plusieurs reprises avertie des pulsions pédophiles de son fonctionnaire, l’avait, chaque fois, changé d’école pour lui confier de nouvelles classes et de nouveaux élèves.

Chaque semaine surgissent, devant les tribunaux, des affaires dramatiques qui auraient pu être évitées avec un peu de vigilance.

Exemple: Alban Dupy, ce père de 7 enfants qui a comparu le 30 janvier devant la cour d’assises de Nancy.

Rivalisant d’imagination avec sa femme, cet homme violait régulièrement l’une de ses filles et l’un de ses fils, et les proposait à ses amis ou les «prêtait», pour 1 000 francs, à des clients qu’il recrutait par Minitel.

Des années auparavant, en 1979, Alban Dupy avait été inculpé de viol sur sa fille aînée, alors âgée de 3 ans.

Placé en hôpital psychiatrique, il en était ressorti un an plus tard.

On a relâché cet homme dans la nature, sans surveillance et sans souci des 6 enfants qui sont venus après

accuse Simone Chalon, présidente des comités Alexis-Danant, partie civile dans cette affaire.

 

LES HIÉRARCHIES «COUVRENT»

Aujourd’hui, les associations de défense des droits de l’enfant demandent des comptes aux pouvoirs publics et privés.

Premières visées: les hiérarchies qui «couvrent» leurs subordonnés, en particulier dans les milieux éducatifs et associatifs.

Car beaucoup de pédophiles choisissent des professions qui leur permettent d’être en contact permanent avec des enfants.

Il suffit d’éplucher la chronique judiciaire récente pour s’en convaincre.

Le 12 octobre 1994, Vincent Maunoury, un éducateur de 35 ans, est condamné à quinze ans de réclusion criminelle, dont une période de sûreté de dix ans, pour viols et attentats à la pudeur sur une quinzaine d’enfants, filles et garçons.

Le 14 octobre, un pompier de Sanary, animateur de l’association sportive locale, est condamné à dix-huit ans de prison pour avoir violé, pendant quatre ans, une petite fille; alors chef adjoint du poste de secours de la ville, il avait menacé l’enfant de licencier son père si elle ne se montrait pas docile.

A Paris, le 2 décembre, c’est un autre animateur d’association qui est mis en examen pour viol.

A Nice, le 16 décembre, il s’agit d’un employé, comme par hasard entraîneur bénévole de football, qui est accusé d’agressions sexuelles par deux joueurs âgés de 9 ans.

Plus troublant encore: rien qu’à Paris, deux directeurs d’école élémentaire publique sont actuellement mis en examen pour des actes pédophiles.

Tous ces pervers qui font profession de s’occuper d’enfants – circonstance aggravante en cas d’agression sexuelle – ont souvent la réputation d’être d’excellents pédagogues et bénéficient de la considération générale.

Ils se lient d’ailleurs volontiers d’amitié avec les parents des enfants par lesquels ils se sentent attirés.

Stratégie doublement payante, car ils désamorcent toute velléité de soupçon de la part des adultes et, jouant sur la naïveté des enfants, les musellent.

J’étais persuadé que le directeur de la colo s’était entendu avec mes parents, et qu’ils étaient d’accord

raconte une ex-victime, un homme âgé de 23 ans qui n’a jamais pu dénoncer son agresseur.

 

MIS EN EXAMEN, MUTÉ

Les pédophiles prennent d’autant moins de risques qu’en cas de soupçon les institutions préfèrent déplacer le problème plutôt que le résoudre.

Ce fut la «chance» de Michel Gauzi, directeur du collège privé de Joigny (Yonne), mis en examen pour avoir agressé sexuellement, non sans sadisme, parfois, une quinzaine d’élèves.

Cet homme avait déjà eu des ennuis dans un autre établissement diocésain, l’école Thenard, dont il fut le directeur, accuse la mère de l’un des enfants.

Les responsables diocésains ont réglé l’affaire de façon très cléricale, en lui proposant un autre poste, la direction de Joigny.

Six mois avant l’arrestation de Michel Gauzi, son adjoint, pris de soupçons, alerte l’administration du collège: il est licencié.

Poussant à l’extrême la perversité, Gauzi laisse entendre que cet homme est «trop pressant à l’égard des enfants».

Argument classique chez les pédophiles, qui se présentent souvent comme des militants anti… pédophiles.

Mon fils pleurait régulièrement, raconte la mère.

Il ne voulait plus retourner au collège, sans expliquer pourquoi.

J’ai pensé au racket, à la drogue, aux violences entre enfants, à tout sauf à cela.

Le 12 juin 1992, Gauzi est arrêté sur la plainte d’un autre élève.

La même année, un surveillant de l’école Thenard, autrefois recruté par Gauzi, est mis en examen lui aussi pour pédophilie, de même qu’un enseignant de l’école Saint-Joseph: trois établissements sur les quatre du diocèse ont été salis par ce genre d’affaires.

Ce qui n’empêche pas les responsables diocésains de licencier par la suite la nouvelle directrice de Joigny, coupable, elle, d’avoir remis à la justice des photos pornographiques découvertes dans le collège à la faveur d’un déménagement.

 

AVEUGLEMENT COMPRÉHENSIF

A Paris, Michel Guillereau, directeur de l’école élémentaire publique de la rue Milton, a, lui aussi, bénéficié d’un certain aveuglement compréhensif.

Victime de ses petits jeux pendant trois ans, un enfant a fini par craquer l’été dernier :

Je peux parler, soupire un jour le jeune garçon avant son entrée au collège, parce que je sais que je ne retournerai plus dans cette école.

Les parents portent plainte et découvrent, stupéfaits, qu’un certain nombre d’institutrices soupçonnaient les pratiques particulières de leur directeur; il avait installé un matelas dans son bureau, qui faisait office d’infirmerie.

Ces enseignantes ont, ensuite, naïvement déclaré au juge qu’elles avaient insisté pour laisser la photocopieuse chez le directeur, «afin de tenter de le surprendre».

