Vienne | Harcèlement sexuel à l’école maternelle ! L’incompétence de l’Education Nationale

Le fléau vieux comme l’école a des déclinaisons modernes glaçantes. Une terrible affaire met aux prises des enfants dans une maternelle de la Vienne.

Une grave affaire de harcèlement scolaire à la maternelle.
© (Photo d’illustration Patrick Lavaud)

Le harcèlement scolaire est un fléau qui ne date pas d’hier. Mais ses déclinaisons modernes ont de quoi donner le frisson. Ce phénomène n’a plus de limites en général, d’âge en particulier. Une sordide affaire pourrit la vie d’une école maternelle de la couronne poitevine. Elle est révélatrice de ce qui peut se nouer aujourd’hui autour des bacs à sable. 

Tout a commencé, il y a bientôt un an quand une surveillante a surpris deux petits garçons simulant une fellation. Interrogé, l’un des deux enfants confie avoir voulu faire “comme les grands.”

Une maman a alors vu le comportement de son fils progressivement changer… Jean (*)  finit par lui confier que son camarade lui met régulièrement le doigt dans les fesses.

Pour les parents du petit de 4 ans, une suite de révélations va leur faire comprendre que leur garçon est harcelé, agressé (coups, simulacre d’étranglement…) par ce camarade de quelques mois son aîné !

“Je vais te tuer, t’éclater, pute !”

La direction de l’école et l’Education Nationale sont alertés. Les grandes vacances approchent Jean ne dort plus, ne veut plus aller à l’école. Une surveillance accrue est mise en place notamment lors de la sieste et de la récréation. Les vacances passent. Tout le monde se retrouve à la rentrée.

Un soir de septembre au dîner, Jean s’effondre en larmes demandant “s’il existe un médecin des cailloux”.

Bientôt, il raconte ce que quelques camarades lui ont fait subir : son “harceleur” lui a mis des cailloux dans la bouche pendant que deux autres appuyaient sur la tête pour que cela fasse “Crac” sous les dents.

Dans le même temps, il recevait des coups de pieds et poings pendant que d’autres enfants faisaient le guet. Interrogés par le directeur, les enfants reconnaissent les faits promettant de ne plus recommencer.

Le dispositif de surveillance déjoué

Las, ça va continuer. Coincé dans les toilettes, Jean va subir une nouvelle fois des violences à caractère sexuel. En octobre, la police est saisie. La maman de Jean va déposer à deux reprises en octobre au commissariat tandis qu’un examen de médecine légale est ordonné pour son fils. Jean s’est plaint de brûlures dans le rectum.

La maman d’un copain de Jean révèle que lors d’un “jeu”, le petit garçon a subi des coups de pieds et a été contraint de baisser sa culotte pour qu’on lui mette des “gros cailloux dans les fesses”. 

Les faits sont de plus en plus graves. Une deuxième victime est identifiée. C’est Paul (*) le copain de Jean. Le dispositif de surveillance mis en place est déjoué à plusieurs reprises. Les petits harceleurs identifiés sont une demi-douzaine, les actes sont toujours plus violents, toujours plus inquiétants : Jean et Paul se font uriner dessus, on leur donne des coups de pied dans le “zizi.”

Ils sont suivis par des pédopsychiatres. Les humiliations et les menaces font de gros dégâts : aux vacances de Toussaint, Jean et Paul, très perturbés, sont pris de crises d’angoisses, de diarrhées.

Non-assistance à personne en danger

De nouvelles mesures sont prises à l’école, Jean et Paul iront désormais aux toilettes isolés de leurs camarades. La mère de Jean continue d’avoir une correspondance suivie et circonstanciée avec le rectorat sans réponses ou solutions satisfaisantes. 

En décembre de nouveaux incidents surviennent : coups, menaces,

“je vais te tuer, t’éclater, pute !”.

Jean est arrêté par le médecin. Après les vacances de Noël il ne retournera plus à l’école plongeant Paul encore plus dans la peine d’être séparé de son copain. Il “aime son école” et fait front seul dans l’angoisse que ça recommence…

Le 10 janvier dernier, les parents de Jean, désemparées, retournent au commissariat pour porter plainte contre les petits harceleurs pour des faits présumés d’agression sexuelle, viol et violence sur mineur de 15 ans ; Mais aussi contre le directeur de l’école pour “non-assistance à personne en danger” sur la foi des déclarations de leur fils qui a été entendu par la police.

“Cela ne peut qu’interpeller le parquet après les deux premiers signalements, confie un avocat poitevin. Il va y avoir des suites. Quand la cavalerie judiciaire est lancée, on ne l’arrête plus”

Loïc Lejay

(*) Les prénoms ont été changés.

Témoignage : ” Dis maman, ça fait mal la mort ?”

A la mairie de la commune de l’école de Jean et Paul, l’incrédulité est teintée d’impuissance.

“J’ai découvert l’étendue et la gravité des faits en septembre dernier, explique l’édile. Nous avons rencontré tout le monde. Un semblant de dialogue s’est noué entre parents. J’ai l’impression que nous sommes l’oreille qu’ils n’ont pas eue auprès de l’Éducation nationale.”

Les parents sont en plein désarroi.

“Mon fils m’a dit : “ Maman, ça fait mal la mort ? Qu’est-ce que vous allez faire quand ils m’auront tué ? Je ne veux pas vous quitter ”,

raconte la mère de Paul, envahie par l’émotion.

On nous dit que nous devons changer notre fils d’école. C’est quand même un comble ! Il faudrait que les agresseurs et surtout leurs parents prennent conscience des faits. Ils sont sans doute à mille lieues d’imaginer ce que nous vivons. On nous fait passer pour des fous.”

Source : lanouvellerepublique.fr

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