Villefontaine | Affaire Farina, 46 victimes mais un non-lieu

L’affaire Farina, c’est celle de cet instituteur qui, durant plusieurs années, aurait abusé sexuellement et violé plusieurs dizaines d’enfants lors “d’ateliers du goût” qu’il organisait dans sa salle de classe, au fil de ses affectations dans des écoles de Vénissieux, des Avenières, de Saint-Clair-de-la-Tour puis de Villefontaine.

Le groupe scolaire “Le Mas de la Raz” de Villefontaine en Isère. Le directeur de l’établissement avait été mis en examen pour le viol de plusieurs enfants avant de se suicider en prison. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Lire l’article de WANTED-PEDO sur ROMAIN FARINA

L’affaire avait éclaté en mars 2015, à l’école du Mas-de-la-Raz à Villefontaine, lorsque certains enfants s’étaient confiés à leurs parents.

Selon les informations du Dauphiné Libéré, la justice a rendu ce 18 mars une ordonnance de non-lieu en raison de l’extinction de l’action publique.

Mis en examen et écroué le 25 mars 2015, Romain Farina s’était suicidé un an plus tard, dans sa cellule de la prison de Corbas.

Cependant, les investigations s’étaient poursuivies, notamment après la découverte par les enquêteurs de très nombreux supports numériques que l’instituteur avait cachés dans le grenier de sa maison.

L’exploitation de ces données, soit plus de 500 000 photos et 11 000 vidéos à caractère pédopornographique, avait permis d’identifier de nouvelles petites victimes.
Selon l’ordonnance de non-lieu rendu ce lundi, que le Dauphiné Libéré s’est procuré, la justice reconnaît 46 victimes d’agressions sexuelles et de viols.

La justice estime qu’il « n’existe pas de charges suffisantes pour ordonner la mise en accusation de Romain Farina » pour 30 autres enfants.

Me Hervé Gerbi, l’avocat de l’une des premières victimes aujourd’hui âgée de 24 ans, a annoncé ce mardi son intention de faire appel de cette ordonnance de non-lieu et de demander à la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble d’ordonner des actes supplémentaires.

« Les victimes ont droit à la vérité complète sur le parcours de Romain Farina et cela nécessite que des investigations complémentaires soient réalisées », explique l’avocat grenoblois.

Me Gerbi s’étonne par exemple que « personne ne se soit interrogé sur la présence, au fond de la classe et pendant plus de 10 ans, de cette installation ».

L’avocat de la jeune femme s’interroge également sur la longueur de la période des faits ainsi que sur la condamnation, en 2007, de Romain Farina pour détention d’images pédopornographiques dont sa hiérarchie dit ne pas avoir eu connaissance.

Me Hervé Gerbi souhaite également obtenir des informations sur le matériel informatique qu’utilisait Romain Farina et qui, pour certains appareils, était également utilisé par d’autres personnes.

L’avocat grenoblois aimerait savoir si d’autres utilisateurs de ces appareils ont pu découvrir les images tournées par Romain Farina et ne pas le dénoncer.

« Cette ordonnance de non-lieu s’explique juridiquement par le décès de Romain Farina, entraînant logiquement l’extinction de l’action publique.

Il n’y aura donc pas de débats devant une cour d’assises.

Pour autant, c’est une terrible frustration pour l’ensemble des familles des victimes car justice ne pourra pas se faire dans l’un des plus gros scandale de pédophilie au sein de l’Éducation Nationale », martèle Maître Fabien Rajon, avocat lyonnais qui intervient dans ce dossier auprès de plus d’une dizaine de familles.

« Cette ordonnance de non-lieu signe la fin de l’affaire Farina, pour autant il y a sûrement des responsabilités à aller chercher ».

L’avocat réclame ainsi qu’une enquête approfondie soit diligentée dans le cadre d’une ouverture d’information judiciaire pour établir d’éventuelles infractions délictuelles de non-assistance à personne en danger ou de non-dénonciation de crime.

« Comment Romain Farina, qui a abusé de plusieurs dizaines de victimes, dans différentes écoles, durant plusieurs années, n’ai jamais éveillé de soupçons de sa hiérarchie ? », s’interroge encore Maître Rajon auprès du Dauphiné libéré.

La réaction du père d’une des victimes

« Je peux comprendre cette décision mais ce drame pour tous nos enfants n’aurait jamais dû arriver », éclate en sanglot un papa d’une victime, joint par le Dauphiné libéré, et qui souhaite conserver l’anonymat afin de préserver son enfant.

« Dès 2001, une première plainte visait cet instituteur qui enseignait alors à Vénissieux.

L’Éducation nationale n’a pas jugé bon d’en tenir compte.

Puis en 2007, il a été condamné car il regardait des images pédopornographiques.

Dans le dossier, il est dit qu’il avait été signalé par les autorités allemandes à la justice française.

Oui, il a été condamné par la justice mais là encore personne ne l’a empêché de continuer à enseigner, on l’a laissé continuer de violer nos enfants ».

Comme d’autres parents, ce papa entend déposer plainte contre l’État.

Source : Le Dauphiné

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