La concierge de l’école, elle, avait prévenu sa hiérarchie, en l’occurrence la mairie du IXe: on lui a proposé de quitter l’école.

Plus déroutant encore: Guillereau dirigeait précédemment l’école Saint-Merri, à Paris.

Là, une pétition de parents d’élèves contre ses gestes équivoques avait provoqué son départ.

L’Éducation nationale avait réagi en le nommant à la tête de l’école de la rue Milton, ce qui ressemble plus à une promotion qu’à une sanction.

Pourtant, Michel Guillereau avait un passé.

Enseignant coopérant au Qatar, il avait été rapatrié, en 1986, après une affaire semblable.

Son dossier aurait été expurgé par le Quai d’Orsay, que L’Express a interrogé à ce sujet.

Sans obtenir de réponse.

Le ministère de l’Éducation nationale, lui, ne se dérobe pas aux questions.

Georges Bernede, directeur adjoint des lycées et collèges, invoque le spectre de l’erreur judiciaire:

Souvenez-vous du film d’André Cayatte ??

Les Risques du métier”, qui voyait un enseignant injustement accusé !

Argument récusé par le psychiatre Bernard Cordier :

Les enfants inventent rarement et, s’ils le font, finissent généralement par s’enferrer.

Plus sérieusement, Georges Bernede explique:

Le ministre ne peut pas diffuser une circulaire exigeant que tout pédophile soit exclu.

Il faut que l’inspecteur vérifie la véracité des propos de l’enfant, avant de traduire éventuellement l’intéressé devant le conseil de discipline…

Visiblement embarrassé, il poursuit:

Lorsqu’un enseignant est soupçonné d’être à risque, la meilleure solution consiste, sans doute, à lui donner un travail administratif…

Dans toutes les institutions, on répugne à ne pas régler ces problèmes en interne.

On répugne, certes.

Au mépris de la loi.

Les enfants, pourtant, sont gravement atteints par les agressions de pédophiles.

A preuve, cet extrait du rapport d’un expert près les tribunaux:

Gravement perturbé par ce qu’il a subi, X. en conservera des séquelles toute sa vie.

En dépit du Code pénal, qui n’admet pas la notion de consentement lorsqu’un mineur de moins de 15 ans est en cause, les pédophiles veulent croire et faire croire que leurs victimes sont d’accord.

Du coup, les enfants se sentent, à tort, les complices de leurs agresseurs, qui les enferment dans une véritable prison psychologique, en alternant menaces et séduction.

Quand ils parviennent à crever le silence, ces enfants doivent encore convaincre qu’ils ont bien subi des gestes qui, même en cas de viol, ne sont pas toujours faciles à prouver.

Ce n’est pas la moindre des difficultés auxquelles se heurtent les enquêteurs.

Population extrêmement hétérogène dans ses comportements, les pédophiles sont difficiles à identifier; les uns ne s’intéressent qu’aux garçons, les autres qu’aux filles, d’autres, enfin, aux deux sexes.

Le Dr Cordier distingue trois types: les prosélytes, qui invoquent des arguments pseudo-culturels et militent pour la dépénalisation de la pédophilie au nom du droit des enfants consentants au plaisir.

Les «inhibés culpabilisés», qui achètent sous le manteau des revues et s’engagent dans des relations prétendument affectives avec les enfants.

Enfin, les déficients intellectuels immatures, qui ont l’âge mental de leurs victimes.

 

PROSTITUTION EMBRYONNAIRE

Certains pédophiles ne passent à l’acte que rarement; d’autres, des centaines de fois dans leur vie.

Les uns s’efforcent de s’attacher des enfants pour des relations durables, d’autres cherchent sans cesse de nouvelles victimes.

La plupart sont isolés.

Il n’existe pas en France de réseau organisé

affirme le commissaire Tricard, chef de la brigade des mineurs à la préfecture de Paris.

Cela dit, ils s’agglutinent par petits groupes, correspondent entre eux, échangent des vidéos.

Ils en viennent, parfois, à partager des enfants, comme ces six personnes mises en examen à Épinal, le 23 janvier.

Beaucoup de pédophiles, qui ont la manie de se photographier et de se filmer en compagnie de leurs victimes, ne détestent pas se communiquer les performances de leurs «conquêtes» respectives.

Il existe une prostitution enfantine embryonnaire, certains amateurs n’hésitant pas à proposer de l’argent à des enfants des cités difficiles ou aux jeunes traînant porte Dauphine, au Trocadéro ou sur la dalle de Montparnasse, entre autres lieux (voir témoignage p. 95).

Les policiers ne croient pas à une prostitution organisée.

Pourtant, François Galante, ex-directeur du service éducatif du tribunal pour enfants de Paris, soupçonne l’existence de filières alimentant le marché de la prostitution en très jeunes garçons, en particulier des Maghrébins clandestins.

Les policiers concentrent leurs efforts sur la pornographie enfantine.

Mais ils regrettent, en privé, l’imprécision de la définition juridique du porno.

Nous passons notre temps, dit l’un d’eux, à arrêter des auteurs ou éditeurs d’images que nous considérons, dans leur contexte, comme pornographiques.

Les juges les relâchent, considérant, hors contexte, que ces images sont artistiques.

Le marché français de la pornographie enfantine «soft», largement aux mains de pédophiles issus de l’extrême droite, est très mobile et volatile.

La loi française interdit aussi aux policiers de piéger des pédophiles via le Minitel :

Si je joue au client pour découvrir le vendeur, s’indigne un inspecteur, le juge cassera la procédure pour provocation.

Pourtant, ce n’est pas pour moi que la cassette porno a été fabriquée; je n’ai pas créé le délit.

Cela dit, les policiers se sont déjà servis du Minitel pour remonter des filières.

Faute d’organisme national spécialisé, la police française est relativement démunie face aux pédophiles.

La justice n’est pas mieux lotie, aux yeux des associations.

Le magistrat Jean Cochard, président d’Equipes d’action contre le proxénétisme, s’insurge contre le mur du silence:

Depuis l’affaire des ballets bleus, la justice est traumatisée; dès qu’une personnalité est impliquée, le blocage est encore plus grand.

L’administration pénitentiaire n’est guère mieux armée.

Pourtant, depuis l’obligation de soins instaurée par Pierre Méhaignerie, on observe un frémissement prometteur dans cette administration longtemps paralysée par le manque de moyens, l’inertie et le refus des psychothérapeutes de soigner en prison.

Comment prévenir les passages à l’acte et les récidives ?

La pédophilie, considérée par l’OMS comme un «trouble de la préférence sexuelle», ne se guérit sans doute pas.

Mais elle se canalise.

Par la loi.

Par les psychothérapies.

Et par les anti- androgènes qui brident les pulsions sexuelles.

Mais on ne peut pas contraindre à se soigner un pédophile qui ne le souhaite pas, remarque le psychanalyste Jacky Bourillon, qui suit des détenus à Caen.

En ce sens, l’obligation de soins est une escroquerie.

Prévenir, disent tous les spécialistes.

Pour sortir de l’incantation, on devrait «sensibiliser encore davantage les milieux scolaires», propose le juge Yvon Tallec, chef du parquet des mineurs à Paris.

(NDWP: On connaît ce triste sire pour ces propos équivoques dans l’affaire Zandvoort (France 2, 16 mai 2000), la sensibilisation ça ne fait peur à aucun pédo/réseaux)

Déjà, des magistrats organisent des sessions d’information auprès des enseignants et des directeurs d’établissement.

Il faudrait lancer une campagne nationale, comme on l’a fait pour l’inceste, renchérit l’association La Voix de l’enfant.

La France planche actuellement sur un projet de protocole additionnel à la Convention des droits de l’enfant.

La campagne internationale contre le tourisme sexuel en Asie a, semble-t-il, déclenché une indignation qui commence à se révéler efficace.

Un dénommé Maurice Balland signait, il y a quelques mois, un appel à la mobilisation générale des pédophiles.

Daubant les lobbys de «bien-pensants» et ces «malheureux enfants menacés par les monstrueux pédophiles», ce héraut de la cause déplorait la déliquescence des «groupes» européens et s’alarmait:

Depuis quelque temps, la répression s’accentue en France.

En réalité, les amateurs d’enfants ont longtemps bénéficié d’une indulgence nourrie de discours pseudo-libertaires.

Il y a dix ans, l’affaire du Coral – ce «lieu de vie» pour handicapés dont les animateurs étaient poursuivis pour pratiques pédophiles – avait suscité des pétitions de soutien signées par des escouades d’intellectuels.

Le ferait-elle encore aujourd’hui ?

Sans doute provoquerait-elle le silence.

Mais le silence aussi, parfois, est criminel.

 

NDWP : Ce texte était l’article central d’un dossier consacré à la pédophilie et publié dans ce numéro du 2 février 1995.

Voici les autres articles qui l’accompagnaient.

 

https://www.lexpress.fr/informations/le-cure-et-le-drole-de-paroissien_602679.html

Le curé et le drôle de paroissien

A Loriol, le père Jacques Charrier ne se serait pas contenté d’héberger un violeur d’enfants. Les habitants ne veulent pas y croire.

Par Koch François

Publié le 02/02/1995

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Loriol-sur-Drôme est encore sous le choc.

Le 31 octobre 1994, les gendarmes varois ont interpellé le père Jacques Charrier, 55 ans, devant les habitants médusés de cette commune de 5 700 âmes, collée à la nationale 7, entre Valence et Montélimar.

Leur «bon curé» dort toujours à la maison d’arrêt de Toulon.

Il a été mis en examen pour complicité de viols sur mineurs de moins de 15 ans par fourniture de moyens, non-dénonciation de crime et non-assistance à personnes en danger.

Le père Charrier a, en effet, donné asile à un jeune violeur d’enfants dans la cure de Loriol.

Mais il n’aurait pas seulement fait preuve d’une trop aveugle hospitalité.

Lui-même lecteur de revues homosexuelles ou pédophiles (notamment le guide «Spartacus»), le prêtre savait que son ami Luc Debove, 29 ans, continuait d’avoir des relations sexuelles avec de très jeunes garçons; des lettres compromettantes et des photos d’enfants nus «en situation», dont certaines prises à la cure de la rue Saint-Romain, auraient été saisies dans sa propre chambre.

Si le magistrat instructeur de Draguignan a mis en examen et incarcéré Jacques Charrier, c’est parce qu’il a la conviction que des viols ou des agressions sexuelles n’auraient pu avoir lieu sans son aide, au-delà de la simple mise à disposition d’une chambre à la cure.

Incrédules, les Loriolais n’oublient pas la grande générosité de leur curé pour les personnes en détresse, les «gens à la rue», et affirment qu’il doit, plus que tout autre, bénéficier de la présomption d’innocence.

Toutefois, les charges sont telles que de nombreux paroissiens ont des doutes; des enfants se seraient plaints de l’attitude du père Charrier pendant des camps de vacances.

Luc Debove, aussi, était un «garçon sympathique et serviable», racontent les proches du curé.

Il leur confiait ses difficultés à trouver du travail, alternant des petits boulots saisonniers, l’hiver à Val-Thorens, l’été à Saint-Tropez…

On l’a vu «accompagner gentiment des enfants à la piscine».

Il a été arrêté à sa sortie de l’hôpital de Saint-Tropez, et incarcéré à Draguignan en juillet 1994.

Les gendarmes de Fréjus avaient été alertés par la plainte d’un père de famille de Cogolin, qui venait de corriger sévèrement le violeur, après avoir recueilli les confidences de son jeune fils.

Au total, six garçons de 7 à 13 ans ont accepté de parler des attouchements et violences sexuelles subis depuis de nombreux mois.

Luc Debove a été mis en examen pour six viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans.

Déjà condamné en 1988 pour des faits similaires, il risque au maximum vingt années de réclusion criminelle.

Pour parvenir à ses fins, il s’efforçait d’abord de gagner la confiance des parents, souvent de milieu modeste, et de leurs enfants, en devenant un compagnon de jeux tendre et affectueux, toujours prêt à rendre service.

Il proposait par exemple de faire du baby-sitting.

Luc Debove avait alors le champ libre pour abuser, à domicile, de ceux dont il avait la garde.

Il attirait aussi des enfants dans son mobile home, où, après leur avoir montré des revues et des cassettes vidéo pornographiques, il proposait des jeux sexuels de plus en plus poussés.

Il s’adonnait également au tourisme sexuel en Thaïlande et en Roumanie, au sein d’un réseau de plusieurs dizaines de pédophiles dirigé par Henri Chabanne, 69 ans, incarcéré à Aix-en-Provence en novembre 1994.

Ce dernier diffusait des «fiches pratiques» expliquant comment entrer en contact avec les enfants thaïlandais et roumains, tarifs à l’appui.

Luc Debove a participé à ce «trafic de viande fraîche», c’est son expression, tout en se déclarant «allergique» à la souffrance des enfants.

NI COMITÉ NI PÉTITION

Comment expliquer un tel comportement ?

A son entourage, Luc Debove parle de son attirance pour les jeunes garçons comme d’une pathologie datant de son adolescence.

Pour être à leur contact, il a d’ailleurs suivi la formation du Bafa (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur), est devenu moniteur dans des centres de vacances, puis animateur de maisons de quartier.

Sans que ses fantasmes le quittent.

Il prétend éprouver des sentiments d’amour pour un enfant… avant d’en arriver à des attouchements.

S’il caresse ainsi de jeunes garçons, c’est uniquement pour leur faire plaisir, et d’ailleurs, affirme-t-il, aucun d’entre eux ne le lui a reproché !

Comme s’il était inconscient de la manipulation mentale, de la contrainte morale et affective qu’il exerce sur ses victimes.

Depuis l’incarcération de Luc Debove et du père Jacques Charrier, une chape de silence s’est abattue sur Loriol.

Aucun comité de soutien ne s’est créé, pas une pétition n’a circulé en faveur de l’ecclésiastique.

L’ambiance est lourde. Très lourde.

Les Loriolais attendent que la justice se prononce sur le rôle réel joué par leur curé dans les viols d’enfants.

Seul José, qui tient commerce de télé-hi-fi-vidéo tout près de la cure, ose confier, un brin énigmatique:

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises.

Jusque-là, les seules excentricités connues de cette commune apparemment si tranquille étaient de vénérer le roi des Bouviers et d’abriter le musée de l’Insolite, avec ses collections de… ceintures de chasteté et d’objets érotiques.

 

https://www.lexpress.fr/informations/itineraire-d-un-enfant-perdu_602681.html

Itinéraire d’un enfant perdu

A 10 ans, Sébastien rencontre un faux éducateur qui lui vole son enfance. Récit d’une descente aux Enfers.

Par Stein Sylviane

Publié le 02/02/1995

Il avait 10 ans.

L’âge des Carambar et des écorchures aux genoux.

Il n’aimait pas l’école, dans cette banlieue nord de Paris où il traînait, déjà, sa solitude.

A l’ouest, très loin, à des kilomètres de métro et de RER, son cousin s’ennuyait tout autant.

Alors, Sébastien allait le rejoindre.

Ils faisaient des bêtises, ils rigolaient bien.

Jusqu’au jour où le cousin lui a présenté l’un de ses amis du quartier.

C’était un grand de près de 30 ans, éducateur par-dessus le marché.

Sympa, comme personne ne l’avait jamais été avec eux.

Il les emmenait boire des Coca et faire des flippers.

Un chic type.

Quand Sébastien se remémore son visage, tout miel, avec ses casquettes américaines et ses grands sourires, il a la nausée.

L’homme les invite chez lui.

Il offre des baladeurs, des casquettes comme la sienne.

Et puis il a des relations, il produit des papiers à en-tête d’on ne sait quel bureau officiel s’occupant d’enfants.

Du coup, il séduit aussi les parents.

Quand il leur rend visite, le téléphone sonne opportunément.

Au bout du fil, il y a un éducateur, un vrai, un ami de l’homme, qui l’appelle pour parler d’une «affaire professionnelle».

Les parents sont contents d’avoir trouvé, dans ce monde sans pitié, quelqu’un pour s’occuper de leur progéniture délaissée.

Ils acceptent que les enfants dorment chez l’homme.

D’ailleurs, il héberge aussi des petits, qui n’ont pas plus de 7 ou 8 ans.

Sébastien a du mal à parler de ces premières nuits.

Des caresses, pendant plusieurs mois.

Pourquoi ne s’enfuit-il pas ?

Une sorte d’intuition lui dit qu’il ne faut pas.

Que, s’il refuse, la violence viendra…

Il sent bien que ce n’est pas de l’affection, ces drôles de relations, mais qui d’autre s’intéresse à lui ?

Son père vient de quitter la maison.

Sa mère ?

Elle est infirmière de nuit.

Reste l’homme, avec ses petits cadeaux, sa gentillesse et… ses joints de marijuana.

On fume un peu et tout va mieux.

Souvent, il s’en souvient, Sébastien se retrouve dans un lit, la volonté annihilée par l’alcool et la drogue.

C’est pour cela qu’il revient, pour les petits joints, l’ambiance feutrée, la sécurité.

Il se dit, après tout, que l’adulte lui veut du bien.

Jusqu’au jour où il lui fait mal.

Après le viol, il a envie de mourir.

Il se sent sale.

Il rentre à toute vitesse dans l’appartement familial, se noyer sous la douche.

Il souffre, mais à qui le dire ?

La mère ne voit rien.

Ni le sang ni l’angoisse de son enfant.

Sébastien se mure dans le silence.

Jusqu’à cet épisode, il ne se demandait pas si c’était bien ou mal.

A cet âge-là, on ne comprend pas bien.

Les parents devraient expliquer ces choses à leurs enfants, dit-il aujourd’hui.

Il se sent envahi par un sentiment inconnu, la culpabilité.

Il n’a plus du tout envie de revoir l’homme.

Mais, quand il tombe sur lui, dans la rue, deux ou trois mois plus tard, il se laisse de nouveau embarquer.

Cela durera deux ans.

Sébastien ne va plus à l’école.

Il subtilise les mots de l’administration dans la boîte aux lettres.

De temps à autre, pour voir ses copains, il va en classe.

Et pas un enseignant pour s’inquiéter des apparitions de cet ectoplasme d’élève…

Qui pourrait se douter qu’il a plongé en enfer ?

Son «protecteur» l’entraîne dans la spirale d’un réseau de pédophiles choisis.

Il le présente à un «photographe» – aujourd’hui condamné et recherché par la justice – qui, sous prétexte de lui constituer un album de futur enfant-mannequin, lui fait prendre, nu, toutes sortes de poses, assorties d’accessoires de sex-shops.

Sébastien passe de main en main.

Les hommes qu’il rencontre traînent tous dans les mêmes lieux, où divaguent des enfants esseulés, le Trocadéro, les baraques foraines, les stands de jeux vidéo, la dalle de la gare Montparnasse.

Ils lui font voir des films, où d’autres enfants sont traités comme lui.

A la longue, il finit par trouver tout cela normal, Sébastien.

Sa vie est devenue un jeu de séduction où l’on monnaie ses complaisances, où l’on essaie de s’attacher l’«amitié» d’un adulte.

Où l’on apprend à manipuler la rivalité des «chasseurs».

Où l’on comprend, très tôt, qu’ «ils» sont prêts à tout pour conserver les faveurs d’un enfant.

Il mène une existence mystérieuse et luxueuse.

Son «protecteur» le présente à un ami qui dirige une société de location de voitures de luxe et occupe des fonctions prestigieuses dans une fédération sportive.

Ils se promènent un jour en Rolls, un soir en F 40, un engin – tous les gamins savent cela – dont il existe peut-être quinze exemplaires en circulation.

Le nouveau lui paie des vacances, envoie de l’argent jusqu’en Ardèche pour que le petit puisse louer un scooter.

Une nuit, alors que Sébastien rentre chez lui par le dernier métro, des policiers, intrigués par ce loupiot solitaire qui bafouille des explications embrouillées, l’embarquent.

Il a 13 ans.

Dans sa poche, un mince carnet avec les noms du gratin de la pédophilie parisienne.

Sébastien sanglote.

On l’a emmené au dépôt, près de la place Denfert-Rochereau, puis à la brigade des mineurs.

On lui a passé les menottes.

On l’interroge brutalement.

Il se sent accusé, alors qu’il est victime.

Il comprend, enfin, parce que les policiers le lui disent, sur quelle galère il a vogué.

Il reste muet.

Il aurait aimé qu’on le transportât à l’hôpital pour montrer les ravages infligés à son corps d’enfant.

Il dit qu’on ne lui a tendu aucune perche…

Mais, en retournant chez lui, avec sa mère, dont les réactions sont étonnamment absentes de sa mémoire – comme tout ce qui se rattache à son enfance volée – il sait qu’il doit rompre avec ses singuliers amis.

Puis s’ouvre une autre histoire.

Celle d’un enfant de 13 ans trop tôt poussé dans le monde interlope des grands.

Celui de l’argent.

Il en manque, pour les petits joints et les belles fringues.

Il connaît les endroits où l’on peut en gagner.

Il commence à traîner, entre le Trocadéro et la porte Dauphine.

Un soir, Sébastien se poste avenue Foch et se laisse aborder.

Il y prend ses habitudes, deux ou trois fois par semaine.

Pour ses clients, Sébastien a changé de nom.

Il hante toujours les trottoirs de Paris.

Il voudrait sortir de la prostitution.

Maintenant, il a 22 ans.

 

https://www.lexpress.fr/informations/non-au-proselytisme_602680.html

«Non au prosélytisme»

Membre du groupe de travail interministériel santé-justice sur le traitement des délinquants sexuels, le psychiatre Bernard Cordier connaît les pédophiles, qu’il soigne, entre autres patients. Il plaide ici pour que cesse toute complaisance à l’égard de pratiques condamnées par la loi.

Par Remy Jacqueline

Publié le 02/02/1995

L’EXPRESS: A vos yeux de médecin et d’expert près les tribunaux, la pédophilie reste-t-elle en France un sujet tabou?

BERNARD CORDIER: Je suis frappé par l’incrédulité générale qui l’entoure. On ne croit pas l’enfant qui se plaint. Les parents hésitent. Les enquêteurs mettent en doute les dénonciations enfantines. Les épouses des pédophiles ne veulent pas savoir. Les institutions font comme s’il ne s’était rien passé. Bref, tout le monde fait la politique de l’autruche, sans doute parce que la pédophilie atteint ce qu’il y a de plus sacré: l’enfance. – N’y a-t-il pas aussi, dans ce pays latin, un refus sourd de prendre les actes pédophiles au sérieux? – Sûrement. Et ce refus est encouragé par la complaisance de certains milieux intellectuels et littéraires à l’égard de ceux qui prônent des formes de liberté sexuelle par ailleurs condamnées par la loi. – Est-ce nouveau? – Il y a longtemps que des écrivains évoquent leur problématique sexuelle. Mais Gide et Montherlant ne racontaient pas ce qu’ils faisaient. Ils déplaçaient le sujet sur leurs difficultés, leurs émois malheureux, leurs amours impossibles; leur œuvre restait pudique. En revanche, un écrivain comme Gabriel Matzneff n’hésite pas à faire du prosélytisme. Il est pédophile et s’en vante dans des récits qui ressemblent à des modes d’emploi. Or cet écrivain bénéficie d’une immunité qui constitue un fait nouveau dans notre société. Il est relayé par les médias, invité sur les plateaux de télévision, soutenu dans le milieu littéraire.

Souvenez-vous, lorsque la Canadienne Denise Bombardier l’a interpellé publiquement chez Pivot, c’est elle qui, dès le lendemain, essuya l’indignation des intellectuels. Lui passa pour une victime: un comble! – En quoi ce genre de complaisance est-il dangereux? – Je ne dis pas que ce type d’écrits sème la pédophilie. Mais il la cautionne et facilite le passage du fantasme à l’acte chez des pédophiles latents. Ces écrits rassurent et encouragent ceux qui souffrent de leur préférence sexuelle, en leur suggérant qu’ils ne sont pas les seuls de leur espèce. D’ailleurs, les pédophiles sont très attentifs aux réactions de la société française à l’égard du cas Matzneff. Les intellectuels complaisants leur fournissent un alibi et des arguments: si des gens éclairés défendent cet écrivain, n’est-ce pas la preuve que les adversaires des pédophiles sont des coincés, menant des combats d’arrière-garde? Ils veulent croire et prétendre que la société libérera un jour la pédophilie, comme elle l’a fait pour l’homosexualité, au nom de la défense des différences. Rien n’est plus faux! Dès qu’il y a un enfant et un adulte, il y a un abuseur et un abusé. Cela n’a rien à voir avec une relation entre deux êtres véritablement consentants. – Faut-il censurer les écrivains pédophiles? – Il ne s’agit pas de censurer Lewis Carroll ni l’ensemble des œuvres qui ont une influence sur les pédophiles, car ces derniers se délectent de tout: des émissions télé pour la jeunesse comme des reportages photo montrant des petits Africains nus, ou même des angelots des sculptures rococo. Mais il faut condamner le prosélytisme. La loi frappe les œuvres incitant à la pédophilie. Alors, pourquoi les médias offrent-ils un tapis rouge aux auteurs de ce genre de littérature?

 

https://www.lexpress.fr/informations/le-minitel-de-la-honte_602684.html

Le Minitel de la honte

C’est souvent par le 36-15 que les pédophiles recrutent leurs victimes. Pas facile à repérer..

Par Agnus Christophe

Publié le 02/02/1995

Le Minitel est l’un des moyens utilisés par les pédophiles pour échanger leurs fantasmes, avant de troquer leurs photos, leurs vidéos, leurs écrits, mais aussi – plusieurs affaires récentes l’ont prouvé – pour racoler ou louer les services d’enfants.

Il arrive aussi que, par jeu ou délibérément, des gamins livrés à eux-mêmes attirent des adultes par écran interposé.

N’importe quel enfant peut, ainsi, être sollicité en se connectant, par le 36-15, à des messageries en apparence anodines.

Certains services annoncent d’entrée qu’ils interdisent l’accès aux mineurs et à ceux qui se livrent à la prostitution.

Ce qui n’empêche ni les uns ni les autres d’en user.

Nous avons essayé, sous le pseudonyme de «Gary», 12 ans: les interlocuteurs se sont bousculés, et, en moins d’une heure, deux rendez-vous ont été donnés.

Il arrive que les pseudonymes trop transparents soient refusés.

Sur 36-15, ADO, le message est explicite:

Tilt! Votre pseudo a franchi la ligne jaune.

Avec de tels pseudos sur la liste, le service risque d’être fusillé par tous ceux qui veulent notre peau !

Vous pouvez rejouer !

Mais utilisez un pseudo sympa et pas trop hard, ou suffisamment codé pour n’être compris que par des homos branchés.

Rassurez-vous, les messages échangés sont libres et strictement confidentiels.

En clair : transgressez la loi en la contournant.

Ces pratiques interdites sont, en réalité, imparables.

D’abord, il est difficile de surveiller les 519 services de rencontres entre lesquels naviguent les pédophiles, même s’ils ont une prédilection pour Vidéomat, Byboy et ADO (Antenne dialogue optimal).

C’est France Télécom qui est chargé de la surveillance et qui, en cas de problème, demande l’avis du Comité de la télématique anonyme pour savoir s’il faut ou non couper la ligne en question.

Des plaintes au pénal peuvent également être déposées directement chez le procureur par des particuliers ou des associations.

Mais, en fait, seuls les pseudos et les annonces sont attaquables; le texte des messages entre connectés est considéré comme privé.

Certains serveurs, tel Curiosa, se sont fait coincer moins pour leurs dialogues en direct qu’ «à cause des titres utilisés, du style: ?Cherche petite fille violée à Sarajevo en vidéo? ou ?Cherche fruit vert à ouvrir?»…

Aux États-Unis, en l’absence de Minitel, des pédophiles utilisent le réseau Internet ou, surtout, Bulletin Board System (BBS), sorte de réseau «on line» privé, qui, comme Internet, est accessible de France.

Il suffit d’un ordinateur et d’un modem pour pouvoir se connecter.

Il est alors facile de télécharger des images pornographiques.

En septembre 1994, un étudiant parisien a été interpellé dans le cadre d’une enquête ayant débuté deux mois plus tôt aux États-Unis, et poursuivie, via Interpol, au Danemark, aux Pays-Bas, puis en France.

Ce fou d’informatique, amateur de porno, a été relâché, les policiers estimant qu’ils n’avaient pas affaire à un vrai pédophile.

L’étudiant avait tout de même diffusé quelque 200 images hard, achetées sur un serveur BBS danois.

Ces systèmes très discrets inquiètent les policiers, qui savent que les images informatiques, plus volatiles et codées que les magazines et les vidéos, risquent de leur échapper et de couvrir des trafics.

 

https://www.lexpress.fr/informations/halte-au-tourisme-sexuel_602685.html

Halte au tourisme sexuel

Sous la pression des associations humanitaires, des lois voient le jour. Il était temps.

Par Remy Jacqueline

Publié le 02/02/1995

Munis d’alibis culturels approximatifs, un nombre toujours croissant de pédophiles des pays riches vont courir les régions les plus déshéritées du monde.

Les organisations humanitaires leur ont déclaré la guerre.

Le 5 mai 1990, des représentants de diverses Eglises d’Asie, des associations caritatives, des mouvements de femmes et des travailleurs sociaux ont lancé, depuis Chiangmai (Thaïlande), un appel solennel aux bonnes volontés occidentales:

Ce sont des hommes de vos pays qui sont à l’origine de cette tragédie, et votre aide sera nécessaire si nous voulons abolir cette forme moderne de l’esclavage.

Ainsi débuta la campagne Ecpat (End Child Prostitution in Asian Tourism).

L’Asie est particulièrement touchée.

Les militants humanitaires accusent l’armée américaine d’avoir, la première, habitué les mafias locales à cette source de revenus inespérée.

Aujourd’hui encore, on trafique, on enlève, on prostitue des enfants avec, le cas échéant, la complicité des familles dont on achète le silence, en Thaïlande et aux Philippines, à Sri Lanka, mais aussi au Vietnam et au Cambodge, pays récemment ouverts au tourisme.

Depuis la campagne Ecpat, les gouvernements locaux ont commencé à réagir.

Une loi plutôt répressive est en préparation en Thaïlande et un texte assez dur vient d’être voté aux Philippines, faisant refluer les pédophiles vers d’autres pays.

La prostitution enfantine se développe aujourd’hui dans les pays d’Afrique, en Amérique du Sud – Colombie et Brésil, en particulier – et, surtout, dans les pays de l’Est.

L’appel de Chiangmai a déclenché des campagnes dans une vingtaine de pays.

En France, 1 800 agences de voyages ont accepté de diffuser un dépliant dissuasif.

Les personnels d’Air France ont été sensibilisés au problème.

Une «charte du touriste» devrait être incessamment publiée.

Certains Etats d’où partent des touristes ont voté des lois permettant de sanctionner les pédophiles pour des délits ou des crimes sexuels commis à l’étranger.

L’Allemagne a réagi la première, en juillet 1993.

La Suède, la Finlande, la Nouvelle-Zélande devraient suivre.

En France, le Parlement a voté un amendement au Code pénal, le 1er février 1994.

C’est une exception très importante dans notre droit pénal, souligne le magistrat Françoise Dubreuil.

Par dérogation, cette disposition est applicable lorsque le délit est commis par un Français hors du territoire national, même si l’infraction n’est pas prévue dans le pays concerné, même en l’absence de plainte de la victime ou de ses ayants droit.

Ce texte pourrait s’appliquer aux pédophiles récemment épinglés dans le Var, mais aussi à Patrice Chatelet, arrêté en septembre 1994 à Pattaya (Thaïlande) en compagnie d’un Danois et d’un Japonais, s’il est extradé.

Les policiers français sont sceptiques:

Cette loi est difficilement applicable, dit l’un d’eux.

Comment mener l’enquête selon les règles françaises dans un pays étranger ?

Il faudrait une parfaite coordination avec les autorités locales.

Utopique ou non, cette loi est considérée comme un progrès décisif par Monique Lousteau, Pierre Compagnon et Martine Brousse, animateurs de la campagne Ecpat en France.

 

NDWP : En bonus un autre bon article publié en 1999:

https://www.lexpress.fr/informations/enfants-silence-on-maltraite_634644.html

Enfants: silence, on maltraite!

Les médecins et travailleurs sociaux qui signalent des cas de maltraitance ou d’abus sexuels sont souvent victimes de représailles

Par Charles Gilbert

Publié le 26/08/1999

Les professionnels de l’enfance maltraitée auraient-ils sombré dans la paranoïa ?

Des médecins, des psychiatres, des travailleurs sociaux et des responsables d’association de plus en plus nombreux se prétendent aujourd’hui victimes de harcèlement, de menaces et de rumeurs visant à les discréditer.

Les attaques viennent non seulement des agresseurs des enfants dont ils ont la charge, mais aussi des pouvoirs publics, des autorités médicales et de l’opinion.

Deux ans après l’électrochoc de l’affaire Dutroux, on a l’impression d’un retour en arrière, affirme l’avocat Pierre Jalet, président de l’Association pour la formation de la protection de l’enfance [Afpe]:

les langues ont à peine commencé à se délier sur les affaires d’inceste et de pédophilie que déjà on veut faire taire ceux qui parlent.

Preuve de ce malaise: 200 employés travaillant dans des institutions d’accueil de jeunes en difficulté se trouvent actuellement en procédure de licenciement ou licenciés après avoir dénoncé des violences dont ils avaient été témoins.

Par ailleurs, cinq médecins ont été condamnés par le conseil de l’ordre pour avoir rédigé des certificats médicaux «tendancieux» faisant état d’agressions sexuelles sur des enfants dans le cadre de procédures de divorce.

Ainsi, la pédopsychiatre Catherine Bonnet, spécialiste respectée et auteur de nombreux ouvrages sur l’enfance maltraitée, comparaissait le 1er juillet dernier en appel devant le conseil national de l’ordre après avoir été condamnée par les instances régionales d’Ile-de-France à trois fois trois ans d’interdiction d’exercer.

Une mère et trois pères ont porté plainte contre elle pour dénonciation calomnieuse, en l’accusant d’avoir rédigé des certificats faux ou tendancieux sans avoir entendu le parent mis en cause. Le jugement a été mis en délibéré jusqu’en septembre.

Le Dr Bonnet n’a fait que son devoir en essayant de protéger des enfants; la peine qu’elle encourt est démesurée

constate Annie Gaudière, responsable du numéro vert Allô enfance maltraitée et membre du comité de soutien à la pédopsychiatre.

Ces difficultés auxquelles sont confrontés les défenseurs de l’enfance maltraitée devaient faire l’objet d’un colloque organisé par l’AFPE, à la fin du mois d’août, à Quimper.

Signe du malaise ambiant, celui-ci a été annulé… pour cause de rumeurs !

Des magistrats ainsi que des responsables du ministère de la Solidarité et de la caisse d’allocations familiales qui devaient y participer ont été fortement priés par leur hiérarchie de s’abstenir.

Motif: deux psychothérapeutes qui devaient prendre la parole sont suspectés de faire partie de sectes; il n’était pas question que les «institutionnels» se commettent avec eux…

C’est scandaleux! proteste Bernard Lempert, l’un des deux ? pestiférés?.

Il a été démontré depuis longtemps que cette accusation ne reposait sur rien!

Fondateur d’une petite association, L’Arbre au milieu, ce psychologue partage son temps entre des consultations et des séminaires de formation auprès des assistantes sociales et des magistrats.

Rien que de très normal jusqu’en 1995.

A cette époque, il soigne une jeune femme anorexique qui décide, au cours du traitement, de déménager à l’autre bout de la France pour échapper à l’influence d’une mère omniprésente.

Celle-ci ne voit qu’un coupable dans la fuite de sa fille : Bernard Lempert.

Maire d’un petit village breton, elle se lance alors dans une campagne de dénigrement contre le psychologue et son association, relayée par un père incestueux que le thérapeute avait dénoncé à la justice quelques mois plus tôt.

Grâce à un lobbying efficace auprès d’une association anti-sectes, l’Adfi (associations de défense des familles et de l’invidu), L’Arbre au milieu et son fondateur se retrouvent sans autre forme de procès dans la liste établie par la commission d’enquête parlementaire sur les sectes.

Le député Jacques Guyard (PS), rapporteur de la commission, finira par reconnaître publiquement qu’il s’agit d’une erreur.

Malgré ce mea culpa tardif et un jugement du tribunal de Rennes rendu en octobre 1998 qui le blanchit totalement, la suspicion continue de peser sur Bernard Lempert.

Le psychiatre Gérard Lopez, lui aussi sur la liste des participants attendus au colloque de l’Afpe, est victime du même genre de rumeur.

Son délit: avoir écrit quelques pages d’un livre publié par un psychologue suspecté de faire partie de l’Eglise de scientologie.

Comme on ne peut plus faire taire les enfants, la tentation est grande de s’en prendre aux professionnels qui sont leurs porte-parole, affirme l’avocat Pierre Jalet.

Il est vrai que, depuis l’institution de l’enfance maltraitée comme «grande cause nationale», en 1997, et la loi du 17 juin 1998, qui renforce la répression contre les atteintes sexuelles sur les mineurs, les langues se délient et les dénonciations de violences se multiplient, mais personne ne semble plus en mesure de contrôler cette parole libérée.

Les cabinets des juges croulent sous les affaires de violences à enfant et les accusations d’inceste portées par des parents en procédure de divorce, parfois pour obtenir la garde de leur progéniture.

L’Observatoire national de l’action sociale (Odas) a recensé 82 000 cas signalés de maltraitance d’enfant en 1997, un chiffre en progression de plus de 10% par an.

Même les institutions censées protéger les jeunes se retrouvent de plus en plus souvent pointées du doigt.

Selon un bilan établi par le ministère de la Solidarité, 81 affaires d’agression sexuelle ont été signalées en 1998 dans les établissements accueillant des enfants en difficulté.

La ministre Martine Aubry a donné des instructions pour que ces affaires, jusque-là taboues, «ne soient plus enterrées comme par le passé».

Mais, dans la réalité, les choses ne sont pas si faciles.

Les travailleurs sociaux qui se risquent à «dénoncer de l’intérieur» se retrouvent souvent dans le rôle du lampiste.

Ainsi Isabelle Moerman et André Lagache, deux éducateurs de l’institut médico-professionnel de Sissonne (Aisne), mis à pied en juin 1998 pour avoir «troublé le climat de l’établissement»: ils avaient dénoncé les attouchements de certains de leurs collègues sur des pensionnaires – de jeunes adolescentes déficientes mentales – ce qui a valu à sept responsables de l’institut d’être mis en examen.

On constate depuis deux ans une multiplication de ces situations, explique Bertrand Gosselin, responsable de la fédération santé de la CGT.

40 travailleurs sociaux ont déjà été licenciés et 160 autres sont en cours de procédure de licenciement pour avoir osé parler.

Le phénomène a atteint une telle ampleur que les responsables de l’ensemble des syndicats du secteur ont décidé de se réunir à Paris en septembre, pour demander qu’une loi soit votée pour protéger les salariés des institutions qui témoignent de violences ou d’affaires de moeurs.

Le clivage est de plus en plus marqué entre ceux qui dénoncent la maltraitance et ceux qui considèrent qu’on en fait trop, constate Pascal Vivet, chargé de mission pour la protection de l’enfance au conseil général de Seine-et-Marne.

La question de la maltraitance est devenue un problème idéologique qui déchaîne les passions, alors que, plus que toute autre, elle demande de la distance et de l’objectivité.

Le problème est que ce secteur est géré à 75% par des associations privées dont les responsables agissent parfois plus en militants ou en commerçants qu’en véritables médiateurs, souligne Pascal Vivet.

Il faudrait que l’État s’investisse davantage en créant par exemple un poste de médiateur à l’enfance maltraitée, comme l’ont fait de nombreux pays européens.

Un projet en ce sens circule depuis plusieurs mois dans les ministères, mais personne ne semble vraiment prêt à le lancer.

Ce serait aller au-devant de beaucoup de complications, remarque un haut fonctionnaire de façon sibylline.

La défense des gamins en danger ne semble pas inciter au courage politique…

 

NDWP : Et un article pour bien se rendre compte de ce que ce magazine est devenu en 2009 (Jacqueline Rémy a quitté la direction des pages société en 2007).

https://www.lexpress.fr/politique/la-fachosphere-accuse-frederic-mitterrand-de-pedophilie_792703.html

La fachosphère accuse Frédéric Mitterrand de pédophilie. Le ministre de la Culture paye son soutien à Roman Polanski. Ses propos controversés sur la pédophilie font bruisser la blogosphère, complaisamment relayés par des sites communautaires et blogs d’extrême-droite.

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